Maladie du père Jean Jacques Olier (1608-1657)
Sa jeunesse
Ses parents ont fait de Jean-Jacques Olier un homme d’Eglise,
Il devient Prieur de Bazainville (diocèse de Chartres) à douze ans;
Prieur de Clisson (Nantes)
et abbé de Pébrac (Saint-Flour) à dix-sept ans
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De Vincent de Paul à Condren
Quoi qu’il en soit, la grâce le talonne;
il cesse bientôt de lui résister;
Il se met sous la direction de M. Vincent,
qui le prépare à l’ordination sacerdotale (1633)
et qui, presque aussitôt, le voudrait évêque.
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Olier se confie ensuite à Condren qui l’enchante et l’éblouit.
Il sait que la direction de Condren sera pour lui moins indulgente,
plus exigeante que celle de Vincent de Paul.
Cependant il n’hésite pas à quitter le second pour le premier.
Il veut aller à la perfection, et à la plus haute, et par le plus court chemin.
Il restera donc sous la direction de Condren, de 1635 à 1641
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Lorsque le P. de Condren l’associa à sa compagnie Olier était entouré de l’estime et de la vénération universelles.
Le bruit de ses travaux apostoliques, la sainteté de sa vie, le refus qu’il fit de la coadjutorerie de Châlons,
sa naissance même, lui avaient attiré une estime si grande,.
Sans cesse il avait à combattre la vanité et toutes les saillies de l’orgueil,
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Sa Crise Physique
La crise, d’abord toute morale,
aurait donc commencé par des tentations d’orgueil extrêmement violentes.
mais par la suite il se sentit diminué comme hébété
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Sa parole, auparavant si vive et si franche d’allure, hésitait incohérente et mourait sur ses lèvres.
« Même en chaire, écrit-il, cela m’arrivait : la pensée se présentait, et puis se retirait, sitôt que je commençais à l’exprimer : les mots et la voix me manquant tout d’un coup, et ne sachant plus où j’en étais, je servais de jouet à tout le monde. » (H. Bremond « sentiment religieux en France tome 3 )
Ainsi, dans ses relations ordinaires avec les hommes.
«… je ne pouvais dire un mot. J’étais tout interdit, et l’esprit suspendu, tellement que ma mère disait : « Vous diriez qu’il soit devenu hébété. »
Pour lui faire sentir sa dépendance, Dieu lui retira donc son concours,
Cette épreuve me laissait dans des langueurs, des stupidités et des hébétements,
qui ne peuvent se comprendre que par ceux qui les ont éprouvés…
Mon esprit était … enveloppé d’une telle obscurité que je ne me ressouvenais de rien ;
je ne pouvais rien apprendre… ; je ne savais même ce que je disais ,
… Je me souviens encore que j’étais réduit à une telle extrémité que je ne pouvais écrire ;
Cependant, il continuait sa vie de missionnaire, comme si de rien n’était.
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La crainte du jugement de Dieu
Quand on parlait de Dieu,
je n’en concevais rien que comme d’un être fâcheux, rigoureux, très cruel…
Je me complaisais dans la pensée de l’enfer,
Quoique je fusse assidu à l’oraison durant ce temps, je n’y recevais rien,
pas un sentiment, pas le moindre rayon de lumière…
Ce qui me faisait le plus de peine, était de voir intérieurement mon Dieu, qui me rebutait et me dédaignait…
Cette vue du dédain de Dieu se présentait à moi sous l’image d’une personne qui dirait avec mépris à un homme de néant, en remuant la main… : allez, allez !…(Bremond p442 )
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Objet de mépris
« A toutes ces peines intérieures, se joignaient encore le rebut des gens de bien,
le mépris universel de tout le monde, parents, amis, serviteurs, grands et petits.
Ce fut surtout vers la fin des fêtes de Noël 164o, que je reçus plus d’affronts.
Je fus alors la fable de tout Paris p 443
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« La compagnie à laquelle j’étais attaché, prévenue alors contre moi, augmenta encore cette tempête…
(Dieu) ôta de l’esprit de nos Messieurs toute l’estime qu’ils avaient conçue de moi…
Ils prirent la résolution de m’interdire tous les emplois extérieurs…,
…. « D’ailleurs ils croyaient que mes grandes tristesses venaient de ce que je n’étais plus dans les grandeurs du monde ni dans le faste…
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Condren lui-même désespère de M. Olier .
Ce dernier trait, le plus douloureux de tous,
nous en dit long sur la gravité de cette crise mystérieuse. p 445
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La guérison
Condren meurt en 1641
., il y avait deux années que l’épreuve d’Olier durait
, deux années, pendant lesquelles Dieu avait voulu,
que je sentisse ensemble quasi toutes les peines intérieures,
peines de sa réprobation et de son dédain,
privation de toute élévation vers lui,
continuel ressentiment de la superbe et de l’amour-propre,
obscurité d’esprit, embrouillement de l’âme et environnement du démon. p446
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Une première fois
à Chartres
Dieu fit luire à son esprit la « première lumière »qui commença à le délivrer de ses peines,
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puis une 2é fois
C’était en 1641 dans Chartres, au jour de la petite Fête-Dieu,
jour de l’octave du très saint Sacrement.
Vous m’éveillâtes, ô mon Dieu, le matin, une heure ou deux plus tôt qu’il ne fallait se lever; et, entendant ce doux bruit et ce célèbre résonnement des cloches de Notre-Dame, vous me faisiez voir en esprit la grande gloire qu’on vous rendait partout en ce jour-là, et les grandes louanges que vous rendait votre Fils, cette sainte hostie, par tout le monde.
Car il vous loue dans le saint Sacrement comme dedans le ciel,…; et cela remplissait mon esprit de grande joie.
Mais ce qui le comblait, c’est qu’il me semblait que mon coeur avait part à tout cela,
louant Dieu partout et étant répandu partout.
Et plût à Dieu que cela fût comme j’en avais le sentiment,
un sentiment qui me faisait répandre des larmes…
Et je passai cette heure avec grande vitesse. p450
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Son nouveau ministère
Son ministère ne tarda pas à s’en ressentir.
Traversant une ville des environs de Chartres…, et étant pressé, un peu à l’improviste, d’y monter en chaire, c’est le récit de l’enfant prodigue, dont l’histoire vient de se renouveler en sa personne, qu’il développe à la foule accourue pour l’entendre, et il le fait avec tant de force e t d’émotion, que ses auditeurs, sans tenir compte de la distance, le suivent à Chartres, et assiègent la résidence des missionnaires pour y faire des confessions générales
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La crise était bien finie et pour ne plus recommencer jamais
Dès la fin de 1641, il est le chef incontesté de la petite compagnie qui, la veille encore, rougissait de lui. De six qu’ils étaient au début, deux seulement resteront auprès de lui, M. de Foix, M. du Ferrier; mais de précieuses recrues leur étaient déjà venues, d’autres leur viendront bientôt. En décembre 1641, ils fondent leur premier séminaire dans une maison de Vaugirard ; un an après, ils s’installent dans le quartier Saint-Sulpice,
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Le bienfait de son affreuse crise
qui ne se dénouera qu’après la mort de Condren,
et qui, en achevant de le dépouiller de lui-même,
l’initiera plus efficacement, plus réellement à la doctrine du maître
que n’eût fait la parole même d’un ange
Voir H. Bremond « le sentiment religieux en France » Tome 3 p 428 ss)
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