Farhad Khosrokhavar : Islam des nouvelles générations
Dans un article paru dans le revue ‘Homme et Migrations » (Année 1998 1211pp. 83-91) ,Farhad Khosrokhavar nous donne un aperçu sur les comportements des nouvelles générations dans les banlieues en 1998
Chez une partie des nouveaux adeptes islamiques figurent les jeunes sans travail, réduits au chômage structurel et rejetés de la société par le racisme, l’infériorisation sociale et le refus implicite de les considérer comme des Français à part entière. Dans une société où ils sont démunis ,la voie qui leur est ouverte pour accéder aux bienfaits de la consommation est la déviance, le » deal les formes plus ou moins délinquantes de conduite.
l’islamisation permet à ces jeunes de trouver une gestion de soi qui ne soit pas délinquante,
Par leur adhésion à des formes néo-ascétiques, ces jeunes mettent de l’ordre dans leur vie en se dotant de normes « divines », en mettant souvent fin à leur attitude déviante du passé
Cette forme de religiosité s’enracine dans des associations dont la plus importante est Tabligh (Foi et pratique).
En son sein, les jeunes apprennent à se détacher de leur boulimie de consommation, à maîtriser leur sentiment de révolte dirigé contre la société, et à construire une nouvelle identité sur la base de l’islam…
.Dans la très grande majorité des cas, la réalité est que cette forme de religiosité atténue la violence juvénile plus qu’elle ne l’accentue …elle met fin à leur turbulence dans les quartiers,
En d’autres termes, peu socialisés par les parents, rejetés par la société, laissés à l’abandon au sein des quartiers pauvres où ils font l’apprentissage de la délinquance, ces jeunes trouvent des formes de socialisation et de respect des normes au sein des associations islamiques qui les prennent en charge au nom du religieux.
De nouveaux horizons
Le recours à l’islam, leur ouvre de nouveaux horizons. Ce phénomène est particulièrement visible chez des jeunes qui s’adonnent au rap dans des quartiers difficiles,
Cliquez ICI
Par leur recours à l’islam, ils tentent de surmonter l’exclusion sociale et économique, et y parviennent quelquefois. Cela leur permet de donner un contenu moderne à leur religiosité, de la combiner à la musique, au théâtre, au sport,
La radicalisation
Si ces jeunes étaient intégrés dans de vraies communautés, les garde-fous communautaires auraient dressé des obstacles à la radicalisation. Le fait qu’ils ne sont pas insérés dans des communautés, le mépris dont ils font l’objet, la haine qu’ils ressentent à l’égard de la société, les prédisposent non pas tant à l’islamisme radical qu’au mimétisme des attitudes de défi
Par ailleurs, leur ignorance de l’islam est un facteur supplémentaire dans la facilité relative avec laquelle ils s’identifient quelquefois à cette religiosité qui n’est, souvent, que la sacralisation de leur désespoir
Si c’est une fraction somme toute très minoritaire des jeunes qui montre de l’attrait pour ces formes d’expression religieuse radicale, cela est dû certes à la vigilance policière, mais aussi à l’incapacité de cette jeunesse exclue de se laisser enrôler par une idéologie ;
leur horizon du temps étant souvent celui de la vie quotidienne plus ou moins immédiate. Ils se trouvent en règle générale dans l’incapacité de se mobiliser et de s’imposer une discipline rigoureuse , ne pouvant s’engager pour longtemps au service d’une cause, fût-ce l’islamisme radical.
L’Islam des intégrés
les nouvelles classes moyennes d’origine maghrébine sont beaucoup plus proches du modèle normatif français. Elles s’identifient dans leur grande majorité à l’idéal de citoyenneté française où le religieux doit être cantonné dans le domaine privé,
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.