Archive pour la catégorie 'Port Royal'

Les solitaires de Port Royal

21 janvier, 2015

Les premiers  solitaires de Port royal étaient bien sympathiques 

Des rêveurs

Des contemplatifs

Des poètes

à la recherche de Dieu 

Absolument pas des  sectaires 

Ils sont heureux de vivre

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Voici ce qu’en dit  H .Bremond dans son  « histoire du sentiment religieux » tome IV

A moins que l’on ne confonde austérité et jansénisme, ils n’étaient pas jansénistes.

 Cette austérité même n’avait du reste rien de si affreux.

N’allons pas nous représenter les solitaires, semblables au saint Jérôme des peintres,

nus dans leurs grottes et se déchirant la poitrine à coups de cailloux.

Saint-Cyran prêchait la pénitence plutôt que les pénitences.

La porte restait grande ouverte. Ils sortaient beaucoup.

Il y avait là d’authentiques gyrovagues, M. de Pontchâteau, par exemple;

 mais presque tous, et M. de Tillemont lui-même, ils aimaient fort les voyages » (p 247)

 

Ils avaient la rage d’écrire

Ce grand nombre d’écrivains m’épouvantait disait Hamon  (p 249)

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Ils n’ont pas vraiment de maître.

Saint Cyran les attirait puis les délaissait 

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Ils ne sont pas seuls :

Ils ont des livres, Augustin, Jérôme, toute la patrologie.

 Livres excellents, mais dont le texte inerte prête à des contre-sens fanatiques,

lorsqu’on les sépare de la tradition vivante qui les éclaire,

les redresse au besoin, les complète, les continue. (p254)

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. Port-Royal n’est donc pas une école spirituelle du premier ordre,

 égale en importance à l’école française, , à celle du P. Lallemant.

Il lui manque cette jeunesse, cet élan,

cette vie spontanée et débordante d’où se forment les grands courants mystiques.

 Ces lents ruisseaux, timides, compassés, aux rives géométriques,

ne promettent pas un fleuve, mais un petit lac…

  Pieuse et noble, la vie intérieure du premier Port-Royal présente un je ne sais quoi de vieillot,

un air de pastiche.

Ce sont des archéologues, des revenants.

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Leur protectrice fut la duchesse de Longueville

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et parmi ces solitaires ,on trouvaient    

les frères de la mère Angélique

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Jean Hamon 

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Le nain de Tillemont

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L’Abbé de Pontchâteau

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Nicole

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Pascal

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Le Nain de Tillemont (1637-1698) :L’historien scrupuleux de Port Royal

20 janvier, 2015

Le Nain de Tillemont  et son petit frère Pierre ,devenu plus tard trappiste , sont envoyés  très jeunes aux petites écoles de Port royal  .

il est ordonné prêtre en 1676,et se joint aux solitaires de port royal   

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Un historien

Dés l’âge de 18 ans ,il s’intéresse à l’histoire  

avec le même sérieux que Mabillon

avec la volonté de faire le tri entre les vrais récits et les faux

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Un solitaire scrupuleux

C’est un des solitaires de la première génération de Port Royal

austère mais pas « janséniste »

Cependant  il est scrupuleux

tant au niveau morale que dans son travail d’historien

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 H .Bremond écrit dans son  « histoire du sentiment religieux » tome IV

. « On le verra avec étonnement, dit son biographe, se reprocher des choses qui ne paraîtraient pas répréhensibles à la plupart des personnes de piété, et trembler dans un état au-dessous duquel une infinité de gens se croiraient dans une pleine assurance ….

. Il allègue les pour et les contre; il se tourmente, il se perd bientôt à les opposer les uns aux autres ; finalement, il laisse à la grâce de dénouer le problème et se repose tranquille dans cet abandon.

D’abord un juge ultra-scrupuleux, ensuite, un enfant.

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. Dans la vie intérieure de Tillemont, la religion n’intervient, s’il faut ainsi parler, qu’en fonction de la morale. C’est là du reste, nous ne saurions trop le répéter, le trait distinctif de Port-Royal, sa tache originelle. Leur moi qu’ils prétendent haïr, les obsède.

 L’école française offre à Dieu un sacrifice de louange,

 Port-Royal des essais de morale,

 Tillemont, des examens de conscience

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Il  écrit « les réflexions morales »

et beaucoup de vies de saints ,mais par peur d’en tirer orgeuil, il  ne voulut pas signer 

Il ne voulut point faire paraître son nom à la tête de ses livres. Ce fut contre son gré qu’on en mit quelques lettres. Néanmoins, il ne put le cacher ». Mais tout le monde ne sait pas a qu’il abandonna à M. Hermant, les vies de saint Athanase, de saint Basile, de saint Grégoire de Nazianze, de saint Ambroise…

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Henri Bremond conclut  dans son « histoire du sentiment religieux  tome IV p 278

 Tillemont est pour nous ce témoin unique, idéal, et qu’on a toujours tant de peine à rencontrer.

 Mieux que les meneurs et que les agités du jansénisme,

 mieux que Lancelot, qui a ses parties d’illuminisme et qui manque de bon sens,

mieux que M. Ramon, trop original pour être vraiment d’une école,

ce paisible érudit paraît le représentant le plus authentique,

le plus « irrécusable » de tout le groupe.

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Je n’oublie pas que cet élève des Petites écoles appartient à la seconde génération de Port-Royal, mais je sais aussi avec Sainte-Beuve qu’il est resté le parfait disciple de la première génération, un élève en droiture et qui n’a pas dévié 

Jean Hamon (1618-1687) : Le médecin de Port Royal.

19 janvier, 2015

En 1650, âgé de 33 ans, ce jeune médecin se retire à Port royal pour vivre avec les solitaires  et adopte une vie humble, au service des sœurs et des pauvres du voisinage

 

«  Sur les chemins il lisait ,ou tricotait sur son âne , car c’était aussi un de ses utiles passe-temps » (Ste Beuve tome 2 p 762 )

Il donne des cours aux Petites écoles et des conseils aux religieuses qu’il soigne

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Vie intérieure ou vie en église ?

Hamon était  un homme solitaire

il a une vie intérieure profonde

comme l’abbé saint Cyran

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H Bremond  dira à ce propos

que les conseils de saint Cyran

pouvaient devenir un danger pour l’église

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Hamon semble en effet faire fi de l’église

Quand les sœurs sont privées de sacrement

Il  écrit

« Jésus Christ exerce davantage notre foi quand il entre dans notre cœur ,les portes fermées ,que lorsqu’il y entre en la manière ordinaire …Qui nous séparera de cette eucharistie que nous recevons immédiatement de la main de Jésus Christ (Sainte Beuve p 773)

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Il écrit à propos des agonies en l’absence de prêtre

….mes mères et mes sœurs me rendent les mêmes valeurs que me rendraient les prêtres de Jésus Christ  

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Mais cela ne l’empêche pas de vénérer l’église

au moment de la dispersion des sœurs et des solitaires il écrit

Chéris ton prochain et sois uni à lui par la foi….

Quand l’amitié est véritable ,l’absence la purifie et la rend toute de foi et toute spirituelle  …

au lieu que la présence  la rend souvent toute humaine (Sainte Beuve p 767)

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Quittons nous nous mêmes ; En nous est le lieu de toutes les contrariétés qui peuvent vous séparer les uns des autres ….mettons nous devant Dieu ..où ne trouverons que de l’unité

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Ecrivain

comme les autres solitaires il écrit

des petits traités de pieté pour les religieuses

« il n’y a de vrai que ce qu’on ne voit pas   Le tout est d’être uni à Dieu par la volonté ;on est alors dans la vie

…c’est sa volonté qui nous fait vivre

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Il écrit sur Salomon  et sur  le cantique des cantiques

Sa correspondance occupe 2 volumes

Pascal (1623 -1662) à Port Royal

18 janvier, 2015

Selon Steinmann dans son livre sur « Pascal »

On montre encore à Port Royal des champs ,non loin des chambres d’Arnaud et de Nicole ,tapissées de livres ,l’étroite cellule aux murs blanchis à la chaux et pavée de carreaux de brique rouge ,qu’aurait occupé Pascal …Pascal en effet séjourne  quelques fois aux Granges ,mais  il ne s’y installa jamais , conservant  toujours son domicile à Paris ,ses domestiques et ,jusqu’à la fin de l’année 1660 ,sa belle bibliothèque ,son carrosse et le train de vie d’un personne de condition

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Le mystère de Jésus

Il semble que ce soit au début de son séjour à Port royal ,aussitôt  après sa conversion qu’il faille dater sa méditation écrite sur l’agonie de Jésus Christ connue sous le nom du mystère de Jésus

On invitait souvent les religieuses à écrire des petits billets sur les mystères du rosaire  

C’est ainsi que Pascal aurait rédigé ce texte

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Pascal rédige aussi un billet sur la sépulture de Jésus  et sur le résurrection

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A partir de cette époque ,Pascal ne cessera plus de faire oraison

et au « champs » il assiste à tous les offices y compris la nuit

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Montaigne

Les solitaires demandèrent une petite conférence à Pascal. Il parla ainsi de « Montaigne » devant  Mr de Sacy ,le supérieur  qui était en soutane avec ce bon visage qui traduit son tempérament calme et pondéré  ennemi du cartésianisme qu’il ne trouvait pas suffisamment religieux …

Etaient aussi présents

 Mr d’Andilly à la figure grave, encadrée de cheveux blancs ,l’amateur de jardin et de mystique ..

Mr Hamon, peut être de retour d’une consultation à la campagne ,

Mr de Pontchâteau, et le bon Fontaine, jeune secrétaire de Sacy

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Sauf d’Andilly qui avait un peu dépassé la soixantaine, les autres ont tous entre 35 ett 45 ans.

Pascal en a 32

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Pendant ce temps, à Paris on jase

On dit que Pascal s’est fait moine, d’autres ermite, d’autres qu’il est à Port Royal ..Il le sait et s’en soucie guére

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Le mémorial

Ce fut aussi à, cette époque qu’il écrit son mémorial

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En septembre 1655 il rentre à Paris

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1656 – 1658 :les provinciales

Ce fut l’époque des « provinciales »

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La maladie

Puis vint les temps de souffrances

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il meurt à Paris en 1662

Pascal et les Provinciales

16 janvier, 2015

En 1656 Pascal s’attaque d’abord à l’Abbé Saint Cyran et à Jansénius 

en discutant sur la grâce dans les 4 premières provinciales

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Puis il défend le grand Arnauld

et après avoir lu Escobar,il s’attaque aux jésuites

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Voici ce qu’écrit à ce propos Sainte Beuve dans son « Port Royal » (livre 3)

Pascal n’eut pas plutôt commencé à lire Escobar avec un peu d’attention et à parcourir les autres casuistes ,qu’il ne put retenir son indignation contre ces opinions monstrueuses

De ce jour là ce fut un duel à mort entre pascal et la Société

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La morale du 17è s 

C’est ainsi que les jansénistes depuis Pascal ,ont été par rapport aux jésuites, les exécuteurs de la morale publique  

…Si vous restez chez les catholiques ,

Si vous admettez la juridiction de ce tribunal institué pour tout entendre en secret

Si vous vous souvenez qu’il s’y présentaient  des pénitents bien étranges ,comme Louis XI ou Henri III pour qui c’était  une affaire sérieuse de jeûner le lendemain d’un meurtre ou d’une course libertine…

comment ne pas rester étonné  ( p 135)

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C’est le temps du roi très catholique qui allait de maitresse en  maitresse

au vu et au su de son confesseur « La Chaise de Commodité »

C’est le temps des  hypocrites décrits par Molière ou La Bruyère

c’est le temps des jésuites qui …absolvaient

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Les Provinciales

Pascal devient de plus en plus violent  

Dans la 11é provinciale ,il raille

Rien n’est plus dû à la vanité que la risée

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Dans la 12é ,Pascal  répond aux attaques des jésuites et leur écrit 

La guerre se fait chez vous et à vos dépens

Je vous plains, mes Pères, d’avoir recours à de tels remèdes. C’est une étrange et longue guerre que celle où la violence essaye d’opprimer le vérité

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Dans la 13é  

Mes pères ,tous vos auteurs  s’élèveront au jugement dernier

les uns contre les autres ,pour se condamner réciproquement dans leurs effroyables excès contre la loi de Jésus Christ

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Dans la 14é sur l’homicide

car enfin ,mes pères ,pour qui voulez vous qu’on vous prenne ?

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Dans la 16é

 vous me faites pitié mes pères …

et il va jusqu’à les appeler des lâches et des misérables 

Cruels et lâches persécuteurs ,faut il donc que les cloitres les plus reculés ne soient pas des asiles contre vos calomnies ? Pendant  que ces saintes vierges adorent nuit et jour Jésus Christ au Sain Sacrement ,..vous ne cessez jour et nuit de publier qu’elles ne croient pas qu’Il soit ni dans l’Eucharistie ,ni même à la droite de son père ; et vous les retranchez publiquement  de l’église ,pendant qu’elles prient  dans le secret pour vous et pour toute l’église . Vous calomniez  celles qui n’ont point d’oreilles pour vous ouïr ,ni de bouche pour vous répondre (p156)

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Réactions des curés

La majorité des curés se déclarent pour Port Royal dans cette affaire ,

tandis que la majorité des évêques étaient plutôt contre

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Cette fronde ecclésiastique de 1656 est comme un signe avant coureur  de celle des ecclésiastiques de 1789

 lors de la constituante avec les Camus et les Grégoire 

Les curés de Paris firent paraître plusieurs textes ,en faveur de Port Royal sans doute écrits par Pascal (p204)

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La censure

Les provinciales sont censurées

mises à l’index à Rome

brulées à Paris

mais la dénonciation morale contre les casuistes ennemis  obtint son plein effet .

Bossuet lui même parlera « des ordures des casuistes  (p 211)   

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Les écrivains et la morale du 17è siécle

Deux écrivains eurent alors le courage et l’honneur de défendre la morale des honnêtes gens

contre celle des faux dévots jésuitiques

Ce furent Molière  avec Tartuffe et La bruyère avec Onuphre

Ils sont à cet égard des successeurs directs et des héritiers du Pascal des « provinciales » ( P 250)

 

..tandis que dans ses sublimes « oraisons funèbres » de Condé et de la Palatine Bossuet 

« recouvrit d’un voile sacré l’incrédulité première   et profonde de son temps (p 283

 

…Bourdaloue  qui commence à s’illustrer en 1669 est plus ferme  dans son sermon sur les hypocrites 

Les souffrances de Blaise Pascal

15 janvier, 2015

En 1658 , Pascal fut repris de maux nerveux qui ne le quitteront plus

cela commença par un mal de dents qui lui ôta totalement  le sommeil

Pour oublier cette souffrance ….il se mit à retravailler sa géométrie

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Sa prière

En 1659 Pascal est sérieusement malade.

 c’est alors qu’il écrit sa prière pour demander à Dieu le bon usage des maladies.

Je ne vous demande ni santé ,ni maladie ,ni vie ,ni mort ;mais que vous disposiez de ma santé et de ma maladie ,de ma vie et de ma mort  pour votre gloire, pour mon salut et pour l’utilité de l’église et de vos saints …vous seul savez ce qui m’est expédient :vous êtes le souverain maître :faites ce que vous voudrez .donnez moi , ôtez moi.. 

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Peu à peu il se détache de tout et ne pense plus qu’à offrir sa souffrance

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Lettre à Fermat

En Aout 1660 il écrit à son  ami Fermat

Quoique vous soyez celui de toute l’Europe que je tiens pour le plus grand géomètre …ce n’est pas cette qualité là qui m’aurait attiré …pour parler franchement de la géométrie ,je la trouve le plus haut exercice de l’esprit  ..mais en même  temps je la connais comme peu utile …

Je m’y étais mis il y un an ou deux ,par une raison tout a fait singulière ,mais depuis je n’ai plus l’occasion d’y penser , outre que ma santé n’est pas très forte ;

 car je suis faible ,que je ne puis marcher sans bâton ni me tenir à cheval

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Des témoins de sa souffrance 

Tandis que sa santé allait de pire en pire ,

« la charité du pénitent et presque du saint ,son amour de la pauvreté ,sa rigueur pour lui-même,  son soin de mater toutes pensées inutiles …crossait sans mesure  

Sa sœur Mme Périer et la sœur Jacqueline en témoignent

il aima passionnément la pauvreté et la douleur

 A l’une et à l’autre il ne disait  pas seulement ,comme les stoïciens  « tu n’es pas un mal » ;il criait avec tendresse « tu es un bien

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Il  écrit

Ne me plaignez point !

La maladie est l’état  naturel des chrétiens

parce qu’on est par là  …dans la souffrance des maux ,dans la privation de tous les biens …sans ambition ,sans avarice ,dans l’attente de la mort …N’est ce pas ainsi que les chrétiens devraient passer la vie …se mettre humblement et paisiblement

 (Voir sainte Beuve « Port Royal » tome 2)

Pascal et les caricatures ( Provinciale 11)

14 janvier, 2015

Est ce qu’on peut rire de tout . ?

Voilà une question d’actualité en ce mois de janvier 2015

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Les Jésuites reprochent à Pascal de s’être  moqué d’eux

bien qu’eux mêmes avaient publié en 1653

non pas vraiment des caricatures

mais des estampes contre les jansénistes dans un almanach

 

la-deroute-des-jansenistes

 

Pascal répond donc aux jésuites dans sa 11 provinciale le 18 Aout 1656

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On peut rire !

On peut réfuter par des railleries, les erreurs ridicules.

Vous répétez ,Mes Pères ,dans tous vos Écrits, et vous allez

jusqu’à dire : « Que j’ai tourné les choses saintes en raillerie »  

.Ce reproche, mes pères, est bien surprenant et bien injuste

 car en quel lieu trouvez-vous

que je tourne les choses saintes en raillerie?

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Certes on peut se moquer des erreurs .Je n’ai pris sujet de rire que de ce qu’il y a de ridicule dans vos livres et qu’ainsi, en me moquant de votre Morale, j’ai  été aussi éloigné de me moquer des choses saintes,

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Avec mesure

En vérité, mes pères, il y a bien de la différence 

entre rire de la Religion, 

et rire de ceux qui la profanent 

par leurs opinions extravagantes.

Ce serait une impiété de manquer de respect pour les vérités 

que l’esprit de Dieu a révélées

 mais ce serait une autre impiété de manquer de mépris

 pour les faussetés que l’esprit de l’homme leur oppose. 

Car, mes pères, je vous prie de considérer que, 

comme les vérités chrétiennes 

sont dignes d’amour et de respect, 

les erreurs qui leur sont contraires 

sont dignes de mépris et de haine,

**

Un  ancien auteur, écrit  « que rien n’est plus dû à la vanité  que la risée, » ,

et c’est proprement à la vérité qu’il appartient de rire, …. parce qu’elle est gaie, 

et de se jouer de ses ennemis,…. parce  qu’elle est assurée de la victoire.

Il est vrai qu’il faut prendre garde 

que les railleries ne soient pas basses et indignes de la Vérité. 

Mais, à cela près, quand on pourra s’en servir avec adresse, 

c’est un devoir que d’en user. » 

**

D’où des règles à respecter  

Règles

La première de ces règles : Parler avec Vérité

l’Esprit de Piété porte toujours 

à parler avec vérité et sincérité ; 

au lieu que l’Envie et la Haine 

emploient le mensonge et la calomnie : 

..Quand il s’agirait de convertir toute la terre, 

il ne serait pas permis de noircir des personnes innocentes ; 

parce qu’on ne doit pas faire le moindre mal 

pour faire réussir le plus grand bien, 

et « que la Vérité de Dieu 

n’a pas besoin de notre mensonge, »  

On ne doit rapporter que les choses qu’il est utile de découvrir, 

et non pas celles qui ne pourraient que blesser sans apporter aucun fruit. 

** 
la seconde est de parler avec Discrétion

« Les Méchants » de saint Augustin, 

 persécutent les Bons 

en suivant l’aveuglement de la passion qui les anime; 

au lieu que les Bons persécutent les Méchants 

avec une sage Discrétion : 

de même que les Chirurgiens considèrent ce qu’ils coupent, 

au lieu que les Meurtriers ne regardent point où ils frappent. »

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 La troisième règle, :Jamais rire de ce qui est saint

 quand on est obligé d’user de quelques railleries,

L’Esprit de Piété 

porte à ne les employer que contre les erreurs, 

et non pas contre les choses saintes ; 

au lieu que l’Esprit de Bouffonnerie, d’Impiété et d’Hérésie,

 se rit de ce qu’il y a de plus sacré

**
La Charité

Enfin, mes pères, pour abréger ces règles, 

je ne vous dirai plus que celle-ci,

 qui est le principe et la fin de toutes les autres : 

c’est que l’Esprit de Charité porte à avoir dans le coeur 

le désir du salut de ceux contre qui on parle, 

et à adresser ses prières à Dieu 

en même temps qu’on adresse ses reproches aux hommes.  

Pierre Nicole (1625- 1695) un homme cultivé ,pacifique ,polémiste bien malgré lui

8 janvier, 2015

né à Chartres

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Voici ce que dit Sainte Beuve dans son « Port Royal »

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Un homme cultivé

P. Nicole lisait de tout

les philosophes anciens et modernes

Luther et Calvin, Melanchthon et Erasme

…ce qui fut écrit pendant la fronde

« c’est une grande nouveauté, dans Port royal de rencontrer un liseur si amusé et si infatigable de tant de livres non édifiants »

Tout en aimant la beauté, il cherche avant tout l’exactitude

là où règne la grâce, il cherche l’exactitude  et se plaint quand il ne la trouve pas   (Sainte Beuve )

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Il voyage beaucoup en France et dans les pays étrangers

Ce n’était pas des voyages de pures et rudes pénitences comme ceux de monsieur Le maitre ou de Mr Hamon

Nicole observe ,il  a l’œil dans ses excursions, aux curiosités naturelles ,aux singularités des lieux où il passe

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Maître à Port Royal

Pendant quelques années,

il enseigne dans les petites écoles de Port royal

en particulier les belles lettres et la philosophie

Il  apprend le grec à Racine,

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Un polémiste ?

Il a renseigné  Pascal quand celui-ci écrivit « les Provinciales » qu’il traduisit en latin en 1658

En 1677 il défend les évêques qui lutte contre les casuistes

Cela lui occasionne des ennuis

En 1679 Il  quitte la France  quand meurt la duchesse de Longueville

séjourne aux Pays bas

puis avec Antoine Arnauld à Bruxelles et aussi à l’abbaye d’Orval

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Un pacifique

mais si Nicole polémique

il le fait bien malgré lui

Nicole était un pacifique

C’est lui  qui inventa la distinction

entre le fait et le droit

pour réhabiliter les jansénistes

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Nicole et Pascal

Pascal écrit les provinciales 

en 1664 Nicole écrit les « imaginaires » une série de petites lettres  comme l’avait fait Pascal avec les « provinciales »   ,mais il écrit pour apaiser ,car il trouvait toutes les discussions vaines et inutiles

Qu’importe que les 5 propositions interdites par les théologiens soient ou ne soient pas dans le livre de Jansénius

..Que l’on croit ou qu’on doute ,peu importe !

..Qu’y avait  t il par exemple de plus vain que la fantaisie  qu’eut Justinien de faire condamner les écrits de Trois  auteurs  pour laquelle il bouleversa toute l’église …A quoi tous ces tumultes ont-ils aboutis …sinon à tourmenter

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Un homme de foi

Pascal a douté

Tout le monde connaît le « pari » de Pascal sur l’existence de Dieu

 Nicole n’ a jamais douté

C’est une espèce de peine que je n’ai jamais éprouvée que celle qui regarde la foi …je n’ai jamais vu que de fort loin les difficultés qui la combattaient

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La perpétuité de la foi

en 1664il écrit le premier volume de« la perpétuité de la foi » suivi par d’autres en 1672 et 76   

où il défend le dogme catholique sur l’eucharistie

contre les protestants  

ce qui  ne peut que plaire aux ecclésiastiques qui entouraient le roi

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Nicole et le grand Arnaud

Nicole est un pacifique

et  au bout d’un certain temps ,il est las de polémiquer au nom du grand Arnauld

il a vraiment envie de le quitter et de retrouver sa solitude et la paix  

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Il écrit donc à l’évêque de Paris

et lui promet de se tenir tranquille 

« En quelque lieu que je sois, j’aurais les mêmes égards pour éviter tout ce qui peut faire du bruit ,

et tout ce qui peut vous donner de la peine »

Les Messieurs de Port Royal et surtout monsieur de Pontchâteau, ne comprennent pas cette nouvelle attitude de Nicole  

« Tous par leurs paroles ,par leurs lettres ,et les plus modérés par leur opiniâtre silence,

maltraitèrent et mortifièrent Nicole

 Mais dans une lettre de 1681,  le grand Arnauld lui même donne raison à son ami Nicole et  répond à monsieur de Pontchâteau  

J’apprend qu’on s’est laissé prévenir contre Nicole ,par de méchantes raisons ,sur une affaire où il a tout à fait raison …N’est il pas juste  que chacun agisse selon son don ,

N’ a t il pas rendu d’assez grands services pour lui en savoir gré et ne pas le traiter comme un esclave qui n’aurait pas liberté de faire ce qui lui plairait?

En 1683 Mgr de Harlay l’archevêque de Paris, donne à Nicole  l’autorisation de  revenir à Paris,

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Les « essais de la morale »

Nicole  achève « ses Essais de morale » qui font sa réputation.

un écrivain  a parlé de la vertu d’Arnault, des mœurs  de Nicole ,et du génie de Pascal

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A propos du quiétisme ,Nicole  soutient Bossuet contre Fénelon

A propos des études monastiques, il soutient Mabillon contre Rancé.

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 Nicole il meurt à 70 ans. et fut enterré à l’église de saint Médard. 

Pierre Nicole : Les essais de morale

7 janvier, 2015

Pierre Nicole

le maitre dans les petites écoles de Port royal,

l’ami de Pascal et du « grand Arnauld

est aussi connu

pour ses « essais de morale »

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Le style des « essais »

Selon Sainte Beuve

Nicole peut encore être agréable à étudier ,

il est décidemment ennuyeux à lire

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Madame de Sévigné

Elle est  en admiration devant le style de  ces « essais »

ainsi dans une lettre à sa fille, elle commente des textes de Nicole

«l’orgueil est une enflure du cœur  par laquelle l’homme s’étend et se grossit en quelque sorte en lui-même »

l’expression « enflure du cœur » déplait d’abord à la dame 

puis subitement elle comprend

que l’orgueil c’est se gonfler

ce n’est que du vent

le mot « enflure » est exactement le mot qu’il fallait

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Ailleurs Nicole dit

« l’éloquence et la facilité de parler donnent un certain éclat à la pensée »

Madame de Sévigné ravie constate

que le mot éclat était vraiment le mot qu’il fallait

 Nous savons ce que ces gens là se servent des mots

mais jamais ,il me semble nous ne les avons vus si bien placés ,ni si bien enchâssés

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et puis si c’est ennuyeux selon Sainte Beuve

on trouve souvent des perles 

« nous sommes comme les oiseaux  qui sont en l’air mais qui y peuvent demeurer sans mouvement …

Il faut qu’ils remuent continuellement …

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La morale de Nicole

Il faut parfois reconnaître que ces « essais » ne sont pas bien gais

et même  parfois sordides

Il parle de la crainte de Dieu et des démons

 A cause du péché il y a sur terre

 un horrible massacre des âmes ..un véritable carnage spirituel

et nous pouvons dire que nous nageons dans le sang des pécheurs ,

que nous en sommes tous couverts ,et que ce monde qui nous porte est un fleuve de sang

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Nicole ,le doux Nicole faisait venir la chair de poule même à Monsieur de Pontchâteau

qui écrivait  « j’ai lu les essais de Nicole, il fait grand peur et je n’ai pas encore lu le plus terrible ,

à ce qu’on m’a dit, qui est l’enfer

(Sainte Beuve)

Joseph du Cambout de Pontchâteau (1634-1690) l’illustre abbé devenu planteur de chou

6 janvier, 2015

Joseph du Cambout de Pontchâteau

fait parti d’une grande famille

alliée aux Epernon et aux ,Harcourt ,

lointain neveu de Richelieu

il est choyé, aimé, protégé

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A peine âgé de 7 ans, il est nommé Abbé de 3 abbayes

ce qui  n’est pas rare chez les aristocrates de ces siècle

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Singlin

En 1651 il est présenté à  Singlin

le confesseur de Port royal 

qui le séduit un peu  

mais pas  encore tout à a fait 

car il est aussi attiré par les mondains

Il hésite !

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En 1655 il décide de rejoindre les solitaires  de Port Royal

mais  juste en ce moment  ces braves gens sont chassés  par ordre du roi

Ce n’est que partie remise pour Pontchâteau

Il partit loger au faubourg saint Marcel ,rue des postes 

pas trop loin de la cachette du grand Arnauld

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Voyageur

C’est alors qu’il voyage et  se dissipe

en 1658 il part à Rome en passant  prés de Dijon

chez sa sœur  la comtesse d’Harcourt

et chez son oncle cardinal à Lyon

en 1662 il est chez sa soeur Madame d’Epernon avec qui il se dispute

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Conversion

en 1663 , las de cette vie mondaine

avide de solitude, il  revient vers Singlin

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Clandestin

En 1664  après avoir définitivement donné congé à son valet

il entre à Paris

change de nom et loge en cachette avec d’autres solitaires au faubourg saint Antoine

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Ambassadeur à Rome

En 1669 ,en tant qu’homme charmant, poli ,ayant des relations et diplomate 

il est envoyé par Port Royal   pour négocier la  paix

entre Port Royal, Rome et le roi

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En 1669  c’est la paix clémentine

Tous les solitaires et religieuses qui avaient été inquiétés ,retrouvèrent leur liberté

les religieuses de Port Royal   eurent la permission de recruter  de nouveau

de choisir leur confesseur et leur Abbesse

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Le jardinier

en 1669 la paix retrouvée,l’abbé de Pont Château 

 devient le jardinier des granges à Port Royal

et planteur de Choux (Sainte Beuve)

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en 1679 madame de Longueville sœur du grand condé et protectrice de port royal meurt

 Un mois plus tard l’archevêque de Paris  donne l’ordre  tous les solitaires de quitter les lieux

et demande aux sœurs  de renvoyer tous les pensionnaires et postulantes

 …

 Dés lors Pontchâteau va errer tantôt chez des amis tantot dans des couvents

jusqu’à sa mort  en 1690

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