Archive pour la catégorie 'Théologiens écrivains Africains'

Les discussions entre le chanoine Vanneste et Mgr Tshibangu à Kinshasa en 1960 et 1971

10 novembre, 2016

En 1960

le chanoine Vanneste ,doyen  de la faculté et l’abbé  Tshibangu qui avait alors 27ans, et qui devint plus le recteur de l’université s’affrontèrent au cours d’un débat qui resta célèbre

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L’abbé Tshibangu voulait tout « africaniser» ,dans tous les domaines

il voulait une « théologie africaine » fondée sur la culture africaine

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Le chanoine insistait ,quant à lui ,sur l’universalité de la théologie Chrétienne

 Les théologiens n’ont rien à gagner à se replier sur eux-mêmes ,ils se condamneront fatalement à rester des théologiens de seconde zone .Qu’ils aient l’ambition de collaborer au progrès de la théologie catholique  universelle.

…10 ans plus tard ,en  1970 le chanoine s’incline et  finit par donner raison aux africains 

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En 1971 : 6é Semaine Théologique à Kinshasa

Le thème de cette semaine était sur « la pertinence du Christianisme en Afrique

de quoi allécher à la fois Tshibangu et Vanneste  

On y retrouve  donc nos 2 antagonistes

mais cette  fois ci ils sont réconciliés

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Le discours d’ouverture est prononcé par Mgr Tshibangu  devenu recteur

« le thème que nous avons choisi  est particulièrement important et intéressant .Il est même tres opportun en ce moment t

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L’originalité du Christianisme

Vanneste fait un long exposé sur   « l’originalité du Christianisme   

Durant ces dernières décades, l’étude des religions africaines  à fait des progrès notables .Nous constatons surtout une heureuse réaction contre certaines études hâtives et superficielles qui ne s’étaient guère rendu compte qu’une foi parfois profonde en un Dieu  unique peut se cacher derrière un comportement aux apparences surtout anismistes et ancestralistes  Aujourd’hui on est d’accord pour admettre que beaucoup de tribus africaines croient vraiment dans l’existence  d’un être suprême créateur du ciel et de la terre tout en ne pratiquant aucun culte à son égard (6è Semaine …p 371)

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Vanneste  ne regarde donc  plus les théologiens africains avec dédain

il va même jusqu’à citer Mbiti !

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Il est vrai que  Mbiti ne pouvait que plaire à Vanneste en constatant que  

la perspective historique et eschatologique qui est celle du nouveau testament constitue une nouveauté assez radicale par rapport à certaines conceptions africaines traditionnelles  (p 380)

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Il avoue quand même  

concrètement nous pensons  que la dimension historique du message chrétien n’est nullement en contradiction avec les convictions les plus profondes de l’Afrique traditionnelle .Pour les africains, Dieu n’est certainement pas un principe abstrait ,fondement immuable des lois éternelles de l’univers (381)

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Vanneste a vraiment été héroïque  

il a cédé devant les nouveaux théologiens  

et  il conclut

comme saint Paul .. à l’aréopage d’Athènes, il a essayé de jeter un pont entre la révélation  chrétienne et une culture humaine qui apparemment lui était  totalement étrangère

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Vanneste a du reste fait le même effort et montrait la même souplesse

 quand au cours de son exposé il cite les « modernistes » qu’il n’aime pas 

er en citant « l’essence du christianisme » de  Von Harnack 

qui avait écrit «  le christianisme c’est la foi en Dieu le pére  »

 

Plus tard le pére Bede Ukwuije écrira

L’église doit témoigner de l’humanité de Dieu .de Dieu qui se fait homme ,de Dieu qui est crucifié, de l’incarnation et de la croix ;Cette annonce est unique .Elle est propre au christianisme

C’est la mission comme témoignage rendu à l’humanité de Dieu qui définit l’église   L’église ne se maintient qu’en maintenant  ce récit

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La « démission » voulue par Eboussi Boulaga .. et la réaction des évêques

9 novembre, 2016

En 1974 Eboussi  dans  un article    la démission »  dans la revue « Spiritus »  N°56 réclame le départ  des missionnaires 

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Eboussi écrit 

la mission des temps modernes est un phénomène violent. Le christianisme n’est plus folie ni scandale  Il est  religion supérieure  .. religion du  dominateur, religion dominante ..Il  coupe le monde en parties les chrétiens et les non chrétiens .Les uns sont tout Les autres sont rien

Il est urgent que les prêtres indigènes …se libèrent de l’imposition  colonial  mais ils ont peur et s’appuient  … honteusement sur les missionnaires .Si telle est la mission ,elle est infantilisante ….Que faire  ? la réponse  sera brève : Que l’Europe et l’Amérique s’évangélisent elle mêmes en priorité ..Qu’on planifie le départ en bon ordre des missionnaires d‘Afrique

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Evidemment cela fit scandale

Le pére Mejia dans un court article publié dans le deuxième numéro de la revue  « Telema » en 1975 écrit

Ce qui me semble grave  c’est que l’on construise  une « théologie de la démission » ayant comme fondement des principes louables tels que le respect des églises locales ,le risque  de continuer les mêmes erreurs du passé  ou le danger  de devenir un intrus plutôt qu’un invité dans la communauté locale (p 75)

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Certains missionnaires découragés voulurent partir

La nostalgie du passé « glorieux » ,le fait  « qu’on a plus rien à dire »  … ou que nous « n’avons plus la direction absolue de l’organisation que nous avons fondée par nos propres efforts »  sont des circonstances qui deviennent insupportables pour certains qui « secouant la poussière de leurs pieds «(Mtt10,14)  prennent leur démission pour rentrer définitivement au pays natal ..

 …on demande aux confrères étrangers  qu’ils soient prêts à devenir le grain de blé qui germe dans le silence de ce qu’on appelle « terre de mission, »  Pour quelques  uns, cela devient un doctrine rude et il en est qui ne peuvent continuer à l’écouter Jésus aussi avait demandé aux apôtres « Vous aussi voulez vous partir ? »(Jn 6,67)   

….c’est seulement  ainsi que la terre de mission pourra devenir un jour la terre de la moisson (le Père Mejia ,Telema N°2 P 75)

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Réactions des évêques

Mais les évêques africains s’affolèrent

OH ! la ! la !  Du calme !

On a besoin des missionnaires 

et pas seulement pour l’argent !

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Les évêques  réagissent  et s’adressent aux missionnaires  (Telema 2 p77)  

Même si on dispose du personnel local nécessaire pour évangéliser une région …nous ne dirons pas pour cette raison  que les missionnaires ne sont pas désirés .L’évangélisation doit toujours être une activité inter-ecclésiale .Ne commettons pas l’erreur de confondre auto suffisance et isolement  (Mgr Kalilombe au Malawi )

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La seule différence  que voient les évêques  entre l’ére missionnaire  révolue et la nouvelle est celle-ci : Il faut que les missionnaires d’aujourd’hui prennent en considération l’aspiration des jeunes églises à plus d’autonomie et de responsabilité …

Les évêques du Zaïre ajoutent 

 Nous vous invitons à rester fidèles à votre engagement   Vous continuerez à travailler avec une ardeur ,un zèle  et un témoignage nouveaux

 il ya bien sur une période d’ensemencement qui d’une certaine façon  doit cesser afin que germe la semence et que  croisse la plante jusqu’à fructifier toute seule par sa propre sève  et devenir semence à son tour !…Jésus consacra 3 an seulement à sa misssion d’évangélisation. Il fit place ensuite à l’Esprit ; « si je ne m’en vais , l’Esprit ne viendra pas (Jn 16,7) ….     

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Mgr Sanon réagit aussi 

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Mgr Sanon et la « démission » : Tous missionnaires !

8 novembre, 2016

La démission des missionnaires  est dans l’air du temps en 1975 depuis que Eboussi Boulaga a écrit son article : « la démission »

 

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Mgr Sanon ,pas encore évêque,  ne répond pas  à Eboussi ,mais complète la réflexion sur la mission 

dans le premier numéro de « Téléma » en 1975

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La mission… terminée ? Allons donc !

la mission des instituts missionnaires peut être dite terminée ,comme celle de Moïse  qui opéra le passage de la mer rouge pour conduire son peuple aux portes de la terre promise sans y entrer ….mais que les membres des instituts missionnaires ne s’y trompent :Les Josué auxquels, ils confient le peuple évangélisé  par eux  ce n’est pas le clergé local ..mais l’évêque et ses communautés naissant et grandissant dans la foi au fur et à mesure qu’elles deviennent missionnaires …

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La nouvelle mission

C’est celle de tous les chrétiens

Tous missionnaires !

C’est une mission nouvelle

C’est l’évangélisation seconde

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La première évangélisation était incendiaire

le premier message missionnaire a retenti  comme le souffle prophétique dont parle Ezéchiel (37,1-14) sur des ossements desséchés et dispersés dans les plaines  ..c’est grâce aux hérauts  de la foi .Bénis soient  leurs noms à jamais

mais levant les yeux  nous regardons

une vie nouvelle s’annonce

des valeurs de vie émergent

des communautés se forment

Les églises fondatrices ,à la manière des grands parents africains ,heureux d’avoir des petits fils ,devraient communier  au grand bonheur de constater que les « terres de mission » sont devenues des « terres de la mission »

 C’est pourquoi, la priorité des priorités élémentaires revient à l’éveil ;de la conscience missionnaire dans nos communautés chrétiennes

 oui ! l’évangélisation dépend de toi que tu sois laïc ,simple ou engagé ,toi religieuse en voile ou sans voile ….prend le ton de Jésus Christ missionnaire   

Le père Placide Tempels (1906-1977) : La Philosophie des Bantou

7 novembre, 2016

Le père  Tempels

est un franciscain belge , missionnaire en Afrique centrale,

connu surtout pour son livre : « la philosophie des bantou »

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En 1977 ,le père A.J. Smet donna un aperçu sur cette « philosophie » dans un long article publié dans le premier numéro de « la revue Africaine de Théologie (R.a.t)

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Placide Tempels est arrivé au Congo en 1933

avec de bonne attention

Il le raconte dans un livre plus ou moins autobiographique « notre  rencontre »

Je suis venu en Afrique en 1933 comme européen ,comme blanc ,dans une Afrique colonisée  …et surtout en croyant être porteur d’un message divin ; j’adoptais les attitudes de blanc ,de maître  et le message que Dieu me confia m’aspirait des attitudes cléricales ,de maitre spirituel, de docteur autoritaire,  de fonctionnaire religieux,  de chef ou de pasteur  vis à vis des ouailles qui n’avaient qu’à écouter ,obéir et se taire  (R.a.tn°1 P 80)

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En fait il écoute

il aime

Il veut comprendre

Il  rassemble des proverbes des devinettes dans tous les villages où il passe 

les commente  et écrit des articles … qui plus tard seront regroupés dans son livre « la philosophie bantou» qui fit sa renommée

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La philosophie bantoue

Ce livre fut publié en 1500 exemplaires en 1945 puis plusieurs fois remanié et traduit  

mais  souvent mal traduit

 

Il est vrai que Placide est parfois obscur.Il s’explique donc une première  fois

Selon l’ontologie bantou ,l’homme est le centre de l’univers créée

Le muntu ,sa force  vitale ,la vie même de l’homme est la merveille de la création de Dieu ;

La vie est le don sacré de Dieu ;

La sagesse même n’est rien  d’autre que la force vitale ,que force de l’esprit, qui pénètre la nature  ,

l’essence interne des êtres .l’ordre ontologique des êtres ,l’ordre de la nature émane de l’être personnel ,le muntu ;(R.a.t p103)

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En 1958 Tempels résume de nouveau sa pensée dans une lettre adressée aux éditeurs  (R.a.t p 117)

il énumère les tendances et les aspirations  fondamentales ,que, ensemble avec ses bantou ,ils ont découvertes

1) La vie    ( pleine , intense, totale, abondante)

2) La fécondité   ( pas seulement physique ,mais totalement humaine ,profonde jusque dans les racines de l’être)

3)L’union de vie   (qui n’est totalement possible que dans et par l’amour)

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Faut il engager un dialogue avec la culture occidentale ?

Le bantou engage un dialogue non pas avec une culture mais avec un être .Il a une perception aigüe de l’Etre ,non pas de l’être en général,  abstrait  ,mais avec l’ Etre- individualité, ,avec tel Etre, il s’établit immédiatement une tension vitale ,une interaction vitale .La vie du bantou  comme celle du vrai christianisme est essentiellement interpersonnelle , d’être à être (p118) _ 

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La valeur centrale de la culture bantoue c’est la vie ,la vie forte ,la vie abondante la vie feconde ,l’union de vie

ce qu’il appelle « la force de la vie » ou « la force vitale » (p 128)

Le christianisme donne un réponse  aux aspirations Bantou car  le christ est la vie

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Il est à remarquer que dans une édition ulterieure le livre  fut préfacé par Alioune Diop fondateur de « présence africaine »

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Ecrits polémiques et politiques 

Placide Tempels écrit en même temps une série d’articles  dans le journal « l’essor du Congo »

pour défendre les africains exploités par l’administration coloniale

 en 1944 il écrit la « philosophie de la rébellion »

la cause de la rébellion indigène sera toujours dans l’incompréhension et le manque de bienveillance et surtout dans l’absence de bonne volonté des blancs (p 88)

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5 mois plus tard ,dans le même journal il réclame  plus de justice sociale

puis il demande que l’administration soit davantage assurée par les indigènes

Dans tout le Congo ,on sent que ça marche de  travers ; que l’on a plus les indigènes en main ,qu’il commence à y avoir une faille entre blancs et noirs et qu’on ne voit plus bien où va le Congo …la vraie cause de cette crise est la malencontreuse réorganisation administrative et les décrets sur l’administration indirect (p 90)  

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Partout c’est le blanc qui administre et nulle part il ne peut administrer sans la participation d’un cadre indigène. L’économie doit commencer à s’adapter aux gens de l’intérieur  au lieu de ne  faire que se servir d’eux ou de les mieux asservir et dominer (p 92)

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En 1945 il donne son avis sur les mariages indigènes qui pour lui sont les seuls valables …

il est vrai que la polygamie existe mais chez le Bantou  ce n’est qu’un mal nécessaire ,un abus toléré  mais réglementé,  la seul femme légitime étant toujours la première

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Evidemment ces articles font grincer de dents

aussi bien les autorités religieuses que les civils 

En 1946  Placide est envoyé en « congé obligatoire » en Belgique ou il reste un peu plus de 3ans

En  fin 1949 il est de retour au Congo

Commence alors pour lui une 2é période beaucoup plus pastorale et apaisée

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Le père Placide Tempels : Notre rencontre

6 novembre, 2016

Le père  Tempels

est un franciscain belge , connu surtout à cause de son livre : « la philosophie des bantou » qu’il écrivit au cours d’un premier  séjour de 13 ans au Congo

Après un « congé forcé » de 3 ans en Belgique , il rejoint le Congo en 1949

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Notre rencontre

Placide Tempels parle de ce 2é séjour dans un livre  « Notre rencontre »   publié en 1962 et  commenté en 1977 par A.J. Smet dans le le premier numéro de « la revue Africaine de Théologie (R.a.t1)

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En 1953 il écrivait 

Je dois me plonger tout entier dans la mentalité ,la psychologie ,la vie même du bantou ,me défaire  de tout ce qui est occidental afin de devenir moi même bantou  avec les bantou .Il s’agit de réaliser avec eux cette communion, cette union de vie à laquelle ils aspirent tous

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Ce fut une nouvelle et passionnante « rencontre » avec les Bantu

et  en même temps la rencontre des bantus avec le Christ 

(R.a.t 1p 114)

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Dans son livre « notre rencontre »,

Placide  Tempels propose  plusieurs méditations sur le thème de la rencontre  avec le Christ.

La rencontre du Christ avec sa mère ,préparée par la rencontre de Dieu avec la Vierge ,la Vierge et Joseph et achevée avec l’unité du Christ et de son père …Puis les rencontres  avec  Marie Madeleine et avec Jean .Ces rencontres montrent comment l’église  se développe

…Plusieurs méditations  sur la mort du Christ et sa résurrection qui engendrent la vie ,invitent à la rencontre et à être UN entre nous et avec Lui. 

Ce livre se termine par un effusion lyrique qui chante « la jeunesse éternelle de notre rencontre »   (R.a.t p 120)

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La Jamaa

Placide parle de la Jamaa  

Jamaa c’est a dire la famille

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Tempels cependant donne à ce mot une signification beaucoup plus riche

il ne s’agit pas d’un mouvement, mais d’un esprit

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« ëtre jamaa »

est une expérience vitale religieuse ,vécue ensemble  entre prêtre et fideles  ..C’est  l’essence  même  de l’église…

c’est le Christ qui l’a pensé, voulu et ordonnée ainsi

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La jamma c’est être Un avec les fidèles ,

c’est la vraie rencontre

c’est partager la force vitale ,la vie, la communion c’est-à-dire  les 3 composantes fondamentales des bantu

L’idée centrale est clairement établie dans le sous titre de «Notre rencontre »  :Qu’ils soient  Un ( p 122)

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Pendant la crise de l’indépendance, quand on menaçait de saccager l’église ,de la bruler et de tuer les pères…des hommes et des femmes ont eu le courage de dire : Si vous voulez tuer les pères ,tuez moi aussi ,car moi et le père nous sommes Un .C’est là que j’ai senti profondément que notre unité avec nos gens est la vraie église qui ne peut être dévastée ni détruite  (R.a.t 1 p122)

 la  Jamaa : C’est l’union avec les autres  parce que le Christ a dit c’est pour cela que je suis venu qu’ils soient un (P 125)

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La vie du bantou comme celle du vrai christianisme   est essentiellement interpersonnelle. L’Europe est malade de son impersonnalisme et de son individualisme  …Malheureusement en Afriaue,  l’Européen  s’évertue à introduire chez le noir son individualisme pernicieux et ses théories  impersonnelles  ( R.a.t p 118)

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Retour en Belgique

En 1962 ,Placide Tempels quitte  définitivement l’Afrique, suite à des ennuis de santé. Il écrit  alors

j’ai eu le bonheur de m’être  accompli et épanoui jusqu’au fond de moi-même  par l’ homme bantou et de ne plus vivre que dépendamment de lui( p 83)

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Il meurt en Belgique en 1977

Bimwenyi –Kweshi : La pentecôte des nations

3 novembre, 2016

Au début de son livre « discours théologique négro-africain »Bimwenyi –Kweshi  nous donne un très cours résumé de l’histoire de l’évangélisation depuis la pentecôte dan le but de montrer que évangéliser ne consiste  pas à détruire des cultures 

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La pentecôte des nations

Le discours chrétien de la pentecôte montre le caractère fondamentalement «  thé-andrique » du discours  chrétien proclamé dans toutes les langues…Une seule et même parole de Dieu fécondant toutes les langues humaines  et habilitant chacune à dire  exactement ,sans mutilation et fléchissement quelconque  les merveilles de Dieu  dans le même et unique esprit saint (p 59)

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La culture grecque  

Au 4é siècle ,le siècle d’or de la patristique , les auteurs grecs comme Basile le grand , Grégoire de Nysse  et Grégoire de Nazianze ajoute la culture hellénistique  leur formation théologique  (p 62 )

Les évangiles  furent donc alors interprétés avec les critères d’une culture différente   

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Les Coutumes païennes 

au 5é siècle  le pape Grégoire le grand, envoie un missionnaire Augustin de Canterbury en Angleterre

Il estime qu’au lieu de détruire les temples des païens il faut mieux les dédier au vrai Dieu  après avoir remplacé par une croix les idoles détruites :Les fideles accéderaient plus facilement dans ces lieux auxquels ils étaient  déjà habitués : qu’au lieu de condamner et de supprimer les fêtes païennes, il fallait mieux les christianiser …Refusant « la tabula rasa »  il appelait à une attitude plus réaliste (p 63)

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En 1659 le pape Alexandre VII publie une véritable charte de l’action missionnaire moderne 

Ne mettez aucun zèle  …pour convaincre ces peuples de changer leurs rites leurs coutumes et leurs mœurs  ,à moins qu’elles ne soient évidemment contraire à la religion et à la morale ….Quoi  de plus absurde que de transporter chez les chinois ,la France ,l’Espagne  …N’introduisez pas chez eux nos pays mais la foi …qu’on ne repousse pas les rites et les usages des autres peuples  pourvu qu’ils ne soient pas détestables… mais bien au contraire qu’on les garde et les protège (p 66)

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La colonisation

mais au temps de la colonisation tout change  

En 1929 le pape Pie XI dans ses recommandations à tous les missionnaires dénonce le danger du nationalisme

Les missions  ne doivent d’aucune façon faire du nationalisme ,mais seulement du catholicisme ,de l’apostolat (p 76)

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en 1964 Paul VI le jour de la canonisation  des martyrs de l’Ouganda déclare 

le Christianisme  trouve en Afrique une prédisposition particulière  et nous n’hésitons pas à la considérer  comme un secret de Dieu ,comme une vocation spéciale de ce pays ,comme une promesse historique ….C’est la gloire spirituelle du continent aux visages noires et aux yeux candides qui annonce une nouvelle civilisation :la civilisation chrétienne de l’Afrique (p 72)   

….L’ensemble de ces texte révèle  le souci de l’instance romaine de dissocier la cause de l’évangélisation de celle des nations …l’instante romaine nous semble faire réellement « œuvre d’évangéliste »  celle de proclamer la parole à temps et contre temps (p77)

Bimwenyi-Kweshi :Le discours théologique Négro-africain

2 novembre, 2016

Les africains n’ont pas écrit des « sommes théologiques».Ils n’ont pas défini des dogmes

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Le discours théologique africain  est ailleurs

Il se trouve dans leur vécu

ll se trouve dans leurs cœurs 

Il se trouve dans leurs prières    

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Bimwenyi-Kweshi  le prouve en citant des proverbes, des devinettes, des chants, des paroles de sages

qu’il regroupe en « constellations »

Il en extrait des « noms de force »  et les interprète

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Cette théologie vécue et partagée est donc essentiellement herméneutique ,c’est-à-dire une science qui interprète le langage employé spontanément dans la vie de tous les jours par des hommes profondément religieux  

Bimwenyi  analyse « ces noms de force » en progressant comme  les initiés qui progressaient de carrière en carrière lors de séances initiatiques dan son livre « discours théologique  Africain « (p 538)

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Constellation de « l’Antérieur » et du « tard venu »

Cette constellation dévoile un aspect fondamental de l’expérience religieuse negro africaine  

C’est l’expérience de l’homme mortel qui se découvre comme « tard venu » dans le monde  cependant que « l’être suprême » apparaît comme l’antérieur (p 526)

forets luxuriantes,  savanes sans bornes ,sillonnées de cours d’eau de toutes dimensions ;..tout cela avec son peuplement a donc précédés !  …Etonnement ! Surprise !

L’homme n’est arrivé qu’après

De ce point de vue ,la tardivité invite le mortel à une forme de modestie N’est il pas embarqué dans cette pirogue du monde qu’il n’ a pas taillée et dont le contrôle absolue lui échappe

Le hasard n’a pas retenu l’attention de la tradition africaine  

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Alors l’homme s’est tourné vers « l’Antérieur » .il devient théotrope ( le tourné vers Dieu)’

Le  mutu (l’homme ) se « dé-passe » et se « tran-scende » en regardant vers l’improbable pour l’invoquer sous les noms les plus divers

Il est celui qui est «  toujours déjà là »

Il est antérieur

Il est présence  

Il est celui a qui on appartient (mwena= particule de relation d’appartenance )

Il est le maitre de tout

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Ensuite en entrant  dans une autre carrière comme dans les rites initiatiques

le mutu se découvre créature ,bien plus fils, mais un fils créé…alors surgit des métaphores fondamentales de père, de vie, de créateur, de source, d’origine, de fécondité (p 538)

enfin le mutu débouche sur une dernière clairière

et « le tard venu » découvre que lui même et sa barque du monde ne tiennent  que parce que le maitre préserve son œuvre .C’est la clairière du « pilier du monde » (p 545)

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Telles sont les 4 clairières ou 4 étapes selon lesquelles nous est apparue  l’expérience de la tardivité au sein de la constellation de l’Antérieur .Le tard- venu «  tourné vers »  l’Antérieur ,le » chef d’œuvre » tendu vers l’artiste incomparable, le « fils créé » tourné vers son « père créateur »  et enfin l’édifice fragile sustenté par son pilier inébranlable (p 546)

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La constellation du soleil ou du léopard

Dieu est le tout Autre  

Il s’agit cette fois de l’expérience de la distance et de la différence entre Dieu et les hommes

Sa résidence se situe dans une région supérieure et en principe inaccessible .Il est pareil au soleil dont la beauté éclatante aveugle. Il règne tel un léopard solitaire dans un espace inaccessible (p 550)

Dieu est l’auto créateur. Il est sans fond et sans fin

parmi les « nom de force » dans cette constellation ,on trouve le mot abime et le mot « trés haut »

Il est le tout puissant, le forgeron, le façonneur universel

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La constellation du vent

Comme le vent il emplit et imprègne toutes chose et les féconde (p 561)

cette fois ci, le pèlerinage se fera que dans 3 clairières

la clairière de la brise : Dieu est partout 

la clairière du cancrelat :Dieu voit tout

la clairière du prodigue : Dieu donne tout

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La constellation du silence

l’homme religieux y parait choqué devant ce qui semble être un certain silence de Dieu(p 571)

le pèlerinage  a lieu dans 2 clairières

la clairière  du déconcertant : Il ya quelque chose qui cloche… comme un manque

une partie es achevée …Une autre demeure inachevée  

la clairière  du discernement des esprits

comment comprendre Dieu ?

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Conclusion de Bimwenyi 

Le Dieu des africains  qui nous est révélé à travers les 4 constellations parcourues n’est pas celui des philosophes  et des savants  …il est celui de l’expérience religieuse africaine ,celui qui se laisse approcher dans la religion dialogue (par exemple dans les prières)    qui est celle où  aime se manifester .Tous les noms qu’on lui donne sont fonctionnels et relationnels .Dans cette relation l’homme le reconnaît et se reconnait lui-même en tant que  le theotrope 

Uzukwu Eugéne : Eglise Nigériane et inculturation

20 octobre, 2016

Dans un article publié en 1985  dans la revue Spiritus (N°98) et intitulé « église nigériane et inculturation,Eugéne Elochukwu Uzukwu  donne un aperçu des croyances au Nigéria et de l’influence des ces croyances   dans la vie spirituelle des Chrétiens

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Le sacré (nso)

Les Ibo ont un profond respect  pour le sacré

Le « Nso » est tabou ,saint, intouchable

Celui qui ose trop s’approcher du « sacré »  en subira les conséquences d’où le proverbe ibo

« celui qui mange avec les esprits ,doit utiliser une trés longue cuillère 

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Ce respect du sacré se ressent dans le quotidien de la vie en société 

Toute personne homme ou femme ayant sa dignité est aussi sacré et mérite le respect

Ce  respect est d’autant plus grand que la personne est importante dont les chefs qui sont proches des ancêtres

Les ibo respectent les personnes qui réussissent

les ibo aiment les titres

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Ce respect de la hiérarchie n’empêche pas que les problèmes sont  réglés en assemblée d’une  d’une façon trés démocratique

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Dieu :Chukwu

Le Dieu suprême ,le créateur  Chukwu est vénéré par tous et n’a pas de clergé

mais en plus les ibo invoquent divers esprits qui ont leurs prêtres 

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Les prêtres  

Les prêtres des religions traditionnelles sont respectés

d’où l’estime chez les chrétiens pour leurs prêtres qui invoquent Dieu lui même 

En outre pour les Ibo, le prêtre est l’ambassadeur de l’Esprit qu’il représente et qui a ses exigences

 …les chrétiens ibo ne sont donc pas étonnés des critères imposés pour discerner une vocation sacerdotale

Que les prêtres ne se marient pas, ne pose pas de problèmes pour les fidèles puisque c’est le souhait de Dieu

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L’inculturation

Ces croyances profondément vécues par les chrétiens ibos doivent être purifiées à la lumière de l’évangile

 Oui ! tout ce qui vient de Dieu est intouchable et sacré

mais faut il ,pour autant, accepter toutes les directives  qui viennent de Rome ?

or les Nigérians n’osent  pas prendre des initiatives sans l’accord de Rome

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Oui ! Les prêtres sont respectables

Ils ont « réussis»

mais ils ne doivent pas pour autant tenir le haut du pavé

Ils doivent être sont des humbles serviteurs au service de l’évangile

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Le fait que le Dieu créateur s’adresse  à tous et n’a pas besoin de clergé  gène un  peu les chrétiens ibos

Par contre la médiation de Jésus en tant que Christ  devient  un objectif  essentiel dans la communauté chrétienne ibo

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Eboussi Boulaga :Christianisme sans fétiche

19 octobre, 2016

Le livre de Eboussi Boulaga  «  Christianisme sans fétiche » est sous titré « révélation et domination »

Que de certitudes ,que de dogmes chez  les missionnaires Chrétiens qui sont venus en Afrique en conquérants, avec un regard de mépris pour les fétiches !    

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Les dogmes

Il existe plusieurs christianismes 

mais, tous ont en commun, la certitude d’être les seuls à proclamer la vérité

Chacun est sûr de son fait et ne peut admettre qu’il ait pu se tromper p(p 11)

Le dogme ou le rite sont inaltérables  parce qu’ils expriment l’autorité divine (p 13)

Ainsi les croyants sont ils enfermés dans les limites de ce discours auquel ils adhérent

..Les énoncés dogmatiques  ne se contentent pas  de constater ou d’informer ;Ils sont impératifs

Il n’y a pas à discuter !

C’est un fait !

c’est du fétichisme

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L’idée de «révélation » repose sur la prémisse selon laquelle   il ya des réalités  empiriquement observables qui sont substantiellement  sacrées  donnant un accès direct à Dieu, qu’il existe des symboles exprimant la nature de Dieu, des symboles de Dieu (p 16)

Je ne vois pas en quoi une telle prémisse diffère de celle du fétichisme  qui localise le sacré ou le divin

On n’évitera le fétichisme de la révélation que si l’ on avoue le caractère métaphorique de la notion de « révélation » …Quand on dit que Dieu appelle, choisit ,écoute ,parle  il faut bien admettre qu’on use de métaphores

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Le fétichisme de la révélation

Pourquoi pense t on échapper au fétichisme de la révélation  en fixant  la manifestation de Dieu  non dans un morceau de bois ,mais dans une tranche de temps ..de 2000 ans

Est il vrai que l’histoire raconte la gloire de Dieu plus que les cieux ?

Que le langage sur Dieu ne soit et ne puisse être que métaphorique est aussi un antique héritage de la pensée réfléchie…mais les religions missionnaires l’ont occultés  ayant fait du positivisme de la révélation le fondement de leur revendication d’hégémonie

Nous ne pouvions exempter de l’examen ni l’évangile ni la conception de Dieu sous peine d’entériner la certitude .et la prétention de l’universel qui font corps avec les discours , les pratiques  et les modes de vie d’une civilisation impérialiste p19  

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Le début du livre d’Eboussi  contre le discours des missionnaires  semble agressif

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Mais Eboussi Boulaga ne rejette pas pour autant le Christianisme

La suite de son livre est lumineuse

Sa critique n’est plus agressive

Elle est positive 

et ne peut que réjouir les croyants

La foi n’est pas une certitude 

la foi c’est faire confiance en Jésus Christ  

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Ses textes sur les mythes et la prière ne  peuvent que nous réjouir 

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Eboussi Boulaga et le discours missionnaire

18 octobre, 2016

Eboussi Boulaga s’est fait connaître en 1974 par un article retentissant  intitulé « la démission» dans le revue « Spiritus » N°56

Il demandait à tous les missionnaires européens de partir

Il est urgent que les prêtres indigènes …se libèrent de l’imposition  colonial  mais ils ont peur et s’appuient  … honteusement sur les missionnaires  Que l’Europe et l’Amérique s’évangélisent elle mêmes en priorité ..Qu’on planifie le départ en bon ordre des missionnaires d‘Afrique  

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Plus tard en 1981 il provoque encore l’église en publiant son livre « christianisme sans fétiche

où il attaque avec la hargne d’un homme blessé dans ses convictions, le discours des missionnaires 

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La domination

Le missionnaire brisera les statues ,renversera les autels ;et les dieux se tairont. Ainsi la raillerie ,l’invective et l’action directe se conjugueront pour constituer le langage de la dérision  p 37

Une telle violence équivaut à une désorientation,  à un désarroi qui livre les indigènes à la croyance aliénée et ,à la soumission globale à ceux qui ont le pouvoir p47

La preuve par la force établissait l’inanité des dieux par leur impuissance à signifier leur courroux devant le sacrilège  p48 

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La raison

En soi le contenu du christianisme n’est pas plus rationnel que celui d’une autre religion. C’est sa mise en forme qui l’est

Il est ironique d’observer que le christianisme a repris contre les religions indigènes les explications démystifiantes et réductrices de ses ennemis les « philosophes ».Le mot de sottise est typiquement voltairien

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Réaction

On voit que celui qui a subi l’assaut critique  du christianisme à l’encontre de ses propres contradictions ne saurait  se contenter de demi mesure

Il se doit d’avoir l’esprit critique

Un christianisme dont l’africain puisse répondre en « son âme et conscience ne naitra que des cendres du « christianisme bourgeois » des misssioanires p 59

 

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Le christianisme bourgeois

Sans vraiment le vouloir le missionnaire    est plus proche du colon ,même mécréant, que de ses ouailles indigènes …les « mystères chrétiens » sont souvent pour lui des « légendes » ce qu’il faut dire et professer  ..mais l’éthique qu’il  propose ne diffère en rien de l’éthique bourgeoise 

il n’est pas avisé d’abandonner le soin des morts ,les traditions ancestrales …mais ce que demande jésus c’est autre chose . Ce qui arrive c’est la royaume de Dieu mais non la diffusion d’une chrétienté ou la reproduction d’églises  nationales

Le christianisme est une célébration de la vie victorieuse de la mort

 Le facteur religieux déterminant  de la désaffection africaine vis-à-vis des églises missionnaires et du christianisme bourgeois est le vide d’amour découvert en leur cœur. Nombreux s’en détachent pour constituer des églises  qui soient  des communions

Les églises dissidentes veulent être des endroits où l’on est bien  chez soi

La foi se dégrade tandis que la  morale bourgeoise  est canonisée ( p68)

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