Encyclique Laudato si : Chapitre 5 : La politique et l’écologie

La Politique internationale

Pour affronter les problèmes de fond qui ne peuvent pas être résolus par les actions de pays isolés, un consensus mondial devient indispensable,

qui conduirait, par exemple,

-  à programmer une agriculture durable et diversifiée,

-  à développer des formes d’énergies renouvelables et peu polluantes,

-  à promouvoir un meilleur rendement énergétique,

-  une gestion plus adéquate des ressources forestières et marines,

-  à assurer l’accès à l’eau potable pour tous.

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Nous savons que la technologie reposant sur les combustibles fossiles très polluants  a besoin d’être remplacée, progressivement et sans retard

Cependant, on ne parvient pas, dans la communauté internationale, à des accords suffisants  En ce sens, alors que l’humanité de l’époque post-industrielle sera peut-être considérée comme l’une des plus irresponsables de l’histoire,

 

Les Conférences internationales

-  En 1992 ,lors du Sommet planète Terre, à Rio de Janeiro.,il a été proclamé que « les êtres humains sont au centre des préoccupations relatives au développement durable

-  puis  il y a eu la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontaliers de déchets dangereux et leur élimination

-  puis la Convention de Vienne pour la protection de la couche d’ozone, et sa mise en œuvre à travers le Protocole de Montréal

-  puis la conférence  dénommée Rio+20 (Rio de Janeiro 2012) sur le développement durable,  et la réduction des gaz à effet de serre), a émis un long et inefficace document final.

 Les négociations internationales ne peuvent pas avancer de manière significative en raison de la position des pays qui mettent leurs intérêts nationaux au dessus du bien commun général.

 L’imposition de certaines mesures porte préjudice aux pays qui ont le plus besoin de développement. Une nouvelle injustice est ainsi ajoutée sous couvert de protection de l’environnement.

 La stratégie d’achat et de vente de “crédits de carbone” peut donner lieu à une nouvelle forme de spéculation, et cela ne servirait pas à réduire l’émission globale des gaz polluants.

 Il est vrai que les pays pauvres doivent aussi développer des formes moins polluantes de production d’énergie, mais pour cela ils doivent pouvoir compter sur l’aide des pays qui ont connu une forte croissance au prix de la pollution actuelle de la planète.

 L’exploitation directe de l’abondante énergie solaire demande que des mécanismes et des subsides soient établis, de sorte que les pays en développement puissent accéder au transfert de technologies, à l’assistance technique, et aux ressources financières,

Une véritable autorité politique mondiale

. Le problème croissant des déchets marins et de la protection des zones marines au-delà des frontières nationales continue de représenter un défi particulier. En définitive, il faut un accord sur les régimes de gestion, pour toute la gamme de ce qu’on appelle les “biens communs globaux”.

 Dans ce contexte, les institutions internationales doivent être plus fortes et efficacement organisées, avec des autorités désignées équitablement par accord entre les gouvernements nationaux, et dotées de pouvoir pour sanctionner.

- Pour le gouvernement de l’économie mondiale,

-pour assainir les économies frappées par la crise,

-pour prévenir son aggravation et de plus grands déséquilibres,

-pour procéder à un souhaitable désarmement intégral,

-pour arriver à la sécurité alimentaire et à la paix,

-pour assurer la protection de l’environnement

Pour réguler les flux migratoires, il est urgent que soit mise en place une véritableAutorité politique mondiale » (Benoit XVI)

 

La responsabilité des politiciens

Une société saine, mature et souveraine doit appliquer les normes, lutter contre la corruption, ‘intervenir face aux risques incertains ou potentiels.

diminuer les effets polluants des activités des entreprises.

et  aussi encourager les bonnes pratiques,

 Mais à cause des intérêts électoraux, les gouvernements ne prennent pas facilement le risque de mécontenter la population avec des mesures qui peuvent affecter le niveau de consommation ou mettre en péril des investissements étrangers.

 La grandeur politique se révèle quand, dans les moments difficiles, on œuvre en pensant au bien commun à long terme. Il est très difficile pour le pouvoir politique d’assumer ce devoir, car le droit se montre parfois insuffisant en raison de la corruption,

Il faut alors  que la décision politique soit incitée par la pression de la population.

 La société, à travers des organismes non gouvernementaux et des associations intermédiaires, doit obliger les gouvernements à développer des normes, des procédures et des contrôles plus rigoureux

Ainsi en certains lieux, se développent des coopératives pour l’exploitation d’énergies renouvelables, qui permettent l’auto suffisance locale, et même la vente des excédents. Ce simple exemple montre que l’instance locale peut faire la différence alors que l’ordre mondial existant se révèle incapable de prendre ses responsabilités.

 Les politiques relatives au changement climatique et à la sauvegarde de l’environnement ne peuvent pas changer chaque fois que change un gouvernement. Les résultats demandent beaucoup de temps et supposent des coûts immédiats, avec des effets qui ne seront pas visibles au cours du mandat du gouvernement concerné.

 C’est pourquoi sans la pression de la population et des institutions, il y aura toujours de la résistance à intervenir, plus encore quand il y aura des urgences à affronter.

 Qu’un homme politique assume ces responsabilités avec les coûts que cela implique,

 S’il ose le faire, cela le conduira à reconnaître la dignité que Dieu lui a donnée comme homme, et il laissera dans l’histoire un témoignage de généreuse responsabilité.

 

 Dialogue et  transparence lors des prises de décisions

 La corruption, qui cache le véritable impact environnemental d’un projet en échange de faveurs, conduit habituellement à des accords fallacieux

.Une étude de l’impact sur l’environnement ne devrait pas être postérieure à l’élaboration d’un projet de production

Il faut qu’elle soit insérée dès le début, et élaborée de manière interdisciplinaire, transparente et indépendante de toute pression économique ou politique.

Elle doit être en lien avec l’analyse des conditions de travail et l’analyse des effets possibles, entre autres, sur la santé physique et mentale des personnes, sur l’économie locale, sur la sécurité.

 . La culture consumériste, qui donne priorité au court terme et à l’intérêt privé, peut encourager des procédures trop rapides ou permettre la dissimulation d’information.

  Dans toute discussion autour d’une initiative, une série de questions devrait se poser en vue de discerner si elle offrira ou non un véritable développement intégral : Pour quoi ? Par quoi ? Où ? Quand ? De quelle manière ? Pour qui ? Quels sont les risques ? À quel coût ? Qui paiera les coûts et comment le fera-t-il ?

Dans ce discernement, certaines questions doivent avoir la priorité. Par exemple, nous savons que l’eau est une ressource limitée et indispensable, et y avoir accès est un droit fondamental qui conditionne l’exercice des autres droits humains.

 

 Politique et économie au service de la plénitude humaine 

La politique ne doit pas se soumettre à l’économie et celle-ci ne doit pas se soumettre aux diktats ni au paradigme d’efficacité de la technocratie.

La production n’est pas toujours rationnelle, et souvent elle est liée à des variables économiques qui fixent pour les produits une valeur qui ne correspond pas à leur valeur réelle.

 Cela conduit souvent à la surproduction de certaines marchandises, avec un impact inutile sur l’environnement qui, en même temps, porte préjudice à de nombreuses économies régionales.

Est-il réaliste d’espérer que celui qui a l’obsession du bénéfice maximum s’attarde à penser aux effets environnementaux qu’il laissera aux prochaines générations ?

  Quand on pose ces questions, certains réagissent en accusant les autres de prétendre arrêter irrationnellement le progrès et le développement humain

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 Le progrès oui ! mais autrement

Il s’agit simplement de redéfinir le progrès.

L’intelligence humaine doit créer et innover, pour protéger l’environnement  tout  en  créant plus d’emplois.

Il est superficiel et moins créatif de continuer à créer des formes de pillage de la nature seulement pour offrir de nouvelles possibilités de consommation et de gain immédiat.

  Nous savons que le comportement de ceux qui consomment et détruisent toujours davantage n’est pas soutenable, tandis que d’autres ne peuvent pas vivre conformément à leur dignité humaine.

Un développement technologique et économique qui ne laisse pas un monde meilleur et une qualité de vie intégralement supérieure ne peut pas être considéré comme un progrès.

 D’autre part, la qualité réelle de vie des personnes diminue souvent – à cause de la détérioration de l’environnement, de la mauvaise qualité des produits alimentaires eux-mêmes

  Le principe de la maximalisation du gain, sans tenir compte de toute autre considération, est une distorsion conceptuelle de l’économie :

Dans ce cas  si la production augmente, il importe peu que cela se fasse au prix des ressources futures ou de la santé de l’environnement ;

 Dans ce cas  si l’exploitation d’une forêt fait augmenter la production, personne ne mesure dans ce calcul la perte qu’implique la désertification du territoire, le dommage causé à la biodiversité ou l’augmentation de la pollution.

 Il est vrai qu’aujourd’hui certains secteurs économiques exercent davantage de pouvoir que les États eux-mêmes. Mais on ne peut pas justifier une économie sans politique, qui serait incapable de promouvoir une autre logique qui régisse les divers aspects de la crise actuelle.

 Nous avons besoin d’une politique aux vues larges, qui suive une approche globale en intégrant dans un dialogue interdisciplinaire les divers aspects de la crise. Souvent la politique elle-même est responsable de son propre discrédit, à cause de la corruption et du manque de bonnes politiques publiques.

  La politique et l’économie ont tendance à s’accuser mutuellement en ce qui concerne la pauvreté et la dégradation de l’environnement. Mais il faut espérer qu’elles reconnaîtront leurs propres erreurs et trouveront des formes d’interaction orientées vers le bien commun.

 Pendant que les uns sont obnubilés uniquement par le profit économique et que d’autres ont pour seule obsession la conservation ou l’accroissement de leur pouvoir,

 ce que nous avons ce sont des guerres, ou bien des accords fallacieux

Les  Religions dans le dialogue avec les sciences 

Les textes religieux classiques peuvent offrir une signification pour toutes les époques, et ont une force de motivation qui ouvre toujours de nouveaux horizons

Est-il raisonnable et intelligent de les reléguer dans l’obscurité, seulement du fait qu’ils proviennent d’un contexte de croyance religieuse ?

 D’autre part, toute solution technique que les sciences prétendent apporter sera incapable de résoudre les graves problèmes du monde, si l’on oublie les grandes motivations qui rendent possibles la cohabitation, le sacrifice, la bonté.

  La majorité des habitants de la planète se déclare croyante, et cela devrait inciter les religions à entrer dans un dialogue en vue de la sauvegarde de la nature, de la défense des pauvres, de la construction de réseaux de respect et de fraternité.

  Un dialogue entre les sciences elles-mêmes est aussi nécessaire parce que chacune a l’habitude de s’enfermer dans les limites de son propre langage

 Un dialogue ouvert et respectueux devient aussi nécessaire entre les différents mouvements écologistes, où les luttes idéologiques ne manquent pas.

 

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