Jean de la Croix : Les paroles intérieures perçues par un homme en prière

Des paroles intérieures

oh rien d’extraordinaire à priori !

Il ne s’agit pas de voix  à la « Jeanne d’Arc »

mais il s’agit plutôt du dialogue entre Dieu et un homme qui médite

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Comme le vieux paysan qui disait au curé d’Ars en parlant de Dieu 

« je l’avise et il m’avise »

il s’agit donc de dialogues avec Dieu

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Jean de la Croix dans  son livre « la montée du carmel »écrit :

Je réduis les paroles intérieures à trois :

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Les paroles successives (Livre  2,29)

J’appelle successives les paroles et les raisonnements que l’esprit recueilli et resserré en lui-même a coutume de former et de faire.

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C’est ce qu’on comprend lorsque étant rentré en lui-même,

l’homme  s’applique fortement à la considération de quelque vérité.

 Il s’y absorbe tout entier;

il fait alors de très-justes raisonnements sur son sujet, avec facilité, avec clarté, avec distinction;

Il lui semble que ce n’est pas lui-même qui opère,

 mais que c’est un autre qui lui parle, qui lui répond, qui l’instruit intérieurement.

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 Et véritablement il a lieu  de le penser et même de le croire;

 car il parle lui-même avec soi-même, et il se répond,

comme si un homme s’entretenait avec un autre homme.

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Le Saint-Esprit l’éclaire et l’enseigne.

L’âme doit donc appliquer sa volonté à Dieu simplement,

 sincèrement et avec amour, sans faire aucun effort d’esprit

 pour connaître les biens que Dieu lui donne surnaturellement ;

 car c’est par les mouvements de l’amour qu’il les communique.

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Lorsque ces paroles intérieures prennent leur origine  de l’esprit divin,

la volonté, après qu’elles se sont évanouies, conserve beaucoup d’amour de Dieu et d’inclination pour le bien.

Il se peut néanmoins faire que Dieu la laissera, pour sa plus grande utilité, dans l’aridité et dans le dégoût.

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Les connaissances et les paroles intérieures qui procèdent du démon

inclinent l’âme à la vanité, à l’estime d’elle-même, à la complaisance en ses propres perfections,

et inspirent une fausse humilité 

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Les paroles intérieures  formelles (Livre 2,30)

J’appelle formelles les paroles distinctes et formées que l’esprit,

soit qu’il soit recueilli, soit qu’il ne le soit pas,

 entend et reçoit de quelque antre personne.

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C’est se que l’on comprend sans même y penser

es paroles intérieures de la seconde espèce sont celles que nous appelons formelles.

 Elles se forment surnaturellement dans l’esprit sans l’opération des sens corporels,

 soit que l’esprit se recueille, soit qu’il ne se recueille pas.

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Elles diffèrent des paroles successives

car l’esprit reçoit ces paroles lorsqu’il n’est pas en méditation   et même lorsqu’il n’y pense pas;

alors que les paroles successives ont  toujours pour objet les choses que l’on considère dans la méditation.

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Quand elles sont l’ouvrage de Dieu,elles éclairent toujours l’âme; elles la rendent toujours prompte à exécuter tout ce qu’on lui commande et tout ce qu’on lui enseigne. Quelquefois néanmoins elles ne la délivrent pas de sa répugnance et de ses difficultés; au contraire, l’âme les sent quelquefois davantage, Dieu le permettant ainsi pour l’instruire et pour l’humilier, surtout quand il lui ordonne des choses qui peuvent procurer à l’âme, ou quelque honneur, ou quelque degré d’excellence et d’élévation. Mais il lui donne, en même temps, beaucoup de facilité et de promptitude à embrasser les humiliations.

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 Cette promptitude que Dieu inspire à l’âme marque encore une différence qui est entre les paroles formelles et les paroles successives; celles-ci ne touchent pas si visiblement l’esprit, et ne le rendent pas si prompt que celles-là, parce que les paroles formelles sont mieux exprimées, et l’entendement n’y mêle rien de son fonds.

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Des paroles substantielles (Livre 2,31)

J’appelle enfin substantielles les paroles qui sont formées et imprimées dans l’esprit,

 en son recueillement ou hors de son recueillement,

 lesquelles produisent dans le fond et l’intérieur de l’âme la substance, la vertu et la force qu’elles signifient.

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Ce que l’on comprend est aussitôt  efficace

comme il arriverait, par exemple, si Notre-Seigneur disait formellement à l’âme :

Sois bonne, et qu’aussitôt l’âme devint bonne ;

La raison en est que la parole de Dieu est toute-puissante ( Eccl., VIII, 4).

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 Ce pouvoir éclate dans les paroles de Jésus-Christ, puisque, selon le rapport des Evangélistes, il n’avait qu’à dire un mot pour guérir les malades et pour ressusciter les morts.

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Ces paroles substantielles avancent beaucoup l’âme, et l’aident à s’unir à Dieu ; et plus elles sont intérieures, plus elles sont substantielles et lui apportent d’utilité!

 Oh! qu’heureuse est l’âme à qui Dieu a parlé de la sorte! Parlez donc, Seigneur, car votre serviteur vous écoute ( I Roi, III, 10).

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Conclusion

L’âme dans tous ses exercices spirituels, dans tous ses actes et dans toutes ses œuvres, doit se servir de la mémoire et des méditations pour augmenter sa dévotion

Surtout elle considérera la vie, la passion et la mort de Notre-Seigneur Jésus-Christ, afin que ses actions et toute sa vie soient conformes à ce divin modèle.

 

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