Leonora Miano et l’ Afro-centrisme
Sylvie Laurent écrit en 2011 un article publié dans les cahiers d’études africaines n° 204 sur ce que pense Léonora Miano du panafricanisme
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Le panafricanisme
En France « les fils de Kenet » portent l’Ankh ,la croix égyptienne dont ils ont fait leur symbole
fils de kenet ,l’heure est venue pour nous de relever la tête ; Pouvons nous continuer à laisser ce système inique danser sur nos cadavres
Leur livre de référence est « la nation nègre » écrit par Cheik Anta Diop
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Tous ces mouvements prônent un retour en Afrique
mais tous les noirs ne cèdent pas à cette chimère ;Nombreux sont ceux qui revinrent déçus de ce voyage surpris de n’être que des étrangers en terre d’Afrique et qui voient voler en éclats le mythe d’une identité africaine héritée par de-là les océans (p795)
il ya encore le fort qui écrase le faible, le riche qui méprise le fort, comme partout Dans cette Afrique là on ne dansait pas en permanence .. ;l’Afrique est encore dans les ténèbres ….Ma mère m’ a toujours conseillé quand j’étais gosse de m’en maintenir éloigné le plus possible
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L’Afro-centrisme
Leonora Miano se méfie donc des mouvements « panafricains »
Cette part d’illusion dans la construction du mythe africain est dénoncé par Miano qui ne cache pas la crédulité et la naïveté de ces personnages qui y croient …Elle propose un approche alternative en definitive plus panafricaine (p 796
Elle milite davantage pour un « afro centrisme » plus modéré et plus universel
Il faut « décentrer » l’Europe c’est-à-dire cesser de la considérer comme une référence absolue ,le lieu unique des valeurs culturelles
Il importe peu que nos ancêtres fussent des bambaras ou des Mossis ou des fons. Ce qui importe au plus haut point c’est de nous avoir rappelé les liens indissolubles… des liens de sang qui existent entre les noirs des caraïbes et ceux d’Afrique
…c’est l’affirmation des liens indissolubles entre l’auteure franco-camerounaise ,les écrivaines antillaises et les romancières afro-américaines (p799)
considérés comme des citoyens de seconde rang , les noirs sont renvoyés par la France au statut de « bande ethnique » On comprend mieux alors l’empathie de Miano pour les laissez pour compte qui parlent de l’Occident en disant « Babylone »
mais elle n’acceptent par pour autant la radicalisation et cite Fanon
« vouloir coller à la tradition ou réactualiser les traditions délaissées c’est non seulement aller contre l’histoire mais aussi contre le peuple »( p 800)
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Miano propose un vision universelle de « l’identité noire » dans laquelle les diasporas africaines seraient aussi centrales, voire davantage, que le continent lui même
…S’il faut opérer un recentrement ce n’est pas en faveur de l’Afrique mais de ses arborescences par delà l’atlantique …Elle rompt avec le problème stérile du patrimoine negro- africain pour se placer désormais sur le terrain de la création poétique en tant qu’ouverture sur une expérience collective décisive et moteur d’une culture nationale en chantier (p 801)
Franz Fanon a écrit dans « les damnés de la terre »
« si le mouvement de Senghor et de Césaire est salutaire pour l’équilibre psychologique des noirs …il est voué à l’impasse politique tant qu’il idéalisera l’Afrique et croira à la légende de la terre bafouée
La musique noir (Jazz ,blues …) est chez Miano un exemple frappant de cette conversation culturelle entre les noirs d’Amérique et de l’Afrique (p802)
la voix noire américaine ,en particulier dans sa musique apparaît comme la langue universelle d’une conscience noire qui s’est affranchie de l’Afrique (p 803)
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