Dans son 4é livre du « contre Celse » Origène repond à la question : Pourquoi le mal ?
5 janvier, 20111D’où vient le mal ?
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Voilà une question qui a souvent été posée par les philosophes, qui en donnaient diverses raisons
** Le mal a toujours existé
plus ou moins selon les périodes Il semble que par les soins de
la Providence
il n’y a pas plus de mal que de bien et inversement bien que pour certains philosophes le mal augmente
Chrysippe, dans son traité des biens et des maux, en donne l’exemple suivant **
Des femmes abandonnées se prostituent d’abord hors des villes et sous le masque; ensuite, perdant toute pudeur, elles quittent le masque,
puis bien que les lois leur défendissent l’entrée des villes, elles finissent par y entrer
c’est ainsi que, la corruption croissant de jour en jour, elles osèrent bientôt y entrer **
2)L’Homme change .Il est tantôt Bon ,tantôt mauvais Qu’un homme ait toujours la même nature
il ne s’ensuit pas qu’il soit toujours dans le même état, quant a son entendement, quant à sa raison, ou quant à ses actions
Dans un temps il n’a pas encore l’usage de la raison ; dans un autre, avec la raison, il a des vices,
et de ces vices il en a tantôt plus et tantôt moins. Quelquefois il se porte à la vertu,
et il y fait tantôt de grands, tantôt de petits progrès; **
De même la nature de l’univers est bien toujours la même mais les mêmes événements ne proviennent pas toujours de la même façon
Par exemple, la fertilité, les pluies ou la sécheresse n’y sont pas toujours égales. **
De même, il n’y a pas toujours une égale disette ou une égale abondance d’âmes vertueuses, et les âmes vicieuses ne s’abandonnent pas toujours au mal avec une égale fureur.
la terre; mais qu’elle nettoie le monde entier, lorsque le mal s’y étant accru lui rend ce remède nécessaire. **
3) Origine des maux Mais d’où vient donc le mal ?
Il n’est pas aisé, même aux philosophes, de connaître l’origine des maux. a moins que Dieu, par quelque rayon de sa lumière,
ne leur découvre quelle est la nature des maux, comment ils se sont formés et comment ils se détruiront. **
Le plus grand de tous les maux, est de ne pas connaitre Dieu et de ne pas savoir pas comment il le faut servir correctement Pourquoi les diables sont devenus des diables
et les anges sont devenus des anges S’il y a donc quelque question dans le monde qui mérite un sérieux examen et qui soit difficile à l’esprit de l’homme, c’est sans doute celle qui regarde l’origine des maux.
Origène ne répond donc pas à la question Souvent il agit ainsi osant avouer son ignorance
Comme les kabbalistes ,au lieu de répondre il pose un autre question **
Il est certain que les maux ne viennent point de Dieu : et Jérémie même, l’un de nos prophètes, nous enseigne,
Que de la bouche du Seigneur il ne tort point du bien et du mal (Lam., III, 38). **
Mais il n’est pas vrai, que ce soit la matière qui soit la cause de tous nos maux **
C’est en son entendement que chacun de nous doit chercher la cause de ses vices, qui, avec les actions dont ils sont la source, sont nos véritables maux :
mais nous ne croyons pas qu’il y ait des choses qui méritent le nom de mal. **
J’avoue, au reste, que c’est un sujet qui demande de très profonds raisonnements et qu’ il faut le secours de la grâce de Dieu
** 4)Dieu corrige
quand Dieu corrige le monde, en le nettoyant par quelque déluge ou par quelque embrasement, ce n’est pas comme un ouvrier qui aurait mal travaillé
mais c’est pour empêcher que les vices qui se débordent, ne gagnent plus avant. **
5) Ce qui semble mal peut être un bien il n’est pas certain que tout ce que vous prenez pour un mal, soit effectivement un mal ;
et qu’il est peut être utile à tout l’univers. **
Mais raisonner ainsi peut prêter à confusion et déculpabiliser les pécheurs comme si les vices mêmes étaient utiles à l’univers,
nous pouvons certes dire que Dieu, laissant notre liberté en son entier, se serve des vices des méchants
pour le bien et pour l’avantage de l’univers; néanmoins, les méchants seront toujours coupables.
** 6) La colère de Dieu
Celse se moque de Dieu en lui attribuant de la colère contre les impies, et des menaces contre les pécheurs Lors donc que nous parlons de la colère de Dieu,
nous ne voulons pas dire qu’elle soit en lui une passion, nous entendons par là une certaine conduite
dont il use pour châtier ceux qui ont commis de grands péchés. « Châtie-nous, Seigneur, mais châtie-nous avec mesure et non point en ta fureur, de peur que tu ne nous réduises à un petit nombre » (Jérém., X, 24).