Jean Chrysostome : L’inquiétude ,l’anxiété et la confiance

Dans son homélie 22,4  sur l’évangile de St Matthieu

Jean Chrysostome 

commente le verset suivant

 A chaque jour suffit sa peine (Mtt 6,34)

,parce  il n’y a rien qui tourmente plus une âme, que l’inquiétude.

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 Dans la suite Jésus en fera un commandement absolu :

et nous invite à faire confiance au lendemain en n’amassant aucun bien  

« N’ayez, ni or, ni argent, ni bourse dans le chemin. » (Matt. X, 9.)

lui même  disait  « Le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête. » (Matt. XVIII, 20)

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 Pourquoi donc vous tourmentez-vous inutilement?

Pourquoi forcer le jour présent à supporter plus de peine qu’il ne lui en revient?

Pourquoi, lui ajouter encore le fardeau qui appartient au jour à venir,

 et cela sans pouvoir aucunement soulager celui-ci,

 ni rien gagner qu’un surcroît de peines superflues?

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 Dieu vous donne le jour présent pour faire ce que présentement vous devez faire

Pourquoi donc l’accablez-vous encore du souci d’un autre jour ?

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Elevons notre esprit au ciel

Cependant nous ne pouvons nous empêcher de nous inquiéter

pour les besoins de cette misérable vie.

 Nous renversons tout l’ordre des choses, et nous combattons doublement le précepte de Jésus-Christ.

 Ne cherchez point, nous dit-il, les choses présentes:

 et c’est de quoi nous nous occupons toujours.

 Cherchez, nous dit-il, les biens du ciel ;

 et c’est à quoi nous ne nous appliquons jamais.

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Nous n’y pouvons pas penser même durant une heure; et autant nous témoignons d’empressement pour ce monde, autant et plus encore témoignons-nous de froideur pour l’autre.

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5. La prière chasse l’anxiété

Nous sommes nous-mêmes les auteurs de notre perte

, puisque nous n’avons jamais recours, à Dieu,

 Nous ne nous approchons jamais de lui pour l’invoquer comme il faut.

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 Lorsque nous le prions, il semble que nous n’attendions rien de lui.

 Nous ne partons point à la prière un coeur plein de foi et de ferveur.

Nous sommes comme des personnes qui n’ont rien à demander ou à désirer;

nous demeurons tout assoupis, sans application et sans vigueur.

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Pouvons nous  prier  celui que  l’on a offensé ?

.Ne dites pas : J’ai beaucoup offensé Dieu,

Dieu ne considère point votre mérite, mais la disposition de votre coeur.

Si une veuve a fléchi un juge qui ne craignait ni Dieu ni les hommes, combien plus une prière continuelle apaisera-t-elle un Dieu si doux et si plein de miséricorde?

Quand donc vous ne seriez pas ami de Dieu..

  quand vous auriez consumé tout le bien de votre père, comme l’enfant prodigue;

 commencez seulement à le prier et à vous rapprocher de lui,

et vous recouvrerez votre première dignité.

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Les prières sont elles  inutiles ?

Mais je prie, me dites-vous, et mes prières ne me servent de rien.

 C’est parce que vous ne priez pas comme ceux que je vous cite;

comme la Chananéenne,

comme cet ami qui va au milieu de la nuit demander des pains,

 comme cette veuve qui importunait son juge,

et comme cet enfant qui retourne à son père après avoir dissipé tout ce qu’il avait.

 Si vous aviez prié de la sorte, vous auriez été bientôt exaucé.

Quoique vous ayez offensé Dieu, il ne laisse pas d’être votre père.

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 Il ne cherche pas votre perte, mais votre salut.

Sa charité est un feu brûlant.

 Il ne veut qu’une petite étincelle pour trouver entrée dans votre coeur,

 et pour l’embraser et le combler de ses grâces. 

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