Irénée de Lyon (130-202): Introduction à son traité « contre les Hérésies »

En italique  les citations du traité d’Irénée 

Pas de problèmes !

Irénée connait bien les hérésies de son temps

Comment faisait il 

en ce temps ou les informations ne circulaient pas aussi bien que maintenant ?

Il était au courant de ce qui se passait aussi bien à Rome

qu’ à Antioche ou  Alexandrie ,les grandes écoles d’alors  

Comment donc les manuscrits qu’on a souvent perdu ont pu  arriver dans ce pays barbare qu’était
la Gaule

même si Lyon en était la capitale ?

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On ne peut qu’admirer son érudition

mais aussi sa volonté de défendre coûte que coûte

ce qui était, pour lui, la vérité  

Il n’est pas question de mettre en doute sa description des hérésies

mais de montrer ,en étudiant son  texte 

que ces « hérétiques » n’étaient pas condamnables

 mais des vrais chercheurs de la vérité

tout comme Irénée lui même

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Or Irénée leur reproche justement cette passion pour la recherche  

« De façon spécieuse, par l’art des discours, ils attirent d’abord les simples à la manie des recherches » 

 Or cette recherche est pourtant louable Jésus lui même déclare

  « Cherchez et vous trouverez .Frappez et l’on vous ouvrira » (Luc 11,9)  

Mais Irénée s’y refuse  

« Nous ne voulons pas que, par notre faute, certains soient emportés par ces ravisseurs comme des brebis par des loups, trompés qu’ils sont par les peaux de brebis dont ils se couvrent, eux dont le Seigneur nous a commandé de nous garder, eux qui parlent comme nous, mais pensent autrement que nous » 

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Le gnostique est un passionné de la connaissance 

« Cette passion consista en une recherche du Père,  car ils voulaient  comprendre la grandeur de ce Père ; 

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Les valentiniens , non pour faire les malins, mais par souci de mieux comprendre ,inventent toute une cosmogonie , en s’inspirant des éons des  philosophes anciens  ou des tétrades de Pythagore

« Telle la primitive et fondamentale Tétrade pythagoricienne, Racine de toutes choses.  L’ Abîme et le Silence, puis l’Intellect et Vérité »

Irénée remarque quand même que  les gnostiques ne sont pas les seuls à parler d’éons

 « Paul, également, à les en croire, nomme manifestement et à maintes reprises les Eons ; il garde même leur hiérarchie, »

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Les scientifiques modernes procèdent de la même façon

A partir d’un postulat ,ils construisent toute une théorie qu’ils sont  prêts ensuite à renier, du moment qu’ils aient fait des progrès dans leur connaissance 

Mais Irenée se moque de ces constructions philosophiques

Ainsi il ironise en citant le raisonnement suivant  

  Les deux premières lettres du nom de Jésus, à savoir iota (= 10) et êta (= 8), indiquent aussi clairement les dix-huit Eons.  De même les dix Eons sont signifiés, disent-ils, par la lettre iota (= 10), qui est la première de son nom.  Et c’est pour ce motif que le Sauveur a dit  « Pas un seul iota ni un seul petit trait ne passera, que tout n’ait eu lieu. »

Or  ,ce genre de commentaire était courant  à cette époque et sera employé aussi bien par Origène que par les lettrés de l’école d’Alexandrie, réputée pour ses leçons  symbolico-allégorique »

Plus tard st Augustin lui même  puis les rabbins de la Kabale abuseront de cette exégèse  à partir de la valeur des lettres  

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La sincérité de la recherche des gnostiques ,leur volonté de ne pas chercher, à tout prix, la controverse est prouvé aussi par leurs citations prises dans les évangiles, les épitres de Paul ou dans Saint Jean 

« Paul lui aussi, d’après eux, a manifestement en vue ce mystère de Dieu  lorsqu’il dit : « Il est toutes choses » ;  et encore : « Toutes choses sont pour lui, et de lui viennent toutes choses » ; 

 et encore : « En lui habite toute la plénitude de la divinité. »

Les gnostiques à juste titre remarquent  que saint Paul oppose la folie de la croix à la sagesse de ce monde 

« Le Langage  de la Croix est folie pour ceux qui périssent, mais, pour ceux qui sont sauvés, il est vertu de Dieu »  ; et encore : « Pour moi, puis-je ne me glorifier en rien, si ce n’est dans la Croix du Christ, à travers laquelle le monde est crucifié pour moi, et moi pour le monde ! ». 

et Irénée d’ajouter

«Et ce n’est pas seulement des Évangiles et des écrits de l’Apôtre qu’ils s’efforcent de tirer leurs preuves,  en dénaturant les interprétations et en faussant les exégèses, mais ils recourent aussi à la Loi et aux prophètes » 

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Et puis les gnostiques sont des poètes  

Irénée nous le montre

sans peut être s’en apercevoir

en tous les cas sans le vouloir 

en ironisant sur une explication très poétique 

 de la présence du divin en toute chose

 « Voyez ces mystères , prodigieux, profonds, découverts au prix d’un immense labeur par ces amis du mensonge.  Qui donc ne dépenserait toute sa fortune pour apprendre que les larmes de la sagesse qui a chuté furent à l’origine des mers, des sources, des fleuves et de toute la substance  humide ?  que, de son rire, vient la lumière ?  que, de son saisissement et de son angoisse, sont issus les éléments corporels du monde ? 

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