Archive pour la catégorie 'Mudimbe V.H.'

Mudimbe V.Y écrivain philosophe congolais né en 1941

7 janvier, 2019

 

Avant tout philosophe

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Mudimbe  a écrit aussi des romans

 en 1973  « entre les eaux »

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en 1976  « le bel immonde »

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puis il s’investit davantage  en portant des jugements sur l’Afrique 

en 1979  « l’écart » 

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sur la religion

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Voici ce qu’en dit en l’an 2000 Justin Kalulu  Bisanswa,  dans les « cahiers d’études africaine N° 160

   Le public lettré ne se prive pas d’adjectifs (rebelle, juste, novateur, insaisissable, abscons, etc.) pour dire son propre malaise à porter jugement et valeur sur l’œuvre de Mudimbe, laquelle a toujours suscité deux attitudes de lecture extrêmes :

d’une part, un engouement sans bornes ; de l’autre, un rejet sans appel.

Il n’est pas de ces écrivains qui inspirent un intérêt moyen :

 on l’idolâtre jalousement comme son écrivain fétiche,

ou on démissionne devant l’exigence du flux de son verbe et de la rigueur de son épistémologie.

 

La fiction et la réalité sont comme confondues. Même le fait d’avoir enlevé l’habit de moine, tout en continuant à réagir, dans ses réflexes, jusque dans sa coiffure même, comme bénédictin — selon ce qu’il dit lui-même dans son autobiographie –, participe de cette fable, ressassée à l’envi par lui-même et par des analystes qui se limitent à constater son occidentalisation.

 

Je récapitule : une enfance esseulée et passée tôt dans des couvents,

 une vocation sacerdotale et monacale avortée,

 une brillante carrière professionnelle dans un nouveau monde,

un admirateur infatigable de l’Antiquité classique,

et donc, dit-on, un Africain aliéné,

 et, pour couronner le tout, une œuvre diversifiée qui rend l’auteur inclassable et qui captive pour ses promesses.

 

C’est, avec d’autres termes, le scénario que l’on entend et lit sur lui au gré des rencontres scientifiques et des lectures. La légende est à ce prix, et il faut avouer que Mudimbe ne réussit pas mal. Mais sur quel Mudimbe s’arrête-t-on : le philologue, l’écrivain, le sociologue, le philosophe, l’anthropologue, l’apprenti peintre ? (Justin Kalulu  Bisanswa, cahier d’etudes africaine N° 160

 

 

V.Y.Mudimbe : L’écart

3 décembre, 2018

En 1973 Mudimbe écrit  « entre les eaux » Il raconte l’histoire d’un prê tre congolais qui vit avec les rebelles dans le maquis 

comme Cesbron avait raconté les déboires  des prêtres ouvriers dans « les saints vont en enfer »  

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L’écart

En 1979 Mudimbe  publie « l’écart »

en se référant cette fois ci à Cioran

qu’il cite plusieurs fois

la neurasthénie …notre essence (p 52),

nous avons bourré l’univers de tristesse..(p75)

une civilisation commence à décroitre  (p99)

La  solitude

la détresse intérieure ..

le désarroi de certains noirs qui sont mal dans leur peau

c’est morbide

angoissant

insoutenable

noir !

et pour cause, Cioran écrivait qu’il fallait mieux se suicider

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et Ahmad Nara ,le héros de « l’écart » se suicide

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Ahmed Nara prépare une  thèse sur l’ethnie des koubas

j’aimerais repartir de zéro ,reconstruire de tout au tout, l’univers de ce peuple,  décoloniser les connaissances établies  sur eux , remettre à jour des généalogies nouvelles plus crédibles

……  sans le passé isolent que s’accorde l’Occident 

…Vous pensez  que cela  changera quelque chose …ils on été étudiés en profondeur …ah oui !par un noir (p27)

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A la bibliothèque de la ville , Nara  se lie d’amitié avec l’archiviste

et une amie chez qui il va habiter

car il n’ a pas où se loger

Il vit au milieu des rats

dans un taudis non climatisé  

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Il rencontre aussi des amis avec qui il discute

puis écrit ce qu’il a vécu , entendu et ressenti au cours de ces conversations 

et se suicide !

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V.Y.Mudimbe : « L’ écart » entre le rêve et la réalité

2 décembre, 2018

L’écart

Tel est le titre donné par V.Y. Mudimbe dans un écrit publié en 1979

9 ans après les indépendances, que se passe t il en Afrique ?

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L’histoire africaine

L’histoire de l’Afrique  racontée par des Européens est à vomir !

Il n’y a qu’en histoire africaine que l’on peut considérer l’exercice  du silence et l’art de l’allusion comme témoignage de prudence .. ;

Sur l’Africain , sur l’Afrique ,,toute est possible ,tout est pertinent. Et sans appel  (p 65)

…Laisse aux toubabs leurs mensonges  ..écris notre histoire

 ….la tradition orale …la vilaine qualification !  Comme s’il y avait une seule culture qui ne fut soutenue souterrainement par la parole..Comme si le concept d’archive … J’aimerais  être un historien  nègre  (p67)

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Les expositions sur l’ Afrique

Ce genre d’exploit entretenu par l’Europe mercantile est le plus belle exemple de souillure .la vie que l’on met en vitrine  (p 49)

 

La négritude

Depuis  une trentaine d’années, l’on essaie de nous divertir ;On nous clame la richesse de notre culture …la belle affaire ! Quand la plupart des nôtres n’ont pas un repas correct par jour …On nous a appris avec la négritude , à nous gratter…Ne nous fallait il pas accepter le passé ? Et comment le dire ce passé ,si nous ne pouvons  pas le remonter patiemment de couche en couche ?(p 45)

La négritude par exemple, de la merde   ..c’est le mot qu’il faut : la merde …et il nous faut ramper dedans ,tu parles (p78) 

L’avenir

Des petits enfants, torses nus jouaient sur un bout de ruelle transformé en terrain de football…une jeune et belle humanité …Penses tu ,que ce quartier, dans 50 ans pourrait  avoir un autre visage  (p 54)

 Les femmes

’est pire que des animaux dans ces foutus pays, des objets exploités, de la chair à vendre. Et depuis des millénaires placées sous le signe de l’humilité, de la soumission ….et puis il y a la lune .Elle éclaire le chemin aux femmes ,qui , cette nuit encore, monteront à l’usine de filature  (p 77)

 Rouler en Mercedes et ne pas savoir écrire …ne pas comprendre un mot de français …Comme la femme du vice président de l’assemblée …,c’est un scandale  je vous dit  (p 106)

 La politique

La politique ..la foire des inaugurations ,l’exercice de la violence au nom de la démocratie, des syndicats pourris ,la  malhonnêteté  instaurée en vertu (p90 )

En 10 ans d’indépendance  le taux de scolarisation est tombé de 37 points …le nombre de chômeurs a augmenté de 2 millions …(p 92)

 Tristesse

Je découvre un Africain heureux  ,bon Dieu !…mais quelle gueule ! Il lit l’encycolpédie universelle (P 104)

Pourquoi la musique africaine est si différente ? (p53)

 profonde tristesse !

la neurasthénie de Cioran

las ! las ! une lourdeur extrêmes dans les jambes , des remords au cœur ;A mon âge ,une crise de larme (p58)

 Le feu

Une boite allumette ,le  feu …

une de ses petites tiges et c’est le brasier..

Une flamme immense ..

 Cette maison ,la ville entière ,la savane ,la forêt ,tout ce pays pourri …la purification  par le feu (p 96)

..Que flambent les rancœurs ,les injustices ,l’anxiété grimpante …

une ronde d’allégresse autour d’un palais en feu (p 98)

V.Y. Mudimbe :Le bel immonde

19 novembre, 2018

Mudimbe avait publié en 1973 un roman  « entre les eaux » qui avait reçu le «  grand prix catholique de la littérature »

Il y racontait l’histoire d’un prêtre qui se rendait chez les rebelles

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Certains avaient comparé ce roman à celui  de Cesbron « les Saints vont en enfer »

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c’était un roman à « l’ancienne »

du classique ,.. ; en quelque sorte

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Le  bel immonde

Mudimbe publie en 1976 « le bel Immonde »    

cette fois ci ,

c’est du « nouveau roman  »

dont le maître était  à cette époque  « Robbe Grillet »

qui enseignait dans les universités américaines ,comme Mudimbe lui même

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Le récit

2 personnages  s’aiment

Elle et lui  

une prostituée et un jeune ministre

sans nom

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Elle est la fille d’un chef rebelle à l’époque des  rebellions qui eurent lieu au Zaïre en  1965

Elle est  soupçonnée  d’avoir espionné le ministre

mais s’en tire à bon compte !

Lui  fréquente  les sorciers pour garder son pouvoir

mais il meurt sans doute à la  suite à un attentat

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Le style

Peu importe l’histoire

mais quel style !  

pas flamboyant ,pas époustouflant

beau

la piste  de danse était  petite …sourie aux lèvres ,vous vous penchiez et remontiez avanciez et reculiez ,tentant  un pas à gauche ,un déhanchement à droite ,l’insertion dans les résonance du tambour et les creux d’un jeu savant de la gutare .Dansant , éperdue ,sur le rythme du sang ….

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Quel art pour organiser le récit !

étonnant, déconcertant

On va de surprise en surprise

 L’auteur se joue du lecteur

Qui parle ?

A qui ?

Elle ou Lui ?

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Puis  on comprend

On relit  

on y voit plus clair 

c’est un jeu

lire …relire …on poursuit

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Un beau livre

de la bonne littérature

un bon moment à passer

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Peu de politique ,peu de morale

parfois par ci, par là des petites remarques qui paraissent anodines

mais qui peuvent être des flèches empoisonnées

du Vitriol !

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Ton chef de père ,Seigneur d’un autre temps ,vieillard anachronique  mais sage ,juste ; Il incarnait un passé qui dès ton enfance te paraissait insignifiant comparé à l’efficience des blancs …mais tu l’aimais ton petit bonhomme de père  (p54)

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Des religieuses empesées, des femmes de Dieu  disait-on  t’avaient prise en main . Venues de l’au-delà des mers ,ces vierges t’avaient enseigné que Dieu était démocrate et que les blancs t’apportait leur civilisation…,grandiose (p56)

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 Maintenant nos ennemis sont noirs comme nous …ce que nous voulons c’est la justice ,l’égalité  ,notre indépendance ...(p59).

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Toutes ces p … ,elles m’écœurent moi ,c’est ça ,la civilisation …dans les villages, c’est simplement impensable ….c’est çà le capitalisme ,un de ses aspects essentiels :la corruption des mœurs (p66)

la civilisation des blancs  nous a désappris à vivre à même la joie (p 69)

V.Y. Mudimbe : Comment dialoguer entre chrétiens africains et Européens ?

7 novembre, 2018

Dans un article écrit dans les « cahiers des religions africaines » (Vol 14 N°27-28)intitulé « regards sur l’église catholique  au Zaïre » ,V ;Y Mudimbe nous rappelle qu’un esprit de pauvreté est indispensable pour permettre un dialogue fructueux entre Chrétiens africains et Chrétiens européens  

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La foi en Jésus Christ

Des africains grâce à la Mission disent «  adhérer » à Jésus Christ  non pas en vertu d’arguments philosophiques et culturels qui n’ont jamais, en matière religieuse  démontré quoique ce soit  mais parce  qu’ils « croient » en Jésus Christ 

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Mais quel Christ ?

Il faut bien voir aussi que la communauté de foi s’élève sur des écarts. Ceux ci touchent sur des points essentiels comme l’indiquait Michel de Certeau : le rôle des institutions  ,les critères de la fidélité ;  la portée de la liberté de conscience….

 Des mots identiques ont il vraiment le même sens  pour tous ?  Il devient  peu à peu évident que nous sommes chrétiens «  autrement »

 Au-delà des mots  s’écrit la liberté de tout homme , de tout croyant  de » nommer », de « reconnaître » ,la divinté de sa foi 

la référence réductrice au non des vertus de la soumission …a éclaté

 le discours sur la foi en Jésus Christ croisent à présent  les commentaires  traditionnels sur Dieu et se pensent  dans les soleils de la sagesse et de la révélation silencieuse africaine

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Esprit de  pauvreté

Michel de Certeau écrivait  « dans la mesure  où nous acceptons de ne pas nous identifier à ce que les autres peuvent  attendre de nous  et à ne pas les identifier  aux satisfactions et aux assurances que nous espérons  d’eux nous découvririons le sens de la pauvreté qui est la fond de toute communication ; Cette pauvreté  signifie en effet et le désir qui nous lie au autres et la différence qui nous en sépare

 un Dialogue s’esquisserait alors entre plusieurs tendances…  supposant une mise entre parenthèses aussi bien des dogmes que des foklores religieux et culturels.. afin que se maintiennent  l’usage d’une réflexion libre ,radicale et totale

 

 

Valentin Yves Mundibe (né en 1941) : Entre les eaux

6 novembre, 2018

Jeune,  Valentin veut devenir prêtre. il quitte le séminaire en 1962 à l’âge de 21ans; En 1970, il obtient un doctorat en philosophie et lettres à l’université de Louvain ,enseigne à l’université de Lubumbashi) s’exile et  finit par s’établir aux États-Unis où il enseigne  

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En 1973 il obtient le « Grand prix catholique de la littérature pour son livre « Entre les eaux ».

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Entre les eaux

Comment être à la fois prête et africain ?

Pierre Landru ,un prêtre noir prend le maquis

tout en restant fidèle à son sacerdoce

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Ce n’est pas évident

il a connu Rome

les arts ,le luxe de la ville éternelle les arts

Il connaît Botticelli ,Bellini, Michel Ange… ( p19)

Il apprécie Vivaldi, Mozart,Bach…(p 21)

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mais est ce qu’il ne trahissait pas les siens en devenant prêtre de la religion des colons  ?

Ne trahit il pas ses frères qui sont dans la misère ?

il  les rejoint donc dans le maquis   

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 ma mission aujourd’hui est de nier la responsabilité de Dieu dans la colonisation comme dans l’exploitation …... je ne trahis pas Dieu…N’est ce pas plutôt l’occident que je trahis(p18)

L’Eglise dans ce pays a sans doute la tête au ciel  ,mais les pieds sont dans la vase ; Ses intérêts ,ont presque jamais coïncide avec ceux de Dieu (p20)

je veux participer à l’implantation de la justice. Un chrétien devrait être en état permanent  de révolution .Je veux simplement être chrétien

le catholicisme c’est un religion de blancs  jusque dans la compréhension du message

l’Eglise  doit se  défaire des compromissions honteuses qui la lient encore à l’économie capitaliste

devenu prêtre on a fait de moi un mouton …mais un mouton ne se révolte pas(p 53)

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La théologie

Pierre était un homme de prière ,un mystique

J’ai douloureusement besoin de Dieu (p41)

Un jour ,à Rome Pierre il a admiré  « l’extase de Thérèse d’Avila » sculpté par le Bernin

mais un dominicain  sec comme une arête  de poisson détruisit admirablement la mystique  l’expliquent  par la psychologie ,la psychanalyse et même  la parapsychologie …

j’enviais les montées de Jean de la croix et de Thérèse  d’Avila ,de Vincent et de louise de Marillac ,de François de Salle et de Chantal (p 70)

Nous cultivons dans l’église une philosophie désespérée… On attaque ,on pourfends ,on insulte ;Il n’y a que des hérétiques ,des malades mentaux, des suppôts de Satan   ou des vipères malfaisantes (P73)

mais la théologie de la violence ou de la révolution , a laquelle j’aspire, pourrait elle subsister dans l’eglise sans condamner celle-ci ? Le Christ  survivrait  ; Mais l’église ? (p 78)

Comme beaucoup prêtres ,même universitaires je n’ai lu que des passages choisis de Saint  Thomas .Les autres  penseurs encore moins..    Sartre, Merleau-Ponty  Heidegger …S’ils trient ainsi les leurs que disent  ils de nous les noirs ?

la théologie  a simplement compliqué ce que je pensais de Dieu

un jeune savant théologien a  présenté à Rome une thèse  pour démontrer à travers 600 pages que les héros homériques portaient  tous des barbes …mais un autre a démontré  le contraire .. ;Allez savoir ! Où donc est la Vérité ?

en théologie on utilise des phrases pour leur faire dire ce qu’on veut  C’est le génie de la religion (p111)

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la hantise de  la chair

pére j’ai cédé à la chair p 89

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et pourtant cette église est universelle

une  foule immense de toutes  races ,peuple et nations …(Apk 7,9)  

des prêtres comme moi ,l’église  en a  fabriqué en  quantité. De toutes les couleurs de l’arc en ciel :des chinois, des indiens, des nègres , des mulâtres .. des dominicains , des jésuites, des spiritains ….des carmes chaussés  et déchaussés…et des noirs pères blancs (p98)  

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Au maquis il ya trop de haine

or Pierre est venu par amour

On ne croit  pas en sa sincérité  

il finit par être torturé

mais au bon moment ,l’armée attaque le camp et Pierre se retrouve à l’hôpital

Il retrouve le clergé qui ne lui pardonne rien

ils se croient  justes  ,propres ;il ne prennent jamais un seul risque ;C’est facile de vivre comme cela (p170) 

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Pierre  finit Cistercien

mais que c’est dur de retrouver la paix, après avoir tant aimé

qu’est ce que la foi ? le fait de croire en vertu de l’absurde

je vogue entre les eaux ; Douce ? les sons des tam-tams effleurent à peine la surface ;La fange et loin .Le chant grégorien va monter fleuve de vertu …

Quelle chevauchée ! mais par contre l’humilité  de ma bassesse ,quelle gloire pour l’homme ! (p188) 

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ce livre fait penser au livre de Cesbron : « les Saints vont en enfer »