Cardinal Monténégro : « La migration est un lieu théologique »
Le 5 novembre 2015 le cardinal Montenegro ,archevêque d’Agrigente(Italie),où est situé le territoire de Lampedusa ,a partagé sa reflexion sur les migrants avec les évêques de France rassemblés à Lourdes
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Le 6é continent :
Parlons de l’immigration en partant de l’expérience de Lampedusa.
Les habitants de cette petite île de la Méditerranée ont démontré et montrent encore qu’il est possible d’offrir l’hospitalité à ceux qui fuient un monde en quête d’un autre avenir.
Ils nous apprennent qu,on ne peut pas bloquer l’histoire.
qu’il est possible de construire et de partager un monde nouveau fondé sur des relations de solidarité.
232 millions de personnes migrent de par le monde (on appelle ce phénomène le sixième continent), et ce pour plusieurs raisons :
comme la recherche de sécurité, de travail, d’une vie digne, ou bien la fuite de la persécution, de la faim ou de l’exploitation.
La vie sur leur terre est désormais un enfer.
Le voyage est périlleux et parfois meurtrier,
Quand les peuples bougent, rien ne reste pareil, ni politiquement, ni économiquement, ni socialement, ni religieusement.
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Origine du mal
L’exode actuel n’est pas le « mal », mais le « symptôme » d’un mal plus grand, celui d’un monde injuste
Il est vrai que la civilisation occidentale a réalisé des avancées qui sont devenues le patrimoine de toute
l’humanité (littérature, philosophie, art, sciences), mais elle a produit beaucoup d’aspects discutables.
une civilisation qui n’a pas honte de piller les pays d’origine des migrants
Un Occident qui a souvent, soutenu et mis en place des régimes corrompus.
Des entreprises multinationales continuent à créer des esclaves affamés, exploités, enragés.
Les immigrés sont, pour la plupart, « victimes » de la globalisation.
Globalisation et migrations vont ensemble
et sont les « jumeaux indivisibles » de notre monde.
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Le mur érigé par l’Occident pour se protéger de l’invasion ne peut pas durer longtemps, parce que le processus migratoire est irrépressible.
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L’intégration
Le temps est venu d’accepter la pluralité des cultures, avec leurs caractéristiques, leurs histoires et leurs dignités propres.
Il faut cultiver le dialogue et la capacité d’échanger.
L’intégration est un processus lent, dur, difficile, coûteux si l’on veut bien le réaliser.
L’intégration n’est pas un processus unilatéral, mais la rencontre de deux personnes qui veulent créer une relation.
Elle n’est pas une solution à la situation actuelle d’urgence, mais le chemin qui prépare l’avenir.
Elle a la capacité de générer de la nouveauté.
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Les esclaves
C’est, selon le Fond Monétaire International, la réalité de 1.300.000.000 personnes,
L’esclavage refait surface ! Quand l’immigré n’est pas considéré comme une personne dotée de droits et de devoirs, sa condition est celle de l’esclave. Nous sommes en train de construire « un monde sans l’autre », divisé en deux : « Nous et les autres », avec le grave risque que tout se transforme en désordre global.
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Les peurs
Tant que l’immigration sera considérée comme un problème de sécurité la dimension humanitaire sera de plus en plus oubliée, et l’on essaiera de réduire le champ d’application des Droits Humains fondamentaux
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,Personne ne peut piétiner en vain les droits fondamentaux, les langues, les cultures, les religions
.Le manque de respect nous entraine vers la barbarie et le règne de la force.
Ce qui est en jeu est le modèle de notre civilisation future.
Au nom de la sécurité, l’on pourra nous enlever des pans de liberté personnelle.
Quand le pouvoir défend les intérêts des forts, en démantelant, par exemple, l’Etat providence (le droit à la santé, à la protection sociale), il affaiblit la structure même de la société.
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Le Pape nous dit encore : « Souvent l’arrivée de migrants, exilés et réfugiés génère dans les populations locales des peurs et des hostilités
peur que la sécurité dans la société en soit déboussolée,
peur que l’identité et la culture puissent disparaître,
peur que le marché du travail soit affaibli par la concurrence déloyale,
peur qu’une criminalité diffuse s’impose partout.
S’impose alors un changement d’attitudes de la part de tous. Il faut passer d’une attitude de défense et de peur, d’indifférence et de marginalisation – synonymes d’une « culture du déchet » – à une attitude fondée sur la « culture de la rencontre », seule capable de construire un monde plus juste et fraternel, un monde meilleur ».
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Le lieu théologique
Par l’Incarnation, tout est désormais sacré
Frei Betto disait :
« Nous cherchons Dieu dans le temple, mais Il se trouve dans une étable ;
..nous le cherchons libre, mais Il est prisonnier ;
nous le cherchons revêtu de gloire, mais Il est ensanglanté sur la croix.
Il est assis sur les marches de nos maisons, de nos immeubles, attendant un morceau de pain ».
La migration est un « lieu théologique », lieu fréquenté par Dieu, lieu où nous pouvons Le chercher et Le rencontrer.
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Quelle Europe ?
Quelle Europe souhaitons-nous ? Une Europe ouverte ou fermée ? Une forteresse ou un pont ? Maison malade d’eurocentrisme ou maison ouverte qui accueille et sait voir loin ? Maison aux murs inquiétants ou possibilité de changement ? Europe du changement et de l’avenir ou Europe tremblante et indifférente envers le Sud, de plus en plus affaibli et sans espoir ?
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