Saint Bernard avait fait condamner Abélard au concile de Sens et de Paris
Pierre par contre était en admiration devant Abélard
qu’il accueille comme moine dans son abbaye
Il le dit
il le répète
et l’écrit à Héloise qu’il avait connu jeune fille
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Souvenir
Ma Chère Héloïse
. Je voulais te montrer quelle place j’avais réservée dans mon cœur à la tendresse que je te porte en Jésus‑Christ.
Ce n’est certes pas d’aujourd’hui que date mon affection;
elle remonte fort loin dans le temps.
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Je n’avais pas franchi les bornes de l’adolescence, je n’étais pas entré dans les années de la jeunesse que déjà ton nom parvint à mes oreilles ;
ce n’était pas encore ta profession religieuse, mais ton goût si honorable et si louable pour les études qui faisait ta renommée.
J’entendais dire alors qu’une femme, retenue encore par les liens du siècle, se consacrait à la science des lettres et ‑ ce qui est très rare ‑s’adonnait à l’étude de la sagesse.
Ni les plaisirs du monde ni ses frivolités ni ses délices ne pouvaient la détourner de son propos : l’étude des arts.
Quand le monde entier donne le spectacle d’une véritable apathie pour ce genre d’exercices,
quand la sagesse ne sait plus où poser son pied,
je ne dirai pas chez le sexe féminin d’où elle est entièrement bannie,
mais dans l’esprit même des hommes,
tu t’es élevée par l’éclatant niveau de tes études au-dessus de toutes les femmes et tu as dépassé presque tous les hommes.
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Mais, plus tard, …, tu as remplacé La Logique par 1′Evangile, la Physique par l’Apôtre, Platon par le Christ, l’Académie par le Cloître.
Miracle vraiment unique et qu’il faut mettre au-dessus des œuvres les plus merveilleuses :
. Ton combat a apporté au créateur la gloire la plus grande ; il a plongé le séducteur dans la confusion la plus profonde
Eloge d’Abélard
Il serait doux pour moi de poursuivre avec toi un semblable entretien. Ta célèbre érudition m’enchante et les éloges que bien des gens m’ont faits de ta piété m’attirent plus encore. Plût à Dieu que notre abbaye de Cluny t’eût possédée
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. Toutefois, si la providence divine, dispensatrice de toutes choses, nous a refusé les fruits de ta présence,
elle nous a du moins accordé celle de l’homme qui t’appartient,
de cet homme célèbre qu’il faut toujours et avec respect appeler le serviteur et le véritable philosophe du Christ, de Maître Pierre (Abélard).
Cette même divine providence a bien voulu nous l’envoyer à Cluny dans les dernières années de sa vie et nous pouvons dire qu’en sa personne elle nous a fait un don mille fois plus précieux que l’or et les perles.
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La vie édifiante, pleine d’humilité et de dévotion qu’il a menée : tout le monde à Cluny peut en témoigner.
…. Dans le grand troupeau de nos frères, où je le forçais à occuper le premier rang,
il paraissait le dernier par la misère de son vêtement.
Souvent lorsque dans les processions, il marchait devant moi, selon l’ordre cérémonial,
je m’étonnais et ne revenais point de voir un homme d’un si grand renom se ravaler et se rabaisser à ce point….;
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Il était modeste dans ses vêtements et ne demandait rien d’autre que la robe la plus simple.
Il apportait le même esprit de privation pour la nourriture, pour la boisson, pour tous les soins du corps.
Tout ce qui est superflu, il le condamnait par la parole et par l’exemple, pour lui comme pour les autres.
Sa lecture était incessante, sa prière assidue, son silence continuel à moins qu’une conversation familière avec des frères ou une conférence générale sur les choses divines ne le forçassent de parler.
…Que dirai‑je de plus? Son esprit, sa bouche, sa conduite se consacraient en permanence à la méditation, à l’enseignement, à la démonstration des choses divines, philosophiques et savantes.
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Quand Pierre Abélard mourut
Pierre le vénérable écrivit l’épitaphe suivant
.
Le Socrate de la France, le Platon sublime de l’Occident, notre Aristote, l’égal ou le maître de tous les logiciens passés et présents; le prince reconnu de la science, dans tout l’univers :
génie varié, subtil, pénétrant ;
vainqueur de tous les obstacles par la force de sa raison et la grâce de sa parole : tel était Abailard.
Mais il a remporté sa plus grande victoire lorsque, revêtant l’habit religieux de Cluny et les moeurs monastiques, il passa, dans le camp du Christ, à la véritable philosophie; c’est là qu’il a dignement terminé sa longue carrière, le onzième jour des calendes de mai, et qu’il nous a laissé l’espérance de voir son nom figurer un jour parmi ceux des philosophes chrétiens
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