Archive pour la catégorie 'Port Royal'

La duchesse de Longueville(1619- 1679) à Port Royal

6 janvier, 2015

La duchesse de Longueville est la Sœur du grand Condé et du prince de Conti

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En 1642 elle épouse  le duc  Longueville, gouverneur de Normandie

,puis devient la maîtresse du futur de La Rochefoucauld , auteur des fameuses Maximes

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Une frondeuse 

En 1650 pendant la fronde ,Condé, le prince de Conti et son mari le duc de Longueville, sont en arrêtés 

La duchesse échoue dans sa tentative de soulever la Normandie et se réfugie auprès de Turenne en mars 1650.

.En 1651 A la suite de la chute de Mazarin ,les princes sont libérés

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La protectrice de l’abbaye de Port Royal des Champs

Sainte Beuve  dans son « Port royal »Tome 3   p 128ss écrit :

étant jeune fille, elle  avait  eu de grands sentiments de piété  et elle avait même penser se faire carmélite

puis elle fut mariée ,et  fut engagée dans le malheur des guerres civiles 

Ce fut dans le temps qu’elle fit sa paix avec le roi vers 1655 qu’elle recommença de nouveau à se donner à Dieu

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Depuis la mort de son fils qui fut tué au passage du Rhin, elle quitta l’hôtel de Longueville et s’alla loger au-dehors des  carmélites du faubourg saint Jacques ..

c’est-à-dire prés du couvent où Mademoiselle de Lavallières, elle même, s’était retirée en devenant religieuse

C’est là aussi qu’elle se lia d’une grande amitié avec Mlle de Vertus

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 elle avait  aussi bâti un logis à Port royal ,ou elle passait une partie de l’été

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Bien que en disgrâce à la cour

la duchesse de Longueville protège les sœurs de Port Royal des champs

qui n’eurent plus rien à craindre du pouvoir royal tant qu’elle fut en vie.

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Sa conversion

La duchesse  connaissait bien son grand défaut

Son besoin principal était de se distinguer,

de ne s’arrêter pas où s’arrêtent les bourgeois ou les gens de quelque ordinaire

 et de marquer par un scandale de plus ,galamment porté ,

qu’on était bien à part et du sang des demi dieux

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Convertie, la duchesse  ne faisait peut être que rechercher dans un ordre inverse ,un autre genre de succès

Elle l’avouait elle même

je crains mon orgueil qui se transforme, s’il faut ainsi dire ,en ange de lumière ,pour avoir de quoi vivre

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Monsieur de la Rochefoucauld ,s’il avait  entendu certaines de ses confessions auraient pu dire

« Toujours la même, je la reconnais bien là »

elle raffinait dans l’ascétisme comme elle avait fait dans la galanterie

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Monsieur de Pontchâteau qui l’avait bien connue  ajoutait 

il est vrai qu’on verra peu de gens de cette qualité embrasser un genre de vie comme le sien et demeurer ferme jusqu’au bout dans les grandes vérités de la religion ,dans un grand mépris de soi même …

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La duchesse  meurt le 15 avril 1679 à Paris, au couvent des Carmélites.

Aussitôt la persécution contre Port royal reprenait 

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Mademoiselle de Vertus (1617-1692) et Port Royal

5 janvier, 2015

Catherine de Vertus

 était issue de la grande noblesse et fréquentait la cour

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Elle était  la sœur cadette de la célèbre Mme de Montbazon qui avait fait tourner la tête à Rancé

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Amie de La duchesse de Longueville

En 1654 elle fut présentée à madame de Longueville ,la sœur de Condé et devient  pour elle ,plus qu’une  dame de compagnie.

Sainte Beuve lui consacre un  long chapitre dans son livre sur  « Port Royal » Tome 3 p116ss

Aux yeux de la postérité elle restera la confidente inséparable de Mme de Longueville

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Mlle de Vertus avait de l’esprit

 et ce qui est plus rare ,un bon esprit

Une de ses plus belles parties était ,comme on le disait alors, la bonté et la sagesse du conseil   

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On lit dans une note de Racine

Madame de Longueville était quelque fois jalouse de Mlle de Vertus qui était plus égale et plus attirante

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…Elle était l’âme et la prudence  de l’hôtel  de Longueville

Elle portait bien son nom  car vertueuse ,elle se mit à fréquenter les partisans de Port Royal

En 1669 dans l’ombre elle joua certainement un rôle de premier  plan pour la réussite  de la paix de l’église  et pour la libération de Mr de Saci alors à la Bastille

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A Port royal

Ayant Mr de Saci comme confesseur, elle se rendait de plus en plus souvent à Port Royal des champs 

 A côté du petit hôtel que Mme de Longueville fit construire dans le vallon, ,pour y passer de temps en temps quelques semaines ,elle eut son petit corps de logis  attenant et distinct

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En 1674  ,âgée de 57 ans , elle prit parmi les religieuses, le petit habit blanc des novices ,mais sans faire de vœux ;

sa mauvaise santé lui interdit d’aller plus avant

Effectivement en 1681 elle dut s’aliter et mourut après être restée onze ans gisante et collée à son lit

…durant ses longues années de souffrance et d’alitement ,elle se lassait de vivre et s’effrayait de mourir

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Son confesseur Mr Du guet  qui avait succédé à Mr de Sacy

tout janséniste qu’il était ne cessait de la rassurer et lui écrivait   

Il suffit de savoir que notre inquiétude  et notre trouble offense Dieu ,parce que ces pensées font injure à son amour pour nous 

La mère Agnès Arnauld (1593-1672) abbesse de Port-Royal,

4 janvier, 2015

Agnés est la sœur de la Mère  Angélique Arnauld qui reforma l’abbaye de Port Royal

et du « grand Arnauld » le docteur des jansénistes

.**

Henri Bremond dans le « sentiment religieux en France tome IV » écrit 

Moins agitée que sa sœur Angélique 

Plus humble et surtout plus intérieure

,elle restée l’âme du Port Royal, calme et fleuri  qui a longtemps réjoui les anges

Elle suivit sa sœur ainée dans ses austères réformes ,mais elle n’en n’eut pas l’initiative

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Elle est très influencée d’abord par les leçons de François de Sales puis par lCondren

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En 1658 elle succède à Angélique comme  abbesse de Port Royal

C’était pendant   la période la plus dure de la répression contre le jansénisme

au cours de laquelle, elle a toujours été modérée et conciliante  

ne cherchant que la paix et la sérénité nécessaire à toute contemplative

Elle est  l’auteur des Constitutions de Port-Royal, qui réglemente

 la vie matérielle et spirituelle des religieuses selon l’esprit  des  cisterciens

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Une femme de paix

Elle est  aussi peu inquiète pour l’avenir que triste pour le passé

elle écrit à son frère d’Andilly

« je ne trouve rien de plus utile que d’aller toujours de l’avant sans trop se  tourmenter » 

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A une religieuse qui  voyait dans ses souffrances

que des punitions de Dieu

la mère Agnès répondit

Souffrez comme si vous étiez juste

 aimant mieux donner vos peines à l’amour de Jésus Christ

 que de les appliquer  à la satisfaction de vos fautes

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La sœur Angélique ayant lu cette lettre ajoute en post-scriptum

je vous dis les mêmes choses  de tout mon cœur que  la mère Agnès

mais comme c’était le jour de  fête de la saint Barthelemy  elle ajoute

il faut souffrir qu’on vous écorche :

Je prie ce grand apôtre qu’il vous obtienne la grâce de le désirer

On voit la différence entre les 2 sœurs

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Bon sens ,fermeté paisible ,joie enfin

Presque toutes ces lettres d’Agnès  ,et il y en a plus de 400 ,rendent ce même son

Où donc est le rigorisme des  jansénistes en tout cela   ?

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La spiritualité d’Agnès est une spiritualité sereine  

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La spiritualité de la mère Agnès Arnauld de Port Royal

3 janvier, 2015

La mère Agnès était elle janséniste ?

On peut le savoir 

elle a  beaucoup écrit et nous a laissé 400 lettres

en plus d’un  petit fascicule sur le saint sacrement

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Le chapelet  secret du saint Sacrement

fut écrit par la mère Agnès

avant même qu’elle connaisse l’abbé de Saint Cyran

mais sous l’influence de Condren et des oratoriens

qui projetaient de créer une congrégation du Saint Sacrement avec les sœurs de Port Royal 

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Ce sont quelques  pages

Une suite de 16 méditations sur l’Eucharistie

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C’est compliqué ,mystique

mais n’a rien de janséniste 

On en fit plus tard tout un plat en racontant que Agnès

voulait empêcher les  communions fréquentes

ce qui est faux !

Encore une cabale montée en épingle

pour rien 

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Agnès influencé par Condren

disait seulement que face au mystère ,il fallait faire confiance

et « adhérer » complètement à Dieu

Vous pourrez prier ainsi disait Condren :

 Je me sépare de tout ce que je suis  J’adhère à tout ce que Dieu veut

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Je ne suis pas et vous êtes 

prière désintéressée et sereine (Bremond « sentiment religieux en France » tome IV page 208)

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Ses lettres

Ce qu’elle écrit sur la communion

c’est le pain quotidien qui nous fait subsister dans la voie de Dieu et nous donne des forces pour combattre nos ennemis ;et c’est pourquoi l’esprit malin fait ce qu’il peut pour nous en éloigner …en nous donnant de trop grandes craintes( p 218)

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Quand nous communions ,il faut demander à Dieu  lorsqu’il vient  à nous par la communion

 qu’il se lève et qu’il dissipe ses ennemis  c’est à dire nous-mêmes

car tout ce qui est en nous lui déplait ,

et il vient pour le détruire  afin de se mettre à sa place (p 219)

On est bien loin des jansénistes qui avaient peur de communier

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Ce qu’elle écrit sur l’oraison

Personne ne vient à moi si mon père qui est au cieux ne le tire

Il faut donc attendre ce tirement

L’’épouse dit je dors mais mon cœur veille

elle dort parce qu’elle n’agit point ,mais elle veille ,

parce qu’elle est attentive à recevoir les impulsions de la grâce ,pour les suivre fidèlement

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Saint benoit nous apprend à prier  sans pensées et sans considérations ,mais avec larmes et ferveur

et comme cette manière est sans  méthode et qu’on ne l’a pas quand l’on veut ,

on a trouve moyen de composer une oraison qui ne peut manquer

parce qu’elle dépend du raisonnement 

et ceux qui ont le plus de mémoire et de subtilité d’esprit y réussissent le mieux ( p 221)

Henri Arnauld ,évêque d’Angers (1597-1692)

3 janvier, 2015

Henri Arnauld ,un des nombreux frères de la mère Angélique de Port Royal fut  évêque  d’Angers

 de 1650 à 1692

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Selon H. Bremond 

Henri Arnault fut un personnage fort curieux ,non moins aimable ,

non moins amusant que Robert d’Andilly ,patelin finassier ,

au demeurant bon homme ,d’une intelligence et d’une vertus rares ,

et pour tout dire aussi peu janséniste que le père La Chaise

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Il n’entendait rien à toutes les disputes jansénistes

Malheureusement son frère le docteur faisait de lui tout ce qu’il voulait,

le surveillant ,lui envoyant des actes à signer ,le stimulant de toutes manières

 Il vint même une fois le harceler sur place  en compagnie de Nicole

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Mais enfin le bon prélat se proclamait janséniste et servit de son mieux les intérêts du parti

(Bremond « sentiment religieux en France » tome IV page 225) 

H Bremond : Le caractère de l’abbé de Saint-Cyran -

2 janvier, 2015

selon Henri Bremond  dans son livre « le sentiment religieux en France » Tome IV

L’abbé de saint Cyran est bien différent de ce que l’histoire en a retenu

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Un homme malheureux

On le construit a priori froid, sec et sinistre

 et naturellement l’on s’étonne de lui trouver des dispositions toutes contraires.

 Il avait un coeur excellent.

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Mélancolique 

…, il garde un je ne sais quoi de malade, d’un peu louche et de légèrement comique. On dirait d’une cloche fêlée …., il me parait difficile de ne pas reconnaître dans son cas des indices nettement morbides, une hérédité psychopathique assez accusée.…il a des  troubles cérébraux qui  atteignent parfois un  haut degré d’intensité.… légèrement  mégalomane. Il était prodigieusement occupé de lui-même. Dans ses lettres son moi s’étale avec une obstination déplaisante

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  mélancolique, mais avec beaucoup de bonhomie et de douceur.

Une tendre complaisance envers lui-même dénoue aisément ses crises.

 Autre solution également pacifiante ; il pleure beaucoup.mais les crises de Saint-Cyran, fréquentes, semble-t-il, mais assez courtes, ne présentaient rien de trop choquant

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Cependant très gentiment serviable, très affectueux,il se passe volontiers de la société des grandes personnes. Mais les jeunes gens ne le fatiguent jamais et, de leur côté, ils  ne le trouvent point farouche

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Craintif

Dès qu’il sort de sa forteresse, il va, mystérieux comme un conspirateur, le doigt sur les lèvres, avouant lui-même en riant que, pour éviter des aventures, il dit souvent le contraire de sa pensée.N’aurait-il pas eu. très atténué d’ailleurs, le délire de la persécution ?

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Dépressif

Il se lasse vite de tout et, il estime que tout va de travers en ce monde, Dépression paisible qu’interrompent quelques beaux réveils, mais qui tend vers une sorte d’hébétude majestueuse.Telle est du moins l’impression que nous laissent certaines des lettres ,en son déclin  toujours pleines de son moi, mais de plus en plus lasses

Pendant ses années de Paris, lorsqu’on nous le montre si redoutable, lorsqu’on le dresse contre Richelieu, Saint-Cyran n’est peut-être déjà plus qu’un précoce vieillard.

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Je ne dis rien de ses longues maladies sur lesquelles on ne nous a laissé que des indications fort vagues  

 Il ne pouvait pas se tenir debout. D’où pour lui la nécessité ou de ne pas dire la messe ou de la dire au galop.Autre infirmité :Il avait une espèce de faim canine qui l’obligeait à manger un peu de pain à diverses heures ».

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Un homme religieux

  Ce malade, cet impuissant a l’âme naturellement et passionnément religieuse.

 

Chose étrange ! Le meilleur et le vrai Saint-Cyran, l’homme de prière, l’histoire le soupçonne à peine.

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Il continue à rechercher la solitude, il tâtonne, il se dérobe, timide malgré ses façons de prophète. De vagues soupirs, des chuchotements sur la décadence présente de 1′Eglise;une ou deux réformes bizarres, mal agencées, qu’il annonce avec fracas et qu’il exécute pour sa part sans entrain, sans conviction;des lettres encore plus banales que solennelles; une quantité de petits papiers d’une insignifiance totale,

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C’était un liseur, un preneur de notes acharné

Sauf pendant la première période de sa vie, il ne demande d’abord  à ses immenses lectures que de nourrir sa dévotion. Nulle curiosité spéculative, il ne veut que s’édifier par de grandes idées religieuses.

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L’homme intérieur

Les deux vertus essentielles du chrétien intérieur sont, non pas comme on l’a cru, la crainte et la pénitence, mais bien le silence et la flexibilité, c’est-à-dire la souplesse aux inspirations divines .

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Il y a mille moyens pour nous perdre, et il n’y en a qu’un pour nous sauver, savoir l’humilité qui n’a point de plus fidèle compagnie que le silence sans lequel elle ne saurait subsister.

S’il envoie si volontiers ses pénitents au désert, c’est moins pour les mortifier que pour leur faire trouver Dieu dans le silence. Plus que des ascètes, il veut former des contemplatifs.

 Le silence et la retraite sont deux moyens qui attirent l’esprit de Dieu qui seul prie en nous

C’est  pourquoi aussi que  Saint-Cyran lui-même fuit, non seulement tout ministère actif, mais encore toute spéculation

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Il ne faudrait pas exagérer la difficulté de parole qu’on remarque chez Saint-Cyran. Il parait en effet certain que ses conférences, ses homélies, faisaient sur l’auditoire une impression profonde.

Le Père Amelote… venait le plus souvent qu’il pouvait avec… M. de Bazancourt, entendre (les conférences) que M. de Saint-Cyran nous faisait… Lorsque M. de Saint-Cyran était sorti du parloir,.. ;.. L’un disait que c’était un saint Jérôme, l’autre un saint Denis. Je me souviens que le Père Amelote nous dit un jour de la Pentecôte, qu’il viendrait de cinquante lieues pour entendre semblables discours et quand on manquait à les en avertir, ils en faisaient de grands reproches ».

Le meilleur Saint-Cyran, le seul bon, est avant tout, est presque uniquement un solitaire, un méditatif, un homme d’oraison. Se recueillir, prier est la seule occupation qui le satisfasse tout à fait. Mégalomanies, rêves de réforme, le reste l’amuse un instant, le fatigue bientôt,

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Nullement un réformateur

. On s’obstine à nous le présenter comme un réformateur considérable, comme le chef, d’une secte chrétienne.

Chef, réformateur, que d’ironie dans ces titres appliqués à un Saint-Cyran ! C’est bien là du reste, je le sais trop, le personnage qu’il aurait voulu, qu’à certains moments, il a cru jouer.Sa tare originelle, sa mégalomanie stérile le voulait acteur, 

A ce pauvre cerveau si peu cohérent, on fait couver de vastes desseins, à ces épaules que nous avons vues si chancelantes, on fait porter un long siècle de manœuvres tenaces.

Sans doute  le vrai jansénisme commence avec la Fréquente communion du grand Arnauld,

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H. Bremond : L’abbé de Saint Cyran était il rigoriste ?

31 décembre, 2014

 

 

Sainte Beuve

selon sainte Beuve

 l’Abbé de saint Cyran est profondément convaincu  que l’homme a péché

 qu’il est incurablement malade en lui-même  et qu’il n’y a de guérison et de retour qu’en Jésus Christ

 …Guérir…guérir est son seul mot d’ordre ,son seul soin ,son seul cri 

Combien peu s’y bornent !

Laver, purifier ce qui souille l’âme et qui la diffame devant Dieu !

C’est dans ces termes énergiques  qu’il s’exprime

L’âme humaine ,individuelle ,chaque âme ,une à une ,naturellement et incurablement malade par le péché 

cette âme à sauver par Jésus Christ et par lui seul, voilà son œuvre ;

Jansénius songeait plus particulièrement à la nécessité de l’entière vérité dans la doctrine

Lui, il tient surtout à la nécessité de l’entière vérité dans la guérison

**

Parmi les réformateurs ,célèbres calvinistes ,tant occupés de cette guérison individuelle ,

nul ne l’a surpassé en rectitude et en puissance

 (Sainte Beuve : Port Rotal  )

**

Bremond 

Selon H Bremond

Le rigorisme

Entraîné par le courant réformiste de son époque,

 porté, comme beaucoup de malades à croire que le monde allait de travers,

persuadé enfin qu’il avait une mission exceptionnelle à remplir,

 mais d’ailleurs assez incertain sur l’objet précis de cette mission,

Saint Cyran a choisi le rigorisme,

mais sans prendre garde que, ce faisant,

il allait contre son propre génie et contre les exigences profondes de sa vie intérieure. 

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 Nous n’allons pas soutenir qu’il n’ait été pour rien dans le rigorisme de la sombre secte.

cette direction funeste apparait certainement avec lui.

qui a a pu gêner et troubler les âmes par des scrupules sans fin

sur les dispositions qu’il faut apporter à la confession et à la communion,

**

Humain

Saint-Cyran était très humain

Sa mélancolie était  douce et facile aux attendrissements.

son humanité et son indulgence lui gagnaient les cœurs.

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 En d’autres temps, et si les jésuites n’avaient pas donné dans la casuistique, il eût fait lui-même un bon casuiste, Après tout, redisons-le, puisque ses panégyristes l’oublient, il avait été l’élève des jésuites et il gardait, bon gré mal gré, leur empreinte.

Il ne voyait pas Dieu si terrible.

Un peu inquiète parfois, sa piété est d’ordinaire affectueuse, confiante et simple,

Il s’est toujours réclamé de François de Sales.

Ce que c’est que de nous !

Le masque farouche que la légende impose à ce personnage, nous voile peut-être un humaniste dévot.

Ainsi il dit à une religieuse, qu’il ne faut pas se mettre trop en peine,

ni de votre oraison, ni de votre action de grâces, ni de rien

.**

La communion fréquente

 En est-il venu à dresser entre l’Eucharistie et les fidèles une barrière infranchissable de respect et de terreur?

Non certainement.!

Nous savons  qu’il n’a fait rien de pareil.

N’en croyez pas des adversaires passionnés, prêts à répéter contre Saint-Cyran et Port-Royal

les accusations les plus invraisemblables,

Saint-Cyran déclare

La vie bonne et chrétienne qu’on mène dans la voie étroite suffit pour donner droit à un chrétien

d’aller sans rien craindre à la sainte communion tous les dimanches et toutes les fêtes.

**

Il est curieux de constater que Saint-Cyran, avait, sur l’âge de la première communion,

presque les mêmes idées que S. S. Pie X.

Voici une page de son catéchisme.

A quel âge faut-il communier ?

 — R. A l’âge de discrétion qui vient aux uns plus tôt qu’aux autres, comme 7,8 ou 10  et aussi Quelque fois plus tôt

**

Ainsi, le grand réformateur, de quelque côté qu’on l’étudie, n’aboutit à rien de sérieux, à rien de durable. Si les choses eussent suivi leur cours naturel, Saint-Cyran, après avoir édifié, inquiété et amusé ses contemporains, aurait disparu sans laisser de trace. Son malheur et le nôtre ont voulu que l’héritage, obscur et caduc de ce visionnaire, fût exploité par un grand homme et par un parti puissant.

  Les velléités rigoristes de Saint-Cyran, furent …exagérées et faussées par l’auteur de la Fréquente Communion

 (H. Bremond :sentiment religieux en France tome IV) 

H.Bremond : l’Abbé Saint-Cyran serait il dangereux ?

31 décembre, 2014

L’église

Saint-Cyran  a dit un jour

 Je vous confesse que Dieu m’a donné et me donne de grandes lumières : il m’a fait connaître qu’il n’y a plus d’Église

…. Dieu a réduit toute la religion à une simple adoration intérieure, faite en esprit et en vérité, et qu’ainsi, lorsque l’homme a reçu le don d’une telle adoration au dedans, la moindre action de charité et de piété au dehors est grande devant Dieu

 

**

Henri  Bremond

dans son « sentiment religieux en France » tome IV

Bremond  en conclut :

« Ainsi  on peut assez commodément se passer des sacrements, se résigner à la disparition de l’Église.

Saint Cyran ne substituerait pas, comme on le répète, une religion de crainte à la religion d’amour,

 mais un individualisme mystique au catholicisme.

**

Saint-Cyran à la négation même de l’Église et de toute église.

. Exiger pour que l’absolution soit valide, un acte préalable de pur amour, des fruits éclatants de pénitence, autant dire que l’absolution n’est pas éfficace. La réconciliation s’est faite dans le silence et loin du prêtre. Ainsi du malade qui n’attend pas pour guérir la visite du médecin.

**

Ni église, ni prêtre, ni dogme, rien que Dieu et moi.

 Ce n’est  après tout qu’une construction de notre esprit.

 Il y a dans les écrits de Saint-Cyran des textes sans nombre, formels, éclatants,

qui justifieraient une construction toute contraire.

**

Mais qu’on doive le tenir pour un maître dangereux, je l’ai assez dit,

à cause de la philosophie destructive que l’on tire, et très logiquement, de ses propos inconsidérés,

**

Vers la fin de sa vie, il avait pris une bizarre habitude qui peut-être se rattachait, dans l’arrière-fonds de sa pensée, aux tendances que l’on vient de dire. Le dimanche, ne pouvant plus célébrer la messe à cause de ses infirmités, il venait à Saint-Jacques du Haut-Pas, sa paroisse, où il se mêlait, non sans quelque ostentation, à la foule des laïques. Avec eux, il allait à la sainte table. Un surplis rappelait toutefois sa dignité et faisait éclater sa condescendance. Ce n’est là manifestement qu’un indice, et beaucoup moins grave que tant et tant de paroles anarchistes répétées par lui avec une insistance troublante.

. Nous avons assez dit que sa doctrine profonde et inconsciente était pire que le jansénisme

 **

Nous lui reprochons aussi d’avoir indirectement et à son insu, mais efficacement, préparé le schisme.

 Il a créé un milieu, une atmosphère propice à la contagion qui va se répandre.

Mécontent de tout, parlant sans relâche de réforme et de primitive Eglise,

 il a développé, dans ce petit monde, des inquiétudes, des rancœurs et des aspirations pareilles aux siennes propres.

**

Le prophète ne voyait pas si loin, dans sa funeste innocence, trop incohérent pour mesurer la portée de ses boutades ou, comme il disait, de ses catachrèses. Un autre viendra, esprit logique, orgueil solide, coeur résolu et sur un ordre de celui-ci, du jour au lendemain, la petite armée deviendra secte, naïvement assurée, du reste, qu’en se pliant à cette mémorable transformation, elle reste fidèle à l’esprit de M. de Saint-Cyran.

**

Parmi les spirituels de cette époque je n’en connais pas de plus émouvants.

En revanche je n’en connais pas de plus incomplets, de plus manqués, pour répéter ce mot qui dit toute ma pensée.

**

 Gomme génie, il n’était peut-être pas inférieur à ses insignes contemporains, à Pierre de Bérulle, au P. de Condren, à M. Olier,

sa grâce première ne lui réservait peut-être pas une sainteté moins haute.

Ses grands émules n’ont fait que du bien ; l’on n’en peut dire autant de lui.

**

Qui sait même après tout s’il n’aura pas fait plus de mal que de bien.

(H. Bremond :sentiment religieux en France tome IV)

Pourquoi donc l’abbé de Saint Cyran fut il mis en prison par Richelieu ?

30 décembre, 2014

 

Pourquoi donc l’abbé de saint Cyran se retrouve t il enfermé à Vincennes ?

Est ce à cause de la grâce et de saint Augustin ?

Est ce parce qu’il était trop austère ?

a t il comploté contre le roi ?

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Ce n’était pas encore le temps de Louis XIV 

qui allait détruire l’abbaye de Port Royal

C’était au temps de Richelieu 

** 

Richelieu 

Avant d’être cardinal

quand il était évêque de Luçon

Richelieu avait rencontré l’abbé de Saint Cyran 

Aussitôt il avait été séduit par lui

« il avait pénétré d’un coup d’œil cet esprit superbe et l’avait jugé de ceux qu’il fallait s’attacher »(Sainte Beuve)

**

Plus tard ,devenu cardinal

Richelieu aurait dit  à ses courtisans en désignant l’abbé de Saint Cyran

« Vous voyez là, le plus savant homme de l’Europe »

**

L’éveché

5 fois de suite Richelieu lui offrit un évêché

Fier ,en homme libre , Saint Cyran  refusa

Plus tard il en donna la raison à la sœur Angélique

« la voie étroite l’avait obligé à épouser une prison plutôt qu’un évêché ,

parce qu’il pouvait bien juger en ce temps là que le refus de l’un conduirait nécessaire à l’autre ,

sous un gouvernement où l’on voulait que des esclaves »  (Sainte Beuve I p480)

**

Richelieu en fut vexé

Comme une amante dépitée ,il  garda rnacune  

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L’éminence grise du cardinal ,le père Joseph 

lui, fut jaloux

car Saint Cyran lui avait « volé «  des pénitentes »

et oui ! rien que cela …

Voilà nos grands hommes !

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Saint Cyran n’avait pas la langue dans sa poche

S’il publiait des livres sans les signer

il parlait en public sans sourciller

Publiquement il s’opposa au divorce de « Monsieur »

or  Richelieu voulait ce divorce 

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Saint Cyran comme Bérulle et les dévots sont scandalisés par Richelieu

qui fait la guerre contre le roi catholique  d’Espagne  

et fait des alliances avec les protestants  d’Allemagne

**

« En fallait il davantage ?

Qu’on y joigne la doctrine sur l’insuffisance de la contrition par crainte de l’enfer et sur la nécessite de l’amour de Dieu pour être sauvé  ce qui était contraire à l’opinion de Richelieu dans son catéchisme de Luçon  et l’on comprend que le cardinal aurait  dit que si l’on avait enfermé Luther et Calvin ,quand ils commencèrent à dogmatiser ,on aurait épargné aux états bien des troubles( Sainte Beuve p 316 )

La famille des Arnauld de Port Royal

29 décembre, 2014

La première génération des Arnauld

sous l’influence  de saint Cyran

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Ils étaient 20 enfants

Ce sont des magistrats

des hommes indépendants

pas des « tièdes » mais des chauds

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Au nom de leur foi et  épris de solitude

certains se retirent à Port royal

et seront taxés de « jansénistes »

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Catherine Arnauld Le Maistre

C’est l’ainée

elle se marie avec Monsieur Le Maistre 

Stupeur !

Leurs fils vont scandaliser les courtisans de la cour ,

en quittant le monde pour vivre dans la solitude

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Robert Arnauld d’Andilly

Lui, aussi , refuse des postes prestigieux

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Henri Arnauld 

fut évêque d’Angers de 1650 à 1692

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Angélique

devenue Abbesse ,elle réforme l’abbaye 

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Agnès

devient abbesse à son tour

elle est moins austère ,plus décontractée

davantage mystique 

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Antoine 

On le nomme « le grand Arnaud »

C’est le dernier né 

Il fait plutôt parti de la 2é génération de Port royal

C’est lui le grand théologien

le grand fauteur des troubles qui vont tant nuire aux solitaires

que l’on va dorénavant nommer les jansénistes

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La deuxième génération

Cette 2é génération est sous  l’influence du « grand Arnaud »

C’est le temps de Pascal , du Sieur de Sacy  fils de Lemaitre

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C’est le temps du formulaire à signer

de la mise an quarantien des deours de Port royal 

C’est le temps de la mère Angélique de saint Jean fille d’Arnaud  d’Andilly

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Ce sont des hommes et des femmes libres ,fiers

non des courtisans

ce qui déplait en haut lieu

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On ne résiste pas à Richelieu

Leur père spirituel

l’abbé de Saint Cyran

l’apprendra à ses dépens

en se retrouvant en prison

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On ne résiste pas à Louis XIV

fusse au nom de Dieu

 « le roi très chrétien ,est aussi tout simplement le roi ayant goût du pouvoir absolu …

il s’était accoutumé à voir dans le jansénisme une de ses productions suspectes

qui grandissent et se développent pendant les règnes et sous les frondes et qu’un bon régime abolit  

la signature du formulaire n’était qu’un prétexte (Sainte Beuve p 510 livre V)

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 De plus de plus  les Solitaires ont attiré à eux un certain nombre d’anciens  frondeurs dont leurs chefs de file,

la  duchesse de Longueville et le prince de Conti

cela ne peut pas plaire à tout le monde

et que non !

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