Réflexions sur la lettre ouverte adressée par Hans Küng aux évêques catholiques .

Le pape  est certainement un homme sincère

C’est un homme zélé    

Il veut le bien de l’église

Il veut le rapprochement de tous

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Donc pas d’attaque contre sa personne

Il n’est pas question de l’enfoncer davantage

il doit déjà être terriblement affecté

par toutes les attaques

devenues presque journalières

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Il ne s’agit pas de sa personne dans la lettre de Hans Kung

que nous citons en partie et en italique   

« Il a sans aucun doute rempli quotidiennement et consciencieusement les devoirs de sa charge

et nous a également gratifiés de trois précieuses encycliques sur la foi, l’espérance et l’amour »

Il s’agit de ses actes

 

        les actes du pape

 Son pontificat se présente de plus en plus comme celui des occasions manquées et non des occasions saisies : 

Manqué le rapprochement avec les Églises protestantes :

Manqué l‘accord durable avec les juifs :

 le pape  a réintégré dans l’Eglise des prélats schismatiques notoirement antisémites ; il pousse à la béatification de Pie XII

et traite le judaïsme en simple racine du christianisme et non comme une communauté de croyance à part entière, qui suit sa propre voie vers le salut.

…..Manqué le dialogue ouvert avec les musulmans : symptomatique a été le discours de Ratisbonne, dans lequel, mal conseillé, le pape a caricaturé l’islam en religion violente et inhumaine …..

….. Manquée la réconciliation avec les peuples autochtones colonisés d’Amérique latine : le pape prétend avec le plus grand sérieux que ceux-ci auraient ardemment désiré adhérer à la religion de leurs conquérants.  ……

 Manquée l’opportunité de venir en aide aux peuples africains dans leur lutte contre la surpopulation par la contraception et par l’autorisation des préservatifs pour lutter contre le sida. …….

.Manquée l’occasion de faire la paix avec la science moderne .... par une tolérance nuancée pour les nouveaux domaines de recherche, par exemple sur les cellules-souches. ……..Manquée enfin la chance de faire enfin de l’esprit de Vatican II la boussole de l’Église catholique et de faire avancer sa réforme.   

Oui !

Toutes ces occasions ont été manquées

On ne peut le nier

Mais pire !

Le pape semble renier le concile

Dans l’espoir de ramener à lui

 ceux qui l’on refusé 

 

          Le pape et le concile 

 Ce pape-là ne cesse de relativiser la portée des documents du concile et les interprète, dans un sens rétrograde opposé à l’inspiration de ses initiateurs. Il agit même ouvertement contre le concile œcuménique, lequel, selon le droit canon, constitue la plus haute autorité de l’Église catholique, ainsi   

……..Il a réintégré sans conditions dans l’Église des évêques intégristes de
la Fraternité Saint Pie X ordonnés illégalement

…… Il encourage par tous les moyens le retour à la messe tridentine et célèbre à l’occasion lui-même l’eucharistie en latin, le dos tourné à l’assemblée.

 ….. il cherche à débaucher le clergé anglican, quitte à renoncer à l’obligation du célibat pour attirer celui-ci dans le giron de l’Église catholique. 

……En nommant à la tête de son administration des adversaires du concile (le secrétaire d’État,la Congrégation pour le culte divin) et des évêques réactionnaires dans le monde entier, il a renforcé la tendance anti conciliaire à l’intérieur même de l’Église….. 

         Comment les évêques devraient réagir ?

 Mais ce sont bien les évêques, qui sont le plus à plaindre…….  Le clergé actuel est partagé entre résignation et frustration, et le phénomène atteint désormais les couches les plus militantes. ……..Et voilà qu’à tous ces facteurs de crise s’ajoute désormais le scandale des abus sexuel 

C’est aux évêques qu’il revient de poser la question de ce qui doit advenir de leurs diocèses et de notre Église

….. Je voudrais seulement avancer six propositions

1. En finir avec la loi du silence : en choisissant le silence, les évêques se rendent complices de dérives bien graves et nombreuses. ….. Pas d’adresses de dévouement à Rome, mais des exigences de réforme ! 

2. Prendre les réformes en main : ils sont nombreux dans l’Église et dans l’épiscopat à se plaindre de Rome sans rien faire eux-mêmes ….. Évêque, prêtre ou laïc, que chacun dans sa sphère d’influence, grande ou petite, apporte sa pierre à la revitalisation de l’Eglise. 

3. Aller de l’avant collégialement : le concile, après de vifs débats et en dépit de l’opposition constante de
la Curie, a décrété la collégialité du pape et des évêques, décision qui allait dans le sens de l’histoire apostolique, où Pierre ne faisait rien sans consulter le Collège des apôtres. Mais les papes et
la Curie ont, dans la période post-conciliaire, fait fi cette décision essentielle du concile. 
 …..Jusqu’à présent, en matière de liturgie, le pape agit en monarque absolu, et les évêques dont il aime à s’entourer sont comme des figurants, sans droit ni voix.

……..  4. La soumission totale n’est due qu’à Dieu seul lors de leur intronisation, les évêques font vœu d’obéissance absolue au pape. Mais une obéissance totale n’est jamais due à une autorité humaine, mais à Dieu seul. Ces vœux ne doivent donc pas interdire de dire la vérité sur la crise que traverse l’Eglise, les diocèses, les territoires. Les évêques ne feront que suivre l’exemple de l’apôtre Paul qui résista à Pierre « en face, parce qu’il s’était donné tort » (Galates 2, 11) !  Une pression sur la hiérarchie romaine exercée dans un esprit fraternel et chrétien peut s’avérer légitime, dès lors que cette hiérarchie s’écarte de l’esprit évangélique et de sa mission. 5. Résoudre les problèmes au niveau local …….. Changer les choses contre la volonté de Rome semble presque impossible. C’est pourquoi :

 6. Il faut exiger un concile de même qu’il a fallu convoquer un concile pour réformer la liturgie et promouvoir la tolérance, l’œcuménisme et le dialogue interreligieux, de même le caractère désormais urgent du problème de la réforme en requiert un autre. Le concile de Constance, un siècle avantla Réforme, s’était prononcé pour une convocation quinquennale des conciles, ce que la Curie romaine s’est empressé de mettre sous le boisseau. Nul doute que celle-ci fera aujourd’hui encore tout son possible pour empêcher un nouveau concile qui pourrait avoir pour effet de limiter son pouvoir. C’est donc la responsabilité des évêques d’en imposer la réunion, ou du moins de celle d’une assemblée épiscopale représentative.  Face à la crise que vit l’Église, j’adjure les évêques de mettre dans la balance le poids de leur autorité épiscopale réévaluée par le concile.

 Le texte de Hans Küng est traduit par Nicolas Weill et fut publié dans le monde.fr  

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