Chris Harman : Les islamistes et les Gauchistes

En 1994, Chris Harman, leader du SWP (Socialist Workers Party), le parti trotskiste britannique  écrit un article intitulé « Le Prophète et le Prolétariat ». Il y prône une alliance entre militants de gauche et associations musulmanes radicales

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<la pauvreté, la misère, les persécutions, la négation des droits de l’Homme, existeraient encore dans des pays tels que l’Egypte et l’Algérie même si les islamistes disparaissaient demain.

Pour toutes ces raisons, les socialistes révolutionnaires ne peuvent apporter leur soutien à l’Etat contre les islamistes.

 Mais les socialistes ne peuvent pas plus soutenir les islamistes. Cela équivaudrait à remplacer une forme d’oppression par une autre, à réagir à la violence étatique par l’abandon de la défense des minorités religieuses et ethniques, des femmes et des homosexuels,

 Les islamistes ne sont pas nos alliés. Ils sont des représentants d’une classe qui tente d’influencer la classe ouvrière et qui, lorsqu’elle y parvient, attire des travailleurs soit vers un aventurisme futile et désastreux, soit vers une capitulation réactionnaire devant le système ou, comme souvent, à l’un puis à l’autre.

 Mais cela ne veut pas dire que nous pouvons pour autant prendre une position abstentionniste, indifférente à l’égard des islamistes.

 Ils naissent de groupes sociaux très importants qui souffrent dans la société actuelle.

  Leurs sentiments de révolte pourraient être canalisés vers des objectifs progressistes, si une direction leur était offerte par une montée des luttes ouvrières. Même lorsque le niveau de luttes ne s’élève pas, beaucoup de ceux qui sont attirés par des versions radicales de l’islamisme peuvent être influencés par les socialistes

 

L’islamisme radical est plein de contradictions

Ces contradictions s’expriment inévitablement dans des conflits extrêmement aigus, souvent violents, au sein et entre les groupes islamiques.

Des divergences similaires sont susceptibles d’émerger à chaque fois que le niveau des luttes ouvrières s’élève.

 Finalement, le développement même du capitalisme force les dirigeants islamistes à faire des acrobaties idéologiques lorsqu’ils se rapprochent du pouvoir. Ils opposent « valeurs islamiques » et « valeurs occidentales »..

 C’est pourquoi même dans les pays où l’Eglise catholique avait été immensément puissante comme en Irlande, en Italie, en Pologne et en Espagne, celle-ci a dû accepter à contrecœur une diminution de son influence. Les pays où l’islam est religion d’Etat ne pourront s’immuniser des pressions qui les poussent vers des changements similaires, quels que soient leurs efforts.

 Pas plus que toute autre idéologie, l’islamisme ne peut geler le développement économique et par conséquent social. Encore et toujours des tensions émergeront en son sein et trouveront leur expression en des conflits violents opposant ses partisans.

 

Les socialistes peuvent profiter de ces contradictions pour amener certains des islamistes les plus radicaux à remettre en cause leur attachement aux idées et aux organisations islamistes, mais seulement si nous construisons nos propres organisations indépendantes, qui ne puissent être identifiées ni aux islamistes ni à l’Etat.

. Là où les islamistes sont dans l’opposition, notre règle de conduite doit être : « avec les islamistes parfois, avec l’Etat jamais ».

 . Par dessus tout, nous sommes opposés à toute action qui oppose, sur des bases religieuses ou ethniques, une fraction des exploités et des opprimés à une autre. Cela signifie aussi bien défendre les islamistes contre l’Etat que défendre les femmes, les homosexuels, les Berbères ou les Coptes contre certains islamistes.

Lorsque nous sommes du même côté que les islamistes, une de nos tâches est de polémiquer avec fermeté avec eux, de mettre en question leurs opinions

 .Par le passé, la gauche a commis deux erreurs face aux islamistes. La première a été de les considérer comme des fascistes, avec lesquels rien de commun n’était possible. La seconde a été de les considérer comme des « progressistes » qu’il ne fallait pas critiquer.

Ces erreurs ont toutes deux contribué à aider les islamistes à croître aux dépens de la gauche dans la majorité du Moyen Orient. Il faut une approche différente, qui considère l’islamisme comme le produit d’une crise sociale profonde qu’il ne peut en aucune façon résoudre, qui se batte pour gagner certains de ses jeunes partisans à une autre perspective très différente, indépendante, socialiste révolutionnaire. 

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