Archive pour la catégorie 'Hampaté Bâ'

Amadou Hampate Bâ élève de Tierno Bokar

30 janvier, 2019

 

Tierno Bokar

L’ermite de Bandiagara 

aussi vénéré par les musulmans que par les chrétiens

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danss son live  ‘Amkoullel l’enfant peul » 

Hampâta Bâ nous parle beaucoup de lui 

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Tierno Bokar venait d’ouvrir à Bandiagara une petite école coranique   qui n’était encore fréquentée que par 2 élèves  mon frère ainé et la petite  Dikoré …j’en deviens le 3é élève

on nous appelait 3 pierres du foyer de l’école de Tierno 

 Tierno se tenait généralement dans le vestibule de sa demeure  plu rarement dans sa chambre …je m’accroupissais auprès de lui et récitais mon texte .S’il était satisfait je pouvais aller laver ma planchette pour y  inscrire de nouveaux versets dont il me donnait le modèle  Sinon je conservais  ma leçon de la veille et la révisais  jusqu’au lendemain

Chaque leçon non apprise était punie par Tierno de quelques légers coups de liane ou, châtiment  plus douloureux,  d’un pincement d’oreille  (p 178)

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Après la leçon nous rentions à la maison

une fois bien restauré  ,j’enlevais tous mes vêtements et complètement nu comme tous mes petits  camarades je courais chercher mon ami Daouda  

c’est l’islam  qui exigeait de vêtir les enfants non la tradition africaine qui n’exigeait l’habillement qu’après la circoncision

Mon ami Daouda et moi étions surtout d’incorrigibles petits piégeurs  d’animaux et chapardeurs  de potagers  ce qui me valut quelquefois  , de la part de Tierno Bokar, quelques  coups de chapelet sur le dos p180

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A propos de l’écriture Tierno Bokar disait

L’ écriture est une chose et le savoir en est une autre ;L’Ecriture est la photographie du savoir ,mais elle n’est pas le savoir lui même ; Le savoir est une lumière qui est en l’homme .Il est l’héritage de tous ce que les ancêtres ont pu connaitre et qu’ils  nous ont transmis en germe tout comme le baobab est contenu en puissance dans sa graine ( p 197)

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Quand Amadou voulut partir à l’école des blancs 

ma mère  demande l’approbation du maître de l’école coranique. À sa grande surprise, Tierno Bokar cite le Coran pour l’empêcher de mettre son projet à exécution :

 « Pourquoi le fait d’aller à l’école rendrait-il Amadou infidèle ? Le Prophète l’a dit lui-même : « La connaissance d’une chose, quelle qu’elle soit, est préférable à son ignorance » et aussi « Cherchez la connaissance du berceau au tombeau, fût-ce jusqu’en Chine ! ». Kadidja, ma sœur, ne t’interpose pas entre Amadou et son Seigneur. Celui qui l’a créé est mieux informé que nous sur sa destinée, laisse donc Amadou entre ses mains. » [...] Ma mère ne put que s’incliner [...] 

 quand une fois, Amadou alla dans une église avec un camarde chrétien son père ne lui reprocha pas

car comme Tierno Bokar, mon père  ne s’opposait  pas à ce qui pouvait contribuer à augmenter les connaissances, et surtout à ce qui pouvait permettre de juger d’une chose par soi même et non par des on dit

Il me dit

écoute le prêtre , prends et retiens dans ses paroles tout ce qui est bon et laisse le reste (p340)

 mon père m’apprit aussi à broder et à coudre  afin que je puisse exercer  un jour  comme lui même et comme Tierno Bokar, le métier de tailleur brodeur  (p 343)

Amadou Hampate Bâ et les blancs casqués

29 janvier, 2019

Amadou Hanpaté Bâ , dés son jeune âge est très intrigué par la présence des blancs 

Il le dit avec beaucoup d’humour  dans on livre « Amkoullel l’enfant peul »

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 Lorsqu’un Blanc casqué s’approche de lui pour la première fois, il est terrorisé par son apparence et son odeur inconnue : « bien que cette odeur ne fut pas une puanteur à proprement parler, elle me saisit à la gorge et je faillis vomir. J’eus la conviction que le Blanc-Blanc venait de m’envoûter avec un encens magique émané de son propre corps». L’homme qui lui cause cette terreur est le Commandant de Courcelles

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Un jour j’entendis  le cordonnier  déclarer  que les excréments des blancs contrairement à ceux des africains étaient aussi  noirs que leur peau était  blanche ..(p184)

Un matin de très bonne heure, mon ami Daouda et moi sommes partis en cachette dans la quartier de blancs  … Nous  vîmes des prisonniers vider à tour  de rôle le contenu de leur seau dans le grand trou emménagé spécialement pour recevoir les excréments des blancs sans doute trop précieux pour être mélangés à ceux des noirs … En observant  de loin nous sommes vite convaincus,Les blancs déposent « mou »’ et » noir » (p186 )

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Peu à peu à leur contact  Amadou s’amadoue

Je demandais à ma mère
- Dadda, le Commandant de Courcelles n’est-il pas un toubab ?
- Si, me répondit-elle, mais c’est un bon toubab.
Cette réponse me troubla. J’avais décidé de haïr tous les toubabs, mais comment pouvais-je détester ce commandant si gentil, dont j’entendais dire qu’il avait tout fait pour libérer mon père ? [...] De Courcelles aimait le cheval et la chasse [...] mon père était non seulement un excellent cavalier mais un des meilleurs fusils de Bougouni – qui était pourtant un pays de chasseurs traditionnels– et un habile traqueur de fauves et de gros gibier. Deux sorties en commun achevèrent de convaincre le commandant qu’il avait trouvé en mon père le compagnon qu’il lui fallait.
Le commandant de Courcelles nous aima, sans calcul ni arrière-pensée. Force fut pour nous de l’aimer et, à travers lui, d’aimer aussi son pays auquel il vouait une véritable dévotion. On ne répugnait plus, à la maison, à parler de la France et des Français. On ne les maudissait plus. Un jour mon père, parlant de la France, nous dit : « Le royaume de France a deux têtes : l’une est très bonne et l’autre très mauvaise ». Je ne compris pas, alors, ce qu’il voulait dire. Ce n’est que plus tard, avec l’expérience et une meilleure connaissance des êtres et des choses, que j’appris à faire la différence entre le peuple de France et le comportement de certains de ses représentants hors des frontières, en particulier dans les colonies. Était-ce ce qu’il avait voulu dire ?».

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Finalement Amadou désire aller à l’école ,des blancs

je veux aller à l’école.  .pour devenir un chef
- Et pourquoi veux-tu devenir chef ? Que feras-tu après ? demande le commandant.
- D’abord, je veux apprendre la langue du commandant pour pouvoir parler directement avec lui, sans passer par un interprète. Ensuite je voudrais devenir chef pour casser la figure à Koniba Kondala, cet ancien captif de mes ancêtres, qui se permet parce qu’il est envoyé par le commandant, de couvrir d’insultes toute ma famille. [...] Voilà pourquoi je veux devenir chef ».

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Le maître

« ouvrit un grand registre, plus haut que large, et y inscrivit soigneusement nos noms. Puis il nous demanda, dans notre langue [peule] quel était le métier de nos parents. Madani répondit que son père était chef. Moi, ne sachant que dire, je donnais comme métier de mon père, celui qu’exerçait Beydari Hampâté, c’est-à-dire boucher. M. Moulaye Haïdara se tourna vers ses élèves et dit à haute voix en français, en me montrant du doigt :
« Amadou est un boucher. Répétez ! »
Les élèves reprirent en chœur :
« Amadou est un boucher »
– Encore, dit le maître.
Les élèves répétèrent, ensemble, puis chacun à leur tour :
« Amadou est un boucher. »
Cette phrase fut la première que j’appris et retins de la langue française».

Hampaté Bâ, l’enfant peul et Blaise Diagne le député sénégalais

28 janvier, 2019

 

Blaise Diagne (1872-1934) 

né au  Sénégal  est le premier député africain élu à la Chambre des députés française.

  Il a joué un rôle important en faveur des droits des Africains engagés dans les troupes coloniales .pendant la guerre de 1914  

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Serait il  un ancêtre du célèbre philosophe Souleymane Bachir Diagne ?

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 Hampata Bâ en parle longuement dans son livre « Amkoullel l’enfant peul »

M Diagne  député du Sénégal ,est placé  à la tête d’une mission avec le titre  de haut commissaire de la république dans l’ouest africain (p 353 ) 

Il débarqua à Dakar  entouré d’un brillant état major composé de jeunes officiers tous noirs, galonnés d’or ,gantés de blanc, bardés de médailles et de fourragères ….On tira en son honneur plus de coup de canon qu’en un jour de bataille

Il apparut solennel le visage énigmatique  aussi troublant  et anachronique  dans son grand  habit de parade  qu’une croix dans la niche d’une mosquée …On l’écouta religieusement

Ses accents vibrants  réveilla les cœurs et enflammèrent les courages .. Il sut faire appel au sens de l’honneur des africains… On parla de la citoyenneté  française  ..ll n’en fallait pas plus…Des masses de jeunes se libérèrent de tout pour s’engager sous les drapeaux (p 355)

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puis Blaise Diagne se rendit à Kati

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 A Kati il improvisa un discours  qui en imposa même  aux européens ; C’était la première  fois que nous voyons un noir prononcer un discours en s’adressant aux blancs qui l’écoutaient sans mot dire

…..le repas fut préparé par les meilleurs cuisiniers de Kati ; Je faisais parti des jeunes gens choisis pour assurer le service….Le passage de Blaise  Diagne fut suivi d’un recrutement massif 

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Conséquences néfastes majeures

L’un des effets majeurs ,  quoique peu connu de la guerre 1914 a été  de provoquer la première grande rupture dans la transmission des connaissances traditionnelles

l’hémorragie des jeunes gens envoyés au front .. Le recrutement massif pour les travaux forcés liés à l’effort de guerre  …privèrent les vieux maitres de la relève nécessaire  et provoquèrent  la première  grande éclipse dans la transmission orale de ce vaste programme culturel  qui au fil des décennies irait en s’aggravant  (p 360)   

Amadou Hampata ba (1901-91)

16 novembre, 2018

Amadou Hampâté Bâ  est né en 1901 à Bandiagara,Il est un écrivain et ethnologue malien, défenseur de la tradition orale, notamment peule.

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il raconte son enfance

dans le livre  « Amkoullel ,l’enfant peul »

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Il connaît bien l’administration coloniale puisqu’il a travaillé avec les colons pendant 10 ans

de 1922 à 1932  dans l’actuel Burkina Faso

Il connaît bien les musulmans, puisque en 1933 il  se retire un certain temps  auprès de Tierno Bokar, son maître spirituel.

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En 1942, il travaille à Dakar avec le professeur Theodore Monod.

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En 1951 il rencontre Marcel Griaule à Paris bien connu pour son voyage en Ethiopie

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célèbre pour avoir dit

 « En Afrique, chaque fois qu’un vieillard traditionaliste meurt, c’est une bibliothèque inexploitée qui brûle ».

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Grâce à une telle expérience en présence des colons

Grâce à sa formation auprès d’excellents ethnologues

grâce à son grand talent il a écrit un chef d’œuvre

« L’étrange destin de Wangrin »  

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Le sage du fleuve Niger

 Il se veut citoyen du monde

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 et en même temps il veut faire connaître la culture de son pays et publie  

les contes initiatiques peuls

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Il meurt à Abidjan en mai 1991

 

Amadou Hampaté Bâ : L’étrange destin de Wangrin

15 novembre, 2018

Un grand roman publié en 1973 

c’est histoire d’un interprète peul qui au temps de la colonisation

profitent de sa situation

pour s’enrichir  frauduleusement  

à la barbe des colons mystifiés qui lui font confiance

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Hampaté Bâ

On découvre dans ce livre non seulement Wangrin dont l’histoire serait en parti historique  

mais aussi l’auteur Hampaté Bâ qui se révèle être un grand homme

un grand humaniste  

un vrai africain qui sait rire

 se moquer gentiment autant des tirailleurs Sénégalais que des commandants de la colonie

oui ! On rit en le lisant   !

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Un homme ,au regard perçant ,qui connait la duplicité des marabouts

et des interprètes qui tout en étant  au service des colons en profitent  pour s’enrichir

Un peul qui connait bien son peuple , ses griots , ses proverbes , le langage imagé et souvent très poetqiue des villageois

un grand romancier qui a sur merveilleusement construire son intrigue

oui ! On palpite ..on a envie de continuer , de connaitre la suite !

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Plein d’humour

il fallait pas moins de 10 ans pour apprendre les gestes supports  du parler français : tendre de temps à autre le cou en avant ,tantôt écarquiller les yeux, hausser les épaules, froncer des sourcils ; tantôt tenir les bras en équerre paumes ouvertes ; croiser les bras sur la poitrine et fixer son interlocuteur ,imprimer à ses lèvres des moues diverses, se pincer le nez ou se tenir le menton .. ;Ignorez  comment  ces gestes se combinent  pour souligner les mots que la bouche égrène, c’est tomber dans le ridicule dit du ‘vieux tirailleur » ( p29)

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Le parler  « des tirailleurs »

Moussé lekkole (maitre d’école)  poser toi ici,  attendre commandant peler toi ,du froid dans  ton cœur,  commandant  lui pas pressé  jamais( p32)….

la fête du kattos souliyé (14 Juillet)

L’officier qui se comportait comme un grand Seigneur portait un monocle ;C’ était d’après son boy un chausse-œil  réservé aux seuls fils uniques des familles princières de France (p74)

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Le marabout

Il se pencha sur les signes qu’il avait tracés   et s’abimant dans une profonde méditation ,il resta pratiquement  absent pendant une demi heure .Il transpirait comme un canari rempli d’eau. Enfin il releva la tête et expira bruyamment l’air de ses poumons ,tout comme un plongeur qui remonte à la surface  (p70)

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L’inspecteur  

Son arrivée inattendue produisit l’effet d’un caillou lancé dan une mare ou coassent des grenouilles gavées ;Chaque bete se tait, tremble  plonge dans l’eau de toute la longueur de ses pattes pour se faire oublier p85

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Le chant du griot

 qui fait l’éloge de la France   

Bordeaux et Marseille  ports d’attache des « bateaux à fumée » et points terminus de 2 étroites  routes métalliques ,étendues comme 2 boas démesurés ,sur lesquels glissent des pirogues terrestres  à la vitesse de l’épervier qui fonce sur sa proie ! (p140)

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L’heure  

le matin  quand : le soleil plaquait sur l’horizon oriental son immense rond jaune d’or

Vers 10 heures quand :le soleil sera dans le ciel à la hauteur d’une hampe de lance

A Midi : quand le soleil surplombait  les têtes et les houppiers des arbres

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Le noir blanc

Wangrin tira de sa poche un morceau de toile blanche de forme carrée .il s’en moucha …il était vraiment un « noir blanc » vraiment réussi (p 198 )

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il exulta avec la joie d’un égaré mourant de soif dans le désert et tombant inopinément  sur une oasis  inespérée 

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le fétiche

Wangrin l’interprète devenu commerçant

et un homme très riche grâce à son fétiche et à ses ancêtres  

mais le malheureux néglige ce fétiche et oublie d’honorer ses ancêtres

Il termine sa vie dans la misère

amen !

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philosophie

La vie est une vieille neurasthénique .Elle frappera bons et mauvais ,pieux et incrédules  du même bâton : la mort

L’homme c’est l’être  qui s’aime si bien qu’il ne sent pas sa propre mauvaise odeur  alors qu’il répugne à la moindre odeur chez les autres  p 414 

La Vie ici bas est un champ de lutte .Des rivaux s’y affrontent parfois férocement  ..Or quand on a plus en face de soi un partenaire de taille ,le combat perd ses attraits et cesse d’être viril

Le jour de la mort de son rival , il faut savoir pardonner (p 425)