Archive pour la catégorie 'Mbembe Achille'

Achille Mbembe :un homme déchiré . Qui est il vraiment ?

1 janvier, 2019

 Achille Mbembe nous donne  en 1993 dans le numéro 51 de la revue « Politique Africaine »un aperçu de ce qu’ il a  vécu au Cameroun avant de quitter son pays  

Il parle rapidement de son  enfance dans son village d’origine puis de son premier contact avec les colons

**

Elève de dominicains

Avec eux, peu à peu il s’éloigne de ses croyances  africaines

J’avais donc beaucoup fréquenté les milieux cléricaux. Comme beaucoup d‘autres africains, on me fit lire, très tôt, la Bible . L’Eglise catholique romaine m’inculqua, tôt, le sens de la culpabilité, de la mortification et du repentir. On m’incita à mépriser le «  monde » et ses tentations : les plaisirs impudiques du lit, de la ripaille et de l’ivrognerie, le luxe et tout ce qui avait trait à la richesse, les passions et les appétits ; bref, « tout ce qui passe » et n’est pas, par conséquent, appelé à durer. Sur cette route de la vie, il fallait tendre à l’essentiel : l’obsession de l’ éternité , les mots pour dire l’infini, bref, comment passer la douane céleste. De toute la gent cléricale, les dominicains avaient été les plus accueillants. C’est à leur contact que j’appris à penser ouvertement, et à réfléchir sérieusement sur un type de conduite de vie qui fit un choix à la fois moral, éthique et politique. (p 75)

Mais Achille n’eut jamais vraiment la foi

Cependant il reconnaît avoir beaucoup reçu des dominicains

Chez eux il fis connaissance de Guitteres ,le théologien de la libération

**

La JEC

Chez eux il entendit parler de la JEC  et de son journal « Au Large »

Très vite, je m’étais retrouvé au secrétariat national, en charge du journal du mouvement, Au Large. On y publia, pendant trois ans, $es textes vigoureux, qui mettaient explicitement en cause 1’Eglise et 1’Etat , et qui irritèrent particulièrement l’archevêque de Yaoundé, au point qu’en 1980, il nous transmit une correspondance dans laquelle il désavouait les responsables du mouvement et se lavait pratiquement les mains de tout ce qui pouvait nous arriver à titre individuel (p 78)

Achille se senti alors rejeté par l’église officielle

**

Il  rencontre  Jean Marc Ela

Cliquez ICI  

Avec la JEC  naquit l’idée des « camps-paysans ». Ils étaient destinés aux étudiants,

..et c’est à ce titre que je me rendis à Dar es-Salam en septembre 1980. Voyage décisif puisque je, rencontrais, pour la première fois, mon compatriote Jean-Marc Ela dont j ’avais lu, quelques semaines auparavant, « Le cri de l’homme africain, » ce livre fanonien à certains égards, qui ne marqua pas seulement la fin de mon adolescence et le début de mon « ex-patriation », mais que je traîne partout avec moi et relis chaque fois que je suis tenté d’oublier d’où je viens (p 79)

**

Eboussi Boulaga  

Il découvrit Fabien Eboussi Boulaga  qui avait déjà  écrit «  Christianismes suns fétiche

Cliquez  ICI

**

C’est alors,  je découvris, progressivement, dans le murmure des jours, que je pouvais, sans drame, vivre aussi bien sans les superstitions chrétiennes que sans les fétiches des religions païennes.( P 83)

Ainsi s’envolait, comme en fumée, une part de tout ce que j’ai été, de ce que j’ai voulu être à un moment donné, de ce que je suis devenu, du moins en attendant les autres tournants. Tout d’un coup, ce fut comme si rien, ou presque, ne valait plus la peine : comme si, au détour du chemin, je pouvais être happé moi aussi, comme ça, éteint comme un son qui meurt, par la mort  (p 84),

**

Um Nyobe

En 1981 il écrit un mémoire sur le héros du Cameroun qui lutta contre les colons mais qui fut volontairement oublié par  les nouveaux gouvernants du pays  .Il doit partir 

Mais où aller ?

Que penser ?

Qui croire ?

Cliquer ICI 

 

Achille Mbembe : L’ exil

31 décembre, 2018

A la fin de ses études au cameroun ,Achille Mbemebe  rédigea  un mémoire sur Um Nyobe , un résistant qui avait été tué par  les colons mais qui par la suite avait été  volontairement « oublié » par les nouveaux responsables du pays,

Ceux ci le harcelèrent et Achille Mbembe  a  dû fuir  et partir en exil

En 1993  ,il raconte dans le numéro 51 de » la revue « politique africaine «  quel fut alors son désarroi

**

Oh irais-je ? On me dit, non sans raison : dans cette contrée d’Afrique appelée, récemment, le « Cameroun ». Mais, qu’est ce que le «  Cameroun » , le «  Gabon », la «  Guinée », le « «  Congo « « , le Ghana,, le «  Kenya » ou la «  Côte-d’Ivoire » »), sinon des conséquences obscures de l’imbécillité conjuguée des Blancs et des Nègres ? (p 84)

 Qu’est-ce donc que le  «  Cameroun «  cette contrée d‘où je viens et qui ne m’indiffère  point – sinon une lourde figure d‘os,…, pendant que 1’ « autorité » ou ce qui en tient lieu arrache leur gagne-pain aux bouchers et à la foule des vendeurs à la criée, ferme les journaux et persécute les écrivains, bloque la circulation, abat un chauffeur de taxi et tue un proche parent, saisit les biens meubles et incendie les marchés, casse les machines et altère les monnaies, écrase les gens d’impôts, ’extorque leurs biens et les force à accepter ce qui est mauvais et douloureux alors même que c’est évitable,les empêche de gagner leur vie licitement, de s’assurer le pain journalier par des moyens honnêtes, de se protéger contre les abus de la vie, les laisse moisir dans les cachots, leur défonce et leur vide les reins, leur écrase les testicules, leur tord joyeusement le pénis, la bouche gonflée de vent, et la chair ivre de corruption  ? (p86)

Ne demandez pas  à moi – ou à Mudimbe, ou à Appiah, ou à qui que ce soit d’autre pour la circonstance, Mongo Beti, Ngugi w’a Thiongo et les autres Pourquoi nous partons….car  je suis  parti en ’France  en 1984  (p 87)

La France

 Dès mon arrivée en France, j’avais collaboré,, à l’hebdomadaire de la gauche catholique, Témoignage chrétien. J’avais aussi, presque aussitôt, publié dans Le Monde diplomatique.

…je m’intéressais sérieusement, plus tard, aux travaux de deux Africains, V.Y. Mudimbe et Mamadou Diouf, tous les deux engagés, chacun à sa façon, dans un « monologue » sur l’Afrique et son séjour dans la nuit du monde, (p 92)

et à sauver Um Nyobe de l’oubli, à le ramener à la vie, à le «  ressusciter » (p93)

 

Les Etats Unis 

Puis je suis parti aux Etat Unis…

**

Nyobe encore !

 un jour de février, c’était en 1991, on m’a demandé de présenter mes travaux à l’université de Pennsylvanie à Philadelphie. Ce soir-là, je me suis efforcé, pour la première fois en public, de rendre lisible la mort de Um, et d’interpréter cet objet historiographique comme lieu où le pouvoir colonial et sa négation par l’indigène placèrent, tous les deux, leurs langages. J’ai raconté comment la mort de Um et l’apparent silence qui le frappèrent étaient un lieu d’excès, dans le double sens où le colonialisme venait s’y évanouir, en dépit de sa victoire formelle; et où, par sa médiation, 1’État postcolonial venait brimer quelqu’un qui ne pouvait plus être là pour dire : « Je suis mort ».

 La nuit

 c’est la nuit-du-monde-africain-postcolonial. C’est elle qui nous condamne à nous brouiller avec tout le monde, notre famille notre pays, notre société, notre culture, ses élites, sa piétaille, nous-mêmes. C’est elle qui nous oblige à abandonner le village à l’ombre duquel nous avons grandi, avec ses gens, ses tombes, ses histoires, les cousins, la Vierge, le crucifix et tout le reste. C’est elle qui nous oblige à partir du village  à l’ombre duquel nous avons grandi, avec ses gens, ses tombes, ses histoires, les cousins, la Vierge, le crucifix, et tout le reste. C’est elle qui nous force à «  partir , loin, très loin, au-delà des mers et des océans, pour enfin pouvoir raconter, dans nos propres mots, l’histoire d’un mort, ( p 96)

 I1 m’arrive alors, en ces moments d’incertitude, d‘écouter le chant qui sourd de l’Afrique, l’immense envie de vivre, de ne pas périr que charrie la musique, le corps qui danse et qui rentre en transe, le masque qui se déploie dans la répétition, le tragi-poétique du quotidien, ses ratés, sa prolixité, sa descente dans l’hilarité,… (p 97).

**

La déception 

Quel dégoût

à en vomir

en lisant tous les fantasmes,et les horreurs racontés par les historiens ,les philosophes ,,les anthropologues, les psychologues …  sur la culture des africains

Cliquez ICI 

**

Afrique du sud

Achille Mbembe continue son récit

 en 2010 dans  son livre  «  Sortir de la grande nuit »

 Cliquez ICI

 

 

Les ateliers de la pensée à Dakar

14 octobre, 2018

Alain Mabanckou

en mars  2016 , Alain  Mabanckou prononce sa leçon inaugurale au collège de France

Cliquez ICI  

**

puis il  décide d’organiser  en mai  2016  un colloque intitulé

« penser et écrire  l’Afrique aujourd’hui »  

 **

ce fut comme un nouveau souffle, un coup de vent qui allait réveiller les intellectuels africains  

venus très nombreux de toutes les régions du monde

**

Les ateliers de la pensée   

c’est ainsi qu’en  Octobre de la même année ,Felwine Sarr et Achille Mbembe  ouvre  à Dakar et à Saint-Louis, les Ateliers de la pensée.

**

Achille Mbembe déclare à cette occasion  

la  pensée critique »,ne se limite pas aux textes philosophiques lourds mais elle se manifeste dans maintes autres productions de l’esprit : littérature, arts plastiques, photographie, danse, théâtre, etc. Nous sommes dans une période d’extraordinaire fermentation qui me fait dire que l’art du XXIe siècle risque d’être « africain ».

**

 notre histoire ne se limite pas à l’Atlantique et à la Méditerranée. Elle épouse d’autres faisceaux transnationaux qui vont des mondes islamiques aux mondes malais, chinois et indiens. Revisitons la question de la circulation et du mouvement, concevons-les comme des ingrédients structuraux à partir desquels se sont forgées nos cultures

**

En Afrique ce qui compte est la relation et non pas l’être

c’est dans le mouvement et dans la circulation qu’il faut  chercher le « spécifiquement africain ».

 c’est aller à la rencontre du monde.

 Cela n’a rien à voir avec la couleur de la peau, la religion, l’ethnicité. Il faut penser en termes d’Afrique-monde, afin de faire leur part aux Afro-Indiens, aux Afro-Européens, aux Afro-Chinois, aux Afro-Arabes, etc. C’est ça l’afropolitanisme. 

Achille Mbembe, philosophe et historien camerounais né en 1957

13 octobre, 2018

Achille Mbembe a étudié  à Paris, Puis il a enseigné aux Etats Unis et en Afrique du sud

l’un des plus grands théoriciens actuels de la postcolonie ,(Mabanckou)

Cliquez ICI  

il  ne cesse de le répéter que : l’Europe a perdu son leadership international et  que c’est sur le continent africain  que se dessine l’avenir de l’humanité

 **

2010 ,Sortir de la nuit .

dès l’Introduction de ce livre ,le disciple de Fanon déclare   

on allait  disait Fanon tourner le dos à cette Europe , celle qui n’en fini pas de parler de L’Homme tout en le massacrant ,et partout où elle le rencontré , à tout les coins de ses propres rues, à tous les coins du monde  (Fanon )( Sortir de la nuit ( p 17)

**

Où  va donc l’Afrique  ?

Cet irrépressible désir chez des centaines de millions de personnes de vivre partout ailleurs dans le monde que chez eux

Pou ces millions de personnes  la globalisation est le temps des villes fortifiées ,des camps et des cordons, des clôtures et des enclos,  des frontières sue lesquelles on vient buter p 22

 **

Comment s’en sortir ?

comment pour un africain retrouver  sa véritable identité perdue depuis les colonisations ?

Cliquez ICI 

**

2013 La  critique de la raison nègre

En 2013,Achille Mbembe publie  son livre « critique de la raison nègre »

en lui donnant un titre qui fait référence à celui de kant

« critique de la raison pure »

Cliquez ICI

 **

.2016 « Politiques de l’inimitié ».

Se débarrasser « des musulmans qui encombrent la cité, des Nègres et autres étrangers que l’on se doit de déporter, des terroristes (ou supposés tels) que l’on torture soi-même ou par procuration, des juifs dont on regrette qu’il y en ait eu tant à avoir échappé aux chambres à gaz, des migrants qui accourent de partout, des réfugiés et des naufragés, ces épaves dont les corps, à s’y méprendre, ressemblent à autant d’amas d’ordures, le traitement de masse de cette charogne humaine, dans sa moisissure, sa puanteur et sa pourriture ».

Cliquez ICI

**

 2016 L’Afrique qui vient

Au cours du colloque qui  eut lieu à l’initiative d’Alain Manbankou au college de France  Achille bembe  nous laisse un texte   qui résume  bien sa pensée d’une fcon plau apaisée

cliquez ICI   

Achille Mbembe : Critique de la raison nègre

12 octobre, 2018

En 2013,Achille Mbembe publie  son livre « critique de la raison nègre » en lui donnant un titre qui fait référence à celui de kant« critique de la raison pure »

Cliquez ICI

**

Les négres

ce ne sont plus seulement les noirs africains… mais tous les exclus de la terre

qu’ils soient noirs ou blancs

Hier le drame était d’être exploité  par le capital,  aujourd’hui la tragédie pour la multitude c’est de ne plus pouvoir être exploitée du tout. c’est le sort d’une  humanité superflue  livrée à l’abandon dont le capitalisme n’ a guère besoin pour son fonctionnement p …Pour le première fois  dans l’histoire humaine le mot nègre ne renvoie plus seulement aux gens d’origine africaine …mais s’étend à  l’ensemble de la planète  que nous appelons « le devenir-nègre du monde »  (p 13)

Les noirs n’ont pas toujours été des nègres ,même au temps de l’esclavage

Certes tous les nègres ne sont pas des africains et tous les africains ne sont pas de negre (p 27)

**

Entre 1630 et 1789 a coté du commerce macabre des esclaves, il existe aussi des mouvements d’africains libres, nouveaux colons qui hier « black poor » en Angleterre où refugiés de la guerre d’indépendance aux Etats-Unis qui  s’en vont installer des colonies neuves en Afrique même

 **

mais l’Occident en a fait des nègres , des moins que rien

c’est avec de mots forts des mots ravageurs qu’ Achille Mbembe en parle

il n’ a pas de la haine .Il est blessé 

Dans son avide besoin  de mythes destinés à fonder sa puissance ,l’hémisphère occidentale se considérait comme le centre du monde, le pays natal de la raison, de la vie universelle et de la vérité de l’humanité (p25)

…Au cours de la « période atlantique » cette petite province de la planète qu’est l’Europe s’installe  ..sur le reste du monde

**

 Buffon écrivait

l’Afrique en général et le nègre en particulier étaient présentés comme des symboles accomplis d’un vie végétale et bornée …

Hegel écrivait  dans le livre « la raison dans l’histoire »qui  représente le point culminant  de cette vision

 des statues sans langage  ni conscience de soi… était la marque des peuples isolés et non sociables  qui, dans leur haine, se combattent à mort

la notion de race permet de se représenter  les humanités non européennes comme frappées par un moindre être   …. des fossiles   . de la sphère animale(p35))

**

La raison nègre

selon la conscience occidentale  du nègre

qui existe  à partir de l’histoire

en l’absence de traces … cette histoire  n’existe  que sur la base de fragments …L’histoire d’un peuple  en pointillé (p52)

**

ou selon la conscience nègre du nègre

Ses lieux  de naissance sont les grandes métropoles des Etats-Unis  et des caraïbes, puis d’Europe et plus tard d’Afrique. Là se constitue un imaginaire nègre moderne (p 54)

 L’expression « raison nègre » fait signe à l’ensemble  des délibérations concernant la distinction  entre impulsion de l’animal et la ratio de l’homme -le nègre étant le témoin de l’impossibilité d’un telle séparation

**

d’ou de nouveau cette  réflexion de l’auteur qui est un homme  profondément blessé  

le nègre est « un homme »  qui soit n’en est  pas vraiment un pour nous ,soit n’est pas comme nous  Si l’homme s’oppose à l’animalité tel n’est pas son cas , lui qui maintient  en lui,  dans une certaine ambigüité ,la possibilité animale  Corps étrangers dans note  monde, il est habité par l’animal … Comment la « ratio » peut elle  pénétrer et gouverner cette animalité ,(p 56)

**

un monde à part

Ce mot « nègre » aura servi à designer non pas des personnes humaines  comme toutes les autres  mais une humanité àa part (p76)

par-dessus tout le nègre a toujours été le nom par excellence de esclave

L’homme métal, l’homme marchandise ,l’homme monnaie … celui là dont la  particularité fut d’être un des rouages essentiels d’un processus d’accumulation à l’échelle mondiale (p 78)

tout ce que produit l’esclave lui est enlevé  produits du travail progéniture ,œuvres de l’Esprit

 en fait placé de force dans un monde à part ,les nègres ont produite des pensées bien à eux. Ils ont inventé leurs propres littératures ,leurs musiques ,leur manière de célébrer le culte divin…il est une sorte d’ilot de respiration  dans un contexte  d’oppression raciale  et de deshumanisation …(p 79)

**

Malgré tout !

Même  si Achille Mbembe a élargi sa notion du « nègre »

en l’appliquant à tous les méprisés de la terre 

qu’ils soient blancs ou noirs

il ne peut pas citer les écrivains occidentaux

 y compris les plus sages

sans ressentir une vive douleur

cliquez ICI 

Achille Mbembe : Les fantasmes sur les nègres

11 octobre, 2018

En 2013,Achille Mbembe publie  son livre « critique de la raison nègre » en lui donnant un titre qui fait référence à celui de Kant « critique de la raison pure »

Cliquez ICI

**

Kant déclarait en particulier que l’homme était  incapable de parler de Dieu

Achille Mbembe déclare que l’homme occidental  est incapable de parler  des « nègres »  

Ils  n’ont fait que fabuler, que fantasmer .que délirer 

en commençant par les plus grand philosophes comme Hegel

le nègre est  avant tout  un  corps  gigantesque et fantastique ,une odeur une couleur  … reptation et spasme (Hegel )

un réservoir à mystère et le royaume par excellence du magique religieux  (p69)

**

L’Afrique

est un ensemble

de sociétés impotentes, commandées par des bouffons de haut vol,  des gens parés de fétiches et de plumes d’oiseaux  costumé en moine à cagoule …des sociétés de la superstition  ruinées par la guerre tribale ,la dette ,la sorcellerie et la pestilence  p80

L’Afrique c’est la terre des 5 degrés à l’ombre , des convois d’esclaves , des festins cannibales, des cranes vides  (Leiris) p81

l’Afrique c’est le masque qui permet de voir les autres sans être vu  (p83)

**

Les colons de France ,

après la défaite de 1870 et le traité de Berlin en1885

la colonie devint le lieu d’exaltation de la puissance où se retrempe l’énergie nationale  (p98)

des générations de français ont été exposé à cette pédagogie de l’accoutumance au racisme…Dés les année 1880 tous les écoliers d’une dizaine d’années durent étudier l’œuvre coloniale  de leur pays  (p100)

**

Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieurs d’attirer à elles celles  qui ne sont pas parvenus  au même degré de culture (Léon Blum )

les colons sont non des maitres cruels mais des guides et des protecteurs

Nous pouvons dire à ces peuples ..là où la France est établie ,on l’aime, là où elle n’a fait que passer on la regrette,  que partout où sa lumière resplendit elle est bienfaisante (Jaures )

**

Ignorance  et mensonge

La France  a toujours voulu fermer les yeux

En 1570  un édit  interdit aux noirs de venir sur les territoires français pour cacher la réalité 

 au cours du siècle  des lumières , Voltaire et Rousseau  font semblant d’ignorer le trafic des esclaves (P104)

Le noir  présenté à la  France est déformé  

Dans la peinture ou le théâtre,  il est toujours affublé d’un costume oriental, de turbans et plumages, de culottes bouffantes ou de petits habits verts …des petites négresses et de jeunes pages jouent les compagnon des dames qui les prennent pour des perruches …des nègres rigolards , insouciants ,bons danseurs (p 105)

 En 1728 JB Labat avouait

J’ai vu l’Afrique   mais je n’y ai jamais mis les pieds

au XIII e s on voit fleurir en France et dans toute l’Europe des récits  de tout genre que l’on consigne dans des encyclopédies  …la plupart de ces légendes, de ces rêveries ethnographiques ont pour objet l’Afrique (p109)

 **

Triomphalisme

Victor Hugo s’écrit  

Quelle terre que cette Afrique : L’ Asie a son histoire, l’Amérique  a son histoire, l’Australie elle même a son histoire ; L’Afrique n’a pas d’histoire …Une sorte de légende vaste et obscure l’enveloppe

Rendre la vieille Afrique  maniable à la civilisation  tel est le problème . l’Europe le résoudra ;  Allez peuples, emparez vous de cette terre ; Prenez là ! A qui ?  A personne !  Prenez cette terre à Dieu ; Dieu offre l’Afrique  à l’Europe ; Prenez là ! Versez  votre trop plein  dans cette Afrique, et du même coup, résolvez vos questions sociales. Changez vos prolétaires en propriétaires  …(p110)

Le blanc a fait du noir un homme : L’Europe fera de l’Afrique  un monde  (p116)

 

Voltaire dans « son essai sur les mœurs et l’esprit des nations »  parle des noirs  

leurs yeux ronds ,leur nez épatés  ,leurs lèvres toujours grosses ,leurs oreilles  différemment figurées ,la laine de leur tête ,la mesure même de leur intelligence mettent entre eux et les autres  hommes des différences prodigieuses  .. les nègres et les nègresses transportées dans les pays les plus froids produisent toujours des animaux de leur espèce  (p115)

 

 Ferry déclare   

il faut dire ouvertement les races supérieures  ont un droit vis-à-vis des races inferieures. La déclaration des droits de l’homme n’ a pas été écrite pour les noirs d’Afrique équatoriale…Les races supérieures ont le devoir de les éduquer ( p 116) 

 

Alexis de Tocqueville

Les français ignoraient ce qu’était que l’aristocratie des spahis et quant aux marabouts  ils ont été fort longtemps à savoir  quand on en parlait s’il s’agissait d’un tombeau ou d’un homme.. ;les français  ne connaissaient aucune de ces choses, et pour dire la vérité, ils  ne s’inquiétaient guère  de les apprendre ( p 169)

**

Achille  Mbembe  remarque avec un malin  plaisir

L’Afrique a été falsifié  au contact avec l’extérieur ,comment rendre compte de la falsification à laquelle  dans leur effort pour ingérer le monde ,les nègres ont en retour soumis le monde ? (p152)

Achille Mbembe :l’Afrique qui vient

10 octobre, 2018

En  2016 , Alain  Mabanckou, après avoir  prononcé sa leçon inaugurale au collège de France décide d’organiser  un colloque  avec des écrivains et philosophes africains venus de partout

Il publie toutes les interventions dans un livre intitulé

« penser et écrire  l’Afrique aujourd’hui (edt du seuil)

**

Parmi ces interventions ,se trouve celle de Achille Mbembe , (p 17 à 31)

l’un des plus grands théoriciens actuels de la postcolonie ,

**

Achille Mbembe écrit

L’Afrique qui vient

un monde émergent

 A partir de 2050, la planète  sera divisée en 2 mondes un monde de vieillards  (Europe, Etats-Unis, japon..) et un monde émergent   l’Afrique en particulier (p 17)

Un monde mobile

le monde des migrants 

ces vastes mouvements de migration iront en s’accélérant ( désastres politiques, changements climatique ,guerres.. )toute frontière devient poreuse .. ;le mur et le fils de fer barbelé ne suffissent plus

La démocratie en danger

on le voit aujourd’hui au détour de la guerre contre les Djihadistes …l’abrogation de certains droits…

 **

l’Afrique vient

non celle des états  croupions  rongés par la guerre ethnico vénale, .. ;et la corruption

mais celle qui circule dans le monde

le lieu où se joue  d’une certaine manière l’ avenir de la planète

 Après la décolonisation, l’Europe s’est recroquevillé sur elle même et a perdu graduellement sa capacité de développer une pensée à la dimension du monde .Aujourd’hui, cette pensée nous vient en très  grande partie du sud 

 **

Une pensée  de la traversée et de la circulation

 A l’origine de la pensée Européenne se trouve la question de l’ETRE .

Dans les traditions Africaines  se trouve question de la RELATION , 

des nœuds, des potentiels de situation

**…

….il ya là un élément de plasticité remarquable  qui induit des mutations paradoxales de transformation sans rupture , de transformations dans la continuité

il nous faut sortir  de cette grande nuit et nous hisser à la hauteur de ce monde

….la politique du futur africain sera de prime abord une politique  de la déclosion et de la circulation

…L’Afriaue c’est  d’abord la relation  

 

Achille Mbembe : Sortir de la nuit

9 octobre, 2018

En 2010  Achille  Mbembe publie  son livre  «  Sortir de la grande nuit. Essai sur l’Afrique décolonisée »

Dans un premier ,chapitre il donne un bref aperçu sur sa jeunesse et ses études au Cameroun et ailleurs  

**

Théologie de la libération

je mis la main, presque par hasard sur un livre du théologien péruvien  Gustav Gutierrez intitulé « théologie de la libération »;Le péruvien m’aida à repenser le christianisme comme mémoire et langage de l’insoumission,..récit de  la mort et la résurrection d’un homme né à Bethleem et crucifié ,au Golgotha  par la puissance publique ; Il   m’aida aussi à le concevoir comme un récit critique des potentats et des autorités ,une poétique sociale ,un songe subversif ,l’actuation d’un langage sur le sens de la vie. Ddavantage encore il me fit comprendre que l’au-delà de la mort mérite d’être pensé en  soi  comme préalable à toute habitation du monde historique (p 35)

**

Son héros Um Nyobe

Il se souvient aussi  que très vite on a voulu oublier les véritables héros

qui ont lutté pour obtenir l’indépendance

comme Ruben  UM Nyobe qui fit tué avec ses amis dans la maquis en Septembre 1958 (p 38)

Cliquez ICI

mon pays sacrifiait ainsi l’idée d’une liberté pour laquelle  on a lutté à celle d’une indépendance que le maître , dans sa magnanimité a bien voulu octroyé à son ex-esclave (p 40)

**

Il quitte ensuite le Cameroun pour continuer ses études  

 En France  

Par rapport à Paris et à la France je me suis toujours considéré comme quelqu’un   de passage ,en route pour un ailleurs …mais en même temps je suis devenu un habitant, un héritier …de sa culture savante  … Des archives du savoir et de la pensée  humaine  se sont ouverte à moi .Je les ai dévoré au point que je me conçois  comme un legitime ayant droit de ce patrimoine (p44)

A New-york

tout la bas semblait inviter à l’ouverture au large  à ce qui doit venir…..le grouillement des peuples , des races et des humanités ..,le bariolage des couleurs et des sons  …..pour la première fois dans ma vie je pouvais entendre  distinctement la clameur des mondes  dont parle le poète Senghor p 45

En Afrique du sud

Presque 10 ans après l’ abolition du racisme institutionnel ,une sorte de puanteur émanait encore ,, insidieuse p 47

 depuis le découverte des mines de diamants  et d’or, des étrangers sont venus en Afrique du sud ,de partout

les frontière réelles de l’Afrique du sud s’étend du cap au Katanga (p 49)

Du coup, les noirs sud africains se retrouvent pour la première fois face non plus à leurs oppresseurs d’autrefois mais à d’autres migrants venus d’autres pays d’Afrique…(pour la plupart mieux éduqués qu’eux  et habitués de ne rien attendre de l’Etat (p 51) 

Achille Mbembe : Quelques écrits sur la décolonisation

8 octobre, 2018

  En 2010 , Achille  Mbembe publie  son livre  «  Sortir de la grande nuit. Essai sur l’Afrique décolonisée » qui eut de suite une grande renommée auprès des chercheurs

Après avoir parlé de sa jeunesse , Achille Mbembe nous donne un bref aperçu de  ce qui a été  dit et écrit au sujet de la décolonisation

**

La décolonisation

On pensait que pour se libérer une fois pour toutes de l’aliénation coloniale et se guérir des  blessures infligées par la loi de la race …il fallait se connaître soi même (p 56)

Ce ne fut pas évident lors des premiers « décolonisations » en Haïti et au Liberia ( p 60)

Il ne s’agit plus simplement d‘abolir l’Autre  : Il s’agit  de s’auto- abolir en se délivrant de la part servile constitutive de soi et en travaillant pour accomplissement de soi en tant que figure singulière de l’universel

Or la libération des esclaves  n’a pas abouti à cet état de maitrise (p 63) ,

Fanon : sortir de l’enclos de la race 

Il faut monter en humanité…  sortir de l’enclos de la race,  enclos dans lequel le regard de l’Autre et le pouvoir de l’autre cherche à enferme le sujet …le nègre est un homme pareil aux autres ,un homme comme les autres, un homme parmi d’autres hommes

Ce postulat  fondamental est pour Fanon la clé du projet de déclosion du monde  et du projet  d’autonomie humaine qu’est  la décolonisation (p 70)

Senghor

Le projet de l’en-commun, Senghor lui donne le nom de « rendez-vous du donné et du recevoir

De la mise en commun dépendent  à ses yeux ,la renaissance du monde et l’avènement  d’une communauté universelle métissée, régie par le principe du partage des différences

pour Edouard Glissant  la déclosion consiste  à aller à la rencontre du monde  celui que Glissant  appelle le’ Tout Monde’( p71)

Derrida

Il est peut être le seul Européen qui propose implicitement à relire la biographie de l’Europe non plus sous le signe de la raison et de l’universel mais à partir de la thématique du loup  qui se détermine  comme souverain, (p74)

Edward Saïd

C’est  Edward Said un palestinien apatride qui pose les premières fondations  de ce qui deviendra progressivement la théorie postcoloniale (p 76)

Son ouvrage le plus célèbre est  « l’orientalisme ; L’Orient créé par l’Occident »  publié en 1978 

Cliquez ICI 

 

Gayatri_Chakravorty_Spivak

Indienne née en 1942  ,traductrice de Derrida ,elle  est l’auteure d’un fameux texte devenu un classique « les subalternes peuvent elles parler ? » (p 77)

Cliquez ICI  

Paul Gilroy

avec son livre « l’atlantique noir » Paul Gilroy  reprend un courant de pensée   des afro britanniques , afro américains et afro caribéens (p 78)

Cliquez ICI  

W.E .B Du Bois 

il écrit « les âmes du peuple noir »

  Cliquez ICI

L’expérience  artistique et esthétique  occupe une place importante  dans les réflexions  de ce courant  …Traitant du chant des esclaves « vieux chants mystérieux par lesquels l’âme de l’esclave noir a parlé aux hommes   Ceux qui marchaient dans les ténèbres ,aux  jours anciens chantaient des chants de douleur  car leur cœur était las(78

Aimé Césaire

Comment réconcilier la foi profonde en l’homme et la légèreté avec laquelle on sacrifie la vie,  le travail des colonisés et leur monde des significations est  la question que pose Aimé Césaire   dans son discours sur la colonisation (p 81)

 **

la domination coloniale fut comparable à un état de guerre (Simone Weil (p91)

Achille Mbembe : La France et la décolonisation

7 octobre, 2018

en 2010  Achille  Mbembe dans  son livre  «  Sortir de la grande nuit. Essai sur l’Afrique décolonisée » se penche sur la France face à son ancien empire colonial 

**

La colonisation  

Selon certains, la colonisation française en Afrique  n’ a jamais vraiment pris  fin …dans la plupart des cas ce fut grâce à la corruption mutuelle des colons et des colonisés …(p96)

en fait l »Afrique francophone ne constitue plus le « domaine réservé » de la France

Les Etats-Unis unis sont les principaux  bénéficiaires  de cette perte d’influence car elle sait attirer chez elle les meilleurs intellectuels africains( p 100)

**

La francophonie

 le Français  a fini par devenir une langue africaine à part entière …Une langue au pluriel  . en se déployant  hors de l’hexagone  il s’est enrichi  et a pris du champ par rapport à son origine  (.

**

Le  communautarisme

En France on continue à diviser les communautés en parlant de » communautarismes »…. comment se fait il que la figure du musulman ou de l’immigré  ne soit jamais celle d’un individu, mais d’un groupe  (p110)

d’où les nouvelles questions sociales :  la question raciale et celle de l’islam….la critique de la race ,les  diasporas  et dans une moindre mesure la pensée féministe  (p112)

Le sentiment d’appartenance à la société du genre humain ne passe pas forcément par l’abstraction des différences individuantes (p113)

**

La démocratie

n’est ce pas la droit à la différence ?

on peut affirmer que se faire entendre  se connaître soi même  se faire reconnaître  parler de soi constituent des aspects centraux de toute  pratique démocratique  (p115)

Dans l’abstrait peut-on parler de l’égalité de chaque individu devant la loi ?  (p 116)

qu’est ce en effet qu’être soi  à l‘âge de la globalisation  sinon de pouvoir revendiquer librement telle ou telle particularité  

 **

Comme l’explique Jean Luc Nancy la singularité  est à la fois ce que nous partageons et ce qui nous partage..l’être en commun relève fondamentalement  du partage…et s’il en est ainsi ,alors la démocratie a venir sera fondée non seulement sur une éthique de la rencontre  mais également sur le partage des singularités  (p119)

Cliquez ICI

**

Une France qui se sclérose  

L’espace  concédé aux études extra européennes  et des plus réduit ans le dispositif académique …..Entre 1980 et 1995 une génération d’universitaire de couleur émigrent aux état unis …Ils se ressourcent à la rencontre des pensées afro-américaine  des caraïbes anglophones , des mondes, Chino.. indiens….Alors que la France s’arc boute sur ses problématiques de « l’assimilation » et de « l’intégration,  ailleurs l’on privilégie celle des « modernités alternatives »  (p133)

**

Les repentirs de la France

depuis 1870 la France a pris l’habitude de commémorer  son passé

 cette mémoire a  fonctionné  comme un espèce d’expiation….Il ya  des monuments aux morts pour ceux qui sont « morts à la guerre » 

A partir de 1980 ,il  y a eu des commémorations en l’honneur de ceux qui sont morts « à cause de la France »

en 1993 un décret instaure une journée nationale commémorative des persécutions racistes  et antisémites commises sous l’autorité du « gouvernement  français »  suivi en 1994 par l’inauguration du mémorial du val d’hiv à la mémoire  des victimes  de la shoa  p 165

**

On peut citer les expositions qui eurent lieu  à Nantes et à Bordeaux  sur les méfaits de l’esclavage  

ou encore l’aveu des tortures et autres exactions en Algérie ..(p 167) ;