Archive pour la catégorie 'art contemporain un art pour DE-PENSER'

Edvard Munch à la Pinacothèque de Paris : Un homme écorché, solitaire

5 mars, 2010

Un homme, écorché, solitaire

Voila bien l’impression qu’on a de Edvard Munch

En regardant ses œuvres

actuellement exposés à la pinacothèque de Paris

**

Deux peintures en particulier  ont attirés mon attention

2 peintures qui m’ont fasciné

La mère entourée de ses enfants

et la femme nue en train de pleurer

**

La mère  de famille entourée de ses enfants

est peut être
la Nature elle même 

tant elle se fond dans le paysage qui l’entoure

Elle tient un nourrisson dans ses bras

et d’autres enfants plus âgés se trouvent à ses pieds

où s’accrochent à sa jupe

**

Ce qui me captive

 ce qui me fascine

dans ce tableau

Ce sont les yeux du nourrisson

Des yeux bleus, nets, ouverts

nous regardant de face

les yeux d’un être étonné

les yeux d’un enfant joyeux

de découvrir le monde

**

Alors que ses frères et sœurs guère  plus âgés

Assis au pied de la mère

Tiennent les  yeux fermés

Ils semblent déjà désabusés

déçus par la vie 

**

Une 2é peinture  qui existent avec des variantes

Représente une  femme nue qui pleure

Assise sur un lit, elle tint sa tête dans ses mains

On ne voit guère son visage caché par ses longs cheveux

Mais ses doigts enfoncés dans sa crinière sont rouges de sang

Ce n’est pas le « cri »

Mais on n’en est pas loin

**

J’ai aimé particulièrement ces 2 tableaux

J’ai aimé aussi les coups de pinceaux rageurs

Que l’on retrouve un peu partout .

Rares sont les contours nets autour de ses personnages

qui se diluent souvent dans l’espace

Mais parfois soudain

Voici un trait ferme ,

une courbe verte sous les flancs d’un cheval

ou une cicatrice rouge dans une  chevelure en désordre 

**

Des courbes à peine esquissées suggèrent parfaitement

Ce que veut faire ressentir le peintre

Elles sont particulièrement visibles dans  « L’anti-cri » 

**

Dans cet « anti-cri »

Une femme qui embrase son conjoint 

est juste  représentée

avec un rond blanc pour la tête

une courbe plus large pour la poitrine

Et une troisième courbe plus large pour la robe ;

Ces 3 courbes blanches  successives

se succèdent comme autant de soupirs

d’une femme qui aime

**

Mais que de solitude

dans toutes ces  peintures !

que de sentiments d’angoisse , de jalousie

dans ces gravures . !

Oui c’est bien ce que voulait le peintre qui écrivait

Je ne peindrai que des êtres qui respirent ,sentent souffrent et aiment 

Palais de Tokyo : Pergola ,Posenenske, Zarka et autres

2 mars, 2010

Ils font forts quand même

en ce moment les artistes

et pour comprendre leurs installations 

on a vraiment besoin de médiateurs comme au palais de Tokyo

qui présentent  en ce moment l’exposition intitulée « pergola »

**

On nous dit

qu’en art  

il faut cesser de consommer  

On nous dit

qu’en art

il faut être  acteur

Eh bien !

Assurément

on en a vraiment l’occasion

au cours de cette exposition

de devenir des créateurs   

**

Tout d’abord presque toutes les œuvres présentées  sont du toc.,    

Les sculptures du suisse  Valentin Carron    sont du trompe-l’œil  en polystyrène

Les installations de  Posenenske    sont en carton .

Enfin l’art ne veut plus toujours dire fric

Charlotte Posenenske le dit

Vous pouvez tous, vous approprier mon œuvre et l’adapter à votre aise 

Charlotte le prouve par sa vie

puisque elle finit par abandonner l’art

pour s’engager davantage dans la lutte syndicale

**

Duchamp a fait du ready-made

Les artistes présentés au palais  de Tokyo

nous invitent, quant à eux , à utiliser ce qui existe  

et à se réapproprier les objets

pour une utilisation

autre

que celle pour lesquels  ils étaient destinés  

**

Ainsi

dans le film sur le skateboard

présenté  par Raphael Zarka

on voit des jeunes qui utilisent les rampes d’escaliers

pour en faire des pistes de glissades

Ils se sont ainsi approprier  l’espace pour une autre fonction

Des rampes non pour se tenir

Mais pour glisser  

**

Ainsi l’artiste allemande Charlotte Posenenske,   

Reprend le look des souffleries

que l’on trouve un peu partout

dans les usines ,les aéroports, les lieux publiques

Pour nous faire réfléchir sur le  flux

qui vient de nulle part et qui va nulle part

A nous d’interpréter !

Le flux d’Internet

Le flux des foules dans les rues

Le flux des migrants  ….

**

Ce qui est intéressant dans le parcours de Posenenske

est ce qu’on nous dit sur son engagement au niveau social

C’était une femme engagée

qui voulait vraiment penser le monde autrement

**

Serge Spitzer  

pompe de l’air pour faire circuler  sur les plafonds du palais de Tokyo

des « pneumatiques » à l’intérieur de tuyaux transparents

comme ils en existaient au début du siècle dernier dans les sous sols de Paris

et comme on peut encore en voir dans certains grands hôpitaux

mais les pneumatiques de Spitzer sont sans messages

A nous de réinterpréter

A nous de créer

A nous de penser que :

On nous « pompe l’air » actuellement

dans toutes les medias

en nous aspergeant

à longueur de journée

des messages qui n’ont aucune valeur  

**

Le soulier lancé par un irakien contre  Busch

Est devenu le symbole de la révolte contre les puissants qui nous humilient

qui se croient sages

qui sont à l’origine de catastrophes.

Ce soulier immense est présenté à l’entrée du palais de Tokyo

Par Laith al Amiri

et résume bien tout l’esprit de cette exposition

un soulier

non pour marcher

mais pour frapper

 

Voyeurs ou voyants ? JJ Lebel ,Corbin, Lévinas

7 décembre, 2009

Une citation de JF lebel lue au cours de  son exposition à la “maison rouge “ ne cesse de tourbillonner en moi depuis quelques jours

Voici ce que dit Lebel

Dans mon travail, 

 le regardeur change de statut : 

De voyeur,il devient voyant, 

d’objet,Il devient sujet 

c’est-à-dire co-operateur

**

En toute chose et non seulement au cours des expositions d’art, il faut regarder  au-delà de ce qu’on voit **

JJ Lebel dit que son exposition est un « montrage » et non un montage,car le spectateur doit participer à l’œuvre en l’interprétant .Il doit être co –opérateur

Lors des expositions d’art contemporain, ce pouvoir de collaborer à l’œuvre est vraiment une source de bonheur pour le voyant

Par contre le voyeur qui se contente de regarder est souvent décu étonné, ou scandalisé  .Il ne comprend pas ! Il ne voit que laideur .Il n’a pas  su voir ailleurs . Il est un simple voyeur

**

Borgés, ce grand voyant quoique aveugle, en disait tout autant quant il écrivit « Pierre Menard ,auteur de Don Quichotte ». 

Selon lui ,tout lecteur d’un livre revit ce livre à sa façon .Donc en quelque sorte il le crée  

**

Devenir des Voyants comme les chamans

Devenir des Voyants comme les mystiques

Corbin  spécialiste des mystiques persans découvre chez eux la notion  de l’imaginal

L’imaginal est l’essence même de  tout être, l’essence même de la personne, .ce qu’elle est  en soi

Il faut regarder les autres au-delà de leur chair, au-delà de leur corps, au-delà de leur boursouflure, au-delà de leurs visages sympathiques ou non, au-delà de leur beauté ou de leur laideur  

Il faut imaginer  chez l’Autre ,son être profond

Voilà ce qu’est l’imaginal

Là de nouveau, il faut regarder l’Autre non comme les voyeurs, mais comme les voyants

**

Corbin a découvert cette notion de l’imaginal dans les écrits du  Mollah Sadrâ Shirazi qui au 17é siécle   vécut un moment au sud de Qom ,là ou maintenant il y aurait une centrale nucléaire  au grand dam des américains   

Shirazi distingue l’essence et l’existence mais pour lui, ce qu’on nomme l’existence n’est qu’un illusion et la véritable existence est dans l’essence des choses 

On retrouve cette notion de l’imaginal  chez les soufis et les grands mystiques musulmans Sohravardi ou   Ibn Arabi,  

**

Levinas philosophe juif ne dit pas autre chose  en insistant sur l’importance du  visage ,chez l’homme

L’être est lourd, pesant, ennuyeux  quand il se trouve face à l’Autre

Pour  découvrir l’autre ,Il faut se des-intér-esser.  Dans ce verbe il y a le « esse »  L’homme doit sortir de son être  pour devenir l’autre


La Vérité consiste à avoir une vision panoramique du réel, non dans une synthèse, mais dans un face à face avec l’humain .Il ne s’agit pas de penser » moi et l’autre » mais d’être en face

**

C’et peut être pour cela aussi qu’on découvre dans les hôpitaux psychiatriques de grands  artistes, car ils savent voir au-delà

Ces fous à l’origine de l’art brut sont des voyants ,non des voyeurs

Art brut à « la halle saint Pierre »,au bas de Montmartre :Des fous d’art

2 décembre, 2009

 

On aime à Paris en ce moment les solitaires qui vivent dans des cabanes au milieu des bois

Au palais de Tokyo ,on nous montre la reconstitution de  la cabane de Kaczynski, tout en faisant référence à celle  de Thoreau ,l’ancêtre de nos écologistes 

Et voici qu’à « la halle Saint Pierre » au bas de Montmartre a lieu une exposition sur Chomeaux, dit « Chomo »  

**

Chomo (1907-1999) vécut 40 ans seul dans la forêt de Fontainebleau  dans un inconfort total ,pour « créer de l’art »  

Peu lui importait l’argent

Peu lui importait la notoriété

Pau lui importait le succès .

Il aurait pu devenir un artiste célèbre car dés 1960, les derniers surréalistes,dont André Breton  s’étaient intéressés à lui

Il aurait pu vendre car de grands galeristes lui ont fait des avances,.mais il fait échouer son unique exposition en 1960

Il ne crée pas pour vendre .Il n’est pas un marchand

**

Il est dans son monde ; il veut être créateur

Peu lui importe si tout ce qu’il fait disparaît avec lui

Lui importe seul, le plaisir de créer

Et pour ce faire, il travaille sur des tas de matériaux,issus de la société industrielle ,le plastique ,ou le ciment 

Il invente la technique du bois brûlé .

Il fond des plastiques  autour de grillages .au point de s’intoxiquer

Il n’est pas non plus un sauvage .Il aime montrer ses œuvres aux rares curieux qui passent dans le voisinage et qui osent aborder un tel personnage

**

Tout le monde est artiste 

C’est bien aussi la leçon que nous donne Jean Jacques Lebel qui expose en ce moment à la maison rouge, près de
la Bastille 

Il n’y a pas de Hiérarchie en.art

Lebel, à la suite de Deleuze  se moque de la soi disante normalité

Il n y a pas de meilleur, de premier, de  mauvais. Il y a l’artiste 

**

L’artiste qui, loin de la normalité , frôle bien souvent la folie

Il y a Antonin Arthaud mais il y a aussi des  artistes  « sauvages » dont les livres sont présentés à la « Halle saint Pierre »

Tel Henri Darger (+1973)   qui fut interné au cours de son adolescence  et qui comme Chomo  collectionne toute sa vie des détritus  (jouets, images de saints, chaussures, pelotes de ficelles, magazines) et qui dessine une œuvre  en 15 volumes.

Tel aussi  Adolf Wölfli (1864-1930) qui lui fut interné en hôpital psychiatrique et nous laisse un œuvre de 25000 pages

Ce sont des fous d’art qui connaissent la démesure, l’exentricité

Ce sont des fous d’art  qui ne vivent que pour cela,

Ils vivent d’art .il rêvent d’art

Peu leur importe d’être reconnu

Au contraire ils se cachent et on découvre leurs œuvres qu’au moment de leur décès,par hasard 

Peu leur importe la célébrité

Peu leur importe les censeurs

Deadline: Au musée d’art moderne de Paris .L’art est triste en ce moment

2 décembre, 2009

 

Décidément l En cet automne 2009  l’art est triste

A Paris ,on peut voir 3 expositions sur des sujets vraiment graves 

Au palais de Tokyo  « Chasing Napoleon » nous montre
la Bérézina  du monde actuel 

A la conciergerie de l’île saint Louis , des fantômes se promènent et nous narguent à propos de la fragilité du corps humain

Au musée d’art Moderne ,prés du Trocadéro ,« le deadline » expose les dernières œuvres d’artistes qui atteints d’une grave maladie se dépêchent de produire avant de mourir 

**

Martin Kippenberger et le radeau de la méduse   

On retrouve le radeau de la méduse partout en ce moment

Il y a le radeau des  immigrés  de Kader Attia  ,ou celui des stars qui rêvent à Hollywwod de Rancinan

Martin Kippenberger  est mort d’un cancer du foi à l’âge de  44 ans .

En pleine détresse ,il  peint son propre corps, en prenant les diverses positions des hommes qui se trouvent  sur le radeau de Jéricho

Il sait que son corps  va bientôt se dissoudre, sinon dans l’eau, mais dans l’océan  de l’éternité

**

Le cri d’Absolom 

Absolom meurt du sida à 29 ans

Dans une petite vidéo, il pousse des cris, hachés, longs, saccadés qui reviennent sans cesse en boucle

Cris de rage , cris de révolte

Le cri du juste

Le cri de Munsch 

Le cri fou  d’Antonin Arthaud qui retentit encore maintenant  à la maison rouge de Paris 

Le cri des malades du sida, de la tuberculose, du cancer, de la sclérose en plaque,des handicapés  

**

La rage de vivre de Hans  Hartung

Hans hartung a eu plus de chance, puisqu’il est mort à 85 ans

Mais voyant sa dernière heure arrivée, soudain il est devenu à son tour enragé, frénétique

La rage de peindre malgré tout, malgré les handicaps de la vieillesse 

Rage exprimée par la couleur qu’il utilisait avec parcimonie quand il était plus jeune et qu’il répand maintenant à flot.. 

Rage exprimée par la grandeur des tableaux

Rage exprimée par la façon de peindre

Handicapé il ne pouvait plus peindre normalement. Il avait donc  trouvé le moyen de peindre à l’aide d’un  pulvérisateur  utilisé par les paysans 

Rage en produisant 630 œuvres,en 3ans  

**

James Lee Byars : Mourir en beauté 

James a la  nostalgie de l’œuvre parfaite, propre, belle 

Or sur nos écrans, tous les jours ,on ne cesse de voir que des morts ,en sang  ,traînés dans la boue,criblés de balles

Des corps sales ,fripés 

Non !

James ne veut pas d’une telle mort .Il veut mourir en beauté, et être enterré comme les pharaons, entouré de feuilles d ‘or

Lors d’une performance, il se couche donc sur un lit drapé de feuilles d’or et y laisse 5 diamants en signe de sa présence d’un instant

**

Le corps, fut il devenu cadavre, est un corps d’homme respectable

le corps doit être respecté et les hommes de toutes traditions  le savent bien car quand on le peut, on enterre toujours nos amis avec respect

L’homme est digne

L’homme est grand

L’ homme laisse des traces :

Les diamants de Byars sont les signes d’une présence passée

il voulait aussi des globes en verre doré ayant les dimensions d’un cœur humain

Il voulait des cœurs en or comme autant de traces d’amour laissés par lui 

**

Felix Gonzales Torrez , mort du sida à l’âge de 39 ans, nous laisse des larmes de lumière qui tombent du plafond et se répandent sur le sol 

Mapplethorpe robert , mort du sida à 43 ans ,  photographie des  »vanités », des corps d’athletes de toute beauté , puis des crânes

Hanna Villiger , morte à 46 ans était aussi photographe et se prenait elle même en photo,alors qu’elle était alitée , atteinte de tuberculose

Elle photographie d’abord son corps décharné  puis seulement les vêtements car elle n’etait plus « montrable »

** 

Chen Zhen

Mort à 45 ans

Il a toute sa vie terriblement souffert d’anémie

En parcourant la galerie et bien avant de voir son œuvre ,on entend des gémissements d’enfants, des crachats ,des soupirs ,des gémissements qui se s’interrompent pas

Ces gémissements viennent du fond d’un lit d’hôpital renversé  recouvert de pansements, de sparadra et de bandes velpeau

Souffrances d’un corps de cristal, fragile, ultra sensible

Gémissements

Malgré les multiples bougies qui ont été consummés pour être délivré

Malgré les prières a genoux sur un pprie-Dieu

** 

Jörg Immendorf

Comme Hartung ,il a la rage de vivre .il veut continuer et  enseigne jusqu’ la fin de ses jours à 72 ans

Il a une sclérose en plaque et son système nerveux est atteind 

Ses couleurs deviennent sombres et sont étalées sur des  fonds jaunes, sales

Il se fait aider  par des assistants et n’est plusqu’un «  chef d’orchestre » selon sa propre expression

Corps crucifiés, corps balayés, corps renversés, corps bousculés, corps couronnés d’épines ,mordus par des chiens

Berdiaev :Un prophète de l’art contemporain

2 décembre, 2009

Dans son livre  « le sens de la création » Berdiaev consacre tout un chapitre sur la beauté    

L’auteur décédé en 1947 ne connaissait évidemment pas l’art contemporain  .Il pense donc  à l’art moderne ou à  l’art abstrait

Pourtant en relisant ce qu’il écrivait alors, on est surpris par l’accent prophétique de son propos que beaucoup de nos artistes contemporains ne pourront qu’approuver

**

Voici quelques citations

L’artiste est un créateur  

  P290 C’est dans la création artistique que se révèle le mieux le sens de l’acte créateur    Tout créateur est un artiste .le créateur du monde est désigné sous ce terme 

L’art représente une victoire constante sur la médiocrité de ce monde auquel jamais il ne se soumet complètement 

L’œuvre artistique est la révélation de la liberté L’art doit créé   car l’art qui obéit à des canons immuables est obéissance à un héritage périmé 

**

 L’Art classique et l’art romantique p293  A partir de la perfection des formes classiques, il n’y a plus aucun  élan vers un monde différent  L’art   païen respirait la satisfaction classique Il y a dans L’art chrétien comme une maladivité romantique. Son idéal est marqué par la soif d’accéder à un monde différent 

Voici encore une allusion au « radeau de la méduse » de Jéricho tellement présent dans les œuvres actuelles :La soif d’autre chose, la soif d’un autre monde pour les immigrés (kader Attia ) la soif de devenir une star (Rancillan), la soif de l’artiste qui veut créer,peu importe la beauté 

 Sans doute, l’art  antique est source de beauté, mais les canons qui en dérivent peuvent devenir des éléments de conservation et d’hostilité à l’esprit nouveau et prophétique

**

Berdiaev devient vraiment surréaliste, ou visionnaire quand il interprète les leçons données par Savonarole à  Botticelli. 

P299  Savonarole n’a jamais été l’ennemi brutal et destructeur de l’art et de la beauté .Il veut rappeler l’art à ses buts plus élevés et combattre en lui la dégénérescence 

 Savonarole serait il maintenant un ardent défenseur de l’art contemporain ?

** 

P 301 Quant à l’art classique de Raphaël ,voici ce qu’en dit Berdiaev    Une sorte d’ennui mortel vous saisit lorsque vous errez dans le Vatican Dans son art parfait on ne perçoit ^plus  le frisson d’une âme vivante ….la tristesse du monde n’ a pas déferlé jusqu’à lu **

 L’art réaliste  P304 le réalisme est ce qui s’éloigne le plus de tout acte créateur ; Il y a en lui le minimum de pouvoir artistique 

305 l’acte artistique est essentiellement son refus d’accepter le monde..  Or par sa docilité à se plier à la médiocrité ambiante l’art réaliste est profondément bourgeois   306 la réalité dernière ne peut s’exprimer dans l’art que d’une maniere symbolique 

**  Les symbolistes

 P308 L’homme nouveau se précipite dans l’abîme créateur ,laissant derrière lui toutes les normes de l’art ….les symbolistes renoncent à appartenir à ce monde ,à se soumettre à ses règles ,à bénéficier de son ordonnance Le symbolisme a débordé de toutes les rives ,il cherche le nouveau et le jamais vu Les symbolistes sont les  précurseurs et annonciateurs de l’ère créatrice en devenir 

N’avons-nous pas là une véritable prophétie sur l’art contemporain ?

**

 p 312  L’art classico –formel est désormais impossible  Un sentiment catastrophique de l’existence s’est imprégné trop profondément sur notre art pour que nous puissions désormais le ramener à un idéal olympien 

Palais de Tokyo à Paris : L’exposition “Chasing Napoléon”

25 novembre, 2009

Voici une exposition qui donne vraiment  matière à réflexion  

Voilà de l’art  contemporain qui, comme la plupart du temps, nous étonne au premier abord, pour ensuite nous réjouir au plus haut point

**

Voici une réflexion sur notre société qui va vers sa perte, sa Berezina

Société que des troublions comme Kaczynski, ou David  Thoreau, (1817-62), un précurseur des écologistes   ont fermement critiquée

Les deux ont préféré, en leur temps, vivre dans des cabanes en bois  au sein de la forêt  pour exprimer leurs  désaccords avec  ce monde égoïste qui ne sait que profiter des bienfaits distribués  par la terre et qui finissent par la détruire  en ayant de mauvais comportements

**

Peux-t-on encore entendre les chants des oiseaux (Hannah Rickards), dans un monde en béton, où sont devenus indispensables les conduits d’aération pour ne pas étouffer (Charlotte Poseneneske)

**

Ou va donc cette société pourrie par l’argent et le capitalisme ?

Ou va donc cette société menée par le bout du nez par des cyniques ,des « traders »  des stars du foot ou d’Hollywood qui brûlent leur argent à qui mieux mieux ( Tony Matelli)  alors que d’autres en sont terriblement dépourvus ?

**

Quelle est donc cette société qui officiellement fait la guerre contre un tyran Saddam Hussein afin d’imposer la démocratie à une population en souffrance , et qui en fait  ne rêve  que de s’emparer du pétrole qui abonde dans ce pays

Saddam Hussein est sorti de son trou ( Christoph Büchel)..Il est mort !

Le carnage continue au nom de la démocratie  

Ou est donc l’axe du mal ?

**

Pourquoi donc, Micol Assael  nous fait il entrer  dans une petite chambre frigorifiée ou la température voisine les -30 degrés. ? Assis dans un fauteuil, au centre de la salle, notre respiration engendre de la vapeur

Les visiteurs en entrant à tour de rôle finissent par réchauffer la chambre

Est-ce un allusion au réchauffement climatique dû à la surpopulation ?

**

Notre société  va-t-elle à sa perte ?

Kaczynski (unabomber) dont on peut voir la cabane où il a vécu au milieu des bois a écrit en  prison  une fable intitulée  « la nef des fous » 

Il raconte comment un capitaine de bateau  s’entête à monter vers le nord au risque de voir son bateau écrasé par les glaces…Le   mousse ,le petit dernier a beau jeter des cris d’alarme  ….le  bateau finit par couler  

La leçon de ce récit a été repris avec une petite variante par Simon Starling  qui montre dans un petit montage audiovisuel une  barque qui coule car on en brûle les parois pour pouvoir avancer

**

Dieter Roth  a stockés des milliers de diapositives  pour garder en souvenir ce qui bientôt peut être n’existera plus .Véritable   panique devant la future catastrophe

Il faut vide sauver ce qui existe encore

Mais ces archives elle mêmes se conserveront elles ?

Le règne des diapos est déjà fini .Le numérique a tout remplacé et les diapositives seront  entreposées  à jamais car les projecteurs auront disparus.

**

C’est
la Berezina !

Il faut vite sauver  notre âme

D’où les tableaux de  Paul Laffoley

Voilà encore un professeur, encore un grand intellectuel à l’avenir prometteur au même titre que Kaczynski, encore un homme qui change de vie pour  sauver « notre âme »

Ses tableaux ressemblent plutôt à des graphiques qui au demeurant sont très beaux

**

Ces graphiques  sont aussi très savants, difficiles à déchiffrer

On y trouve un mélange d’ Alchimie, de Hatha-Yoga ,de Jung  de Teilhard de Chardin, de Gurdjieff, de spiritisme  .

On est  en plein dans le new age

Paul Laffoley donne bien des explications, mais il est comme les alchimistes du moyen âge .Son texte est incompréhensible et n’explique pas les images

A nous de les contempler !. A nous de les interpréter ! A nous de rêver ! A nous d’imaginer !

**

L’imagination comme pour W. Blake, est très importante pour Laffoley

Mais Wiliam Blake était un romantique comme ses contemporains.

Laffoley conçoit  des graphiques comme les scientifiques, ses contemporains    

Palais de Tokyo :Rancillan

25 novembre, 2009

Au Palais de Tokyo, près du Trocadéro ,à Paris   ,on peut voir en ce moment 2 expositions qui en principe n’ont aucun rapport  

Dans la première le photographe Rancillan expose ses œuvres

Les organisateurs de la deuxième exposition intitulée « Chasing Napoleon » constate que nous revivons une triste Berezina   

**

Pour voir l’ exposition,de Rancillan, il faut payer  deux fois plus que pour la deuxième, soit disant que l’espace ou elle a lieu, est privé

Ce n’est pas anodin !

L’exposition de Rancillan , ce n’est pas de l’art contemporain ,c’est un étalage de fric, de luxe, de vulgarité ,d’obscénité de sacrilège inutile

Du scandale pour vendre …

Et en plus une charge contre la religion et le pape  

On ose pas attaquer d’autres religions .Il y auraient trop de violentes réactions.

Faire du scandale ! Mais surtout sans risque  .C’est trop facile et lâche   

**

Rancillan  n’est pas le premier à réinterpréter la cène ,ou le radeau de la méduse à la sauce moderne…car c’est bien de sauce qu’il est question

Vouloir imiter Bosch ?

Qu’a-t-il donc retenu de Bosch ? .A t il compris la leçon spirituelle de ce peintre raffiné

Il a compris comment  faire  du fric, au frais des stars, des traders ,des m’as-tu vu ,des « people »     

**

 Curieux ! Est ce un pur hasard ?.Est ce une volonté délibérée qui en a décidé ainsi ?

La deuxième exposition « Chasing Napoléon »  est une  attaque  en règle contre la société fréquentée par Rancillan

Jean Jacques Lebel à « la maison rouge » de Paris :Soulèvements

16 novembre, 2009

JJ lebel ,rebelle depuis toujours nous parle de violences,de sexe, de barricades, de guerres, de rage

La violence existe autant chez les femmes que chez des hommes

Les hommes ont des marteaux, les femmes ont des sacs, et tous, du haut des barricades ,frappent.

ou bien ils  se défoulent au cours d’ happening scandaleux

tandis qu’au cœur de la « Venusté » ,les femmes sont de perpétuelles  Vénus, objets de phantasmes :

Voila ce que nous montre cette exposition intitulée « Soulèvements » de JJ Lebel à la maison rouge

**

Il nous montre des douilles d’obus sculptées par des « poilus » dans les tranchées, entre 2 attaques,

Au lieu de passer des heures entières à s’ennuyer, à gamberger, il fallait mieux savoir s’occuper

Alors, n’aspirant qu’à la paix , certains sculptaient 

Puis, à contre cœur, alcoolisés,drogués , harcelés par des gradés,eux-mêmes désespérés, ils jaillissaient hors de leurs trous ,sous le feu de l’ennemi en gueulant comme des sauvages et se faisaient tuer

**

Guerres mondiales, guerre d’Algérie, révolte de 68, injustices, horreur de Abu Ghraïb , « l’irregardable » 

Voilà ce qui fait enragé,  JJ Lebel

**

Il fut un des premiers à faire des happenings scandaleux ,des petites manifestations en publique pour partager avec d’autre sa rage  

Il crée « le festival de la libre expression » ou chacun peut s’exprimer à sa guise .Le public, au cours des mises en scènes participe en jubilant   

C’est une forme de réponse à la violence, par la violence jubilatoire  des performances

Il veut frapper les esprits, Il veut scandaliser  pour reformer.il veut creer des électrochocs !

 Après tout cet électrochoc a bien été utilisé  par les  bons bourgeois, les biens pensants qui ont ainsi soigné  Antonin Artaud, considéré comme un fou  

**

 Avant même 1968, JJ Lebel  saccage une voiture en  scène, lors d’un happening. 

Est il le modèle des jeunes de la banlieue qui pratiquent maintenant dans la vie ,ce que Lebel mettait en scène ?

Lebel parle de « Montrage » …Veut il parler de montages pour montrer sa rage ?  

**

Il ne se veut d’aucun parti, d’aucune idéologie

D’aucun bord, il veut construire avec tous, de tout bord

en frappant fort

**

Cependant Anar sans le dire, communiste sans l’avouer, il refuse toute autorité, toute inégalité

Il veut créer, transformer, réformer

Jamais seul, jamais en solitaire, Jamais  en franc tireur . Jamais leader

Chacun apportant dans la société son génie propre, ses talents, ses faiblesses, sans qu’il y aient des premiers ou des derniers

A la « Maison rouge », Lebel est loin d’exposer seul puisqu’il présente les oeuvres de 110 artistes ,depuis Breton ou Kerouac  jusqu’à Ben ou Orlan

**

Pas de vedettes, pas de stars, pas de leaders, pas de hiérarchie ,mais être artiste ensemble.  C’est-à-dire   « Faire rhizome » selon l’expression de Guattari et Deleuze .Les surrealistes avaient déjà un tel projet lorsque à plusieurs, ils dessinaient  ce qu’ils appelaient des « cadavres exquis » .On ne savait pas ,au terme, qui était le vrai auteur de l’oeuvre finale  

**

Cette philosophie, cette sagesse de révolté  se retrouve dans un monument qui avait déjà été exposé au centre Pompidou et qui est dédié à Felix  Guattari

**

Ce monument est formé de 3 parties principales

- .Il ya d’abord une voiture qui est pourvue de multiples pots d’échappement par le devant .Ce sont les fameux rhizomes « On   peut connecter tout point quelconque avec un autre point quelconque » ; Pas de hiérarchie

- Puis, sur le toit de la voiture se trouve un lit pour rappeler que Guattari était un psychiatre  ou plutôt un antipsychiatre pour qui la notion de normalité était erronée.

Il n’y a pas de normalité .Tous nous avons notre spécificité et ceux qu’on appelle fou ont leur propre normalité … Tous nous avons un grain de folie ….

- Au dessus de la voiture et du lit, se trouve un énorme cœur sur lequel sont accrochés divers objets

**

Ce cœur ressemble à s’y méprendre à la sacoche des revolvers des policiers 

Encore une fois ,la violence et l’amour se côtoient

Ce cœur émeut car si le pauvre méprisé  cherche à être embauché , il ne trouve que du travail de main d’œuvre déprimant et dévalorisant

Ce cœur  est blessé, strié d’éclairs , de panneaux d’interdiction ou de consignes à suivre obligatoirement

**

Et puis un énorme cadenas

Il ne faut pas se laisser enfermer dans des systèmes,et il faut  se soulever

Du reste au sein de l’exposition se trouve la statue de la liberté

**

Ne pas se laisser enfermer, ligoter comme Antonin Artaud  dans son hôpital psychiatrique dont on a reconstitué la cellule à la fin de l’exposition  .Sur le lit, la courroie est toujours là

Et l’on entend encore le cri de rage d’Arthaud  qui était encore diffusé  au Centre Pompidou lors de l’exposition « les traces du sacré »    

Artaud  rage, jure, crie

Ce fou ,ce sans raison , a raison

Il a raison de dire sa rage devant ce monde enragé et violent        

Des Fantômes à la Conciergerie à Paris

16 novembre, 2009

Cette année, à l’occasion du festival du centre Pompidou est organisée, à
la Conciergerie de Paris ,une exposition d’art contemporain 

intitulée « le sort probable de l’homme qui avait avalé un fantôme » 

**

Des fantômes, des fantômes par milliers

Ceux de la révolution, celui de Robespierre

Celui de Marie Antoinette  

**

L’exposition a lieu dans cette immense salle de gardes où furent entassés les futurs guillotinés

Salle ,alors bruyante, de gémissements, de pleurs,

Les cris barbares des uns étouffaient les murmures apeurés des autres

Salle maintenant silencieuse

**

Salle alors sinistrement dans les ténèbres

Et maintenant illuminée   

**

Maintenant des  fantômes hilares se rient de la vanité des vivants (Olaf Bruning )

Comme pour exorciser notre  peur, notre stupeur

 

Gloria Friedmann nous montre des squelettes de soldats , morts on ne sait au cours de quelle guerre

Soldats qui furent enterrés avec leurs médailles

Des décorations posthumes !!!  De qui se moque-t-on ?

De soldats obligés de marcher au pas ,

Des soldats qui se courbaient sous les  ordres de fous  

……Médailles sur le squelette

**

Corps sans traces

Plus rien .

A l’intérieure d’une vitrine vide Mario Garcia Torres n’a rien mis  

Rien. Rien .Il ne reste rien  

**

D’autres corps laisseront des traces sur des photos en surnombre (Valerie Belin)

Des corps auscultés par des médecins en perpétuelle recherche devant les mystères de la chair

Ils dépècent, scalpent  fouillent, avec le bistouri pour prolonger la vie d’autres corps (Berlinde de Bruyckere)

Un corps  devenu un objet ,un objet  d’étude

Ce n’est pas beau

Non ce n’est pas beau l’art contemporain !

**

Corps encore  vivant mais handicapé, blessé

Munis de prothèses (Hans Hop de Beeck )

Le monde des handicapés ,est déjà un autre monde, séparé de nous par la vitrine de verre

Un corps abimé que l’on regarde  en s’interrogeant

**

Corps scanné de l’actuelle star Xavier Veilhan du galeriste Perrotin

Il avait déjà été présenté cette œuvre  à
la Fiac mais en plus grand et rouge

Ici ,la taille du corps  est plus petite et sa couleur est bleue

Xavier Veilhan veut il narguer Marie Antoinette

comme il nargue en ce moment à Versailles le roi Soleil qui n’a jamais essayé d’atteindre la lune ?

**

Le corps de belles vedettes disparues (Don Brown)

Corps des petites danseuses (Folkert de Jong )

Vanités

Corps de singe (Shary Boyle ) ou de chien (Cattelan) fut il Pape !

**

Par ci, par là, des vêtements, des souliers de modistes, des bijoux 

Etaient autant de parures pour les corps 

Pour Christian Boltanski ,non présent dans cette exposition ,ces objets sont autant de souvenirs de nos défunts

**

Légèrement à l’écart, en retrait, distant ,se dresse le « prophète » de Steven Gontarski 

Prophète noir ,vide sans os ,sans colonne vertébrale

Il a seulement des muscles ,de la chair

Vide de matière, esprit 

Chair pur et esprit volatil

**

Mais pourquoi cette arche d’alliance  en cristal (Izhar Patkin)

Qui étonne 

Qui, au demeurant, est une œuvre admirable ?

Que signifie donc cette arche d’alliance qui porte une tête de cochon 

Suprême impureté pour les juifs ?

Est-ce une allusion au corps impur ?

Est ce une allusion aux  gnostiques qui reprochent à Dieu d’avoir mis notre âme dans un corps ?

Est-ce une allusion à une alliance  hors nature entre le corps et l’âme ?

Est ce pour cela que Cattelan ressent encore le besoin de mettre le bonnet d’âne sur la tête du pape ?

**

Mais ce corps  ne va t il pas aussi se dissoudre dans l’infini, se diluer ,disparaître comme une vapeur tourbillonnante (Anthony Gormley )et redevenir un esprit libre

Pourquoi le commissaire de l’exposition a t il voulu placer l’arche d’alliance et la vapeur tourbillonnante  aux 2 extrémités de l’exposition ?

 

1...910111213...15