Archive pour la catégorie 'Massillon'

Jugement de sainte Beuve sur Massillon (1663-1742)

6 novembre, 2014

Dans « ses causeries du lundi » Tome 9

sainte Beuve écrit à propos de Massillon

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Un bon psychologue

Que d’admirables vues sur les passions,

sur  la volupté et ses dégoûts (sermon de l’Enfant prodigue);

sur l’ambition et ses convoitises (sermon de l’Emploi du Temps);

sur l’envie et ses tortuosités (sermon du Pardon des Offenses);

sur les misères même d’une tendresse criminelle heureuse, sermon de la Pécheresse)

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Un Moraliste ?

Massillon savait bien qu’il avait été éloquent

et quand on le lui disait, il répondait :

 « Le Démon me l’avait déjà dit avant vous! »

 Par moments, il a l’air de souffrir de ces éloges.

 Que lui sert d’être loué pour avoir lu presque en prophète

 dans les cœurs et dans les plus secrets penchants de ceux qui l’écoutent,

 si les penchants résistent,

 si les cœurs restent les mêmes et ne se corrigent en rien?

« Et que « nous importe de vous plaire, si nous ne vous changeons pas?

Que nous sert d’être éloq|uents, si vous « êtes toujours pécheurs? »

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Il arriva à Massillon après ses premiers succès

ce qui arrive à tout prédicateur éloquent et célèbre ;

Il fut recherché, on accourut à lui,

on le força de quitter souvent cette retraite de la maison de Saint-Honoré

où il vivait humble, studieux, et occupé par la méditation

On lui demanda des conseils

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Le petit carême

Le Petit Carême, fut prêché en 1718 par Massillon ,déjà nommé évêque,

devant Louis XV enfant, dans la chapelle particulière des Tuileries,

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Toutefois  Massillon n’a été si célèbre par son Petit Carême

que parce qu’en cette circonstance

 il s’est trouvé l’organe d’un sentiment social longtemps comprimé,

qui se faisait jour pour la première fois.

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Un nouveau règne, un nouveau siècle, en effet, venait de naître

A côté des désordres qui faisaient irruption et scandale dans les mœurs publiques,

une grande espérance se faisait sentir

dans tout ce qu’il y avait d’âmes restées encore honnêtes.

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Une nouvelle politique : Pour le peuple

Il semblait que, Louis XIV ayant abusé de sa méthode de régner,

 une nouvelle et plus douce manière devait être plus efficace

« Les rois ne peuvent être grands « qu’en se rendant utiles aux peuples

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Massillon, par cette portion de son Petit Carême, inaugure donc

cette politique  dont Louis XV sans doute ne sut point profiter à temps,

 mais qui, dès qu’on voulut l’appliquer en réalité, réussit,

comme on l’a vu, si mal à Louis XVI, à Malesherbes,

à ces hommes excellents et trop confiants

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Opinion de Voltaire

Pour le chrétien, il manque peut-être vers la fin, dans l’ordre de la foi,

 je ne sais quelle flamme et quelle pointe de glaive,

 non contraire pourtant à la charité, et à laquelle on ne se méprend pas.

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Voltaire sentait cette pointe de glaive chez Pascal, chez Bossuet;

 il la sentait moins chez Massillon.

Il se le faisait lire à table, et cela ne le convertissait pas :

« J‘aime à me le faire lire à table, les Anciens en usaient ainsi, et je suis très-ancien.

 Je suis d’ailleurs un adorateur très-zélé de la divinité ;

 j’ai  toujours été opposé à l’athéisme; 

Massillon et l’opinion des hommes

6 novembre, 2014

Le respect Humain

Dans son  sermon sur « le respect humain »

Massillon ne parle pas des « Tartuffe »

 les faux dévots

mais au contraire des  vrais dévots qui rougissent de leur foi

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Le vice des pharisiens peut trouver encore des imitateurs

 mais ce n’est pas le vice du. plus grand nombre. 

Le respect humain qui fait que nous servons Dieu 

pour mériter l’estime des hommes, 

est bien plus rare que celui qui nous empêche de le servir

 de peur de la perdre. 

La tentation la plus ordinaire 

n’est pas de se glorifier d’une fausse vertu 

c’est de rougir de la véritable 

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En quoi ces deux vices se ressemblent, 

c’est que tous les deux sacrifient le salut éternel

 aux vains jugements des hommes. 

 

Nous tenons tous à un certain monde qui nous environne

 nos proches, nos amis, nos protecteurs, nos maîtres 

 ce petit nombre de personnes qui forme pour nous un monde à part,

 dont nous craignons les jugements, 

et au goût duquel nous sacrifions même nos désirs de vertu 

si en les accomplissant nous devons nous attirer ses dérisions 

et ses censures.

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 Je dis donc que cette disposition renferme premièrement,

 un mépris de Dieu qui la rend très-criminelle; 

secondement, une crainte du monde qui la rend très-insensée 

troisièmement, un préjugé contre la vertu qui la rend très injuste. 

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Pilate

Au cours de son « sermon sur la passion »

Massillon  insiste  sur la faute de Pilate

qui a peur d’être mal jugé par César

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Le jugement des autres

au cours de son « sermon sur l’incarnation » 

Masillon remarque de nouveau

 

Ce que nous sommes à nos yeux et aux yeux de Dieu, 

nous intéresse peu

nous ne paraissons touchés, occupés,

 que de ce que nous sommes aux yeux des hommes 

et moins sensibles au soin de notre perfection,

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Toute notre attention se borne semble t il

à cette idée chimérique de nous-mêmes 

qui est dans l’esprit des autres.

Aussi il ne nous arrive guère de nous demander à nous-mêmes 

ce-que nous sommes réellement

mais nous nous demandons sans cesse 

ce qu’on croit que nous soyons 

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Par orgueil, nous nous laissons toucher par des louanges 

que notre cœur désavoue;

Nous sommes plus flattés par l’erreur 

qui nous prête de fausses vertus

 que nous ne sommes humiliés par la vérité, 

qui nous fait sentir nos défauts et nos misères véritables. 

Massillon : Un moraliste, théologien de l’incarnation ?

5 novembre, 2014

Massillon dans son sermon

pour la fête de l’incarnation

parle de ce mystère

en moraliste

pas forcement en théologien

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Le jour de l’incarnation

Premièrement le Verbe s’ anéantit 

Secondement, le Verbe se charge de nos souffrances  

Enfin le Verbe s’unit à notre chair;

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 Un Dieu anéanti rend les humiliations honorables 

un Dieu chargé de nos douleurs rend les souffrances aimables 

un Dieu uni à l’homme fait taire la raison, 

et rend la foi même raisonnable.

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Le Verbe s’anéantit  

L‘Orgueil , 

a été de tout temps la plaie la plus dangereuse de l’homme. 

Né pour être grand et maître de toutes les créatures, 

il a toujours conservé au dedans de lui 

ces premières impressions de son origine 

trouvant sans cesse dans son cœur, 

je ne sais quels sentiments secrets de sa propre excellence, 

que sa chute n’a point effacés

**

L’orgueil humain avait donc besoin d’un exemple, 

qui fût en même temps son remède; 

et il fallait l’instruire et le guérir tout à la fois.

 Et voila, mes Frères,

 le grand mystère que la sagesse de Dieu 

opère aujourd’hui à Nazareth, dans le sein de Marie. 

**

Rien de plus obscur aux yeux des sens, 

que ce qui se passe aujourd’hui à Nazareth.

La sainte Fille préférée à toutes les autres filles de Juda, 

et dans le sein de qui s’opère le secret ineffable de l’abaissement d’un Dieu,

 n’a rien qui la distingue dans sa tribu,

que sa pudeur et son innocence.

**

 Un seul envoyé du ciel, invisible à tous les hommes

 apparaît à Marie dans le silence, 

sous la simplicité d’une forme humaine,

comme pour honorer lui-même, en cachant sa gloire, 

l’anéantissement du Dieu 

…Ici tout est obscur, rien ne parle aux sens,

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Jusque-là les hommes avoient cru 

que les prospérités temporelles étaient des faveurs du ciel 

et que la réputation était un bien solide…

 Mais dans ce mystère, 

la sagesse de Dieu nous découvre un nouvel ordre de choses:

Elle étale à nos yeux un monde nouveau tout spirituel 

de nouveaux biens, de nouveaux honneurs, 

et réformant nos jugements, elle nous apprend 

que l’innocence et la vertu 

sont les seules richesses de l’homme

que tout le mérite de l’âme fidèle est caché dans son cœur;

qu’un seul degré de charité élève plus haut le chrétien,

 que l’empire du monde entier;

que la patience,l’humilité, la douceur,

 sont les plus grands talents d’un disciple de Jésus-Christ

et qu’on n’est grand qu’autant qu’on est saint.

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Jetons souvent les yeux sur notre modèle 

Adorons les premières dispositions 

de l’âme  du Verbe incarné,

dans ses nouveaux anéantissements 

Pensons quelquefois que l’orgueil 

est presque notre seul crime ;

et que si nous pouvions une fois nous oublier tout-à- fait nous-mêmes, 

nous serions exempts de mille taches secrètes, 

qui éloignent Dieu de notre cœur.

Reprochons-nous sans cesse

 cette alliance monstrueuse de nos misères

avec nos vanités cette source de corruption que nous sentons en nous, 

avec ces désirs de gloire, qui entrent dans toutes nos œuvres 

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Le Verbe se charge de nos souffrances

L’exemple de Jésus Christ sur la croix  ôte aux souffrances

 tout ce qu’elles avoient d’abject et d’humiliant

Il est beau de souffrir après lui;

Il est glorieux de marcher sur ses traces.

 Jésus-Christ a pleuré;

 les larmes sont donc honorables à ses disciples 

Jésus-Christ a souffert la faim et ’la soif;

les saintes rigueurs de l’abstinence 

consacrent donc le corps du fidèle

Jésus-Christ a été humilié, calomnié méprisé 

les saintes humiliations des disciples de la croix

 sont donc devenues des titres d’honneur

et il est des ignominies souffertes pour la justice,

 plus glorieuses même devant le monde, 

que toute la gloire du monde même.

**

Le Verbe s’unit à notre Chair


Il fallait encore que le Verbe captivât la raison

en lui proposant pour l’objet unique de son culte, 

de son espérance, de sa consolation, de sa science et de sa sagesse

 l’union du Verbe avec notre chair; c’est-à-dire, Jésus-Christ 

la folie de la raison humaine,

 et de toutes les contradictions

 la plus incompréhensible, et la plus insensée en apparence.

 

Par-là vous comprenez d’abord ô homme!

que l’Auteur de votre être 

ne veut pas vous sauver par la raison,

 mais par la foi; 

qu’il ne faut plus le chercher

 par les vains efforts de l’esprit,

 mais par les mouvements du cœur; 

qu’il faut croire pour comprendre 

**

Vivez donc de la foi ‘mes Frères 

commencez par purifier votre cœur;

 l’innocence est la source des véritables lumières 

 **

Rappelez Jésus-Christ au dedans de vous 

Avec lui vous avez tous les trésors de la doctrine et de la sagesse 

Etablissez-vous dans la charité 

c’est le seul moyen de trouver là vérité

on ne connaît Dieu que lorsqu’on l’aime. 

 

Souvenez-vous qu’un cœur corrompu 

ne saurait avoir une raison saine et épurée 

que plus vous approcherez de Dieu par la grâce,

plus vous participerez à ses lumières 

plus vous avancerez dans la voie de ses commandements,

plus vous sentirez s’éclaircir dans votre esprit 

ces vérités divines, 

Massillon et la souffrance. Massillon serait il janséniste ?

5 novembre, 2014

C’est le temps des jansénistes

le temps des macho !

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Massillon parfois semble les rejoindre

 quand il parle de la souffrance

dans son sermon sur l’incarnation

avec des termes que nous avons du mal à accepter  

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Souffrir 

 Dès le premier instant, de son union avec notre nature

 dans le sein de Marie 

Jésus renonce à la joie sensible dont il pouvait jouir, 

 et il embrasse la croix 

que la justice de son Père lui présente

Dès lors victime de nos péchés,

il baisse son chef sacré sous la verge de la colère divine 

et sent les premiers coups de la sévérité 

due à l’homme pécheur. 

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Mais des rigueurs plus réelles l’attendent encore au sortir de cet humiliant séjour.

ses travaux croîtront avec ses années 

La faim la soif, la lassitude,

 qui sont les peines de notre crime 

deviendront l’exercice de son amour; 

Il n’annoncera que des croix et des tribulations 

Il ne promettra son royaume qu’à la violence; 

Il maudira les plaisirs 

Il n’appellera heureux que ceux qui souffrent

Il expirera entre les bras de la douleur,

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Sans plaisirs

N’être occupé qu’à égayer l’ennui de la vie mondaine,

par la variété des plaisirs et des spectacles agréables aux sens,

et couler doucement ses jours sans autres soucis que ceux 

qui naissent de la satiété elle-même et de l’abondance

est-ce être membre de Jésus-Christ, et animé de son esprit

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L’esprit du Christ 

 L’esprit de Jésus Christ est une sainte avidité de souffrances;

une attention continuelle à mortifier  l’amour-propre 

à .rompre sa volonté,

 à réprimer ses désirs,

 à retrancher à ses sens tous les adoucissements inutiles

Voilà le fond du christianisme et l’âme de la piété.

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Faux !

Ce n’est pas cela le fond du christianisme !

Ce sont de telles affirmations qui ont éloignés tant de bonnes volontés

Le christianisme c’est la joie !

La joie d’être sauvè

la certitude d’un monde meilleur

**

Oui mais !

Massillon le dit lui-même au début de la  deuxième partie de son homélie

L’Homme innocent devait mener une vie heureuse et tranquille.

 Là terre n’avait reçu la fécondité que pour fournir à ses chastes délices; 

ses sens n’étaient destinés qu’à le porter à la conservation de son être 

par des impressions douces et agréables

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Le vrai bonheur

Dieu nous promet beaucoup de bonheur si nous suivons ses instructions

On se plaint quelquefois que nous rendons la piété rebutante et impraticable, 

en interdisant mille plaisirs que le monde autorise.

**

Mais la source des plaisirs véritables

 n’est pas dans les sens; 

elle est dans le cœur

C’est là que Jésus-Christ 

porte le remède et la douceur de sa grâce. 

Tandis qu’au dehors 

tout paraît triste, rebutant, douloureux pour l’âme fidèle, 

un consolateur invisible 

remplace ces amertumes par des délices 

que le cœur de l’homme charnel n’a jamais goûtées,

**

Que ces vérités consolantes vous soutiennent,

Vous, mes Frères, qui étes entrés depuis longtemps

dans les voies de la justice et du salut 

Ne laissez point ralentir votre foi

 sous la pesanteur de la croix

que vous avez embrassée 

Massillon le psychologue :L’enfant prodigue

4 novembre, 2014

En commentant la parabole de l’enfant prodigue

Massillon pense avant tout à la luxure 

il dit en effet

Le vice dont j’entreprends aujourd’hui 

d’exposer les suites funestes; 

ce vice si universellement répandu sur la terre, 

..je le retrouve  

dans l’histoire des égarements de l’enfant prodigue. 

**

La luxure

C’est un vice honteux  qui nous éloigne de Dieu

Ce vice met comme un abîme

 entre Dieu et l’âme voluptueuse, 

et  ne laisse presque plus au pécheur d’espérance de retour.

Voilà-pourquoi le prodigue de notre Évangile 

s’en alla d’abord en un pays fort éloigné

**

Le psychologue

Massillon continue alors en analysant

en fin psychologue tous les états d’âme du prodigue

**

 Le prodigue de notre Évangile,

déjà aveuglé par sa passion,

 ne voit point le tort qu’il se fait

en s’éloignant de la maison paternelle 

l’ingratitude dont. il se rend coupable envers le père de famille; 

les dangers auxquels il s’expose 

en voulant  être le seul arbitre de sa destinée…

…..II part, et ne voit plus que par les.yeux de sa passion 
**

L’aveugle

Tel est le caractère de cette passion infortunée 

elle répand un nuage épais sur la raison 

des hommes sages, habiles, éclairés,

qui  perdent ici, tout d’un coup,

toute leur habileté et toute leur sagesse; 

Tous les principes de conduite sont effacés en un instant;

 On se fait une nouvelle manière de penser, 

où toutes les idées communes sont proscrites 

**

C’est un penchant impétueux, qui décide,

 et qui règle toutes les démarches 

on oublie ce qu’on doit aux autres 

et ce qu’on se doit à soi-même

 on s’aveugle sur sa fortune, sur son devoir, sur sa réputation 

sur ses intérêts, sur les bienséances mêmes …

et tandis qu’on se donne en spectacle au public,

 seul, on ne se voit pas soi-même. 

 **

On s’aveugle sur sa fortune 

On s’aveugle sur le devoir; 

On s’aveugle sur la reconnaissance …

ON ne voit plus que sa passion; 

**

Le dégout
Cette déplorable passion met dans le cœur 

un dégoût invincible pour les choses du ciel

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La mauvaise conscience
 Pour se calmer sur les suites d’une vie déréglée,

 on s’est bientôt persuadé que tout meurt avec le corps 

on a bientôt secoué le joug de la croyance commune,

 si gênant pour la volupté

On se fait des maximes dans le libertinage.

On était d’abord, dissolu que par faiblesse 

On  le devient par réflexion et par principe

**

On cherche dans les livres les plus monstrueux, 

et dans les sociétés les plus impies, 

de quoi se rassurer contre les préjugés de l’éducation 

**

Les remords

Ce vice honteux devient le supplice du pécheur impudique 

à cause des troubles, des remords. des agitations qui trouble le fond de son âme; 

**

Le Pére

Il court vers son enfant 

il se hâte de le soutenir; 

il le rassure contre ses frayeurs et contre sa propre faiblesse 

il calme ses agitations il dissipe ses nuages . 

Ce n’est pas. assez il rassemble mille circonstances qui lui facilitent toutes ses démarches 

il éloigne des occasions où sa faiblesse aurait pu échouer; 

il renverse des projets qui l’auraient.exposé à de nouveaux périls

**

 Le père de famille ne se contente pas de courir au-devant de son fils retrouvé; 

il se jette à son cou il l’embrasse il le baise 

son cœur peut à peine suffire à toute sa tendresse paternelle 

ses faveurs-sont encore au-dessous

 de sa joie et de son amour 

Il retrouve son fils qu’il ’avait perdu 

**

il le retrouve en vérité, sale, hideux, déchiré;

 mais ce qui devrait allumer ses foudres, ne réveille que son amour: 

il ne voit en lui que ses malheurs; il ne voit plus ses crimes 

il n’a pas oublié que c’est ici un enfant ingrat et rebelle

 mais c’est ce souvenir même qui le touche 

Masillon : La passion de Notre Seigneur

2 novembre, 2014

Massillon est un psychologue

il observe

il connaît les courtisans à qui il s’adresse

**

Dans la première  partie de  son sermon sur la passion de Jésus Christ

il s’intéresse donc davantage aux  personnages du récit

plutôt qu’à Jésus Christ

et en profite  pour critiquer

 les coutumes et les vices des courtisans   

**

Le respect humain

La crainte des hommes, qui avait été la première source de la perfidie de Judas, 

devient celle de la défection des autres disciples.

 Le pasteur frappé, les brebis sont dispersées. 

Ils l’avoient suivi généreusement 

tandis qu’ils l’avoient vu maitre de la mort et de la vie, 

Il leur paraissait beau 

alors d’être de ce petit nombre de disciples qu’il avait choisis; 

Ils ne rougissaient pas dé lui appartenir,

 et ils s’en faisaient même une gloire devant les hommes:

Mais dès qu’il est saisi, lié, méprisé, ils se cachent;

IIs ne le connaissent plus . 

**

 Pierre n’ose s’avouer disciple du Sauveur 

Une lâche timidité l’aveugle;

Il déclare qu’il ne connaît point cet homme 

il affecte d’ignorer jusqu’au nom de son divin Maître 

Lâche disciple! ..Il ne. le connaît plus. 

**

Jusqu’où le respect humain n’aveugle-il pas un cœur faible et timide!

Cruelle faiblesse, mes Frères! craindre les yeux du monde, quand on obéit à Dieu 

Se glorifier de servir les rois de la terre,

 et avoir honte de servir celui que les rois eux-mêmes servent, 

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La mauvaise foi

La mauvaise foi des prêtres 

Que ferons nous ? disent-ils

Ils ne peuvent se dissimuler à eux-mêmes la vérité des miracles

Cela les aigrit et les aveugle

Ils se sentent diminuer dans l’estime du. peuple, 

à mesure que la réputation de Jésus-Christ augmente 

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 La jalousie

Les voies que prend la jalousie pour nuire 

sont toujours secrètes 

parce qu’elles sont toujours basses et rampantes. 

On se glorifie des autres passions 

un ambitieux se fait honneur de ses prétentions et de ses espérances 

un vindicatif met sa gloire à faire éclater son ressentiment; 

un voluptueux se vante de ses excès et de ses débauches. 

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Mais il y a je ne sais quoi de bas dans la jalousie 

qui fait qu’on se la cache à soi-même 

C’’est la passion des âmes lâches

c’est un aveu secret qu’on se fait à soi-même de sa propre médiocrité;

c’est un aveuglement, qui nous ferme les yeux 

sur tout ce qu’il y a de plus bas et de plus indigne 

On est capable de tout

dès qu’on peut être ennemi du mérite et de l’innocence. 

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La dureté du cœur

Qu’il reste peu: de sentiment d’humanité dans un cœur, 

qui après avoir regardé d’un œil d’envie et de tristesse 

la prospérité de son frère, 

voit ses malheurs d’un œil d’allégresse et de complaisance 

… et le ferme à tous sentiments de pitié et de tendresse 

 

On voit avec une joie secrète. 

les malheurs et la décadence de ses frères;

 on ne peut être heureux que par leur infortune. 

. C’est là passion d’un mauvais cœur

 et c’est pourtant ce qui se passe tous !es jours a nos yeux,

et la passion dominante des cours

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La trahison

« Nous n’avons point d’autre roi que César » s’écrient-ils 

Eux qui se vantaient auparavant de n’avoir jamais été sujets ni esclaves de personne 

d’être le peuple de Dieu et de n’avoir que le Seigneur pour roi 

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Ainsi On est prés à tout sacrifier

la religion, l’état, les intérêts publics, 

pour nuire aux  personnes que la jalousie nous rend odieuses, 

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L’ingratitude
l
‘ingratitude poussée jusqu’à la fureur, 

met dans le peuple une opposition insensée 

à la vérité des miracles du Sauveur. 

« Qu’il soit crucifié »,s’écrient-ils 

‘ Quelle ingratitude!

C’est l’ingratitude qui forme toutes nos inconstances dans les voies de Dieu.

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L’ambition et Pilate

Le Sauveur du monde est traîné devant ce magistrat infidèle 

Tout prouve à Pilate son innocence: 

il avoue Iui-même qu’il ne trouve pas cet homme

digne de mort   mais on le menace de César 

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Donc ne voulant pas se mettre en danger 

et de déplaire à César

il propose des expédients pour sauver Jésus-Christ:
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L’ambition  nous rend faux. lâches, timides,

quand il faut soutenir les intérêts de la justice et de.la vérité

On craint toujours de déplaire on veut .toujours tout concilier, tout accommoder.; 

On n’est pas capable de droiture de candeur, 

d’une certaine noblesse qui inspire l’amour de l’équité,

et qui seule fait des grands hommes 

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L’ambition, ce vice qui infecte toutes les cours, et qui en est comme l’âme, 

est celui sur lequel on a le moins de remords, 

et qu’on ne s’avise jamais

de porter aux pieds du tribunal de la pénitence. 

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Hérode : les moqueurs

L’impiété traite toujours la vérité de superstition et de crédulité

,Ainsi Herode par curiosité souhaitait voir cet homme,

dont la renommée publiait des choses si merveilleuses

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Il ne cherche pas des instructions; il ne veut qu’un spectacle. 

Ce n’est pas pour connaître la vérité, c’est pour en faire des dérisions,

et se confirmer dans son incrédulité.

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Ce n’est pas pour s’instruire que l’on questionne

On se fait un bon air d’avoir des difficultés sur la croyance commune

On cherche a discourir sur la vérité, mais on ne cherche pas la vérité

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Jésus sur la croix

Dans la deuxième partie de son sermon sur la passion

Massillon médite enfin sur le mystère de Jésus  qui meurt sur la croix

cliquez  ICI 

Massillon : Jésus en croix

2 novembre, 2014

Après s’être attardé longuement sur  l’attitude des témoins du chemin de croix de Jésus 

Massillon dans la deuxième partie de ‘son sermon sur la passion’

médite sur ce mystère extraordinaire d’un Dieu crucifié

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Pourquoi souffrir ?

Jésus  nous avait dit

« bienheureux ceux qui souffrent » 

il nous avait appris que la violence qu’on se fait à soi-même 

était l’unique ressource du salut 

Toute sa doctrine semblait se réduire à humilier l’esprit 

et à mortifier les sens.

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Nul philosophe jusqu’à lui n’avait annoncé aux hommes 

qu’il fallût aller à la félicité 

par les humiliations et par les souffrances 

c’était là ce secret du royaume des cieux 

jusque-là inconnu aux enfants du siècle. 

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Il fallait que les humiliations et les douleurs de sa mort,

 devinssent le grand témoignage de la vérité de sa doctrine.

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Il y a toutes les douleurs de sa mort…le fiel et l’absinthe …

les coups de fouet, la couronne d’épines..

les douleurs de  son esprit affligé par l’horreur de nos crimes

de  son cœur attristé par l’inutilité de ses souffrances;

 de son amour accablé  par l’ingratitude 

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Jésus-Christ, saint innocent, séparé des pécheurs 

ne remplit son ministère que par les souffrances; 

n’opère notre salut, que par la croix

 ne devient homme que pour devenir homme de douleurs 

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Les miracles du calvaire

Ce n’est pas tant en ouvrant les tombeaux

 en brisant les rochers, en obscurcissant le soleil, 

en couvrant toute la terre de ténèbres,

 qu’il  rend .témoignage à la vérité 

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C’est en convertissant un scélérat, qui expire à ses côtés

C’est en changeant le cœur du centenier même, 

qui préside à son supplice 

en le forçant de confesser tout haut sa puissance et sa divinité 

C’est en touchant les spectateurs de sa mort 

et en les obligeant de s’en retourner, frappant leur poitrine,

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Voila !e grand miracle de la mort de Jésus-Christ;

la conversion des grands pécheurs 

prodige plus grand et plus merveilleux que tous tes autres

miracles qui se passent sur le Calvaire! 

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Le premier est un scélérat qui expire

La première aspersion du sang de Jésus-Christ, qui coule de la croix, 

purifie en un instant toutes les souillures de sa vie 

Il reconnait la gloire et la divinité de son Libérateur, 

il reçoit en mourant dé la bouche même de Jésus-Christ, 

l’assurance du pardon; 

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Le second pécheur, est un pécheur incrédule, un centenier gentil,

 qui jusque-là n’avait regardé Jésus-Christ qu’avec dérision 

En considérant Jésus-Christ,

 sa puissance dans ses opprobres,

 sa douceur envers ses ennemis, 

sa patience et sa majesté dans les  tourments 

son amour pour les ‘hommes…

il est grandement touché

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La troisième sorte de pécheurs, que Jésus- Christ convertit sur la croix,

 est une troupe inutile de spectateurs 

que la seule curiosité avait attirés sur le ’Calvaire.

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Libres des passions qui animaient les scribes et les pharisiens,

 et n’opposant point d’autre obstacle à ’la grâce, 

qu’une indifférence coupable pour le salut, 

touchés du spectacle des souffrances du Sauveur, 

et des grâces abondantes qui coulent avec son sang, 

ils sentent tout d’un coup leur cœur changé et brisé d’une sainte componction 

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Le Pardon

Le caractère le moins équivoque de la sainteté,

 c’est d’aimer ceux qui nous outragent. 

Jésus  prie pour  ses ennemis

Il n’est occupé que de leur salut 

il ne pense qu’à eux

 il ne prie, il ne parle que pour eux; 

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 « Ils ne savent  pas ce qu’ils font »

Ils ne savent pas 

qu’en me faisant mourir,

 ils vont me rendre à moi-même la gloire de l’immortalité; 

qu’en me rejetant, ils vont me faire connaitre de tous les peuples….

 

 Père saint!  vous  qui avez attaché ma gloire 

à mes opprobres et à mes souffrances,

 pardonnez à des aveugles qui servent, sans le savoir,

à l’exaltation de mon nom, et à l’agrandissement de mon royaume 

Massillon un conseiller : Sermon sur la vocation

1 novembre, 2014

Massillon connaît bien son monde

il connaît bien  les nobles

qui décident de l’avenir de leurs enfants

selon leur préjugés

et non en tenant compte de la volonté de Dieu 

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C’est pourquoi le mercredi de la 2é  semaine  de carême

après avoir lu le récit de la  vocation des fils de Zébédée 

il  parle de la Vocation en général

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La vocation

Il demeure donc établi, qu’avant que nous  fussions nés 

le Seigneur avait tracé à chacun de nous le plan de nos destinées

 et, pour ainsi dire, le chemin de notre éternité; 

et que parmi, cette multiplicité de voies, qui forment les diverses conditions de la société,

 il n’en est qu’une qui soit la nôtre et par où Dieu ait voulu nous conduire au salut. 

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Les choix

Il n’est que trop certain cependant, que la voie que nous nous choisissons la plupart, 

n’est point celle que Dieu nous avait d’abord choisie,

et que de toutes les circonstances de la vie ,

le choix d’un état est celle où la méprise est plus ordinaire. 

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 On n’attend point d’autre marque de vocation 

que le rang de la naissance 

ou la situation de la fortune 

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Etre né le premier dans une famille,

c’est être choisi du ciel pour succéder aux titres et aux dignités de nos ancêtres

et naitre au second rang dans la maison de son père c’est un

droit qui nous ouvre la porte de la maison du Seigneur 

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Un grand nom et une fortune médiocre,

c’est est un engagement inévitable à choisir Jésus-Christ

pour son époux. 

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Le salut

La retraite l’austérité des cloitres  n’est pas la profession la .plus sûre pour tous 

Vous y trouverez plus d’écueils qu’au milieu du monde si vous n’y êtes  point appelés

Ce n’est pas l’état, c’est la vocation du ciel, qui fait la sûreté.

 

… n’étant point dans la voie qui doit vous conduire au salut, 

plus vous marchez, plus vous vous. égarez

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Une vocation illégitime

Comprenez vous les suites irréparables d’une vocation illégitime?

Voyez les maux qu’une vierge folle et mondaine

que votre crédit seul aura placée à la tête des épouses de Jésus-Christ, 

fera dans la maison de Dieu; 

les relâchements qu’elle y portera; 

les âmes qu’elle y séduira;

 les grâces qu’elle y anéantira;

 les biens qu’elle y empêchera; 

les passions, qu’elle y introduira. 

les obstacles qu’elle y mettra pour toujours 

au renouvellement de l’esprit primitif

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Dieu seul pourra réparer un telle erreur

Sil est clair que le Seigneur n’ait point du tout présidé à votre choix  

votre sort est à plaindre, je l’avoue  mais il n’est pas désespéré

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Vous êtes loin du royaume des cieux, il est vrai

 mais vous pouvez encore y prétendre

Tandis qu’on peut se repentir, on peut encore espérer.

 Dieu peut accorder à la douleur d’un choix injuste

 les grâces qu’il aurait accordées à un choix légitime 

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Un repentir sincère, sanctifient tous les états; 

et on est toujours à sa place, quand on sert et qu’on aime le Seigneur.