Les « gilets jaunes » et l’historien sénégalais Mamadou Diouf
Le mouvement Set /Setal à Dakar
Pouvons nous comparer les « gilets jaunes » qui manifestent en France, en cette fin d’année 2018 ,avec les jeunes Sénégalais qui ont manifesté à Dakar entre le mois de Février 1988 au mois d’avril 1989.)
Ce fut à la suite de la réélection controversée du président Abdou Diouf, en février 1988. La jeunesse dakaroise participa activement à ces mouvements contestataires, alors qu’elle avait été précédemment exclue du débat politique et de la vie démocratique. en instituant leur mouvement Set/Setal (= rendre propre)
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On est en effet très surpris par l’analyse faite sur ce mouvement en Juin 1992 par l’historien sénégalais Mamadou Diouf dans la revue « politique africaine »
C’est une véritable prophétie sur ce qui se passe ne ce moment en France
voici ce qu’en dit Mamadou Diouf
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Un mouvement inattendu
La jeunesse sénégalaise fait irruption au pas de charge sur la scène politique. Personne ne l’attendait mais elle n’en a cure. La peur de l’avenir s’exprime par une formidable rage de détruire. Entre deux jets de pierre un lycéen de 17 ans lâche : “NOUS allons tout casser pour mieux reconstruire. ”(p 42)
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La désertification des campagnes
le désengagement de 1’Etat s’effectue dans de très nombreux cas dans les secteurs de la santé, de l’éducation et de l’assainissement. La fonction publique, les institutions publiques et parapubliques « dégraissent » et la paupérisation s’installe. C’est aussi le moment choisi par 1’Etat pour accélérer la mise en application de la réforme de l’administration locale et territoriale lancée en 1972.(p 43)
.., toutes ces pratiques dans la ville, nous a conduits à interroger les enjeux politiques actuels de la gestion urbaine, ceux du monde du travail, des loisirs … toutes choses allant de pair avec le désengagement de I’Etat, la sollicitation des identités ethniques, religieuses,et régionales (p 45)
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La morgue
bien plus que la motivation politique, la stylistique du pouvoir, ses signes de force incontestable, sa morgue( p46)…et l’ascension de la technocratie(47)sont à la source du mouvement
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Les écarts de salaire
ses signes symboles ( l’embonpoint, l’or, la générosité, les puissantes voitures …) ont été décisifs dans la mobilisation des jeunes, dans- leur assaut contre la classe dirigeante et les représentations de 1’Etat (p 46).
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Les ronds points ou l’arbre à palabre
Les populations semblent s’être données les moyens de remplir le vide que 1’État a créé faute de moyens financiers. Espaces propres, ils deviennent des lieux de rencontres, de débats et certainement d’évaluation des politiques mises en œuvre. L’appropriation de l’espace s’accompagne d‘une prise de parole, d‘une récréation de la palabre, non plus sous l’arbre à palabres mais face à un baobab stylisé (le rond point) qui serait .le symbole du dialogue, de la concertation et du travail.p 51
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Les représentants légitimes
Mais un groupe ne peut exister socialement que s’il est parvenu à se faire accréditer, à émerger sur la scène publique par l’intermédiaire de porte parole ou de mandataires et à créer ainsi son propre espace public
Les revendications
Un recensement plus ou moins exhaustif et un classement des thématiques est indispensable (p51)
Les graffitis et fresques murales
Les jeunes sénégalais s’ étaient aussi exprimés en faisant des fresques murales et des graffitis
Les fresques murales, sont l’expression d’une mobilisation de nouveaux idiomes pour rendre compte de situations inédites. On peut soutenir l’hypothèse que le mouvement du Set/SetaZ et les ,signes annexes qui l’accompagnent, sont les indices d’un dynamisme qu’on avait cru étouffé par l’autocratisme politique et la médiocrité ambiante d’une démocratie inachevée de lettrés incapables de gérer les crises économiques et sociales (.p 50)
Les revendications sociales et politiques demeurent aujourd’hui au cœur des festivals de graffitis et de street art qui se multiplient à Dakar depuis les années 2000.
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NB
Tous ces jeunes sénégalais avaient en tête le souvenir de l’intifada ou les émeutes à Soweto
En serions nous là en France ?
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