Léon XIII : « Aeterni Patris » sur Thomas d’Aquin
Léon XIII admire saint Thomas d’Aquin
En 1879 il demanda à tous les évêques de restaurer l’enseignement thomiste dans tous les séminaires
en l’an 2 de son pontificat
dans son encyclique « Aeterni Patris »
Le Fils unique du Père éternel, après avoir apparu sur la terre pour apporter au genre humain le salut ainsi que la lumière de la divine sagesse, procura au monde un immense et admirable bienfait quand, sur le point de remonter aux cieux, il enjoignit aux Apôtres d’aller et d’enseigner toutes les nations (1), et laissa, pour commune et suprême maîtresse de tous les peuples, l’Eglise qu’il avait fondée.
la Philosophie
Ce n’est pas vainement que Dieu a fait luire dans l’esprit humain la lumière de la raison; et tant s’en faut que la lumière surajoutée de la foi éteigne ou amortisse la vigueur de l’intelligence; au contraire, elle la perfectionne, et, en augmentant ses forces, la rend propre à de plus hautes spéculations.
La philosophie, entendue dans le vrai sens où l’ont prise les sages, a la vertu de frayer et d’aplanir en quelque sorte le chemin qui mène à la foi véritable, en disposant convenablement l’esprit de ses disciples à accepter la révélation
Ainsi, un premier fruit de la raison humaine, fruit grand et précieux entre tous, c’est la démonstration qu’elle nous donne de l’existence de Dieu : car, par la magnificence et la beauté de la créature, le Créateur de ces choses pourra être vu d’une manière intelligible .
La raison nous montre ensuite l’excellence singulière de ce Dieu qui réunit toutes les perfections,une sagesse infinie, à laquelle rien ne peut échapper, et une souveraine justice contre laquelle aucune disposition vicieuse ne peut prévaloir ;
Elle nous fait comprendre ainsi que, non seulement Dieu est véridique, mais qu’il est la vérité même, ne pouvant ni se tromper ni tromper.
La raison nous déclare que, dès son origine, la doctrine évangélique a brillé de signes merveilleux, arguments certains d’une vérité certaine; c’est pourquoi ceux qui ajoutent foi à l’Evangile, ne le font point témérairement, comme s’ils s’attachaient à des fables spécieuses mais ils soumettent leur intelligence et leur jugement à l’autorité divine par une obéissance entièrement conforme à la raison.
On ne peut dédaigner la connaissance plus exacte de nos croyances, et l’intelligence un peu plus nette, des mystères eux-mêmes de la foi.
le Concile du Vatican l’a fortement déclaré :Cette connaissance et cette intelligence, sont acquises plus abondamment et plus facilement, par ceux qui, ont des mœurs intègres et une profonde foi
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La foi et la raison
L’Eglise elle-même, non seulement conseille, mais ordonne aux Docteurs chrétiens d’appeler à leur aide la philosophie.
Mais, pour que la philosophie se trouve en état de porter les fruits précieux que nous venons de rappeler, il faut, à tout prix, que jamais elle ne s’écarte du sentier suivi dans l’antiquité par le vénérable cortège des saints Pères, et que naguère le concile du Vatican approuvait solennellement de son autorité.
C’est-à-dire que, puisque le plus grand nombre des vérités de l’ordre surnaturel, objet de notre foi, surpassent de beaucoup les forces de toute intelligence, la raison humaine, connaissant son infirmité, doit se garder de prétendre plus haut qu’elle ne peut, ou de nier ces mêmes vérités, ou de les mesurer à ses propres forces, ou de les interpréter selon son caprice; elle doit plutôt les recevoir d’une foi humble et entière,
Sil s’agit de ces points de doctrine que l’intelligence humaine peut saisir par ses forces naturelles,il est juste, sur ces matières, de laisser à la philosophie sa méthode, ses principes et ses arguments,
Unir donc l’étude de la philosophie avec la soumission à la foi chrétienne, c’est se montrer excellent philosophe ;car la splendeur des vérités divines, en pénétrant l’âme, vient en aide à l’intelligence elle-même, et, loin de lui rien ôter de sa dignité, accroît considérablement sa noblesse, sa pénétration, sa solidité.
C’est avec raison que le Concile du Vatican célèbre en ces termes les précieux avantages procurés à la raison par la foi: « La foi délivre de l’erreur la raison et la prémunit contre elle et la dote de connaissances variées . »
Par conséquent, l’homme, s’il est sage, ne doit pas accuser la foi d’être l’ennemie de la raison et des vérités naturelles; mais il doit plutôt rendre à Dieu de dignes actions de grâces, et se féliciter grandement de ce que, parmi tant de causes d’ignorance et au milieu de cet océan d’erreurs, la très sainte lumière de la foi brille à ses yeux, et, comme un astre bienfaisant, lui montre, à l’abri de tout péril d’erreur, le port de la vérité.
C’est du Newmann tout craché !
Il n’est donc pas étonnant que Léon XIII fit de Newman un cardinal en 1879 ,en même temps que la publication de cette cette encyclique
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Les pères de l’eglsie
.Au premier rang de ces apologistes, nous rencontrons le martyr saint Justin
A la même époque, Quadratus et Aristide, Hermias et Athénagore suivirent avec succès la même voie.- Cette cause suscita un défenseur non moins illustre dans la personne de l’invincible martyr Irénée, pontife de l’Eglise de Lyon;
Tout le monde connaît les controverses soutenues par Clément d’Alexandrie, au sujet desquelles saint Jérôme s’écrie avec admiration : Que peut-on y trouver de faible ? Qu’y a-t-il qui ne sorte du cœur même de la philosophie ?
Les écrits que le grand Athanase, et Chrysostome, le prince des orateurs, nous ont laissés sur l’âme humaine, les divins attributs et d’autres questions de souveraine importance, sont, au jugement de tous, d’une telle perfection qu’il semble impossible de rien désirer de plus riche et de plus profond.
Nous ajouterons cependant aux grands hommes que nous avons nommés Basile le Grand ainsi que les deux Grégoire.
Mais la palme semble appartenir entre tous à saint Augustin, ce puissant génie qui, pénétré à fond de toutes les sciences divines et humaines, armé d’une foi souveraine, d’une doctrine non moins grande, combattit sans défaillance toutes les erreurs de son temps.
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Saint Thomas d’Aquin
Ensuite, les Docteurs du moyen âge, connus sous le nom de scolastiques, viennent entreprendre une œuvre colossale …Entre tous les docteurs scolastiques, brille, d’un éclat sans pareil leur prince et maître à tous, Thomas d’Aquin, lequel, ainsi que le remarque Cajetan, pour avoir profondément vénéré les Saints Docteurs qui l’ont précédé, a hérité en quelque sorte de l’intelligence de tous
Thomas recueillit leurs doctrines, comme les membres dispersés d’un même corps; il les réunit, les classa dans un ordre admirable, et les enrichit tellement, qu’on le considère lui-même, à juste titre, comme le défenseur spécial et l’honneur de l’Eglise.
Et, ici, c’est avec un extrême plaisir que l’esprit se reporte à ces écoles et ces académies célèbres et jadis si florissantes de Paris, de Salamanque, d’Alsace, de Douai, de Toulouse, de Louvain, de Padoue, de Bologne, de Naples, de Coïmbre, et d’autres en grand nombre.
Pour ces faits et ces motifs, , Nous jugeons que ç’a été une témérité de n’avoir continué, ni en tous temps, ni en tous lieux, à lui rendre l’honneur qu’il mérite:
A la place de la doctrine ancienne, un nouveau genre de la philosophie s’est introduit çà et là, et n’a point porté les fruits désirables et salutaires que l’Eglise et la société civile elle-même eussent souhaités. Sous l’impulsion des novateurs du XVIe siècle, on se prit à philosopher sans aucun égard pour la foi et l’on s’accorda mutuellement pleine licence de laisser aller sa pensée selon son caprice et son génie.
Il en résulta tout naturellement que les systèmes de philosophie se multiplièrent outre mesure, et que des opinions diverses, contradictoires, se firent jour, même sur les objets les plus importants des connaissances umaines. De la multitude des opinions on arriva facilement aux hésitations et au doute: or, du doute à l’erreur, qui ne le voit ? la chute est facile.
Rien ne Nous est plus à cœur, que de voir la jeunesse studieuse puiser aux eaux très pures de la sagesse, telles que le docteur angélique les répand en flots pressés et intarissables.
Plusieurs motifs provoquent en Nous cet ardent désir. En premier lieu, comme à notre époque la foi chrétienne est journellement en butte aux manœuvres et aux ruses d’une certaine fausse sagesse, il faut que tous les jeunes gens, ceux particulièrement dont l’éducation est l’espoir de l’Eglise, soient nourris d’une doctrine substantielle et forte, afin que, pleins de vigueur et revêtus d’une armure complète, ils s’habituent de bonne heure à défendre la religion avec vaillance et sagesse, prêts, selon l’avertissement de l’Apôtre, à rendre raison à quiconque le demande, de l’espérance qui est en nous ainsi qu’à exhorter, dans une doctrine saine, et à convaincre ceux qui y contredisent
Ensuite, un grand nombre de ceux qui, éloignés de la foi, haïssent les principes catholiques, prétendent ne connaître d’autre maître et d’autre guide que la raison.L’immense péril dans lequel la contagion des fausses opinions a jeté la famille et la société civile est pour nous tous évident.
Certes, l’une et l’autre jouiraient d’une paix plus parfaite et d’une sécurité plus grande si, dans les académies et les écoles, on donnait une doctrine plus saine et plus conforme à l’enseignement de l’Eglise, une doctrine telle qu’on la trouve dans les œuvres de Thomas d’Aquin.
Ce que saint Thomas nous enseigne sur la vraie nature de la liberté, qui de nos temps, dégénère en licence, sur la divine origine de toute autorité, sur les lois et leur puissance, sur le gouvernement paternel et juste des souverains, sur l’obéissance due aux puissances plus élevées, sur la charité mutuelle qui doit régner entre tous les hommes ;
Ce qu’il nous dit sur ces sujets et autres du même genre, a une force immense, invincible, pour renverser tous ces principes du droit nouveau, pleins de dangers, on le sait, pour le bon ordre et le salut public.
Nous Vous exhortons, Vénérables Frères, de la manière la plus pressante,, à remettre en vigueur et à propager le plus possible la précieuse doctrine de saint Thomas
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