Correspondance entre Voltaire et Madame du Deffand sur la mort

Une correspondance suivie entre Voltaire et Madame Du Deffand montre à quel point Voltaire était hanté par la mort

En réponse à l’ennui chronique ,existentielle ressentie et exprimé par madame Du Deffand ,Voltaire écrit:

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« Quant à la mort …il est très certain qu’on ne la sent point; 

 Ce n’est pas un moment douloureux, elle ressemble au sommeil comme deux gouttes d’eau; 

 Ce n’est pas l’idée qu’on ne se réveillera plus qui fait de la peine , 

c’est l’appareil de la mort qui est horrible , 

c’est la barbarie de l’extrême onction 

C’est la cruauté de nous avertir que tout est fini pour nous (9 Mai 1764)

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Il est bien clair ..que nous serons après notre mort, ce que nous étions avant de naître, 

 mais pour les deux ou trois minutes de notre existence qu’en ferons nous ? 

..Nous sommes emportés dans le mouvement général imprimé par le maître de la nature. 

Le courage, la résignation aux lois de la nature, 

 le profond mépris pour toutes les superstitions, 

 l’exercice de la faculté de penser, sont des consolations véritables(22 mai 1764) 

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N’est ce pas rien que d’être guéri des malheureux préjugés 

 qui mettent à la chaîne la plupart des hommes…? 

de ne pas mettre son âme entre les mains d’un charlatan? 

de ne pas déshonorer son être par des terreurs et des superstitions indignes de tout être pensant? 

d’être dans une indépendance qui vous délivre de la nécessité d’être hypocrite? 

De n’avoir de cour à faire à personne, et d’ouvrir librement son âme à ses amis?(4 juin 1764) 

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dans une de ses dernières lettres à Voltaire, Madame  Du Deffand répond:

« M Voltaire, amant déclaré de la vérité, dites moi, de bonne foi, l’avez vous trouvée? 

 Vous combattez et détruisez toutes les erreurs; mais que mettez vous à leur place? 

 Tous discours sur certaine matière me paraissent inutiles; 

 le peuple ne les entend point, la jeunesse ne s’en soucie guère, 

 les gens d’esprit n’en n’ont pas besoin, et peut on se soucier d’éclairer les sots? 

Que chacun pense et vive à sa guise, et laissons chacun voir par ses lunettes(28/12/65)

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Des revues pieuses ont répandu des récits légendaires sur les derniers moments de Voltaire. Il serait mort dans des conditions terribles en  criant son angoisse

Ces récits sont évidemment faux ,mais on sait que de grands saints du dix septième siècle ont terriblement eu peur de la mort .Ne serais-ce que Sainte Jeanne de Chantal ; Rancé ou la  mère Angelique de Port Royal

Voltaire a regardé la mort avec beaucoup plus de sérénité

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