» Le grand » Arnauld selon Henri Bremond
H Bremond dans son livre « le sentiment religieux en France Tome IV »
n’est pas tendre avec « le grand Arnauld »
car c’est à cause de lui que Port Royal fut persécuté à partir de 1643
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Le grand Arnauld est :
Le vrai créateur de la secte janséniste
Je l’avoue, il a fait une chose humainement grande :
il a créé la secte janséniste,
mais sans le vouloir, sans même y songer.
On ne conteste pas son génie d’écrivain et de polémiste.
Racine l’admirait fort et l’on ne dira jamais assez tout ce que lui doit Pascal’.
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Inexistant religieusement
C’est l’homme religieux chez lui qui me paraît peu de chose.
Pour tout dire crûment, il n’existe pas.
Arnauld c’est une machine à syllogismes,
une mitrailleuse théologique au mouvement perpétuel,
mais tout à fait dénuée de vie intérieure.
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Un pharisien
Dans son testament spirituel
Il répond aux accusations diverses portées contre lui et prend Dieu à témoin de la parfaite innocence de ses propres voies.
« Vous savez, ô mon Dieu…….
Ma conscience ne me reproche d’avoir rien fait par imprudence, ou par un zèle mal réglé,
qui ait pu donner occasion de me faire regarder comme un chef de parti
dont on devait observer toutes les démarches
n’est ce pas … ô mon cher Jésus… ».
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Dans son livre « la fréquente communion »
il exige une telle pureté de l’âme qu’on ne pourra pas trouver
« un homme sur la terre qui ait si bonne opinion de sa vertu
qu’il se croie en état de pouvoir communier dignement ?
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Comment prendre au sérieux un homme qui après avoir écrit tant de pages, et sublimes,
sur les formidables dispositions que l’on doit apporter à la célébration des saints mystères,
nous apprend sans sourciller et la bouche ronde, qu’il dit la messe tous les jours?
oh le saint homme !.
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Le sectaire
. L’abbé de Saint-Cyran a une vie intérieure,
plus ou moins désordonnée, mais sérieuse.
Son action normale est religieuse :
Il ne prépare des sectaires qu’indirectement.
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La propagande d’Arnauld suit une ligne tout opposée.
Directement il fait des sectaires
et ce n’est que par l’intermédiaire de l’esprit de secte,
qu’il jansénisera,
lui si peu janséniste, si peu tourmenté par la pensée d’un Dieu terrible,
la vie intime d’un grand nombre.
Il a formé ses disciples à son image, développant en eux cette fureur doctorale,
cette « aigreur que rien ne peut adoucir » (Bourdaloue)
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Un hérisson
Un si beau raisonneur, un dialecticien, un grammairien, un géomètre,
un théologien capable de continuer Descartes,
de faire la leçon à Malebranche, d’embarrasser les jésuites et de pulvériser Jurieu.
Arnauld, un syllogisme vivant;
bien mieux,
un syllogisme casqué, hérissé, ne craignant personne, décidé à vaincre par tous les moyens.
Mieux encore,
un syllogisme religieux et même dévot.
Si vide, si peu chrétien qu’il soit en réalité, son christianisme lucide, savant, éloquent, guerrier, nous en impose.
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Loué, le grand Arnauld, offrant au Père éternel le sacrifice,
non pas d’un cœur contrit et humilié,
mais de cent jésuites scalpés de sa main et couverts d’injures.
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