Bourdaloue médite: La conversion de Marie Madeleine
Le jeudi de la 5è semaine de carème
prononça un sermon sur la conversion de Madeleine
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Marie Madeleine ne demande qu’à se convertir
Madeleine est la seule qui s’est adressée à Jésus-Christ sans autre vue que d’obtenir la rémission de ses péchés.
Plusieurs, encore charnels, recouraient à lui pour des grâces purement temporelles,
pour être guéris de leurs maladies,
pour être délivrés du démon qui les tourmentait ;
mais Madeleine déjà chrétienne et d’esprit et de cœur,
ne cherche, que la guérison de son âme; ..et ne lui demande point d’autre miracle que celui de sa conversion.
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Aimer Dieu
De tous les sentiments dont le cœur de l’homme est capable,
il n’y a, selon saint Bernard,
que l’amour de Dieu par où l’homme puisse rendre en quelque manière,
si l’on ose ainsi parler, la pareille à Dieu ;
.. En tout autre sujet, ce réciproque de la créature à l’égard de son Créateur ne nous peut convenir.
Par exemple, quand Dieu me juge, je ne puis pas pour cela entreprendre de le juger;
quand il me commande, je n’ai pas droit de lui commander :
mais quand il m’aime, non-seulement je puis, mais je dois l’aimer.
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Au pied de la Croix
Pourquoi ce Dieu-Homme réside-t-il personnellement dans nos temples et sur nos autels,
si ce n’est afin que chaque jour, dégagée des pensées du siècle ,
je me fasse aussi bien que Madeleine un exercice de me tenir à ses pieds,
de converser avec lui, de lui ouvrir mon cœur,
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Madeleine savait trop ce qu’elle devait à ce Dieu crucifié ,
pour s’éloigner de lui lorsqu’il accomplissait sur la croix l’ouvrage de son salut.
Elle savait trop ce qu’elle devait à la croix de ce Dieu mourant ;
que cette croix avait été par avance la source de son bonheur ;
qu’en vertu des mérites anticipés de cette croix, Jésus-Christ lui avait dit : Femme , vos péchés vous sont remis ;
et que c’était enfin sur cette croix que cette parole si salutaire allait être authentiquement confirmée.
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De là, bien loin de se scandaliser comme les disciples, ni d’avoir comme eux horreur de la croix,
elle la révère, elle l’adore, elle s’en approche, elle l’embrasse, elle la serre étroitement.
. Ainsi ce fut sur la croix que Madeleine reconnut plus que jamais Jésus-Christ pour son Sauveur
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Amour de la croix
être fidèle à Dieu dans l’affliction et dans la souffrance ;
être constant dans son amour, tandis qu’il nous éprouve par la croix;
lui demeurer toujours uni, lorsqu’il semble nous délaisser;
persévérer dans ses voies, lorsque nous n’y trouvons que des épines et des difficultés,
c’est à quoi nous oblige le souvenir d’une grâce aussi précieuse que celle de notre conversion.
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Mais n’avoir pour Dieu de constance et de fidélité
qu’autant qu’il nous fait trouver de goût dans son service ;
n’être à Jésus-Christ et ne se déclarer pour lui que lorsqu’il n’en coûte rien;
ne le suivre que jusqu’à la cène, et l’abandonner lâchement au Calvaire,
c’est oublier qu’on a été pécheur, c’est ne payer le plus grand de tous les bienfaits que d’une reconnaissance apparente
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Aimer non pas cette croix extérieure sur laquelle vous expirâtes,
et dont j’honore l’image sur vos autels;
mais la croix intérieure et personnelle que j’ai à porter,
cette humiliation que vous m’envoyez,
cette disgrâce que je n’attendais pas,
cette perte de biens qui me désole,
cette maladie qui m’afflige,
cette persécution que l’on me suscite.
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Si je l’aime ce Dieu de paix, il me suffira;
et non-seulement il me suffira,
mais tout, hors de lui, me deviendra insipide,
et mon plus grand plaisir sera de me priver pour lui de tous les plaisirs.
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