Dans son livre « le pédagogue « Clément d’Alexandrie écrit
Notre pédagogue , notre Verbe divin, emploie toute sa sagesse pour nous conserver.
Il avertit, il réprimande, il blâme, il accuse, il menace, il guérit, il promet, il donne,
ne négligeant rien pour enchaîner et détruire le désordre de nos désirs.
Le Seigneur agit envers nous comme nous agissons nous-mêmes envers nos enfants,
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Le Seigneur ne nous désire point la volupté de la terre, qui passe si vite, mais la béatitude du ciel, qui ne passe point.
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Il avertit d’abord, et ses premiers avertisssements sont comme mêlés d’un tendre blâme,
Écoutez-le lui-même dans l’Évangile :
« Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et lapides ceux qui sont envoyés vers toi, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses petits sous ses ailes, et lu ne l’as pas voulu ! »
C’est ici une des plus grandes preuves de la bonté de Dieu, qui, connaissant toute l’insolence du peuple révolté contre lui et contre sa loi, ne laisse pas d’en avoir pitié et de l’exhorter à la pénitence par la bouche d’Ézéchiel:
« Fils de l’homme, tu habites an milieu des scorpions, parle-leur cependant, peut-être t’écouteront-ils. »
Écoutez-le dire à Moïse :
« Va, et dis à Pharaon de laisser mon peuple
Ne se lassant jamais d’avertir, il dit à son peuple, par la bouche d’Isaïe :
« Ce peuple m’honore des lèvres, mais son coeur est loin de moi. »
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II fait suivre ses avertissements répétés d’un blâme accusateur :
En voici un exemple dans Jérémie:
« Ils sont devenus comme des chevaux qui courent et qui hennissent après les cavales : chacun d’eux a poursuivi la femme de son voisin. »
Il joint aux reproches un motif de crainte, parce que la crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse.
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La plainte
Le Pédagogue l’emploie dans ce passage d’Isaïe:
« J’ai nourri des enfants, je les ai élevés, et ils se sont révoltés contre moi. Le taureau connaît son maître; l’âne, son étable; Israël m’a méconnu. »
Après plusieurs plaintes semblables, il ajoute, par la bouche de Jérémie :
« ils m’ont abandonné, dit le Seigneur. »
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Le blâme se change ensuite en une accusation véhémente.
Ainsi dans ce passage d’Isaïe :
« Malheur aux enfants déserteurs :…… Vous avez, vez abandonné le Seigneur et excité l’indignation du Saint d’Israël. »
« Leur crime, dit Jérémie a rempli le ciel de stupeur et frappé la terre d’épouvante.
Mon peuple m’a abandonné, moi, source d’eau vive, pour se creuser des citernes, fosses entr’ouvertes, qui ne peuvent retenir l’eau.
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Lorsque l’image de leur crime a rempli d’horreur les coupables, le Pédagogue les console et les encourage comme il le fait dans les paroles de Salomon, où brille sa tendresse pour ses enfants :
« Combien de temps crierai-je sans être écouté ? Il n’y a plus d’obéissance dans mon peuple, il n’y a plus de foi dans mes fils. »
Il attend encore cependant, il attend leur retour.
Quelle admirable patience !
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Mais enfin il se montre, et sa parole devient plus forte et plus incisive.
« Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et lapides ceux qui sont envoyés vers toi. »
…« A cause de vos crimes, leur dit-il, votre maison deviendra déserte. Je vous dis : Vous ne me verrez plus jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Si, en effet, vous n’êtes point touchés de ma bonté ; si vous ne la reconnaissez point, vous reconnaîtrez mon pouvoir. »
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La malédiction est un discours énergique et un remède violent.
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…Pour tout dire, en un mot, ces divers artifices qu’il emploie pour nous effrayer, sont comme une source et une fontaine de salut. Comme sa nature est d’être bon, sa volonté est de nous sauver.
Sa miséricorde s’étend sur toute chair. Il nous menace, il nous châtie pour nous conduire, comme un bon pasteur son troupeau
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Le medecin
Ne sommes-nous pas malades, n’avons-nous pas besoin d’un médecin ? Ce médecin, c’est le Sauveur.
Les remèdes qu’il nous donne ne sont pas toujours doux et agréables, ils sont quelque fois acres et violents
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Malades donc, nous avons besoin de ses secours pour guérir ;
égarés, nous avons besoin de sa main pour nous diriger;
aveugles, nous avons besoin de sa lumière pour voir;
il désaltère ceux qui ont soif, et leur donne à boire des eaux d’une fontaine vivifiante, qui apaisent d’avance toute soif à venir. Il donne la vie à ceux qui sont morts ; il est le pasteur des brebis ; il est le maître des enfants.
Voyez-le expliquant aux prêtres, par la bouche d’Ézéchiel, la tendre sollicitude dont il est animé pour son troupeau ; sollicitude admirable qu’ils doivent prendre pour modèle :
« Je ferai paître mes brebis moi-même, je chercherai celles qui étaient perdues, je relèverai celles qui étaient tombées,
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Vos bontés, Seigneur, ont été plus rapides que mon espérance.
« Ils marcheront, dit le Seigneur, et ils ne tomberont point. »
Nous ne tomberons point parce que, pour arriver là où la chute n’est plus possible, il nous prête l’appui de son bras. Telle est sa bonté infinie.
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Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir.
Aussi l’Évangile nous le montre accablé de fatigue, ne reculant devant aucune des souffrances qu’il s’est imposées pour notre salut, et promettant de donner son sang pour la rédemption de plusieurs.
N’est-ce pas le véritable caractère du bon pasteur ?
N’est-ce pas une libéralité magnifique, donner sa vie pour son troupeau ?