Jean de la Croix : La Purification de la Volonté ( montée du carmel livre 3,20 ss)

Dans le troisième livre de la « montée du carmel »

Jean de la Croix nous explique comment purifier nos pensées

pour nous unir à Dieu

**

Ne pas se vanter des dons que Dieu nous donne (Livre 3,20)

Dieu nous donne par pur bonté  la beauté, la bonne grâce, les autres qualités du corps,

avec l’esprit perçant, la discrétion, le bon sens, la raison droite, et les autres perfections de l’âme.

**

Il est vain  de se vanter des dons reçus  

et de ne pas les rapporter à Dieu,

Dieu nous les donne pour nous aider à le connaître

à l’aimer et à lui rendre grâce .

**

Orné ainsi de ces dons,

que l’homme spirituel élève son cœur vers Dieu,

 Sinon ,il risque de chuter dans plusieurs  pièges  (Livre 3,21)  

dont  la vaine gloire, la présomption, l’orgueil, le mépris du prochain.

**

Retracez en votre mémoire combien il est vain, dangereux et préjudiciable de se réjouir d’autre chose que de l’honneur qu’on rend â Dieu.

 Considérez combien il a été funeste aux anges de se plaire en leur beauté,

 puisqu’ils sont tombés aussitôt dans une horrible laideur et dans les abîmes de l’enfer.

**

S’oublier

L’âme tire de là un autre profit, car elle accomplit ce que notre Sauveur déclare en ces termes

Si quelqu’un veut me suivre, qu’il se renonce soi-même (Matth., XVI, 24) ;

Ce que l’âme ne pourrait faire si elle mettait sa joie dans les dons de la nature,

puisque celui qui s’estime soi-même et qui se plaît en ses qualités naturelles

ne se renonce pas et ne suit pas Jésus-Christ. (Livre 3,22 )

**

Cet abandon de soi fera couler dans l’âme un fleuve de paix;

En ne se complaisant pas dans les dons reçus de la nature, l’âme restera pure   

et elle obtiendra le fruit le plus noble et plus précieux

c’est  à dire ,la liberté d’esprit si nécessaire

 pour vaincre les tentations,

 pour souffrir les afflictions patiemment,

pour augmenter les  vertus

et pour servir Dieu avec fidélité et avec constance.

**

Se détacher des  biens sensibles (Livre 3,23) 
Nos  cinq sens, la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût, le toucher

peuvent nous procurer des plaisirs tout à fait légitimes 

l’homme spirituel peut il s’y attacher ?

**

Lorsque l’homme spirituel entendra de la musique ou quelque autre chant harmonieux,

 lorsqu’il flairera des odeurs douces,

 ou qu’il goûtera des saveurs délicieuses,

ou qu’il touchera ou verra quelque objet agréable,

il doit aussitôt se tourner vers Dieu  

de telle manière qu’il prennent plus de joie en en remercier Dieu

et à l’aimer davantage 

**

Il doit rapporter à Dieu toute la joie de son âme,

**

L’homme spirituel   (Livre 3,25)  

 Cette doctrine est fondée sur l’autorité de saint Paul. Il nous enseigne que l’homme qui n’occupe son cœur qu’à goûter les délectations sensuelles est tout charnel, et ne comprend point les choses qui viennent de l’esprit de Dieu;

et que celui qui attache sa volonté à Dieu est tout spirituel : il pénètre dans les secrets du Seigneur; il juge de toutes choses ( I Cor., II, 14, 15.).

Si bien que l’âme tire de là cet avantage, qu’elle est disposée, par  cette abnégation, à recevoir tous les biens spirituels et tous les dons divins que la bonté de son Créateur voudra lui faire.

**

Lorsque vous aurez purifié vos yeux du plaisir qu’ils avaient à voir,

 vous sentirez une consolation spirituelle très-agréable,

parce qu’elle se rapportera uniquement à Dieu,

**

. Vous serez pénétré de semblables délices, entendant parler des choses divines ou humaines,

lorsque vous aurez soustrait à vos oreilles la vaine satisfaction qu’elles reçoivent des entretiens du monde

 Cliquez ICI 

**

Les biens moraux (Livre 3,26)

Nous entendons par ces biens moraux les vertus morales  et les habitudes qu’on acquiert en  les pratiquait toutes les œuvres de  miséricorde, spirituelles et corporelles,  l’observation des lois divines et humaines, tous les exercices enfin qu’une personne de bon naturel et portée au bien peut faire suivant les règles de l’honnêteté.

**

Le bien moral est de lui-même d’une excellence et d’une valeur si considérable,

 qu’il est juste d’en faire l’objet de nos délices.

Néanmoins, quoiqu’un chrétien puisse aimer ces biens

 il ne doit pas borner là son contentement de la même manière que les païens,

 qui ne portaient pas leur vue au-delà de cette vie mortelle;

**

Tout pour Dieu

 Ainsi l’obéissance, le service et l’honneur qu’il rend à Dieu,

en cultivant les vertus morales et en sanctifiant ses mœurs,

 doivent être la cause unique de sa joie.

**

Plusieurs anciens ont aussi été très-illustres pour leurs vertus et leurs bonnes actions, et plusieurs chrétiens le sont encore aujourd’hui pour les mêmes causes ; mais tout cela leur sera inutile pour la vie future, parce qu’ils n’ont pas envisagé et n’envisagent pas la gloire et l’amour de Dieu.

**

Il faut donc se réjouir, non pas de ses bonnes mœurs et de ses œuvres saintes,

 mais du seul amour qu’on a pour son créateur.

 Plus les bonnes œuvres méritent de récompense et de gloire, lorsqu’on les fait pour le seul honneur de Dieu,

 plus elles doivent donner de confusion à ceux qui les font par des motifs humains et frivoles.

**

Les œuvres de miséricorde, les jeûnes, les aumônes, les austérités, les oraisons et les autres actions saintes,

 fondent leur valeur,

non pas tant sur leur quantité et sur leur qualité,

que sur l’amour de Dieu qu’on se propose en les faisant,

**

Plus cet amour sera pur, ardent et désintéressé pour cette vie et pour l’autre,

plus elles seront parfaites et éminentes.

**

 Je conclus que l’homme spirituel

doit d’un côté sevrer son cœur de toutes les consolations que le bien moral lui présente,

et de l’autre, le nourrir des seules douceurs que l’amour divin et la recherche de la gloire du Seigneur lui offrent. C’est ainsi qu’il unira sa volonté à Dieu avec toute sa force et toute sa vigueur

Laisser un commentaire