Archive pour la catégorie 'Jérôme'

Le sac de Rome par les goths(410) et mort de Jérôme(419)

18 janvier, 2012

En 404 Marcella, la grande amie de Jérôme meurt 

En 410 a lieu le sac de Rome

Tout cela  affecte profondément Jérôme

Il écrit à Eustochia ,la fille de Paula

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Je désirais, ô Eustochia! vierge du Christ, entamer l’explication d’Ezéchiel comme je vous l’avais promis  ainsi qu’à Paula, votre mère, de glorieuse mémoire

lorsque tout à coup j’appris la mort de Marcella,

 le siège de Rome et le sommeil éternel d’un grand nombre de nos frères et de nos sueurs.

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Alors je fus si consterné et si stupéfait que je ne pus m’occuper

 jours et nuits, que du salut général;

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Et alors donc que la lumière du monde la plus éclatante s’éteignait,

 que la tête de l’empire romain tombait abattue,

ou plutôt que l’univers entier périssait dans la chute d’une seule ville,

 je restais silencieux et humilié

 Mon cœur s’échauffait dans ma poitrine, et dans ma méditation j’étais brûlé de mille feux. »

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Qui aurait jamais pensé que Rome, cette Rome qui dominait par la victoire dans toutes les parties de l’univers, s’écroulerait ;

 qu’elle serait tout à la fois et la mère et le tombeau de tous les peuples;

 qu’elle deviendrait esclave à son tour ,

 celle qui comptait au nombre de ses esclaves l’Orient, l’Egypte et l’Afrique?

 Qui aurait jamais cru que l’obscure Bethlehem verrait à ses portes d’illustres mendiants, jadis comblés de toutes sortes de richesses?( Lettre écrite à Eustochia en 410 )

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En 413 il écrit de nouveau à Eustochia en parlant de sa mort prochaine .

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Le Seigneur qui regarde la terre et qui la fait trembler,

a fait aussi, par de fréquentes maladies, trembler ma chair,

il me rappelle souvent à moi, qui oublie la fragilité de la nature humaine ,

 que je suis homme d’abord, vieux, et sur le point de mourir

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Il meurt 6 ans plus tard en 419

Jérôme : l’ascète de Bethleem

17 janvier, 2012

Beaucoup de peintres

ont représenté  Jérôme

affaibli par les jeûnes répétés

à demi nu ,comme les ascètes farouches du désert

capable par la force de son caractère

d’apprivoiser un lion qui se couche à ses pieds  

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L’ascète

Mais quel est donc cet ascète

quand il écrit a son amie Marcella pour lui vanter

sa vie confortable dans la solitude ?

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Comme nous avons déjà passé la meilleure partie de notre vie dans le trouble et dans l’agitation, et comme nous avons ou essuyé des tempêtes, ou heurté contre des écueils; pourquoi ne pas saisir la première occasion qui se présente de nous retirer dans la solitude, comme dans un port assuré?

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Là, nous vivons d’un pain grossier, de légumes que nous avons arrosés nous-mêmes, et de lait qui fait les délices de la campagne.

Nos repas sont simples, mais ils sont innocents; et en vivant de la sorte, le sommeil n’interrompt point nos oraisons, ni l’excès des viandes nos lectures.

En été, couchés à l’ombre d’un arbre, nous nous en faisons un lieu de retraite;

en automne, l’air doux et tempéré qu’on respire, et les feuilles qui jonchent la terre, nous invitent à y prendre notre repos; au printemps, toute la campagne y est couverte de fleurs , et le chant des oiseaux nous l’ait trouver un nouvel agrément dans la psalmodie; en hiver, nous n’avons pas besoin d’acheter du bois; nous veillons et nous dormons chaudement au milieu des frimas et des neiges, et, tout pauvres que nous sommes, nous ne laissons pas de nous bien chauffer.

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Pour revenir à notre petit bourg de Bethléem et à la demeure de Marie , quelle idée assez grande puis-je vous inspirer de cet endroit où le Sauveur du monde est né, et de cette crèche où il jeta ses premiers cris?

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A Bethléem tout est champêtre, et le silence n’y est interrompu que par la psalmodie.

 De quelque côté qu’on se tourne, on entend le laboureur chanter alleluia,

le moissonneur tout en eau psalmodier pour alléger son travail, et le vigneron réciter quelques psaumes de David en taillant sa vigne. Voilà les airs, et, comme on dit communément, les chansons amoureuses que l’on entend ici. Adieu en Jésus-Christ.( Lettre écrite du monastère de Bethléem, en 385)

Jérôme : L’intellectuel traducteur et éditeur

17 janvier, 2012

 A Bethleem  Jérôme ne chôme pas

même s’il ne fait pas de travaux manuels

comme la plupart des moines

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Si je faisais de petits paniers avec du jonc, ou quelque ouvrage avec des feuilles de palmier, pour manger mon pain à la sueur de mon front;

 personne n’y trouverait à redire, et je ne me verrais point exposé aux traits de la médisance.

 Mais parce que,  je travaille pour avoir une nourriture qui ne périt point, et que je m’applique à rétablir les livres de l’Écriture sainte dans leur ancienne pureté, on me déchire par des calomnies atroces,

 

Au lieu donc d’éventails, de corbeilles et de petits paniers, bagatelles que font et que donnent les solitaires, je vous prie, vous qui seules joignez une humilité profonde à une grande naissance, d’agréer le présent que je vous fais, et qui n’a rien que de spirituel et de solide.

j’ai corrigé, non sans un travail immense, les éditions latines où nous nous flattions d’avoir l’Écriture dans toute sa pureté, et qui néanmoins étaient tellement défectueuses que le lecteur n’y pouvait rien comprendre.

Lettre écrite du monastère de Bethléem, à Paula et Eustochia  en 391.

** 

Dans une lettre à Vincent, il écrit en parlant de ses travaux

D’un côté vous savez que je suis tourmenté cruellement d’une ophtalmie, occasionnée par un excès de travail;

 d’un autre côté, je suis si pauvre maintenant, que je ne puis appeler des copistes pour écrire ce que je leur dicterais

**

Toutefois je vous promets, si Jésus-Christ me rend la santé par vos prières, que je traduirai plusieurs ouvrages d’Origène; car pour vous les promettre tous,

ce serait une trop grande témérité.

Ce que je ferai même ne sera qu’à la condition,

comme je vous l’ai dit, que je dicterai, et que vous me fournirez des copistes.

**

Dans une lettre adressée à Florentius en 373

il parle déjà de son  travail de copie

qui lui prend tout son temps

**

. Obligez-moi encore de me faire copier les livres qui me manquent,

et dont je vous envoie la liste au bas de cette lettre.

Je vous prie aussi d’y ajouter les Commentaires de saint Hilaire sur les psaumes de David, avec son grand Traité des Synodes, que je copiai pour notre frère Rufin, lorsque j’étais à Trèves;

Je vous prie de me faire savoir à votre tour ceux que vous désirez que je vous envoie.

Ne craignez point de m’incommoder en cela, car j’ai ici des élèves qui me servent à transcrire les livres.

**

Je ne vous demande rien pour les services que je m’offre de vous rendre.

Notre frère Héliodore m’a appris que vous avez besoin de plusieurs ouvrages sur la sainte Écriture, et que vous aviez de la peine à les trouver.

Ce que pense Saint Jérôme des polémiques

16 janvier, 2012

Saint Jérôme

l’auteur de la célèbre Vulgate

au 4é siecle ap J.C.

n’aura jamais cessé de polémiquer

au cours de sa vie

contre Helvidius

contre Jovinien

contre même son ami Rufin

**

 Jérôme ne le nie pas

et dans son « traité  sur ses livres écrit contre  Jovinien »

il donne son avis sur l’art de polémiquer

**

 Je veux bien que vous sachiez, messieurs les docteurs,

 que j’ai autrefois été à l’école aussi bien que vous

et que je suis instruit comme vous des principes d’Aristote,

je sais qu’il y a bien de la différence entre le style

qui est propre aux déclamations du collège

et celui dont on se sert dans les disputes réglées

**

Quand on s’exerce à la déclamation on ne parle des choses qu’en général,

on répond à son adversaire ce que l’on veut,

on raisonne à sa fantaisie ,

 on dit une chose et on fait tout le contraire,

**

mmais dans les disputes réglées et dogmatiques il faut de la droiture et de la bonne foi.

Il y a bien de la différence entre proposer une question

 et faire une définition:

 par l’une on attaque, par l’autre on instruit.

**

Je ne dis rien des auteurs latins,

je me contenterai de vous citer l’exemple de l’apôtre saint Paul,

Lisez ses épîtres , et particulièrement celles qu’il a écrites aux Romains, aux Galates et aux Ephésiens, qui sont toutes polémiques,

 et vous verrez avec quel art

il sait ajuster à son sujet les passages de l’Ancien Testament,

 avec quelle prudence il va à ses fins,

 avec quel artifice il cache le dessein qu’il se propose.

Jérôme et Helvidius : La virginité de Marie

16 janvier, 2012

Entre 382 et 385

alors que Jérôme résidait à Rome

un moine Carterius

fut à l’origine d’une querelle

sur la supériorité de la  virginité

en donnant en exemple

le cas de la virginité perpétuelle de Marie

**

Un laîc Helvidius

forcement arien

niant la divinité de Jésus 

réagit aussi sec

et démontra

que Marie était vierge

puis se maria à Joseph

et eut plusieurs enfants

**

Preuve en est,

qu’il est dit dans les évangiles 

que Jésus fut le « premier né »

qu’il avait des parents

un père joseph

et des  ferres 

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Jérôme  réagit

et traite Helvidius

« de rustique et d’un homme qui n’a qu’un commencement dans les lettres » 

**

Fort de sa connaissance des textes

Jérôme répond par des arguments

qui depuis seront sans cesse repris par l’Eglise

**

L’expression « premier né » vient de la coutume de présenter le premier né  au temple 

sans rien préjuger d’un enfantement futur

Quant aux frères ce sont en général

des membres  de la même famille

**

Helvidius

 soutient ensuite  que tous les états de vie se valent

et que dans l’ancien testament

furent nombreux les saints  qui étaient mariés

**

Jérôme reprend la controverse

dans sa« défense des livres qu’il a écrit contre Jovinien »

**

Du vivant du pape Damase de sainte mémoire,

j’écrivis contre Helvidius un traité de la virginité perpétuelle de la sainte Vierge,

**

Jésus-Christ est vierge, et celle qui l’a mis au monde

, ayant toujours conservé sa virginité , est mère et vierge tout ensemble.

vierge après ses couches et mère avant son mariage.

**

Jésus-Christ et Marie, ayant donc toujours été vierges,

ont consacré la virginité dans l’un et clans l’autre sexe.

Les apôtres étaient vierges , ou du moins gardèrent la continence après leur mariage ;

 les évêques , les prêtres et les diacres doivent être ou vierges ou veufs avant d’être ordonnés, ou du moins vivre toujours en continence après leur ordination

Jérôme et Jovinien : La virginité et le mariage

15 janvier, 2012

En 385  Helvidius

avait déclaré que

les vierges ont les mêmes mérites que les gens mariés

**

En 393 Jovinien  

défend la même thèse.

Jérôme 

sursaute

et s’agite   aussitôt

Il écrit un traité contre Jovinien

qui fut fort critiqué

en particulier par le clergé de Rome

**

Jérôme ne désarme pas

il répond à ses détracteurs

** 

Le mariage est bon

 Quelques-uns  me blâment d’avoir trop élevé la virginité

 et trop abaissé le mariage dans les livres que j’ai faits contre Jovinien

Ils disent qu’élever si haut le mérite et la gloire de la chasteté

et mettre une si grande différence entre une vierge et une femme mariée,

c’est en quelque façon condamner le mariage.

**

N’ai-je pas dit dès le commencement du livre que j’ai fait contre Jovinien :

 « Je ne condamne point le mariage à l’exemple de Marcion et de Manès;

Je ne donne point dans les erreurs de Tatien, chef des encratistes,

 qui regardait le mariage comme une conjonction infâme

**

J’ai dit qu’il y avait dans l’Église plusieurs sortes de grâces;

 que le don de la virginité était différent de celui du mariage;

 J’ai ajouté que le mariage était un don de Dieu,

 mais qu’il y avait une différence entre don et don :

 Comment donc peut-on m’accuser de condamner ce que je confesse hautement être un don de Dieu?

**

J’ai comparé la virginité à l’or et le mariage à l’argent

**

La virginité est meilleure

 Après avoir comparé l’état des vierges avec celui des personnes mariées je finis par ces paroles : « Quand on compare un état qui est bon de lui-même avec un autre qui est meilleur, on ne peut pas dire que Dieu réserve une même récompense à ceux qui vivent dans ces différents états :

Or, s’il y a de la différence entre la récompense qu’il leur destine, il faut nécessairement qu’il y en ait aussi entre les dons qu’il répand sur eux :

 il y a donc autant de différence entre le mariage et la virginité

qu’il y en a entre ne point pécher et faire le bien,

ou tout au moins entre ce qui est bon et ce qui est meilleur. »

**

mais embrasser la virginité sans condamner le mariage, c’est marcher dans la voie royale.

**

Je dis clairement  que la loi évangélique permet de se marier,

mais néanmoins que ceux qui se marient

et qui remplissent les devoirs du mariage

ne peuvent prétendre au mérite et à la gloire de la chasteté

**

. Que si ce sentiment révolte les gens mariés, ce n’est point à moi qu’ils, doivent  s’en prendre,

mais à l’Écriture sainte, aux évêques, aux prêtres, aux diacres et à tout l’ordre ecclésiastique,

qui sont bien persuadés qu’il ne leur est pas permis d’offrir des sacrifices au Seigneur

et de s’acquitter en même temps des devoirs du mariage.

**

L’Église ne condamne point le mariage,

 mais elle lui préfère le veuvage et la virginité;

 elle ne le rejette point,

 mais elle le met au rang qui lui convient,

 persuadée, comme je l’ai déjà dit,

que dans une grande maison

 il n’y a pas seulement des vases d’or et d’argent,

**

. L’Église ne condamne pas le mariage quand on en fait les œuvres

, mais elle lui préfère le veuvage et la virginité

Jérôme et Jovinien : Un prêtre peut il se marier ? Un homme marié peut il communier ?

15 janvier, 2012

Encore une fois Jérôme est à l’origine d’une loi

sur le célibat  

qui ne se trouve pas dans l’évangile  

Serait il le prophète d’une église nouvelle et institutionnelle ?

**

Jérôme aborde le problème du célibat des prêtres

dans la «  défense des livres  qu’il a écrit contre Jovinien

**

Le célibat des prêtres

 Paul  nous ordonne de prier sans cesse :

 or, si l’on est obligé de vaquer sans cesse à la prière,

 il ne faut donc jamais user du mariage ,

car il est impossible qu’un homme puisse prier

et rendre en même temps tous les devoirs à sa femme.»

**

Vraiment affirmatif notre prophète

Il n’y a pas à discuter !

seuls seraient capables de prier

les vierges et les célibataires

**

Peut on communier après un acte d’amour ?

Si donc l’usage du mariage nous empêche de prier,

à combien plus forte raison doit-il nous empêcher de recevoir le corps de Jésus-Christ , puisque la communion est quelque chose de plus saint et de plus excellent que la prière?

**

: « Comment peut-on appeler un bien

ce qui nous empêche de recevoir le corps de Jésus-Christ? »

**

 A cela je réponds en deux mots:

« Qu’est-ce qui est plus important de la prière

ou de la participation au corps de Jésus-Christ? »

Il est certain que c’est la participation au corps de Jésus-Christ :

 si donc l’usage du mariage nous empêche de prier,

 à plus forte raison doit-il nous empêcher de communier.

**

Jérôme décidemment n’a rien compris à la « communion »

Il ne voit dans ce geste qu’un acte sacré

qui exige que nous soyons purs

**

Cette notion de pureté

est sous entendue

dans la remarque suivante  

**

Je sais bien que dans l’Eglise de Rome

 on a coutume de communier tous les jours;

 Je ne veux ni condamner ni approuver cette pratique

 chacun peut suivre en cela ses lumières particulières;

**

Mais je demande à ceux qui communient le même jour

 qu’ils se sont approchés de leurs femmes

pourquoi ils  n’osent pas alors

 approcher des tombeaux des martyrs

ni entrer dans les églises?

**

La «communion »

est avant tout la volonté de devenir nous même, le corps du Christ  

et être en pleine harmonie avec les autres

**

La « communion »

est un acte d’amour

un acte de foi

un acte d’espérance

 

Pourquoi vouloir la refuser

à qui que ce soit ?

**

Jovinien

  Jérôme attaque aussi Jovinien dans son traité contre Vigilantius 

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Jovinien

vomit son âme au milieu de mets délicats et recherchés,

 il fait le philosophe au milieu des bouteilles ,

.**

 Malheur étrange ! on dit que des évêques participent à ses crimes,

qui ne croient pas que la pureté soit  réservé qu’aux seules célibataires  

 et qui ne confèrent le sacrement de l’ordre à personne

 s’ils ne voient sa femme enceinte ou portant des enfants entre ses bras.

**

« Le Roman de la rose » de Jerome et de Rufin

15 janvier, 2012

La dispute entre Jérôme et Rufin

à propos d’Origène

a commencé en  393,

par un fait anodin

Un Quidam Macaire s’intéresse à l’astrologie

et voulait  savoir ce qu’Origène en dit

** 

Il  demande donc à Rufin

de lui traduire  le livre « des principes » d’ Origène

**

Rufin

fin connaisseur

parlant parfaitement le grec et le latin

fait la traduction mais en omettant volontairement

 ce qui pourrait être choquant

pour les puristes

tellement chatouilleux en ce siècle de palabre

**

On lui reproche ces omissions

il se défend

en déclarant qu’il a juste supprimé

des phrases  ajoutés par des faussaires 

**

Cependant dans la préface de sa traduction

il critique ouvertement Jérôme,

qui aurait favorisé les hérésies d’Origène

**

Jérôme en prend ombrage 

car lui qui avait tant vanté Origène dans sa jeunesse

avait ensuite  découvert  dans « les principes « des inepties » 

**

Commence alors un vrai thriller

Un ami de Jérôme

Eusebe de Cremone

aurait dérobé le manuscrit  de Rufin

qui ensuite est accusé

de l’avoir falsifié

**

Rufin évidemment s’en émeut

et Jérôme

toujours ombrageux

lui répond dans « son apologie contre Rufin »

**

J’ai lu la lettre que vous a inspirée votre sagesse, lettre remplie d’invectives contre celui que vous avez autrefois comblé d’éloges

… Vous me jetez au visage une foule d’accusations

**

Vous élevez jusqu’au ciel mon élégance pour traîner ma foi dans la boue,

 vous m’appelez votre frère, votre collègue,

 vous affirmez que vous cherchez à être mon imitateur;

 et, après avoir vanté la traduction que j’ai faite des soixante-dix homélies d’Origène

 et de quelques commentaires sur l’Apôtre,

où j’ai corrigé ce qu’il v avait de défectueux,

 afin que les Latins n’y trouvent rien de contraire à la foi catholique,

vous accusez aujourd’hui ces mêmes livres d’hérésie

**

Le vol du manuscrit par Eusebe  

Qui donc, à Bethléem, a été prendre, dans la chambre de mon frère Eusèbe, votre lettre louangeuse?

**

je ne puis soupçonner que vos écrits aient été falsifiés par un homme d’une sainteté reconnue.

Si Eusèbe a acheté au poids de l’or vos écrits encore imparfaits, pour les falsifier, présentez ceux qui n’ont pas été altérés,

**

On ne peut reprocher à mon ami que d’avoir livré trop vite au public ce que vous vous disposiez à retoucher peu à peu ;

**

Les corrections et omissions de Rufin dans sa traduction

 

Dites-moi qui vous a permis, lorsque vous interprétez quelque chose, de retrancher, de changer ou d’ajouter?

**

. Vous dites dans votre préface que vous avez retranché ce qui avait été ajouté par les hérétiques et d’avoir remplacé le mauvais par du bon

**

En 400 Jérôme traduit donc à son tour « les principes » intégralement

sans omettre quoique ce soit

 

La lutte entre Jérome et Rufin d’Aquilée

14 janvier, 2012

Qui donc était Rufin

que Jérôme attaquait tant ?

Qui était Jérôme

que Rufin eut tant à craindre    

**

Palladius raconte dans son histoire lausiaque

Le très noble Rufin d’Italie, de la ville d’Aquilée,

 ayant le même caractère que Mélanie  

et plein de fermeté,

plus tard jugé digne de la prêtrise.

Il ne se trouvait pas parmi les hommes

 un plus instruit et un  plus modeste que lui.

**

Jérôme, un prêtre, était distingué par sa valeur en littérature romaine et par ses aptitudes naturelles.

Mais il avait une telle jalousie que sa valeur littéraire en était éclipsée.

Un moine ayant séjourné avec lui d’assez nombreux jours, me dit à l’oreille ceci :

« La noble Paula, qui a soin de lui,

mourra d’abord, débarrassée de sa jalousie, à ce que je crois.

A cause de cet homme,

même un saint homme ne pourra habiter avec lui

Il haïra jusqu’à son  propre frère. » (Palladius  H   lausiaque 36 )

**

Jeunes ,ils étaient amis

vieux, ils devinrent de farouches ennemis

Dans son apologie contre Rufin Jérôme écrit

**

Quel bel exemple pour ceux qui nous entendent,

 que la lutte de deux vieillards,

**

N’est ce pas la jalousie

 qui perce dans ses propos

quand il écrit à Rufin

**

Vous nous éblouissez par des éclairs de génie

Je suis philosophe, rhéteur, grammairien, dialecticien,

 je connais l’hébreu, le grec, le latin ;

je parle donc trois langues.

…..Et vous de cette tisanière vous en connaissez deux :

 vous vous exprimez avec tant d’art dans la langue des Grecs et des Latins ,

 que les Latins vous prennent pour un Grec, et les Grecs pour un Latin

**

Vous brillez dans tant de sciences…

 Comment pourra-t-on vous pardonner si vous tombez dans l’erreur

**

…Vous qui êtes dans tout   d’une si grande prudence

 et qui gardez si bien un juste milieu,

… Considérez votre sagesse incomparable,

vos satires piquantes et la beauté de votre sainte éloquence.

…Vous, homme éloquent, vous abusez de vos talents oratoires, en feignant de passer sous silence ce que vous dites réellement,

**

et Jérôme de se plaindre

Moi que vous accusez à la face du monde entier?

…Voyez ce que vous avez fait ,

vous me flattez tellement dans vos écrits

que si je n’avais pas repoussé loin de moi vos louanges

et n’avais pas dit que j’étais entièrement l’ennemi de vos flatteries,

 on aurait pu me prendre pour un hérétique,

 moi qui ai résisté à vos accusations,

 moi qui , bien éloigné de vous porter envie,

 ai répondu aux calomnies et non au calomniateur.

**

Vous vous indignez, vous vous mettez en colère et vous m’attaquez avec les écrits les plus violents, moi qu’autrefois vous combliez d’éloges.

**

 Dans votre préface peri arkon,

vous m’appelez votre frère et votre collègue, vous vantez mon éloquence; vous publiez la pureté de ma foi.

En m’appelant votre frère, vous m’avouez digne de votre amitié;

en vantant mon éloquence, vous ne m’accusez plus d’incapacité,

et en confessant la pureté de ma foi, vous ne pouvez plus imprimer à mon nom la tache d’hérésie.

 

Jérôme demande à Rufin de condamner Origéne

14 janvier, 2012

En 400

Jérôme dans son « apologie contre Rufin »

adjure Rufin

de condamner Origéne 

 **

Condamnons la doctrine d’Origène,

qui aujourd’hui est condamnée par tous,

avec la même ardeur que nous la vantions autrefois.

**

Donnons-nous la main, réunissons nos cœurs, et suivons d’un pas agile les deux soutiens de l’Orient et de l’Occident.

Si nous avons protégé l’erreur dans notre jeunesse,

 nous devons nous corriger dans notre vieillesse.

**

Pardonnez-moi d’avoir vanté le talent et le style d’Origène dans ma jeunesse,

 et lorsque je ne connaissais pas encore son hérésie,

 et moi je vous pardonnerai d’avoir fait dans votre vieillesse

 l’éloge de ses écrits.

**

Vous traduisiez sans crainte du grec le  periarkon

et  vous en faisiez l’éloge dans la préface,

en disant que tout ce qui a été altéré par les hérétiques dans ces ouvrages,

vous l’avez corrigé par la lecture des autres écrits d’Origène.

Vous me louez aussi moi-même dans la crainte de trouver quelque contradicteur parmi mes amis.

 

 

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