Archive pour la catégorie 'Jésuites'

Les jésuites expulsés de France en 1763… avec la « grâce » des jansénistes

22 mars, 2015

Sous l’influence cachée et nefaste des jansénistes

les assemblées du clergé et le parlement ne cessaient de s’opposer au roi

sous Louis XV et Louis XVI

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Il en fut ainsi  à propos des jésuites

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Le  père Lavalette

en 1753 le père Lavalette

pour financer ses œuvres en Martinique

faisait du commerce illégalement

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Tout lui réussissait jusqu’au jour où les bateaux du bon père furent capturés par des corsaires anglais 

le pére Lavalette  se retrouve  en faillite ,ne peut plus payer ses dettes et passe devant la  justice

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Quelle aubaine !

Tout le monde n’attendait qu’une occasion pour se débarrasser des jésuites

Madame de Pompadour poussait à leur ruine

le duc de Choiseul voulait leur perte

les jansénistes et les philosophes les rejetaient

le parlement allait les supprimer 

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Condamnation des jésuites

Seul Lavalette est coupable

mais on accuse tous les jésuites

on les menace

ils se défendent

Le roi Louis XV plein de bonne volonté est débordé

en Mars 1762 par un édit , les jésuites sont condamnés

Le 1 Avril le parlement fait fermer les 84 collèges des jésuites   

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Réaction de l’assemblée du clergé

le 1 mai 1762 la France était en guerre

et le  roi avait besoin d’argent

et comme d’habitude  il s’adresse au clergé qui se réunit en assemblée

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le clergé veut bien participer au frais

mais réclame la conservation des jésuites

« Tout vous parle sire en faveur des jésuites …L’ Eglise ,les âme chrétiennes ,les dépositaires du secret des conscience ,ceux qui ont été élevés par ses maitres respectables …,toute la jeunesse de votre royaume 

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En octobre 1763 Mgr de Beaumont  écrivit sa célèbre « instruction pastorale »

prouvant que les jésuites condamnés  avaient été faussement accusés

et jugés par des magistrats de mauvaise foi 

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Les jansénistes

évidemment les jansénistes se réjouissent

en 1761 voltaire écrit

le seul moyen pour retrouver la paix serait d’étrangler le dernier jésuite avec les boyaux du dernier janséniste   

La même année D’ Alembert écrit  à Voltaire :

 « Que la canaille janséniste nous débarrasse des polissons jésuites.

Ne fais rien pour empêcher que ces araignées se dévorent les unes les autres ».

 En 1763 il écrit de nouveau 

« Les jésuites étaient les troupes régulières et disciplinées luttant sous l’étendard de la Superstition

…Les jansénistes ne sont que des cosaques dont la Raison va vite se débarrasser maintenant qu’ils doivent se battre seuls. »

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Le parlement

Les parlementaires étaient divisés

Beaucoup avaient été élevés par les jésuites

Les plus hargneux ,cependant ,eurent gain de cause

sans doute encore encouragés par les jansénistes  

et excédés par l’instruction pastorale de Mgr de Beaumont  

Face au roi hésitant 

ils exigèrent l’expulsion

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L’expulsion de France

Sur 4000 pères, à peine 5 se soumirent

les autres partirent 

On confisqua leurs biens ,

On ferma leurs maisons ,

On dispersa leurs bibliothèques …

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Puis ils furent  supprimés d’un peu partout

pour un certain temps

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« L’abandon à Dieu » de Bérulle et « la garde du cœur » de Louis Lallemant

18 février, 2015

La vie spirituelle du 17è siècle est dominée par 2 mouvements majeurs

Les oratoriens et les Jésuites 

Ce sont deux frères ennemis

qui se combattent

et qui pourtant sont si proches

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Car ce que dit Bérulle aux oratoriens

Louis Lallemant le dit aux jésuites

et réciproquement

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Bérulle et Louis Lallemant

Bérulle  dit

« il faut adhérer à  Jésus »

Nous devons regarder Jésus comme notre accomplissement; car il l’est et le veut être,

ainsi nous sommes en la main du Saint-Esprit

qui nous tire du péché, nous lie à Jésus

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 Condren son disciple

dit « il faut s’abandonner »

… si nous nous donnons en vérité à Jésus-Christ,

le fils de Dieu opérera  en nous  des  merveilles

…quand nous demeurerons comme simples instruments entre ses mains.

nous servirons à la sanctification de nos prochains

.A nous seulement de ne pas le gêner,

de le laisser faire,

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Louis Lallemant

 parle de la garde du coeur

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pour se laisser mener par l’esprit

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Les jansénistes

Entre les deux

Entre Bérulle et Lallemant

on rencontre les jansénistes

bien innocents

qui sèmeront le trouble bien malgré eux

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Ils sont défendus par les uns ,plutôt oratoriens

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et rejetés par les autres ,plutôt jésuites

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Si les querelles entre oratoriens et jésuites furent  parfois virulentes  ce fut au  sujet des écoles

et comme les jésuites n’aimaient pas les jansénistes

 On  en a conclu que les oratoriens ne pouvaient qu’être jansénistes

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Les Trois mouvements vont influencer l’histoire religieuse de la France

jusqu’à nos jours

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Quant à Rancé

quant aux prédicateurs du roi

comme le jésuite  Bourdaloue  et l’oratorien Masillon

quant à Bossuet ou ,Fénelon,

c’est de l’histoire ancienne

 

ah  oui ! Il y a Vincent de Paul … mais c’est un disciple de Bérulle 

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Le « Bon Sens » d’après les pères jésuites Louis Lallemant et Rigoleuc

17 février, 2015

le Bon sens

selon le p. Rigoleuc

 

« On ne se conduit, que par la prudence humaine, déguisée sous le nom de bon sens.

On rapporte tout à la règle de ce prétendu bon sens.

C’est même selon cette fausse règle que l’on juge des choses spirituelles,

 des opérations divines et des merveilles de la grâce,

n’en approuvant que ce qui s’accommode à son caprice.

**

Suivant cette règle, on se fait un système de la vie spirituelle,

avec la même liberté que les philosophes et les mathématiciens imaginent

leurs systèmes du monde et des globes célestes. On ménage les grâces de Dieu en soi et dans les autres

selon les maximes de la sagesse humaine,

et par un étrange aveuglement qui est la juste punition des esprits superbes,

on croit ne suivre que la raison et le bon sens,

 lorsqu’on s’éloigne davantage de l’esprit de Dieu » ( La vie du P. J. Rigoleuc, par Campion)

 **

Selon le P. Lallemant 

La plupart des religieux, même des bons et des vertueux,

ne suivent dans leur conduite particulière et dans celle des autres,

que la raison et le bon sens ;

en quoi plusieurs d’entre eux excellent.

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Cette règle est bonne,

mais elle ne suffit pas pour la perfection chrétienne.

Ces personnes-là se conduisent d’ordinaire par le sentiment commun de ceux avec lesquels elles vivent

 et comme ceux-ci sont imparfaits,

bien que leur vie ne soit pas déréglée,

 parce que le nombre des parfaits est fort petit,

jamais elles n’arrivent aux sublimes voies de l’esprit :

 elles vivent comme le commun

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C’est un monstre que, même dans la religion,

il se trouve des personnes qui ne goûtent que ce qui peut les rendre considérables aux yeux du monde ;

 qui ne font tout ce qu’elles font pendant les vingt et les trente années de la vie religieuse,

 que pour avancer au but où elles aspirent ;

n’ont presque de joie ni de tristesse que par rapport à cela,

 ou du moins sont plus sensibles à cela qu’à tout autre chose.

Tout le reste qui regarde Dieu et la perfection, leur est insipide,

elles n’y trouvent point de goût.

Cet état est terrible et mériterait d’être déploré avec des larmes de sang (la doctrine spirituelle du p Lallemant p 316).

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Franchir le pas

 

Rigoleuc, toujours sous l’inspiration de son maître,

mais aussi, toujours personnel,

reprend et achève cette ébauche émouvante :

** 

Nous combattons contre Dieu des années entières

et nous résistons aux mouvements de sa grâce

qui nous poussent intérieurement à quitter une partie de nos misères

en quittant les vains amusements qui nous arrêtent,

 et nous donnant à lui sans réserve…

Mais accablés de notre amour-propre,

aveuglés de notre ignorance,

retenus par de fausses craintes,

 nous n’osons franchir le pas ;

 et de peur d’être misérables, nous demeurons toujours misérables

** 

« Franchir le pas »

Cette image résume une idée du  P. Lallemant

 

Quel est le premier pas?

C’est une volonté déterminée de renoncer aux propres satisfactions,

 pour demeurer en la présence de Dieu

et opérer en sa lumière le bien qui sera connu, sans lui rien refuser.

 

«  Franchir le pas », c’est prendre un « chemin » nouveau;

Il n’est pas question de changer d’ordre, de monter plus haut.

 Mais simplement, l’on est pressé de « renoncer une bonne fois », à tous les intérêts, à toutes les volontés propres ;

de « faire le sacrifice entier » ;

de se « mettre dans une parfaite nudité d’esprit ».

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 De cette perte de soi-même, on ne voit pour l’instant que l’horreur presque infinie ;

 on hésite devant le vide affreux qui va se faire

et l’on n’imagine pas la plénitude qui doit suivre,

 si l’on accepte, si l’on s’abandonne,

si l’on « franchit le pas ».

(La « doctrine spirituelle » citée par Bremond dans « le ,Sentiment religieux en France » tome V  P24)

Jean Rigoleuc (1595-1638) ,disciple du Pére Louis Lallemant

16 février, 2015

Né à Quintin, prés de  Saint-Brieuc, en 1595, mort à Vannes en 1638.

la  vie de Rigoleuc  est racontée par P. Champion, dés  1686

 

Un Humble personnage

selon (H.Bremond :sentiment religieux en France tome V p 69 ss)

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Une carrière obscure….des rôles insignifiants.

Pendant sa troisième année de noviciat, chez les Jésuites à Rouen,

il se dépouille en quelque manière de toute personnalité,

et se revêt de la pensée de son maître, Louis Lallemant.

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Comment s’intéresser à ce chétif que les Jésuites eux-mêmes ont laissé volontairement dans l’ombre ?

…L’a-t-on jugé médiocre, ou bien trop mystique?

N’était-il pas plutôt de ces invinciblement modestes qui parviennent sans peine à se faire oublier,

 de ces dévoués qu’on trouve toujours prêts à remplir n’importe quel poste.

 Il aimait beaucoup sa Bretagne, où il faisait grand bien.

 On l’envoie à Orléans….Il obéit

 Puis à Quimper…Il obeit

 Puis il est  envoyé à Vannes, pour enseigner la théologie morale…il obeit

Vieux serviteur, bon à tout et bon à rien,…

 qui se laisse manier en conséquence.

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Son Cheval

Plus tard, ne pouvant plus aller à pied à cause de sa mauvaise jambe et de ses autres indispositions, il fit acheter, avec la permission du R. P. Général, un méchant petit cheval qui ne lui coûta jamais beaucoup à nourrir. On le laissait vivre comme à l’abandon et il ne se ressentait que trop de la pauvreté de son maître. C’était un proverbe dans le pays pour exprimer la misère des serviteurs mal nourris, de dire qu’ils étaient traités  comme le cheval du P. Rigoleuc

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La doctrine du Pére Lallemant

Et pourtant !

c’est grâce à lui que nous connaissons la doctrine du père Lallemant .

« fidèlement recueillie par le P. Jean Rigoleuc, qui, loin de lui rien ôter de sa force et de son onction,

 lui en a plutôt ajouté » (P Champion)

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On dit :Il ne fait que répéter Louis Lallemant.

est ce si sûr ?

Il a plus d’imagination, plus de tendresse que son maître et plus d’éloquence

 **

C’est Rigoleuc qui écrit  après sa seconde conversion,

 Quand on est bien établi  dans la vie intérieure

on se trouve au-dessus de toutes les craintes humaines,

ou  n’appréhende plus ni la pauvreté ni aucun des maux de la vie présente,

.. et l’on demeure toujours dans la même situation d’esprit,

 toujours immobile en Dieu.

**

On ne perd jamais la présence de Dieu

 et,dans l’embarras des affaires, parmi la foule des occupations,

 l’on conserve toujours la solitude du cœur

…De tout ce que l’on voit ou que l’on entend, on prend occasion de s’élever aussitôt à Dieu,

..On ne voit que Dieu dans les créatures,

…. Enfin, un homme intérieur rendra plus de services à l’Eglise eu une heure que ceux qui ne le sont pas ne sauraient lui en rendre en plusieurs années:

..car celui là est intimement uni à Dieu

et que n’apportant pas d’obstacle aux opérations de la grâce,

 Dieu peut l’employer comme il lui plaît pour l’exécution de ses desseins

  

Rigoleuc n’est déjà plus disciple,

 il ne répète pas une leçon apprise et parle certainement d’expérience

O mon Dieu! qu’une personne qui pour l’amour de vous

et pour se donner toute au recueillement intérieur,

 se sépare entièrement du monde,

 trouve dans le fond de son âme un monde bien plus grand que celui qu’elle quitte !

 O qu’elle trouve au fond de son coeur,

 dans cette solitude mystique,

des espaces bien plus vastes que n’est l’étendue de toute la terre.

 **

Il écrit dans son journal

Il ne faut point chercher Dieu loin de nous

 puisqu’il est auprès de nous.

 Il ne faut point le chercher avec effort

, puisque nous le pouvons trouver sans effort.

 Il ne faut point le chercher par notre action,

 puisqu’il est avec nous indépendamment de notre action.

Il ne faut point chercher de le sentir , puisqu’il est un pur esprit

 Il ne faut pas même le chercher,

mais il faut nous persuader qu’il nous a trouvés .

** 

Ce qui ne supprime pas les souffrances et les peines intérieures

 Il parlait sans doute de lui même quand il écrivait

Je connais  quelqu’un, qui, dans cet état de peines,

 se mit à s’étudier uniquement à la pureté de cœur,

 à se donner aux œuvres de charité

 et à marcher tête baissée dans le service de Dieu,

tant qu’enfin « ses peines devinrent ses délices » et qu’il retrouva la paix

Qui est Michel de Certeau ?

15 septembre, 2014

Michel de Certeau est un jésuite

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Un savant

Un érudit bien documenté 

Un chercheur qui fouille  dans les archives 

Un curieux ouvert à tous les courants de pensée 

Il lit Freud ,Lacan

Il fréquente les musées

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Enigmatique ,il nous « déconstruit »

nous provoque ,nous dérange 

comme Derrida

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Il regarde la société sans sourciller

En écrivant les textes qui furent rassemblée par la suite dans

la faiblesse de croire

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Ou le Christianisme éclaté (1974)

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Pas facile à lire

L’anthropologie du croire ! c’est quoi ! oh la! la !  

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Un Marginal ?

Michel de Certeau est resté dans l’église

mais semblait souvent s’en séparer

Il discutait librement ,allégrement

sur des sujets brûlants

sans s’inquiéter de franchir la ligne blanche

au niveau de l’orthodoxie 

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Historien ,Théologien indépendant

aussi dérangeant que Teilhard de Chardin en son temps

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Significatifs sont  le titre de ses 2 livres

« L’étranger ou l’union dans la différence » publié en 1979

« Un absent de l’histoire  publié en 1973

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 Il aime les marginaux

C’est avec délectation qu’il raconte dans « la fable mystique »

La « révolte » des jésuites spirituels du 17 e s

Ils sont à la marge 

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Un mystique ?

En tous les cas Michel de Certeau aime les mystiques 

Sa thèse de doctorat était sur le père Surin

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« la fable mystique » est sa grande œuvre  

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Il commente « la hiérarchie  céleste » du pseudo Denys

ce qui peut paraître étonnant pour quelqu’un qui  semble rester en marge des hiérarchies

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Mais voilà !

la Hiérarchie) du « pseudo » est autre chose que la nôtre  

la  Hiér-Archie  (= sacré + ancien) est le « commencement du sacré »

 Le but de la hiérarchie est donc une assimilation ou une union à Dieu

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Un homme

Michel de Certeau est aussi un homme meurtri

Au cours d’un accident de voiture

sa mère est tuée sur le coup ,

Lui même perd un œil et se fracsse la mâchoire inférieure 

Michel de Certeau et le mystique laïc

14 septembre, 2014

Michel de Certeau

dans son livre

« la fable mystique »  (p 321ss)

raconte  longuement de merveilleuses histoires des laïcs 

qui sont plus religieux que les théologiens

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Les amis de Dieu et Tauler

vers 1345 Tauler raconte

au cours d’un sermon

qu’un « Ami de Dieu » déclarait à un savant prêtre 

Le Christ m’a appris plus dans l’espace d’une petite heure

 que vous n’êtes capables de m’en apprendre ?

 vous un maître, et tous les docteurs de la terre

 jusqu’au jour du jugement

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De cette époque date l’émergence du laïc face aux clercs ,

l’apparition du témoin non prêtre

qui fait du maître un écolier

et qui sans avoir fréquenté les écoles ,

sans posséder  la science des écritures

par  le seul fait d’être illuminé

renverse les rapports hiérarchiques traditionnels

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L’idiot et Nicolas de Cues

Au cours du siècle  suivant

Nicolas de Cues

parle de l’idiot

celui qui sans faire de théologie 

découvre Dieu

avec l’aide de l’Esprit Saint

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Le jeune homme du coche et Surin

Le Pére Surin au 17è siècle

rencontre à son tour un jeune homme ignorant

Mais rayonnant de la joie de Dieu

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Comme je le pressais de me dire si quelqu’un l’avait enseigné,

 il me dit que non et qu’il y avait des âmes

à qui les créatures ne pouvaient que nuire

et que si l’évangile devait disparaître  

Dieu lui en avait assez appris pour son salut

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Il m’a parlé de la vie spirituelle avec tant de sublimité et solidité

 que tout ce que j’en ai lu ou entendu n’est rien en comparaison de ce qu’il m’en a dit

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Le sauvage du 17è s

L’illumination ,le sublime ont changé de côté

Le laïc devient « le sauvage » par qui le « cultivé » accroît sa valeur

Ces « sauvages » vont devenir de plus en plus nombreux

tel le  prophète Amos qui fut « tiré de derrière ses vaches »

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Le père Condren  dit qu’il n’avait jamais vu personne

 qui eut autant de connaissance de jésus Christ qu’une pauvre servante

qu’il avait rencontré à Compiègne et qui gardait  les vaches à la campagne

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Le père Coton en découvre un autre

« sa conversation m’a fait davantage  de bien

que tout ce que j’ai jamais lu dans de bons livres » 

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Madame Guyon

raconte

Comme j’étais sur un pont, je vis un homme mal vêtu

Je crus que c’était un pauvre

Je me mis en devoir de lui donner l’aumône ;

Il me remercia et me dit qu’il me la demandait pas  

Et s’approchant de moi il commença son entretien par la grandeur de Dieu ,

dont il me dit des choses admirables

Il me parla ensuite de la sainte Trinité d’une manière si relevé

 que tout ce que j’en avais ouï dire jusqu’alors me parut des ombres

comparé à ce qu’il m’en dit

Continuant il me parla d saint sacrifice de la messe …du soin que l’on devait avoir de l’entendre …

Je l’écoutais avec silence et respect .. ;

Je sentais bien qu’il était éclairé de la véritable sagesse (p328)

Michel de Certeau : La conversation du père Surin avec un jeune homme dans un coche

13 septembre, 2014

Michel de Certeau

dans son livre

« la fable mystique »  (p 280-285)

commente longuement une lettre du pére Surin

qui fut très vite recopiée et divulguée dans diverses communautés

entre 1648 et 1698

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Le coche

Dans cette  lettre

qui ressemble  à un manifeste

le père Surin raconte une  conversation

 qu’il eut dans un coche

au cours d’un voyage

après son « 3é an »

avec  jeune garçon de 18 ans

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Le garçon 

Un jeune homme  simple et grossier  en sa parole ;

sans lettres aucune

mais rempli de grâce et de dons si relevés que je n’ai jamais rien vu de semblable

Il n’ a jamais été instruit par personne que de Dieu, en la vie spirituelle

**

Comme j’avais découvert ce trésor je ne me séparais  plus de lui

faisant avec lui tous mes entretiens et tous mes repas

**

La perfection

Il me dit que pour atteindre la perfection

il fallait se faire violence et que c’était par leur faute que les religieux n’étaient pas parfaits

Il faut persévérer à se vaincre soi même 

**

Le grand malheur venait de ce que l’on endurait pas bien les souffrances et infirmités du corps , dans lesquels Dieu avait grands desseins

Dieu s’unit à l’âme par des douleurs bien plus que par des grandes délectations .

Et  le trop grand soin de la santé était un grand empêchement

**

La vraie oraison ne consiste pas à recevoir de Dieu ,mais à lui donner

et après avoir reçu de lui rendre avec amour

Quand l’amour  vient  jusqu’au ravissement

,l’âme doit alors se dépouiller de tout

 à mesure que Dieu s’approche pour la ravir…

**

Il m’a dit que les hommes de notre profession

qui ne combattent pas le plaisir qu’il y a à être loué du monde

ne goûteront jamais Dieu ;

Qu’ils sont des larrons ;

Que leurs ténèbres croîtront toujours  …

**

Conclusion de Michel de Certeau

Cette rencontre avec l’illettré eut certainement lieu (p 317)

Il en existe plusieurs preuves

mais il est aussi probable

que le père Surin ait reçu les paroles de l’illettré

en se sentant « visé » 

**

Il avait de sérieux ennuis des santé

et s’en plaignait

**

On le louait sans doute après ses prédication

Et  s’en vantait peut être

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Le nouveau monde

Le père Surin découvrait le monde des petits, des humbles

celui d’un jeune homme grossier et sans lettre

mais qui lui inspirait confiance

celui des « idiots » dont parlait déjà Nicolas de Cues

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Un Surin timide?

La confiance  que lui inspire un simple

devenus  son maître  en quelques  instants

contraste avec la difficultéqu’avait le père Surin à communiquer 

avec ses pairs ou ses supérieurs  (p 319)

 

…La pauvreté de l’illuminé est mystérieusement complice de la sienne 

Michel de Certeau : les « spirituels » jésuites et Thérèse d’Avila

13 septembre, 2014

Entre 1615 et 1645 des jeunes jésuites prônent des «  dévotions extraordinaires »

qui effraient le général jésuite Vitelleschi

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L’histoire  de ces jeunes jésuites est racontée par Michel  de Certeau dan son livre

« La fable mystique » p 345ss 

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A  Limoges ils sont 3 jésuites à remuer la ville

Puis d’autres agissent à Lyon à Paris et à Bordeaux

avec en particulier  Cluniac et du Tertre

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Bordeaux

Sans doute sous l’influence de courants venant d’Espagne

Bordeaux est alors en pleine ébullition religieuse

En 20 ans les nouvelles fondations religieuses y prolifèrent

Les capucins, les ursulines …et surtout 2 couvents de carmélites  

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Les dévotions extraordinaires

La croisade de ces jeunes est celle de l’oraison

Ils ont lu la vie de sainte Thérèse 

et veulent tout quitter pour Dieu

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Claude Bernier

Le parcours de ce jeune  natif d’ Orléans est typique  

Il a lu  la vie de saint Thérèse d’Avila à 13 ans et écrit

« Je m’affectionnais grandement à l’oraison …

et je me plu tellement à la lecture de cette vie

qu’il me semblait que j’y trouvais tout ce que je cherchais ,

Je l’avais toujours en mes pensées ,paroles et œuvres »

La vie de Thérèse est sa bible comme chez ses confrères spirituels 

**

 Le même écrit

Au noviciat,  j’eus de grandes peines en voyant agir mes confrères …

mais quelques années plus tard, je compris l’esprit de la compagnie et de saint Ignace

et qu’il était bien différent de celui qui étai présenté  par des personnes qui se disaient savantes

**

Vitelleschi ,le général des jésuites les rappelle à l’ordre

au nom du vœu de l’obéissance

« L’obéissance est le seul moyen d’éviter le total et lamentable naufrage 

auquel conduisent le sens propre et la volonté propre  » 

« perinde ac cadaver »

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Réactions 

Les responsables  jésuites se méfient donc

et sanctionnent  

Ainsi

Ils interdissent dans les maisons de formation

d’accorder un culte nouveau et inaccoutumé

à saint Joseph

qui depuis Thérèse d’Avila

est devenu le drapeau de la mystique

et d’après le père Surin

« le patron de quasi toutes les grandes âmes de ce siècle »

**

car le père Surin a aussi lu Thérèse d’Avila

et sera,lui aussi, suspecté par ses supérieurs

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et pourtant  

Le père Coton qui sera provincial en 1525

ne pensait il pas dés 1606

comme ces jeunes illuminés ?

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On retrouve  l’ esprit de ces jeunes chez  Louis Lallemant

qui est « le spirituel jésuite le plus célèbre du 17 é siècle »

 instructeur du 3é an en 1629

et ami intime de Claude Bernier  

Michel de Certeau : Faut il réformer les jésuites ?

13 septembre, 2014

Michel de Certeau

dans son livre

« la fable mystique » (p 336 ss )

raconte qu’au début du 17è siècle

les jésuites furent submergés par une vague

de jeunes pères « mystiques »

qui critiquaient l’activisme de leurs confrères

**

Les jésuites étaient ils fidèles à l’esprit de leur fondateur ?

Cette question taraudait

le général des jésuites, Claude Aquaviva

qui demande dés 1605 aux diverses  provinces de sa compagnie

d’envoyer un rapport sur la situation spirituelle de leur communauté

**

Le rapport d’Aquitaine

Dans le rapport d’Aquitaine qui est le plus long

Il est écrit que : 

« Les supérieurs s’intéressent trop peu à la formation spirituelle de leurs sujets

et pratiquent un autoritarisme tout extérieur et très dommageable

**

Les jésuites  n’accordent pas à l’oraison et à la lecture spirituelle

le temps prévu par les règles et les tiennent souvent pour une occupation de novices

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Les religieux apparaissent trop enclins à exceller dans les sciences

et sont  préoccupés davantage par les travaux intellectuels que par la pratique des vertus

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Expliqué par l’urgence des tâches et par la pénurie des ouvriers

la véritable racine des déficits au sein de la compagnie 

vient du fait que la loi du travail l’emporte sur celle de la contemplation 

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Le Père Coton

Un autre rapport important est celui du pére Coton

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Son texte amorce la longue tradition spirituelle des pères Lallemant et Surin

 jusqu’ à Caussade et Grou

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Le père Coton écrit

« Il  faut d’abord des bons supérieurs

Ensuite et surtout

il faut se connaître en toute humilité

lire assidument des livres spirituels

s’unir à Dieu,

marcher en sa présence 

être fidèle aux motions du cœur ,

avoir une vie tendue vers Dieu seul ,l’unique nécessaire

**

Il faut donner la primauté à « l’affectus » sur « l’effectus »

C’est-à-dire que les mouvements intérieurs de l’esprit

passent avant l’intérêt objectif que présentent les activités sociales

**

Obéir non pas à l’appel de l’action

mais a l’appel de Dieu

C’est l’inversion d’une stratégie qui fixerait les tâches de chacun d’après un intérêt public

L’important n’est pas des changer les tâches

mais de changer les cœurs

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Formules chocs du père Coton

Vouloir Dieu selon Dieu  

Goûter Dieu (Deo frui)

 au lieu d’utiliser Dieu ( (Deo uti)

quitter Dieu pour Dieu 

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**

L’esprit mercenaire tire profit de la référence divine à des fins de promotion personnelles

Se préserver de l’esprit de luxure qui détourne l’amour de Dieu en amour de soi  

Michel de Certeau : Quitter Dieu pour Dieu

13 septembre, 2014

Voici une formule « choc »

« Quitter Dieu pour Dieu » 

 Michel de Certeau

en parle longuement 

dans son livre «La fable mystique » p 354

car elle est souvent employée au cours du 17è siécle

soit par des actifs comme Vincent de Paul

soit par les  « spirituels » jesuites

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Cette formule est  peut être une allusion à la vocation d’Abraham

Quitte ton pays ta famille  et la maison de ton père

et va vers le pays que je t’indiquerai (Gen ; 12,1)

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Vincent de Paul

 Au cours d’un entretien avec les filles de la charité saint Vincent disait

Servant les pauvres on sert Jésus christ

Oh mes filles que cela est vrai !

Vous servez jésus christ en la personne des pauvres

Une sœur ira dix fois le jour voir des malades et dix fois par jour elle y trouvera Dieu

Allez voir les pauvres forçats à la chaine et vous y verrez Dieu 

Servez les petits enfants, vous trouverez Dieu…

Les pauvres sont nos maitres, ce sont nos rois …

parce que notre Seigneur est dans les pauvres

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Il est ainsi parfois nécessaire 

d’abandonner le Dieu qu’on trouve à l’oraison

pour le Dieu qu’on sert dans l’action

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Les Jésuites « spirituels »  

Certains « spirituels » jésuites

dont le père Surin et le père Lallemant

ont préféré l’interprétation suivante de Thérèse d’Avila

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Quitter Dieu  c’est accepter  le désert ,l’aridité ,

et le vide parfois ressenti au cours des oraisons 

Quitter Dieu devient l’indice d’une aridité spirituelle

et d’une désappropriation parfaite

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Il faut quitter les consolations pour chercher Dieu purement sans profit

Accepter  d’être privé de Dieu par amour de Dieu

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Les Jésuites « actifs »

Pour d’autres jésuites 

au lieu de chercher Dieu

il faut  chercher la gloire de  Dieu

ce qui les a conduit

à sortir  de leur intérieur

pour des tâches extérieures  

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Faute de pouvoir s’entretenir avec Dieu

les actifs s‘investissent davantage dans les taches institutionnelles

 et supposent que par leur service

 ils quittent Dieu pour Dieu 

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