Mamadou Diouf : Les intellectuels africains en 1993

En 1993 Mamadou Diouf  écrit dans « la revue politique africaine (N°51)un article sur les intellectuels africains face à l’emprise démocratique

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Les réflexions de V,Y. Mudimbe et, d’A. Mbembe et les débats .qu’elles on: provoqués, nous dispensent de- .revenir sur les questions ontologiques de l’écrire et du penser .africains, en relation-avec le passé (colonial) et le présent (occidental, libéral et démocratique) (p36 )

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 L’intellectuel  africain . est toujours défini par rapport  à un, référent…..i1 fait partie d’une structure ‘de parenté qui. le -distribue ‘comme un cadet -attendant ‘toujours- qu’attestation (p37)

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Constamment ballotté entre deux pôles, entre  l’.insurrectionnel (la, subversion des techniques des savoirs ).et le révisionnisme  l’intellectuel- africain. est .sommé  d’ être  militant….

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La prise en main de la société

Les intellectuels africains se sont en effet très. tôt arrogés le .monopole de l’interprétation idéologique du  devenir des sociétés africaines.(p39)

 

. En. s’aménageant un. espace dans  ’la société coloniale, les. instituteurs, .médecins. africains, agents, administratifs ., , s’attribuent ainsi un rôle pédagogique vis-à vis de leur propre. société:. ,Ils  sont largement influencés par le pouvoir’ des clercs des II ‘et- IVe Républiques-françaises .En entretenant un rapport très équivoque – soumission et hostilité – avec Ie pouvoir, colonial et la société civile

 Ainsi, la ,nouvelle  culture citadine  qui s’instaure, dédaigne les cultures populaires (p 41)

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Dès lors, trois modèles vont s’imposer. et structurer l’espace idéologique africain

lé modèle de la modernisation,

le- modèle culturel nationaliste

le modèle- marxiste (p 41)

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L’emprise de l’Etat

Peu à peu  l’’Etat devient ainsi une réalité incontournable. L’histoire post-coloniale démontre en effet que 1′Etat dans son extension a réussi à dominer la société civile et non à la servir (p 42)

 La réduction de l’activité intellectuelle à la seule prise de parole politique permit ainsi à la nouvelle classe dirigeante de délimiter un  ghetto surprotégé pour les enseignants, les universitaires et les chercheurs, secteurs dans lesquels se recrutait la dissidence.

Déconnectés de la société aussi bien au niveau du langage, de la pratique politique que du mode de vie, ils offraient au pouvoir politique la possibilité de ne pas s’occuper de la mise en place d‘une censure codifiée et systématique. L’autocensure et l’opportunisme firent le reste.

  C’est ainsi que, très vite, l’université ne fonctionna plus comme lieu d’une autonomie intellectuelle. La fonction universitaire va précipiter les enseignants et chercheurs vers des stratégies individuelles d‘ascension sociale et d’accumulation financière au service de la bureaucratie ou du secteur public.

 Pour les paroles dissidentes, ce furent la prison, l’exil et parfois l’assassinat.

. L’intervention des militaires sur les campus universitaires de Lubumbashi … et la présence, massive des universitaires dans les gouvernements, les palais’ présidentiels et les partis politiques, sont des indices,.. de l’enjeu que constituent  aujourd’hui ‘encore les ,universités,, la recherche: et, la création, dans la’ mise » en ‘ordre .politique africaine (p 43)

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La crise

La technocratisation de la. gestion- gouvernementale consacre  l’obsolescence du regard intellectuel nationaliste porteur d’un projet politique. Au contraire, la politique devient. une affaire ‘de professionnels.

  l’émiettement  de l’espace politique par  le ,multipartisme ,et la profonde désagrégation des institutions’ éducatives  ont eu comme conséquence, la  » réapparition’ ,de logiques ,ethnique, confessionnelle, régionales, etc-.

~L’échec politique des, porteurs de la modernisation. a .poussé une partie de la ,société vers un retour aux  intégrismes  religieux (musulman, et chrétien) et à  la, ,revendication ethnique.

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La, confrontation entre le « terroir » et « le territoire.national » amène une .partie- de l’intelligentsia africaine. à un repli corporatiste.

Avec » le déshabillage de l’Etat,. .¡es intellectuels ,perdent .leur: place privilégiée dans le système socioéconomique ,,.et,, avec. elle, leur. fonction tribunicienne.

,Les, nouvelles, figures idéologiques. (indigènes et religieuses) s’inscrivent dans, ,les, « terroirs », plutôt que dans les territoires. L’informel et la technocratie se partagent le champ du discours et de la pratique politiques et économiques.

La notion de réseau intellectuel ., et -de recherche qui se, généralise, achève de banaliser l’intelligence ‘africaine;

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NB

C’est ainsi que beaucoup d’intellectuels partirent pour aller enseigner  dans les universités américaines où ils étaient mieux accueillis qu’en France   …y compris  Mamadou diouf

 

 

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