Aimé Césaire :Cahier d’un retour au pays natal

 Voici des citations de ce cahier  édité par « présence africaine » en 1956 ,citations que j’ai parfois amputées  pour mieux les comprendre 

C’est certes  une trahison !

J’en demande pardon

mais  cela m’aide à digérer

ces « cris » si puissants 

ces versets si denses et  si riches

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Les Antilles

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Au bout du petit matin

les Antilles …

qui enfin

les Antilles grêlées de petite vérole

dynamité  d’alcool

échouée dans la poussière de cette ville ..

 

les fleurs  de sang

une vieille ville.. menteusement souriante

cette ville plate  étalée  

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et une honte cette rue paille

ici il n’ya que des toits de paille

que l’embrun a brunis et que le vent épile …

 c’est là que la jeunesse du bourg se débauche

c’est là que surtout la mer déverse ses immondices …

et la plage ne suffit pas à la rage écumante de la mer

..une détresse  ,cette plage  elle aussi

 avec ses tas d’ordure pourrissant , ses croupes  furtives  qui se soulagent (p 37)

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Les ancêtres et leurs esprits  

 Au bout du petit matin

au-delà de mon père , de ma mère ,la case gerçant d’ampoules

comme un pécher tourmenté de la cloque…

et le lit de planches d’où s’est levée ma race toute entière

ma race de ce lit de planches.. avec ses pattes  de caisses  de Kérosine ,comme s’il avait l’éléphantiasis

le lit et sa peau de cabri   (p 37)

.**

et vous fantômes

 montez bleu de chimie

d’une forêt de bêtes traquées

..de chairs pourries…

de lanières  découpées dans le beau sisal de peau d’homme

… et toi terre tendue

la terre où tout est libre et fraternel ,ma terre (p 40)

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Les Blancs

Au bout du petit matin

le vent de jadis qui s’élève

des fidélités trahies

du devoir incertain qui se dérobe et cet autre petit matin d’Europe..

..je dirais orage

je dirais fleuve

qui ne me comprendrait pas ne comprendrait pas davantage le rugissement du tigre( p40)

« Le tigre ne proclame pas sa tigritude… il bondit sur sa proie et la dévore ! » (Soyinka)

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Ce qui est à moi

c’est un homme seul

 emprisonné de blanc

un homme qui défie les cris

mort de la mort blanche

la mort qui expire  dans une blanche mare de silence

(le blanc  couleur de la mort , le silence radio ,les feuilles blanches )

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La raison des nègres

voir « la critique de la raison nègre » par Achille Mbembe

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des mots ?

 ah oui des mots !

Raison je te sacre vent du soir..

…Parce que nous vous haïssons, vous et votre raison

nous vous réclamons

de la démence précoce

de la folie flambante  

la folie qui se souviens

la folie qui hurle

la folie qui voit

la folie qui se déchaine

et vous savez le reste

 que deux et deux  font cinq

que la foret miaule

que l’arbre tire des marrons du feu

et le ciel se lisse la barbe ….(p 47)

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Des hommes de la nature

Bien plus que des écologistes

Qui et quels nous sommes ?

admirable question

a force de regarder les arbres ,je suis devenus un arbre   

…a force de penser au Congo

je suis devenu un Congo

bruissant de forêts et de fleurs

où le fouet claque comme un grand étendard

où l’eau fait

 Likouala-likouala

où l’éclair de la colère lance sa hache verdâtre..

 

alors il faut bien commencer

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