Aimé Césaire : Cahier d’un retour au pays natal : Debout !

Dans la 2é partie de son cahier,après avoir parlé des Antilles et de ses ancêtres maltraités Césaire  réagit

Il est temps pour les « nègres » de se relever

de se mettre debout dans un monde où il été tant humilié

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La révolution

il faut bien commencer

 commencer quoi ?

 La seule chose au monde qu’il vaille la peine de commencer

la fin du monde parbleu ! (  p 53)

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Nous n’avons jamais été amazones du roi de Dahomey

ni prince de Ghana avec 800 chameaux

ni docteurs à Tombouctou

Askia étant le grand roi  ,

ni architectes de Djenne

ni Mahdis ni guerriers

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Je veux avouer  que nous fûmes de tout temps

 d’assez piètres  laveurs de vaisselle ,

 des cireurs de chaussures sans envergure ..

Le seul indiscutable record que nous ayons battu est celui de l’endurance et de la chicotte ( p61)

 

Un soir dans un tramway  en face de moi ,un nègre …

un nègre hideux, un  nègre grognon ,un nègre mélancolique

un nègre affalé ,ses mains réunies en prière sur un bâton noueux ,

un nègre enseveli dans une vieille veste éliminée

un nègre comique et laid

et des femmes derrière moi ricanaient en le regardant

Il était comique et laid

comique et laid… pour sûr

j’arborai air un grand sourire  complice

 ma lâcheté retrouvée (p 63)

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Allons debout !

O lumière amicale

o riche source de  la lumière

Ceux qui n’ont inventé ,ni  la poudre ni la boussole

ceux qui n’ont jamais su dompter la vapeur et l’électricité

ceux qui n’ont exploré ni les mers ,ni le ciel

mais sans qui  la terre ne serait pas terre….

silo où se préserve et murit ce que la terre a de plus terre

ma négritude n’est pas une pierre(p70)

 

L’Europe nous a pendant  des siécles  gavé de mensonges et gonflés de pestilences

car il n’est point vrai que l’œuvre de l’homme est finie

que nous avons rien à faire dans le monde

que nous parasitons le monde

et aucune race ne possède le monopole de la beauté de l’intelligence , de la force (p 82)

 

Elle est debout la négraille

la négraille assisse

inattendument  debout

debout dans la cale

debout dans les cabines

debout sur le pont

debout dans le vent

debout sous le soleil  

debout dans le sang

debout et libre

 

et la voici

plus inattendument debout

debout dans les cordages

debout à la barre

debout à la boussole

debout à la carte

debout sous les étoiles

 debout

 et libre

et le navire lustral s’avancer impavide sur les eaux écroulées(p 87)

 

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