En 1129 Bernard participe au concile de Troyes
en tant que secrétaire
et fait reconnaître les statuts des templiers
Mais L’existence d’un ordre de moines appelés à manier l’épée et à verser le sang était, selon Jean Flori, une « monstruosité doctrinale »
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En 1130
Bernard écrit « une louange de la nouvelle milice »
La double cuirasse
C’est une milice d’un nouveau genre, inconnue aux siècles passés, destinée à combattre sans relâche un double combat contre la chair et le sang, et contre les esprits de malice répandus dans les airs.
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; mais ce qui, pour moi, est aussi admirable qu’évidemment rare, c’est de voir les deux choses réunies,
Un soldat qui revêt en même temps son âme de la cuirasse de la foi
et son corps d’une cuirasse de fer,
sous cette sa double armure, il ne craint ni homme ni diable.
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Tuer est un homicide
Il n’est pas bon d’être homicide, qu’on soit vainqueur ou vaincu, mort ou vif, c’est toujours une triste victoire
Mais les soldats du Christ n’ont point à craindre d’offenser Dieu en tuant un ennemi
puisque c’est pour Jésus-Christ qu’ils donnent ou reçoivent le coup de la mort, et que, non seulement ils n’offensent point Dieu, mais encore, ils s’acquièrent une grande gloire :
en effet, s’ils tuent, c’est pour le Seigneur, et s’ils sont tués, le Seigneur est pour eux ;
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Un malicide
le chevalier du Christ… Ce n’est pas en vain qu’il porte l’épée ;
il est le ministre de Dieu, et il l’a reçue pour exécuter ses vengeances, en punissant ceux qui font de mauvaises actions et en récompensant ceux qui en font de bonnes.
Lors donc qu’il tue un malfaiteur, il n’est point homicide mais malicide, si je puis m’exprimer ainsi ;
car s’il était absolument défendu à un chrétien de frapper de l’épée,
d’où vient que le héraut du Sauveur disait aux militaires de se contenter de leur solde,
et ne leur enjoignait pas plutôt de renoncer à leur profession (Lc III, 13) ?
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Vie des soldats du Christ.
Parmi eux, la discipline et l’obéissance sont en honneur ;
Ils vivent rigoureusement en commun dans une douce mais modeste et frugale société, sans épouses et sans enfants ; bien plus, suivant les conseils de la perfection évangélique, ils habitent sous un même toit, ne possèdent rien en propre et ne sont préoccupés que de la pensée de conserver entre eux l’union et la paix.
Pleins de déférence les uns pour les autres, on les voit porter les fardeaux les uns des autres, et accomplir ainsi la loi du Christ. On n’entend, parmi eux, ni parole arrogante, ni éclats de rire, ni le plus léger bruit, encore moins des murmures, et on n’y voit aucune action inutile
Négligés dans leur personne et se baignant rarement, on les voit avec une barbe inculte et hérissée
Il est aussi singulier qu’étonnant de voir comment ils savent se montrer en même temps, plus doux que des agneaux et plus terribles que des lions, au point qu’on ne sait s’il faut les appeler des religieux ou des soldats,
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Le temple.
Il y a à Jérusalem un temple où ils habitent en commun ;
Ces soldats sont animés pour la maison de Dieu, du même zèle que leur premier Maître qui armant jadis sa main sacrée, non d’un glaive, mais d’un fouet entra dans le temple et en chassa les marchands,
Cette armée dévouée jugea qu’il est bien plus intolérable encore de voir les saints lieux profanés par la présence des infidèles que par celle des marchands,
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Merveille
. Mais ce qu’il y a de plus consolant et de plus avantageux, c’est que la plupart de ceux qu’on voit, de tous les pays, accourir chez les Templiers, étaient auparavant des scélérats et des impies, des ravisseurs et des sacrilèges, des homicides, des parjures et des adultères,
en effet pendant que, d’un côté, par leur départ, ils font la joie et le bonheur de leur propre pays, qu’ils cessent d’opprimer ; de l’autre, ils remplissent d’allégresse, par leur arrivée, ceux à qui ils courent se réunir, et les contrées qu’ils vont couvrir de leur protection.
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Un pèlerinage
Les templiers sont
à Bethleem , la maison du pain, où apparut pour la première fois, quand une vierge le mit au jour, le Pain vivant descendu du ciel.
à Nazareth
c’est-à-dire la fleur, Nazareth où l’enfant Dieu, qui naquit à Bethléem, fut nourri comme le fruit dans la fleur.
à Jérusalem
Montons sur le mont des Oliviers et descendons ensuite dans la vallée de Josaphat, afin de tempérer la pensée des trésors de la miséricorde divine par la crainte du jugement dernier ;
le jourdain
Quelle joie pour le Jourdain qui se glorifie d’avoir été consacré par le baptême de Jésus-Christ, de recevoir les chrétiens dans ses eaux
au Calvaire.
Allons aussi sur le Calvaire où le véritable Elisée, dont ont ri des enfants insensés (2 R II, 17), donna un rire éternel à ceux dont il a dit : » Me voici, moi et les enfants que le Seigneur m’a donnés » (Is VIII, 18).
Au Sépulcre.
De tous les lieux saints, celui qui tient la première place en quelque sorte, qu’on désire le plus voir et où l’on ressent je ne sais quel redoublement de piété, c’est celui où le Christ reposa après sa mort plutôt que
Quel bonheur pour ces pèlerins quand, après les fatigues sans nombre d’un long voyage, et une foule de périls auxquels ils se sont vus exposés sur terre et sur mer, il leur est enfin permis de se reposer là-même où ils savent qu’a reposé le corps du Seigneur !