Rimbaud : La saison en enfer …d’un Soufi ?

 Dans son livre « Soufisme et surréalisme » Adonis  compare Rimbaud avec les soufis

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La saison en enfer  de Rimbaud  n’est elle pas  la saison d’un soufi ?

en voici des extraits

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L’anéantissement du Soufi ?

Je suis assis, lépreux, sur les pots cassés et les orties, au pied d’un mur rongé par le soleil.

toujours seul ; sans famille ; Je ne me vois jamais ..dans les conseils des  représentants du Christ.

 ……….Le sang païen revient ! L’Esprit est proche, pourquoi Christ ne m’aide-t-il pas, en donnant à mon âme noblesse et liberté.

 Hélas ! l’Évangile a passé ! l’Évangile ! L’Évangile.

 ………J’attends Dieu avec gourmandise. Je suis de race inférieure de toute éternité.

 

Broyer l’herbe, chasser, fumer surtout ; boire des liqueurs fortes comme du métal bouillant, – comme faisaient ces chers ancêtres autour des feux..Je reviendrai, avec des membres de fer, la peau sombre, l’œil furieux :

maintenant, je suis maudit,

– Ah ! je suis tellement délaissé que j’offre à n’importe quelle divine image des élans vers la perfection.

Ô mon abnégation, ô ma charité merveilleuse ! ici-bas, pourtant !

 …….Sur les routes, ..sans gîte, sans habits, sans pain,

Tu ne sais ni où tu vas ni pourquoi tu vas, entre partout, réponds à tout.

 ……. On ne te tuera pas plus que si tu étais cadavre. » Au matin j’avais le regard si perdu et la contenance si morte, que ceux que j’ai rencontrés ne m’ont peut-être pas vu.

 ….Dans les villes la boue m’apparaissait soudainement rouge et noire

et je voyais une mer de flammes et de fumée au ciel ; (l’eau et le feu ,l’harmonie des contraires )

 

Prêtres, professeurs, maîtres, vous vous trompez en me livrant à la justice.

Je n’ai jamais été de ce peuple-ci ;

 je n’ai jamais été chrétien ;

je suis de la race qui chantait dans le supplice ;

je ne comprends pas les lois ; je n’ai pas le sens moral, je suis une brute : vous vous trompez…

Oui, j’ai les yeux fermés à votre lumière.

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L’amour

 L’amour divin seul octroie les clefs de la science. Je vois que la nature n’est qu’un spectacle de bonté. Adieu chimères, idéals, erreurs.

Le chant raisonnable des anges s’élève du navire sauveur : c’est l’amour divin. – Deux amours ! je puis mourir de l’amour terrestre, mourir de dévouement

 Le monde est bon. Je bénirai la vie. J’aimerai mes frères. Ce ne sont plus des promesses d’enfance. Ni l’espoir d’échapper à la vieillesse et à la mort. Dieu fait ma force, et je loue Dieu.

 Je ne suis pas prisonnier de ma raison. J’ai dit : Dieu. Je veux la liberté dans le salut : comment la poursuivre ?

Les goûts frivoles m’ont quitté.

Quant au bonheur établi, domestique ou non… non, je ne peux pas.

 Ma vie n’est pas assez pesante, elle s’envole et flotte loin au-dessus de l’action, ce cher point du monde.

 Si Dieu m’accordait le calme céleste, aérien, la prière, – comme les anciens saints. – Les saints ! des forts ! les anachorètes, des artistes comme il n’en faut plus !

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