Certaines convictions personnelles du pape François

Au cours des entretiens avec le Père Antonio Spadaro SJ,

Au mois d’aout 2013

le pape François

exposa  

certaines de ses convictions profondes

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Rencontrer Dieu dans la vie de tous les jours

Pour voir la réalité, il faut un regard de foi,

Cela requiert patience et attente.

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Nus désirons constater tout de suite notre rencontre avec Dieu

 à l’aide d’une méthode empirique.

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 Ce n’est pas ainsi que l’on rencontre Dieu.

 On le rencontre dans la brise légère ressentie par Elie.

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Pour rencontrer Dieu,

Il faut une attitude contemplative :

 sentir que l’on va par un bon chemin de compréhension et d’affection à l’égard des choses et des situations

. Le signe en est celui d’une paix profonde, d’une consolation spirituelle,

 de l’amour de Dieu et de toutes les choses en Dieu ».

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Ne pas être bourré de certitudes

. Si quelqu’un a la réponse à toutes les questions,

 c’est la preuve que Dieu n’est pas avec lui,

que c’est un faux prophète 

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Les grands guides du peuple de Dieu, comme Moïse, ont toujours laissé un espace au doute.

Si braham part sans savoir où il va, guidé par la foi.

 Tous nos ancêtres dans la foi sont morts en ayant aperçu les bonnes promesses mais de loin…

 

Notre vie ne nous est pas donnée comme un livret d’opéra où tout est écrit;

 elle consiste à marcher, cheminer, agir, chercher, voir…

 Ainsi Dieu se rencontre sur la route, en marchant.

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Si le chrétien est légaliste ou cherche la restauration,

 s’il veut que tout soit clair et sûr, alors il ne trouvera rien.

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 Celui qui aujourd’hui ne cherche que des solutions disciplinaires,

 qui tend de manière exagérée à la “sûreté” doctrinale

, qui cherche obstinément à récupérer le passé perdu,

celui-là a une vision statique et non évolutive.

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 De cette manière, la foi devient une idéologie parmi d’autres.

 Pour ma part, j’ai une certitude dogmatique :

Dieu est dans la vie de chaque personne.

Dieu est dans la vie de chacun.

Même si la vie d’une personne a été un désastre, détruite par les vices, la drogue ou autre chose, Dieu est dans sa vie. On peut et on doit Le chercher dans toute vie humaine.

Même si la vie d’une personne est un terrain plein d’épines et de mauvaises herbes, c’est toujours un espace dans lequel la bonne graine peut pousser. Il faut se fier à Dieu ».

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« Je n’aime pas utiliser le mot “optimiste” parce qu’il décrit une attitude psychologique. Je préfère le mot “espérance” que l’on trouve dans le chapitre 11 de la Lettre aux Hébreux précédemment citée. Les Pères ont continué à cheminer, à travers de grandes difficultés. Et l’espérance ne trompe pas, comme nous le lisons dans la Lettre aux Romains

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S’insérer dans le monde

 « Quand on parle de problèmes sociaux,

une chose est de se réunir pour étudier le problème de la drogue dans unevilla miseria,

et une autre, d’aller sur place, d’y vivre, de comprendre et d’étudier le problème de l’intérieur.

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 On ne peut pas parler de pauvreté si on ne l’expérimente pas

par une insertion directe dans les lieux où elle se vit

. Ce mot d’“insertion” est dangereux parce que certains religieux l’ont pris comme un slogan

et des catastrophes sont arrivées par manque de discernement.

Mais il est vraiment important.

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 Quand j’ai eu un problème au poumon à l’hôpital, le médecin m’a donné de la pénicilline et de la streptomycine à une certaine dose. La sœur qui se tenait dans la salle a triplé la dose parce qu’elle avait du flair (aveva fiuto), elle savait quoi faire parce qu’elle se tenait toute la journée auprès des malades.

Le médecin, qui était certes compétent, vivait dans son laboratoire,

la sœur vivait sur la frontière et dialoguait avec la frontière toute la journée.

 

la réflexion doit toujours partir de l’expérience ».

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Savoir évoluer  

La compréhension de l’homme change avec le temps

 et sa conscience s’approfondit aussi.

 Pensons à l’époque où l’esclavage ou la peine de mort étaient admis sans aucun problème.

Les exégètes et les théologiens aident l’Église à faire mûrir son propre jugement.

Les autres sciences et leur évolution aident l’Église dans cette croissance en compréhension.

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Il y a des normes et des préceptes secondaires de l’Église qui ont été efficaces en leur temps,

 mais qui, aujourd’hui, ont perdu leur valeur ou leur signification.

Il est erroné de voir la doctrine de l’Église comme un monolithe qu’il faudrait défendre sans nuance.

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Quand une expression de la pensée n’est-elle pas valide ?

Quand la pensée perd de vue l’humain, quand elle en a peur ou qu’elle se laisse égarer sur elle-même.

. Pour développer et approfondir son enseignement,

la pensée de l’Église doit retrouver son génie et comprendre toujours mieux

comment l’homme s’appréhende aujourd’hui ».

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La morale

Nous ne pouvons pas insister seulement sur les questions liées à l’avortement, au mariage homosexuel et à l’utilisation de méthodes contraceptives. Ce n’est pas possible. Je n’ai pas beaucoup parlé de ces choses, et on me l’a reproché. Mais lorsqu’on en parle, il faut le faire dans un contexte précis.

 La pensée de l’Église, nous la connaissons, et je suis fils de l’Église, mais il n’est pas nécessaire d’en parler en permanence.

. L’annonce évangélique doit être plus simple, profonde, irradiante.

 C’est à partir de cette annonce que viennent ensuite les conséquences morales.

L’annonce de l’amour salvifique de Dieu est premier par rapport à l’obligation morale et religieuse.

 Aujourd’hui, il semble parfois que prévaut l’ordre inverse.

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La manière de lire l’Evangile en l’actualisant, qui fut propre au Concile, est absolument irréversible.

 

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