Archive pour la catégorie 'Mamadou Diouf'

Mamadou Diouf,(1951…) Historien camerounais

30 décembre, 2018

Mamadou Diouf   est un historien sénégalais  qui sait avoir un regard sans complaisance sur les sociétés contemporaines en Afrique

Il a évidemment réagi , en tant qu’historien lors du discours de Dakar de Nicolas Sarkozy en  2007

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 Docteur de l’Université de Paris I, Panthéon-Sorbonne, en 1981. Professeur à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (département d’histoire), au Sénégal,
Le 07 décembre 2006, Mamadou Diouf a été nommé directeur de l’Institut d’études africaines,  de l’Université de Columbia (USA)

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Il est proche  de Souleymane Bachir Diagne avec qui il a ensigné à Dakar  

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Un historien prophète

Quand il analyse les  manifestations des jeunes au Sénégal

il semble annoncer la venue des gilets jaunes ?

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Un historien du présent  

Plus simplement, peut-on être intellectuel et africain ?

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Mamadou Diouf : Les intellectuels africains en 1993

29 décembre, 2018

En 1993 Mamadou Diouf  écrit dans « la revue politique africaine (N°51)un article sur les intellectuels africains face à l’emprise démocratique

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Les réflexions de V,Y. Mudimbe et, d’A. Mbembe et les débats .qu’elles on: provoqués, nous dispensent de- .revenir sur les questions ontologiques de l’écrire et du penser .africains, en relation-avec le passé (colonial) et le présent (occidental, libéral et démocratique) (p36 )

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 L’intellectuel  africain . est toujours défini par rapport  à un, référent…..i1 fait partie d’une structure ‘de parenté qui. le -distribue ‘comme un cadet -attendant ‘toujours- qu’attestation (p37)

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Constamment ballotté entre deux pôles, entre  l’.insurrectionnel (la, subversion des techniques des savoirs ).et le révisionnisme  l’intellectuel- africain. est .sommé  d’ être  militant….

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La prise en main de la société

Les intellectuels africains se sont en effet très. tôt arrogés le .monopole de l’interprétation idéologique du  devenir des sociétés africaines.(p39)

 

. En. s’aménageant un. espace dans  ’la société coloniale, les. instituteurs, .médecins. africains, agents, administratifs ., , s’attribuent ainsi un rôle pédagogique vis-à vis de leur propre. société:. ,Ils  sont largement influencés par le pouvoir’ des clercs des II ‘et- IVe Républiques-françaises .En entretenant un rapport très équivoque – soumission et hostilité – avec Ie pouvoir, colonial et la société civile

 Ainsi, la ,nouvelle  culture citadine  qui s’instaure, dédaigne les cultures populaires (p 41)

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Dès lors, trois modèles vont s’imposer. et structurer l’espace idéologique africain

lé modèle de la modernisation,

le- modèle culturel nationaliste

le modèle- marxiste (p 41)

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L’emprise de l’Etat

Peu à peu  l’’Etat devient ainsi une réalité incontournable. L’histoire post-coloniale démontre en effet que 1′Etat dans son extension a réussi à dominer la société civile et non à la servir (p 42)

 La réduction de l’activité intellectuelle à la seule prise de parole politique permit ainsi à la nouvelle classe dirigeante de délimiter un  ghetto surprotégé pour les enseignants, les universitaires et les chercheurs, secteurs dans lesquels se recrutait la dissidence.

Déconnectés de la société aussi bien au niveau du langage, de la pratique politique que du mode de vie, ils offraient au pouvoir politique la possibilité de ne pas s’occuper de la mise en place d‘une censure codifiée et systématique. L’autocensure et l’opportunisme firent le reste.

  C’est ainsi que, très vite, l’université ne fonctionna plus comme lieu d’une autonomie intellectuelle. La fonction universitaire va précipiter les enseignants et chercheurs vers des stratégies individuelles d‘ascension sociale et d’accumulation financière au service de la bureaucratie ou du secteur public.

 Pour les paroles dissidentes, ce furent la prison, l’exil et parfois l’assassinat.

. L’intervention des militaires sur les campus universitaires de Lubumbashi … et la présence, massive des universitaires dans les gouvernements, les palais’ présidentiels et les partis politiques, sont des indices,.. de l’enjeu que constituent  aujourd’hui ‘encore les ,universités,, la recherche: et, la création, dans la’ mise » en ‘ordre .politique africaine (p 43)

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La crise

La technocratisation de la. gestion- gouvernementale consacre  l’obsolescence du regard intellectuel nationaliste porteur d’un projet politique. Au contraire, la politique devient. une affaire ‘de professionnels.

  l’émiettement  de l’espace politique par  le ,multipartisme ,et la profonde désagrégation des institutions’ éducatives  ont eu comme conséquence, la  » réapparition’ ,de logiques ,ethnique, confessionnelle, régionales, etc-.

~L’échec politique des, porteurs de la modernisation. a .poussé une partie de la ,société vers un retour aux  intégrismes  religieux (musulman, et chrétien) et à  la, ,revendication ethnique.

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La, confrontation entre le « terroir » et « le territoire.national » amène une .partie- de l’intelligentsia africaine. à un repli corporatiste.

Avec » le déshabillage de l’Etat,. .¡es intellectuels ,perdent .leur: place privilégiée dans le système socioéconomique ,,.et,, avec. elle, leur. fonction tribunicienne.

,Les, nouvelles, figures idéologiques. (indigènes et religieuses) s’inscrivent dans, ,les, « terroirs », plutôt que dans les territoires. L’informel et la technocratie se partagent le champ du discours et de la pratique politiques et économiques.

La notion de réseau intellectuel ., et -de recherche qui se, généralise, achève de banaliser l’intelligence ‘africaine;

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NB

C’est ainsi que beaucoup d’intellectuels partirent pour aller enseigner  dans les universités américaines où ils étaient mieux accueillis qu’en France   …y compris  Mamadou diouf

 

 

Les « gilets jaunes » et l’historien sénégalais Mamadou Diouf

27 décembre, 2018

Le mouvement Set /Setal à Dakar

Pouvons nous comparer les « gilets  jaunes » qui manifestent en  France, en cette fin d’année 2018 ,avec les jeunes  Sénégalais qui ont manifesté à Dakar entre le mois de  Février 1988 au mois d’avril 1989.)

Ce fut à la suite de la réélection controversée du président Abdou Diouf, en février 1988.  La jeunesse dakaroise participa activement à ces mouvements contestataires, alors qu’elle avait été précédemment exclue du débat politique et de la vie démocratique. en instituant leur mouvement Set/Setal (= rendre propre)

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On est en effet très surpris par l’analyse faite sur ce mouvement en Juin 1992 par l’historien sénégalais Mamadou Diouf  dans la revue « politique africaine »

C’est une véritable prophétie sur ce qui se passe ne ce moment en France

voici ce qu’en dit Mamadou Diouf 

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Un mouvement inattendu 

  La jeunesse sénégalaise fait irruption au pas de charge sur la scène politique. Personne ne l’attendait mais elle n’en a cure. La peur de l’avenir s’exprime par une formidable rage de détruire. Entre deux jets de pierre un lycéen de 17 ans lâche : “NOUS allons tout casser pour mieux  reconstruire.(p 42)

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La désertification des campagnes

le désengagement de 1’Etat s’effectue dans de très nombreux cas dans les secteurs de la santé, de l’éducation et de l’assainissement. La fonction publique, les institutions publiques et parapubliques « dégraissent » et la paupérisation s’installe. C’est aussi le moment choisi par 1’Etat pour accélérer la mise en application de la réforme de l’administration locale et territoriale lancée en 1972.(p 43)

 .., toutes ces pratiques dans la ville, nous a conduits à interroger les enjeux politiques actuels de la gestion urbaine, ceux du monde du travail, des loisirs … toutes choses allant de pair avec le désengagement de I’Etat, la sollicitation des identités ethniques, religieuses,et  régionales  (p 45)

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La morgue

bien plus que la motivation politique, la stylistique du pouvoir, ses signes de force incontestable, sa morgue( p46)…et l’ascension de la technocratie(47)sont à la source du mouvement

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Les écarts de salaire

ses signes symboles ( l’embonpoint, l’or, la générosité, les puissantes voitures …) ont été décisifs dans la mobilisation des jeunes, dans- leur assaut contre la classe dirigeante et les représentations de 1’Etat (p 46).

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Les ronds points ou l’arbre à palabre

Les populations semblent s’être données les moyens de remplir le vide que 1’État a créé faute de moyens financiers. Espaces propres, ils deviennent des lieux de rencontres, de débats et certainement d’évaluation des politiques mises en œuvre. L’appropriation de l’espace s’accompagne d‘une prise de parole, d‘une récréation de la palabre, non plus sous l’arbre à palabres  mais face à un baobab stylisé (le rond point) qui serait .le symbole du dialogue, de la concertation et du travail.p 51

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Les représentants légitimes  

Mais un groupe ne peut exister socialement que s’il est parvenu à se faire accréditer, à émerger sur la scène publique par l’intermédiaire de porte parole ou de mandataires et à créer ainsi son propre espace public

 

Les revendications

 Un recensement plus ou moins exhaustif et un classement des thématiques  est indispensable (p51)

 

Les graffitis et fresques murales

Les jeunes sénégalais  s’ étaient aussi exprimés  en faisant des fresques murales  et des graffitis 

Les fresques murales,  sont l’expression d’une mobilisation de nouveaux idiomes pour rendre compte de situations inédites. On peut soutenir l’hypothèse que le mouvement du Set/SetaZ et les ,signes annexes qui l’accompagnent, sont les indices d’un dynamisme qu’on avait cru étouffé par l’autocratisme politique et la médiocrité ambiante d’une démocratie inachevée de lettrés incapables de gérer les crises économiques et sociales (.p 50)

Les revendications sociales et politiques demeurent aujourd’hui au cœur des festivals de graffitis et de street art qui se multiplient à Dakar depuis les années 2000.

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NB

 Tous ces jeunes sénégalais avaient en tête le souvenir de l’intifada ou les émeutes à Soweto

En serions nous  là en France ?