Guillaume de Saint-Thierry (1075-1135) et la méditation de Signy

En 1121 Guillaume de saint Thierry ,

devient abbé bénédictin de Saint Thierry près de Reims

Il était  un grand ami et un admirateur de saint Bernard

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En 1135 il décide donc à  60 ans de redevenir simple moine

chez les cisterciens de Signy

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Mais a t il été décu ?

On peut se le demander en lisant le début de sa  méditation  qu’il aurait rédigée à Signy

http://www.citeaux.net/collectanea/tlc662.pdf

cette méditation est un dialogue entre Thierry et le Seigneur

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Lui

Tu m’as séduit Seigneur et j’ai été séduit

Tu as été le plus fort et tu l’a emporté

tu as dit « mon joug est suave et mon fardeau léger

mais où donc est cette suavité ?

Ou est elle cette légèreté ?

Alors … Seigneur qu’y a t il en moi qui t’a déplu ,

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Le Seigneur répondit

La suavité  de mon joug et la légèreté de mon fardeau vient de la charité

si tu avais la charité tu aurais cette suavité

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Lui

Si tu me la donnes pas je ne l’ai pas

si je ne l’ai pas ,je ne tiens pas non plus

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Le Seigneur

Déjà tu as reçu en partie la charité

mais toi, tu ne le sais pas

elle t’a conduit jusqu’ici 

Ici elle te maintient

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Lui

Je sais en effet que si le corps devient infirme

et si l’esprit se lasse

je ne défaillirai pas ,pourvu que je ne me départisse pas de toi.

Mais je progresserai  par mes infirmités mêmes …

….Donne-moi la charité toi qui a voulu être nommé charité 

Guillaume de Saint Thierry : Disciple de Saint Bernard

Guillaume de saint Thierry ,

après avoir été abbé bénédictin

termina sa vie comme simple moine cistercien

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Il est subjugué par saint Bernard 

et dans  ses 12 « oraisons méditatives »

on retrouve le style

les allégories

la théologie

du fondateur de Citeaux

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Bernard parlait des 3 parfums de l’épouse

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Guillaume parle des 3 doigts de Dieu    

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Seigneur tu nous a façonné et nous sommes glaise

la main de ta vigueur nous supporte

et nous sommes suspendus à tes 3 doigts

la foi l’espérance et la charité  (Méditation 1)

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Bernard écrivait

Tire moi

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Guillaume écrit

Tiens nous que ta main ne nous laisse pas tomber….

que nous ne soyons pas réduit à notre glaise et à rien du tout (I)

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Quand Guillaume parle du baiser de l’époux

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on ne peut s’empêcher de penser au commentaire de Bernard sur le cantique des cantique 

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Guillaume de Saint Thierry et le baiser de l’époux

Saint Bernard avait  parlé du baiser de l’épouse et des parfums de l’époux

dans « le cantique des cantiques »

Guillaume de saint Thierry parle du baiser de l’époux

dans ses « oraisons meditatives

mais il parle directement du Christ sur la croix

et en plusieurs endroits

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Méditation VIII 

Pour que l’épouse  fut jugée digne de ton baiser

, Seigneur ,ta face a été couverte de crachats

Pour que sa face apparut digne et belle

ta face a été rendu livide sous les paumes qui giflent et les roseaux qui frappent

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Ta face Seigneur a été aux yeux des hommes saturée d’opprobres

pour que la face de l’épouse  appart  belle et plaisante à tes yeux

…Tel est le baiser de douceur donné à ton épouse

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Ce baiser ,le bon larron l’a reçu sur la croix

Ce baiser, Pierre l’a reçu quand le Seigneur  le regarda alors qu’il reniait

et il sortit pleurer amèrement

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Seigneur attires  ceux que tu embrasses et que  tu étreins

qu’ils n’aient plus d’autre espoir que tes ailes qui les protègent et les réchauffent

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Ce baiser  lors de l’eucharistie

Seigneur, ce baiser de l’époux 

nous le recevons 

quand mangeant et buvant le repas de ton corps et de ton sang

nous ramenons, comme des animaux purs

de la bouche à notre mémoire

par la douceur de la réflexion  

en ruminant

ce que pour nous, tu as fait

et ce que tu as souffert

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Les ruminants dans le livre des lévitiques 

étaient considérés comme des animaux purs

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Méditation XII 

Ô lumière de vérité   nourris moi de ce pain de vie et d’intelligence

et abreuve moi de l’eau de sagesse salutaire

 

Recevoir l’intelligence des choses qui te concernent 

c’est à la fois nourriture et boisson

car il ya  des choses que nous broyons et mastiquons …

et d’autres qui telle une boisson nous réconfortent

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Parfois ton esprit souffle ou il veut et quand il veut

et aspire ne nous la grâce de ton amour

 

Guillaume de saint Thierry et la passion de Jésus

Au cours de plusieurs « oraisons méditatives »

réunies et publiés sans doute à la fin de sa vie

Guillaume médite sur la passion de Jésus   

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La prière à Jésus

Seigneur ,lorsque tu priais  devant les hommes sur terre ,

tu nous donnais la forme de la parfaite prière

Je te rencontre

parfois priant tout seul ,

parfois dans la foule

parfois dans l’exultation de l’esprit ,

parfois  dans la lutte sanglante

parfois dans l’exultation de la croix (V,1)

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Trois fois ,Seigneur au temps de ta passion ,

tu as offert à Dieu le père tes prières

pour toi, pour tes amis pour tes ennemis (V,7)

 

La passion de Jésus nous laisse trop souvent insensible 

Par habitude nous tenons désormais pour rien

de te voir crucifié ,

de te penser mort et enseveli

 

Tu fus crucifié, la terre trembla,  nous rions

Le ciel s’obscurcit, nous brûlons de briller dans le siècle

les pierres se fendirent, nous endurcissons nos cœurs (V,6)

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La porte dans le flanc  de Jésus

Les impénétrables richesses de ta gloire, Seigneur, restèrent cachés au dedans de toi ,

dans le ciel de ton secret jusqu’au moment ou la lance du soldat ouvrit le flanc de ton fils, sur la croix

Les sacrements de notre rédemption s’épanchèrent  alors si bien

que désormais nous mettons pas dans ton flanc le doigt ou la main, comme Thomas,

mais par la porte ouverte nous entrons tout entier ,jusqu’à ton cœur  (VI,20)

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Dans sa méditation X

Guillaume écrit :

Je me suis tourné vers mon crucifié.

Sa croix est ma gloire

Par elle mon front est signé ,

mon esprit se réjouit ,ma vie est dirigée

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Mon âme  embrassera le berceau du nouveau né et adorera sa sainte enfance,

Elle baisera  les pieds de celui qui pend sur la croix

Elle tiendra et couvrira de baisers les pieds du ressuscité,

Elle mettra la main dans les trous des clous et s’écrira

Mon Seigneur et mon Dieu

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Cependant bien que nous ne te connaissons plus selon la chair

c’est notre propre chair que nous prions, adorons supplions

Tu ne l’as pas rejetée, mais glorifiée

Elle  est l’escabeau de tes pieds

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Ta croix devient pour nous ce linge qui fut montré au bienheureux Pierre ,

descendant du ciel tenu par les 4 coins 

Tous nous y entrons, animaux purs er impurs et nous nous réjouissons d’être élevés vers le ciel

là, où nous serons aussi purifiés nous qui sommes impurs

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L’homme reçoit Dieu qui vient en lui-même par l’esprit saint,

non seulement d’une façon spirituelle mais aussi de façon corporelle,

par le mystère du corps et du sang saint et vivifiant de notre seigneur Jésus Christ  (X)

Guillaume de Saint-Thierry et ses gloses sur l’épitre au Romains

Guillaume de Saint Thierry a subit l’influence de Anselme de Laon

et a appris à gloser les textes

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La glose

La glose écrite dans les marges des manuscrits

c’est-à-dire la « langue »

doit expliquer les textes

comme si  maître s’exprimait à vive voix

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Quand Guillaume de Saint Thierry

était étudiant

deux livres étaient particulièrement glosés

à savoir « le livre des psaumes » et « l’épitre de saint Paul  au Romains »

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A son tour, Guillaume entreprit l’étude de cette épitre

mais à la différence des universitaires 

il ne se contente pas de gloser 

il ajoute  à ses commentaires

 des leçons spirituelles

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Son but

Ce qui m’a poussé à ce travail c’est la joie de la grâce de Dieu qu’il faut contempler et sa gloire qui doit être prêchée à tous (préface 2)

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Sa méthode

Des gloses

 Pour le texte

« serviteur du Christ Jésus » (Rm 1,1)

 il glose :

Jésus  est un nom propre  mais Christ est le nom d’un mystère

 donc dans le nom de Christ jésus  on doit comprendre le puissance du roi et du sauveur

 car on ne peut esperer le salut que d’un roi sauveur

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Autre texte

« le péché est entré dans ce monde …et ainsi la mort a passé dans tous les hommes (Rm 5,12)

Il glose

Paul ne dit pas le péché est entré dans tous les hommes

 mais dans le monde

tandis que la mort n’est pas entrée  mais a passé dans tous les hommes

et non dans le monde

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….ceux qui sont appelés « monde » c’est-à-dire les hommes terrestres ,l’apotre dit que le peche est entré et il ne mentionne nulle part sa sortie

mais …pour ceux qui sont des « hommes »,l’âpotre dit que le péché a passé  mais que par le conversion il est passé

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Des méditations

Les gloses sont donc les commentaires d’un enseignant

c’est froid ,

parole d’un prof !

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Mais en d’autres passages de son exposé

Guillaume se transforme

Son commentaire devient chaleureux

sa parole devient celle d’un contemplatif  

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Guillaume de Saint-Thierry et ses méditations sur l’épitre au Romains

En bon élève d’Anselme de Laon

Guillaume a glosé l’épître aux romains

mais bien souvent

il déborde

il contemple

et s’épanche

en méditations chaleureuses

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C’est la cas quand il parle de la grâce

en commentant le verset

« Je rends grâce à mon Dieu (Rm1,8)

Ce commentaire n’est plus une glose

une explication de texte

C’est une méditation

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Le prédicateur de la grâce rend d’abord grâce a celui dont toute grâce est espérée et reçue ,

ensuite et en bon ordre vient la prédication

Ce qui plait au Dieu souverain c’est le sentiment de gratitude de celui qui reçoit ses dons ainsi que son humble et pieuse intelligences de la bonté divine

Ce qui plait c’est le sacrifice de la charité fraternelle  de celui qui se réjouit avec son frère de son progrès vers Dieu

Rien n’est plus doux ,plus agréable que de rendre grâce pour ses propres progrès et ceux de son prochain

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C’est une méditation

C’est la cas aussi quand Guillaume parle du saint Esprit

« L’esprit saint que tu nous donnes »( Rm5,5 )

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Donnes nous le donc et habitant en nous ô Dieu

 aime toi par nous ,

nous remplissant d’ardeur pour ton amour ,nous illuminant et nous stimulant …
Quand tu fais cela ,ô tendre et doux Seigneur,

tes fils vendu de l’esclavage sont capables de penser à toi ou de parler de toi avec douceur et tendresse …leur cœur devient brûlant pout toi …

 

Ce commentaire n’est plus une glose

C’est  une méditation

 

Guillaume de Saint Thierry : La grâce et la prédestination

Les « oraisons méditatives » de Guillaume de Saint Thierry

publiées à la fin de sa vie

tout en étant des méditations savoureuses ,onctueuses, affectueuses

sont aussi de véritables traités de théologie

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Guillaume de saint Thierry 

n’a pas le culot de Hugues de saint Victor

qui se vante de ses qualités

pour en remercier le seigneur

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Le pécheur

Dans sa 12 é méditation Guillaume se reconnaît pécheur

et le déplore amèrement

en s’adressant à Dieu

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Si j’ai fait quelque bien, il est tien

je te le remets

Les maux que j’ai faits sont miens

Hélas ! Qu’ils sont nombreux et qu’ils sont grands …

je ne les distingue pas ,je ne les compte pas ..

mais qu’ils soient  présentés comme réunis en une fascine, pour être brûlés

en un grand  fagot grand et énorme .impossible à porter si personne ne me vient en aide

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La grâce et la prédestination 

Guillaume s’interroge donc dés sa première méditation

sur notre faiblesse