Lettre de Fénelon à madame de Maintenon
8 novembre, 2014En ce temps là Madame de Maintenon
admirait Fénelon
et lui demanda
de lui écrire ce qu’il pensait d’elle
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Fénelon bien naïf
car ce sera à ses dépens
lui répondit franchement
car il n’était guère courtisan
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« Je vous dirai ce que je pense,
et Dieu vous en fera faire l’usage qu’il vous plaira.
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Vous êtes ingénue et naturelle;
de là vient que vous faites très-bien, sans avoir besoin d’y penser,
à l’égard de ceux pour qui vous avez du goût et de l’estime,
mais trop froidement, dès que ce goût vous manque.
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Quand vous êtes sèche, votre sécheresse va assez loin.
Je m’imagine qu’il y a dans votre fonds de la promptitude et de la lenteur.
Ce qui vous blesse ,vous blesse vivement.
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Vous tenez à l’estime des honnêtes gens,
au plaisir de soutenir votre prospérité avec modération,
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le MOI
Le moi, dont je vous ai parlé si souvent, est encore une idole
que vous n’avez pas brisée.
Vous voulez aller à Dieu de tout votre cœur,
mais non par la perte du Moi;
au contraire, vous cherchez le moi en Dieu;
….J’espère que Dieu vous donnera la lumière, pour entendre ceci mieux que je ne l’ai expliqué.
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Bonne …mais
Vous êtes naturellement bonne et disposée a la confiance,
peut-être même un peu trop …
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Mais quand vous commencez à vous défier, je m’imagine que votre cœur se serre
….Je vous dis tout ceci, madame, parce que, en la place où vous êtes,
on découvre tant de choses indignes
et on en entend si souvent d’imaginées par la calomnie;
qu’on ne sait plus que croire
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Ce qu’on dit d’elle
On croit dans te .monde que vous aimez le bien
Il me semble qu’on vous rend ainsi justice à la pureté de vos motifs.
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Elle est séche
On dit pourtant encore, et selon toute apparence avec vérité,
que vous êtes sèche et sévère;
qu’il n’est pas permis d’avoir des défauts avec vous,
et qu’étant dure à ‘vous-même, vous l’êtes aussi aux autres;
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Les affaires
On dit que vous vous mêlez trop peu des affaires.
….Le vrai moyen d’attirer la grâce sur le roi et sur l’État n’est pas de crier ou bien de fatiguer le roi
C’est de l’édifier, c‘est d’ouvrir peu à peu le cœur de ce prince par une conduite ingénue, cordiale, patiente
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Pour ce qui concerne les affaires votre esprit en est plus capable que vous ne pensez;
Vous vous défiez peut-être un peu trop de vous-même,
ou bien vous craignez trop d’entrer dans des discussions contraires au goût
que vous avez pour une vie tranquille et recueillie.
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Je persiste à croire que vous ne devez jamais vous ingérer dans les affaires d’État
mais quand vous aurez l’occasion de quoi faire le bien,
il ne faut jamais reculer.
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Critique du roi
C’est ce qui me persuade que,
quand vous pourrez augmenter le crédit de MM. de Chevreuse et de Beauvillers,
vous ferez un grand coup.
Enfin le grand point est d’assiéger le roi , puisqu’il veut l’être,
de le gouverner, puisqu’il veut être gouverné;
…Son salut consiste à être assiégé par des gens droits et sans intérêt.
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Votre application à le toucher, à l’instruire, à lui ouvrir le cœur,
…à le garantir de certains piéges, à le soutenir quand il est ébranlé,
à lui donner des vues de paix, et surtout de soulagement des peuplés,
tout cela, vous donnera bien de l’occupation;
….Voilà l’occupation que je mets au-dessus de toutes lés autres.
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Il faut faire simplement ce que vous devez,
et prendre en paix et en humilité les mauvais succès