Archive pour la catégorie 'Le XVIIe siécle'

Pascal et les caricatures ( Provinciale 11)

14 janvier, 2015

Est ce qu’on peut rire de tout . ?

Voilà une question d’actualité en ce mois de janvier 2015

**

Les Jésuites reprochent à Pascal de s’être  moqué d’eux

bien qu’eux mêmes avaient publié en 1653

non pas vraiment des caricatures

mais des estampes contre les jansénistes dans un almanach

 

la-deroute-des-jansenistes

 

Pascal répond donc aux jésuites dans sa 11 provinciale le 18 Aout 1656

**

On peut rire !

On peut réfuter par des railleries, les erreurs ridicules.

Vous répétez ,Mes Pères ,dans tous vos Écrits, et vous allez

jusqu’à dire : « Que j’ai tourné les choses saintes en raillerie »  

.Ce reproche, mes pères, est bien surprenant et bien injuste

 car en quel lieu trouvez-vous

que je tourne les choses saintes en raillerie?

**

Certes on peut se moquer des erreurs .Je n’ai pris sujet de rire que de ce qu’il y a de ridicule dans vos livres et qu’ainsi, en me moquant de votre Morale, j’ai  été aussi éloigné de me moquer des choses saintes,

**

Avec mesure

En vérité, mes pères, il y a bien de la différence 

entre rire de la Religion, 

et rire de ceux qui la profanent 

par leurs opinions extravagantes.

Ce serait une impiété de manquer de respect pour les vérités 

que l’esprit de Dieu a révélées

 mais ce serait une autre impiété de manquer de mépris

 pour les faussetés que l’esprit de l’homme leur oppose. 

Car, mes pères, je vous prie de considérer que, 

comme les vérités chrétiennes 

sont dignes d’amour et de respect, 

les erreurs qui leur sont contraires 

sont dignes de mépris et de haine,

**

Un  ancien auteur, écrit  « que rien n’est plus dû à la vanité  que la risée, » ,

et c’est proprement à la vérité qu’il appartient de rire, …. parce qu’elle est gaie, 

et de se jouer de ses ennemis,…. parce  qu’elle est assurée de la victoire.

Il est vrai qu’il faut prendre garde 

que les railleries ne soient pas basses et indignes de la Vérité. 

Mais, à cela près, quand on pourra s’en servir avec adresse, 

c’est un devoir que d’en user. » 

**

D’où des règles à respecter  

Règles

La première de ces règles : Parler avec Vérité

l’Esprit de Piété porte toujours 

à parler avec vérité et sincérité ; 

au lieu que l’Envie et la Haine 

emploient le mensonge et la calomnie : 

..Quand il s’agirait de convertir toute la terre, 

il ne serait pas permis de noircir des personnes innocentes ; 

parce qu’on ne doit pas faire le moindre mal 

pour faire réussir le plus grand bien, 

et « que la Vérité de Dieu 

n’a pas besoin de notre mensonge, »  

On ne doit rapporter que les choses qu’il est utile de découvrir, 

et non pas celles qui ne pourraient que blesser sans apporter aucun fruit. 

** 
la seconde est de parler avec Discrétion

« Les Méchants » de saint Augustin, 

 persécutent les Bons 

en suivant l’aveuglement de la passion qui les anime; 

au lieu que les Bons persécutent les Méchants 

avec une sage Discrétion : 

de même que les Chirurgiens considèrent ce qu’ils coupent, 

au lieu que les Meurtriers ne regardent point où ils frappent. »

**

 La troisième règle, :Jamais rire de ce qui est saint

 quand on est obligé d’user de quelques railleries,

L’Esprit de Piété 

porte à ne les employer que contre les erreurs, 

et non pas contre les choses saintes ; 

au lieu que l’Esprit de Bouffonnerie, d’Impiété et d’Hérésie,

 se rit de ce qu’il y a de plus sacré

**
La Charité

Enfin, mes pères, pour abréger ces règles, 

je ne vous dirai plus que celle-ci,

 qui est le principe et la fin de toutes les autres : 

c’est que l’Esprit de Charité porte à avoir dans le coeur 

le désir du salut de ceux contre qui on parle, 

et à adresser ses prières à Dieu 

en même temps qu’on adresse ses reproches aux hommes.  

Pierre Nicole (1625- 1695) un homme cultivé ,pacifique ,polémiste bien malgré lui

8 janvier, 2015

né à Chartres

Cliquez ICI

Voici ce que dit Sainte Beuve dans son « Port Royal »

 **

Un homme cultivé

P. Nicole lisait de tout

les philosophes anciens et modernes

Luther et Calvin, Melanchthon et Erasme

…ce qui fut écrit pendant la fronde

« c’est une grande nouveauté, dans Port royal de rencontrer un liseur si amusé et si infatigable de tant de livres non édifiants »

Tout en aimant la beauté, il cherche avant tout l’exactitude

là où règne la grâce, il cherche l’exactitude  et se plaint quand il ne la trouve pas   (Sainte Beuve )

**

Il voyage beaucoup en France et dans les pays étrangers

Ce n’était pas des voyages de pures et rudes pénitences comme ceux de monsieur Le maitre ou de Mr Hamon

Nicole observe ,il  a l’œil dans ses excursions, aux curiosités naturelles ,aux singularités des lieux où il passe

**

Maître à Port Royal

Pendant quelques années,

il enseigne dans les petites écoles de Port royal

en particulier les belles lettres et la philosophie

Il  apprend le grec à Racine,

**

Un polémiste ?

Il a renseigné  Pascal quand celui-ci écrivit « les Provinciales » qu’il traduisit en latin en 1658

En 1677 il défend les évêques qui lutte contre les casuistes

Cela lui occasionne des ennuis

En 1679 Il  quitte la France  quand meurt la duchesse de Longueville

séjourne aux Pays bas

puis avec Antoine Arnauld à Bruxelles et aussi à l’abbaye d’Orval

**

Un pacifique

mais si Nicole polémique

il le fait bien malgré lui

Nicole était un pacifique

C’est lui  qui inventa la distinction

entre le fait et le droit

pour réhabiliter les jansénistes

**

Nicole et Pascal

Pascal écrit les provinciales 

en 1664 Nicole écrit les « imaginaires » une série de petites lettres  comme l’avait fait Pascal avec les « provinciales »   ,mais il écrit pour apaiser ,car il trouvait toutes les discussions vaines et inutiles

Qu’importe que les 5 propositions interdites par les théologiens soient ou ne soient pas dans le livre de Jansénius

..Que l’on croit ou qu’on doute ,peu importe !

..Qu’y avait  t il par exemple de plus vain que la fantaisie  qu’eut Justinien de faire condamner les écrits de Trois  auteurs  pour laquelle il bouleversa toute l’église …A quoi tous ces tumultes ont-ils aboutis …sinon à tourmenter

**

Un homme de foi

Pascal a douté

Tout le monde connaît le « pari » de Pascal sur l’existence de Dieu

 Nicole n’ a jamais douté

C’est une espèce de peine que je n’ai jamais éprouvée que celle qui regarde la foi …je n’ai jamais vu que de fort loin les difficultés qui la combattaient

**

La perpétuité de la foi

en 1664il écrit le premier volume de« la perpétuité de la foi » suivi par d’autres en 1672 et 76   

où il défend le dogme catholique sur l’eucharistie

contre les protestants  

ce qui  ne peut que plaire aux ecclésiastiques qui entouraient le roi

**

Nicole et le grand Arnaud

Nicole est un pacifique

et  au bout d’un certain temps ,il est las de polémiquer au nom du grand Arnauld

il a vraiment envie de le quitter et de retrouver sa solitude et la paix  

**

Il écrit donc à l’évêque de Paris

et lui promet de se tenir tranquille 

« En quelque lieu que je sois, j’aurais les mêmes égards pour éviter tout ce qui peut faire du bruit ,

et tout ce qui peut vous donner de la peine »

Les Messieurs de Port Royal et surtout monsieur de Pontchâteau, ne comprennent pas cette nouvelle attitude de Nicole  

« Tous par leurs paroles ,par leurs lettres ,et les plus modérés par leur opiniâtre silence,

maltraitèrent et mortifièrent Nicole

 Mais dans une lettre de 1681,  le grand Arnauld lui même donne raison à son ami Nicole et  répond à monsieur de Pontchâteau  

J’apprend qu’on s’est laissé prévenir contre Nicole ,par de méchantes raisons ,sur une affaire où il a tout à fait raison …N’est il pas juste  que chacun agisse selon son don ,

N’ a t il pas rendu d’assez grands services pour lui en savoir gré et ne pas le traiter comme un esclave qui n’aurait pas liberté de faire ce qui lui plairait?

En 1683 Mgr de Harlay l’archevêque de Paris, donne à Nicole  l’autorisation de  revenir à Paris,

**

Les « essais de la morale »

Nicole  achève « ses Essais de morale » qui font sa réputation.

un écrivain  a parlé de la vertu d’Arnault, des mœurs  de Nicole ,et du génie de Pascal

cliquez ICI 

**

A propos du quiétisme ,Nicole  soutient Bossuet contre Fénelon

A propos des études monastiques, il soutient Mabillon contre Rancé.

**

 Nicole il meurt à 70 ans. et fut enterré à l’église de saint Médard. 

Pierre Nicole : Les essais de morale

7 janvier, 2015

Pierre Nicole

le maitre dans les petites écoles de Port royal,

l’ami de Pascal et du « grand Arnauld

est aussi connu

pour ses « essais de morale »

**

Le style des « essais »

Selon Sainte Beuve

Nicole peut encore être agréable à étudier ,

il est décidemment ennuyeux à lire

**

Madame de Sévigné

Elle est  en admiration devant le style de  ces « essais »

ainsi dans une lettre à sa fille, elle commente des textes de Nicole

«l’orgueil est une enflure du cœur  par laquelle l’homme s’étend et se grossit en quelque sorte en lui-même »

l’expression « enflure du cœur » déplait d’abord à la dame 

puis subitement elle comprend

que l’orgueil c’est se gonfler

ce n’est que du vent

le mot « enflure » est exactement le mot qu’il fallait

**

Ailleurs Nicole dit

« l’éloquence et la facilité de parler donnent un certain éclat à la pensée »

Madame de Sévigné ravie constate

que le mot éclat était vraiment le mot qu’il fallait

 Nous savons ce que ces gens là se servent des mots

mais jamais ,il me semble nous ne les avons vus si bien placés ,ni si bien enchâssés

**

et puis si c’est ennuyeux selon Sainte Beuve

on trouve souvent des perles 

« nous sommes comme les oiseaux  qui sont en l’air mais qui y peuvent demeurer sans mouvement …

Il faut qu’ils remuent continuellement …

**

La morale de Nicole

Il faut parfois reconnaître que ces « essais » ne sont pas bien gais

et même  parfois sordides

Il parle de la crainte de Dieu et des démons

 A cause du péché il y a sur terre

 un horrible massacre des âmes ..un véritable carnage spirituel

et nous pouvons dire que nous nageons dans le sang des pécheurs ,

que nous en sommes tous couverts ,et que ce monde qui nous porte est un fleuve de sang

**

Nicole ,le doux Nicole faisait venir la chair de poule même à Monsieur de Pontchâteau

qui écrivait  « j’ai lu les essais de Nicole, il fait grand peur et je n’ai pas encore lu le plus terrible ,

à ce qu’on m’a dit, qui est l’enfer

(Sainte Beuve)

Joseph du Cambout de Pontchâteau (1634-1690) l’illustre abbé devenu planteur de chou

6 janvier, 2015

Joseph du Cambout de Pontchâteau

fait parti d’une grande famille

alliée aux Epernon et aux ,Harcourt ,

lointain neveu de Richelieu

il est choyé, aimé, protégé

**

A peine âgé de 7 ans, il est nommé Abbé de 3 abbayes

ce qui  n’est pas rare chez les aristocrates de ces siècle

**

Singlin

En 1651 il est présenté à  Singlin

le confesseur de Port royal 

qui le séduit un peu  

mais pas  encore tout à a fait 

car il est aussi attiré par les mondains

Il hésite !

**

En 1655 il décide de rejoindre les solitaires  de Port Royal

mais  juste en ce moment  ces braves gens sont chassés  par ordre du roi

Ce n’est que partie remise pour Pontchâteau

Il partit loger au faubourg saint Marcel ,rue des postes 

pas trop loin de la cachette du grand Arnauld

**

Voyageur

C’est alors qu’il voyage et  se dissipe

en 1658 il part à Rome en passant  prés de Dijon

chez sa sœur  la comtesse d’Harcourt

et chez son oncle cardinal à Lyon

en 1662 il est chez sa soeur Madame d’Epernon avec qui il se dispute

**

Conversion

en 1663 , las de cette vie mondaine

avide de solitude, il  revient vers Singlin

**

Clandestin

En 1664  après avoir définitivement donné congé à son valet

il entre à Paris

change de nom et loge en cachette avec d’autres solitaires au faubourg saint Antoine

**

Ambassadeur à Rome

En 1669 ,en tant qu’homme charmant, poli ,ayant des relations et diplomate 

il est envoyé par Port Royal   pour négocier la  paix

entre Port Royal, Rome et le roi

**

En 1669  c’est la paix clémentine

Tous les solitaires et religieuses qui avaient été inquiétés ,retrouvèrent leur liberté

les religieuses de Port Royal   eurent la permission de recruter  de nouveau

de choisir leur confesseur et leur Abbesse

**

Le jardinier

en 1669 la paix retrouvée,l’abbé de Pont Château 

 devient le jardinier des granges à Port Royal

et planteur de Choux (Sainte Beuve)

 **

en 1679 madame de Longueville sœur du grand condé et protectrice de port royal meurt

 Un mois plus tard l’archevêque de Paris  donne l’ordre  tous les solitaires de quitter les lieux

et demande aux sœurs  de renvoyer tous les pensionnaires et postulantes

 …

 Dés lors Pontchâteau va errer tantôt chez des amis tantot dans des couvents

jusqu’à sa mort  en 1690

La duchesse de Longueville(1619- 1679) à Port Royal

6 janvier, 2015

La duchesse de Longueville est la Sœur du grand Condé et du prince de Conti

Cliquez ICI 

**

En 1642 elle épouse  le duc  Longueville, gouverneur de Normandie

,puis devient la maîtresse du futur de La Rochefoucauld , auteur des fameuses Maximes

**.

Une frondeuse 

En 1650 pendant la fronde ,Condé, le prince de Conti et son mari le duc de Longueville, sont en arrêtés 

La duchesse échoue dans sa tentative de soulever la Normandie et se réfugie auprès de Turenne en mars 1650.

.En 1651 A la suite de la chute de Mazarin ,les princes sont libérés

**

La protectrice de l’abbaye de Port Royal des Champs

Sainte Beuve  dans son « Port royal »Tome 3   p 128ss écrit :

étant jeune fille, elle  avait  eu de grands sentiments de piété  et elle avait même penser se faire carmélite

puis elle fut mariée ,et  fut engagée dans le malheur des guerres civiles 

Ce fut dans le temps qu’elle fit sa paix avec le roi vers 1655 qu’elle recommença de nouveau à se donner à Dieu

**

Depuis la mort de son fils qui fut tué au passage du Rhin, elle quitta l’hôtel de Longueville et s’alla loger au-dehors des  carmélites du faubourg saint Jacques ..

c’est-à-dire prés du couvent où Mademoiselle de Lavallières, elle même, s’était retirée en devenant religieuse

C’est là aussi qu’elle se lia d’une grande amitié avec Mlle de Vertus

cliquez ICI

 elle avait  aussi bâti un logis à Port royal ,ou elle passait une partie de l’été

**

Bien que en disgrâce à la cour

la duchesse de Longueville protège les sœurs de Port Royal des champs

qui n’eurent plus rien à craindre du pouvoir royal tant qu’elle fut en vie.

**

Sa conversion

La duchesse  connaissait bien son grand défaut

Son besoin principal était de se distinguer,

de ne s’arrêter pas où s’arrêtent les bourgeois ou les gens de quelque ordinaire

 et de marquer par un scandale de plus ,galamment porté ,

qu’on était bien à part et du sang des demi dieux

**

Convertie, la duchesse  ne faisait peut être que rechercher dans un ordre inverse ,un autre genre de succès

Elle l’avouait elle même

je crains mon orgueil qui se transforme, s’il faut ainsi dire ,en ange de lumière ,pour avoir de quoi vivre

**

Monsieur de la Rochefoucauld ,s’il avait  entendu certaines de ses confessions auraient pu dire

« Toujours la même, je la reconnais bien là »

elle raffinait dans l’ascétisme comme elle avait fait dans la galanterie

**

Monsieur de Pontchâteau qui l’avait bien connue  ajoutait 

il est vrai qu’on verra peu de gens de cette qualité embrasser un genre de vie comme le sien et demeurer ferme jusqu’au bout dans les grandes vérités de la religion ,dans un grand mépris de soi même …

 **

La duchesse  meurt le 15 avril 1679 à Paris, au couvent des Carmélites.

Aussitôt la persécution contre Port royal reprenait 

Cliquez ICI 

Mademoiselle de Vertus (1617-1692) et Port Royal

5 janvier, 2015

Catherine de Vertus

 était issue de la grande noblesse et fréquentait la cour

cliquez ICI

**

Elle était  la sœur cadette de la célèbre Mme de Montbazon qui avait fait tourner la tête à Rancé

Cliquez  ICI

**

Amie de La duchesse de Longueville

En 1654 elle fut présentée à madame de Longueville ,la sœur de Condé et devient  pour elle ,plus qu’une  dame de compagnie.

Sainte Beuve lui consacre un  long chapitre dans son livre sur  « Port Royal » Tome 3 p116ss

Aux yeux de la postérité elle restera la confidente inséparable de Mme de Longueville

**

Mlle de Vertus avait de l’esprit

 et ce qui est plus rare ,un bon esprit

Une de ses plus belles parties était ,comme on le disait alors, la bonté et la sagesse du conseil   

**

On lit dans une note de Racine

Madame de Longueville était quelque fois jalouse de Mlle de Vertus qui était plus égale et plus attirante

**

…Elle était l’âme et la prudence  de l’hôtel  de Longueville

Elle portait bien son nom  car vertueuse ,elle se mit à fréquenter les partisans de Port Royal

En 1669 dans l’ombre elle joua certainement un rôle de premier  plan pour la réussite  de la paix de l’église  et pour la libération de Mr de Saci alors à la Bastille

**

A Port royal

Ayant Mr de Saci comme confesseur, elle se rendait de plus en plus souvent à Port Royal des champs 

 A côté du petit hôtel que Mme de Longueville fit construire dans le vallon, ,pour y passer de temps en temps quelques semaines ,elle eut son petit corps de logis  attenant et distinct

**

En 1674  ,âgée de 57 ans , elle prit parmi les religieuses, le petit habit blanc des novices ,mais sans faire de vœux ;

sa mauvaise santé lui interdit d’aller plus avant

Effectivement en 1681 elle dut s’aliter et mourut après être restée onze ans gisante et collée à son lit

…durant ses longues années de souffrance et d’alitement ,elle se lassait de vivre et s’effrayait de mourir

**

Son confesseur Mr Du guet  qui avait succédé à Mr de Sacy

tout janséniste qu’il était ne cessait de la rassurer et lui écrivait   

Il suffit de savoir que notre inquiétude  et notre trouble offense Dieu ,parce que ces pensées font injure à son amour pour nous 

La mère Agnès Arnauld (1593-1672) abbesse de Port-Royal,

4 janvier, 2015

Agnés est la sœur de la Mère  Angélique Arnauld qui reforma l’abbaye de Port Royal

et du « grand Arnauld » le docteur des jansénistes

.**

Henri Bremond dans le « sentiment religieux en France tome IV » écrit 

Moins agitée que sa sœur Angélique 

Plus humble et surtout plus intérieure

,elle restée l’âme du Port Royal, calme et fleuri  qui a longtemps réjoui les anges

Elle suivit sa sœur ainée dans ses austères réformes ,mais elle n’en n’eut pas l’initiative

**

Elle est très influencée d’abord par les leçons de François de Sales puis par lCondren

**

En 1658 elle succède à Angélique comme  abbesse de Port Royal

C’était pendant   la période la plus dure de la répression contre le jansénisme

au cours de laquelle, elle a toujours été modérée et conciliante  

ne cherchant que la paix et la sérénité nécessaire à toute contemplative

Elle est  l’auteur des Constitutions de Port-Royal, qui réglemente

 la vie matérielle et spirituelle des religieuses selon l’esprit  des  cisterciens

**

Une femme de paix

Elle est  aussi peu inquiète pour l’avenir que triste pour le passé

elle écrit à son frère d’Andilly

« je ne trouve rien de plus utile que d’aller toujours de l’avant sans trop se  tourmenter » 

**

A une religieuse qui  voyait dans ses souffrances

que des punitions de Dieu

la mère Agnès répondit

Souffrez comme si vous étiez juste

 aimant mieux donner vos peines à l’amour de Jésus Christ

 que de les appliquer  à la satisfaction de vos fautes

**

La sœur Angélique ayant lu cette lettre ajoute en post-scriptum

je vous dis les mêmes choses  de tout mon cœur que  la mère Agnès

mais comme c’était le jour de  fête de la saint Barthelemy  elle ajoute

il faut souffrir qu’on vous écorche :

Je prie ce grand apôtre qu’il vous obtienne la grâce de le désirer

On voit la différence entre les 2 sœurs

**

Bon sens ,fermeté paisible ,joie enfin

Presque toutes ces lettres d’Agnès  ,et il y en a plus de 400 ,rendent ce même son

Où donc est le rigorisme des  jansénistes en tout cela   ?

**

La spiritualité d’Agnès est une spiritualité sereine  

Cliquez  ICI  

 

La spiritualité de la mère Agnès Arnauld de Port Royal

3 janvier, 2015

La mère Agnès était elle janséniste ?

On peut le savoir 

elle a  beaucoup écrit et nous a laissé 400 lettres

en plus d’un  petit fascicule sur le saint sacrement

**

Le chapelet  secret du saint Sacrement

fut écrit par la mère Agnès

avant même qu’elle connaisse l’abbé de Saint Cyran

mais sous l’influence de Condren et des oratoriens

qui projetaient de créer une congrégation du Saint Sacrement avec les sœurs de Port Royal 

**

Ce sont quelques  pages

Une suite de 16 méditations sur l’Eucharistie

**

C’est compliqué ,mystique

mais n’a rien de janséniste 

On en fit plus tard tout un plat en racontant que Agnès

voulait empêcher les  communions fréquentes

ce qui est faux !

Encore une cabale montée en épingle

pour rien 

**

Agnès influencé par Condren

disait seulement que face au mystère ,il fallait faire confiance

et « adhérer » complètement à Dieu

Vous pourrez prier ainsi disait Condren :

 Je me sépare de tout ce que je suis  J’adhère à tout ce que Dieu veut

**

Je ne suis pas et vous êtes 

prière désintéressée et sereine (Bremond « sentiment religieux en France » tome IV page 208)

**

Ses lettres

Ce qu’elle écrit sur la communion

c’est le pain quotidien qui nous fait subsister dans la voie de Dieu et nous donne des forces pour combattre nos ennemis ;et c’est pourquoi l’esprit malin fait ce qu’il peut pour nous en éloigner …en nous donnant de trop grandes craintes( p 218)

**

Quand nous communions ,il faut demander à Dieu  lorsqu’il vient  à nous par la communion

 qu’il se lève et qu’il dissipe ses ennemis  c’est à dire nous-mêmes

car tout ce qui est en nous lui déplait ,

et il vient pour le détruire  afin de se mettre à sa place (p 219)

On est bien loin des jansénistes qui avaient peur de communier

**

Ce qu’elle écrit sur l’oraison

Personne ne vient à moi si mon père qui est au cieux ne le tire

Il faut donc attendre ce tirement

L’’épouse dit je dors mais mon cœur veille

elle dort parce qu’elle n’agit point ,mais elle veille ,

parce qu’elle est attentive à recevoir les impulsions de la grâce ,pour les suivre fidèlement

**

Saint benoit nous apprend à prier  sans pensées et sans considérations ,mais avec larmes et ferveur

et comme cette manière est sans  méthode et qu’on ne l’a pas quand l’on veut ,

on a trouve moyen de composer une oraison qui ne peut manquer

parce qu’elle dépend du raisonnement 

et ceux qui ont le plus de mémoire et de subtilité d’esprit y réussissent le mieux ( p 221)

Henri Arnauld ,évêque d’Angers (1597-1692)

3 janvier, 2015

Henri Arnauld ,un des nombreux frères de la mère Angélique de Port Royal fut  évêque  d’Angers

 de 1650 à 1692

Cliquez ICI 

 **

Selon H. Bremond 

Henri Arnault fut un personnage fort curieux ,non moins aimable ,

non moins amusant que Robert d’Andilly ,patelin finassier ,

au demeurant bon homme ,d’une intelligence et d’une vertus rares ,

et pour tout dire aussi peu janséniste que le père La Chaise

**

Il n’entendait rien à toutes les disputes jansénistes

Malheureusement son frère le docteur faisait de lui tout ce qu’il voulait,

le surveillant ,lui envoyant des actes à signer ,le stimulant de toutes manières

 Il vint même une fois le harceler sur place  en compagnie de Nicole

**

Mais enfin le bon prélat se proclamait janséniste et servit de son mieux les intérêts du parti

(Bremond « sentiment religieux en France » tome IV page 225) 

H Bremond : Le caractère de l’abbé de Saint-Cyran -

2 janvier, 2015

selon Henri Bremond  dans son livre « le sentiment religieux en France » Tome IV

L’abbé de saint Cyran est bien différent de ce que l’histoire en a retenu

**

Un homme malheureux

On le construit a priori froid, sec et sinistre

 et naturellement l’on s’étonne de lui trouver des dispositions toutes contraires.

 Il avait un coeur excellent.

**

Mélancolique 

…, il garde un je ne sais quoi de malade, d’un peu louche et de légèrement comique. On dirait d’une cloche fêlée …., il me parait difficile de ne pas reconnaître dans son cas des indices nettement morbides, une hérédité psychopathique assez accusée.…il a des  troubles cérébraux qui  atteignent parfois un  haut degré d’intensité.… légèrement  mégalomane. Il était prodigieusement occupé de lui-même. Dans ses lettres son moi s’étale avec une obstination déplaisante

**

  mélancolique, mais avec beaucoup de bonhomie et de douceur.

Une tendre complaisance envers lui-même dénoue aisément ses crises.

 Autre solution également pacifiante ; il pleure beaucoup.mais les crises de Saint-Cyran, fréquentes, semble-t-il, mais assez courtes, ne présentaient rien de trop choquant

**

Cependant très gentiment serviable, très affectueux,il se passe volontiers de la société des grandes personnes. Mais les jeunes gens ne le fatiguent jamais et, de leur côté, ils  ne le trouvent point farouche

**

Craintif

Dès qu’il sort de sa forteresse, il va, mystérieux comme un conspirateur, le doigt sur les lèvres, avouant lui-même en riant que, pour éviter des aventures, il dit souvent le contraire de sa pensée.N’aurait-il pas eu. très atténué d’ailleurs, le délire de la persécution ?

**

Dépressif

Il se lasse vite de tout et, il estime que tout va de travers en ce monde, Dépression paisible qu’interrompent quelques beaux réveils, mais qui tend vers une sorte d’hébétude majestueuse.Telle est du moins l’impression que nous laissent certaines des lettres ,en son déclin  toujours pleines de son moi, mais de plus en plus lasses

Pendant ses années de Paris, lorsqu’on nous le montre si redoutable, lorsqu’on le dresse contre Richelieu, Saint-Cyran n’est peut-être déjà plus qu’un précoce vieillard.

**

Je ne dis rien de ses longues maladies sur lesquelles on ne nous a laissé que des indications fort vagues  

 Il ne pouvait pas se tenir debout. D’où pour lui la nécessité ou de ne pas dire la messe ou de la dire au galop.Autre infirmité :Il avait une espèce de faim canine qui l’obligeait à manger un peu de pain à diverses heures ».

**

Un homme religieux

  Ce malade, cet impuissant a l’âme naturellement et passionnément religieuse.

 

Chose étrange ! Le meilleur et le vrai Saint-Cyran, l’homme de prière, l’histoire le soupçonne à peine.

**

Il continue à rechercher la solitude, il tâtonne, il se dérobe, timide malgré ses façons de prophète. De vagues soupirs, des chuchotements sur la décadence présente de 1′Eglise;une ou deux réformes bizarres, mal agencées, qu’il annonce avec fracas et qu’il exécute pour sa part sans entrain, sans conviction;des lettres encore plus banales que solennelles; une quantité de petits papiers d’une insignifiance totale,

**

C’était un liseur, un preneur de notes acharné

Sauf pendant la première période de sa vie, il ne demande d’abord  à ses immenses lectures que de nourrir sa dévotion. Nulle curiosité spéculative, il ne veut que s’édifier par de grandes idées religieuses.

 **

L’homme intérieur

Les deux vertus essentielles du chrétien intérieur sont, non pas comme on l’a cru, la crainte et la pénitence, mais bien le silence et la flexibilité, c’est-à-dire la souplesse aux inspirations divines .

 **

Il y a mille moyens pour nous perdre, et il n’y en a qu’un pour nous sauver, savoir l’humilité qui n’a point de plus fidèle compagnie que le silence sans lequel elle ne saurait subsister.

S’il envoie si volontiers ses pénitents au désert, c’est moins pour les mortifier que pour leur faire trouver Dieu dans le silence. Plus que des ascètes, il veut former des contemplatifs.

 Le silence et la retraite sont deux moyens qui attirent l’esprit de Dieu qui seul prie en nous

C’est  pourquoi aussi que  Saint-Cyran lui-même fuit, non seulement tout ministère actif, mais encore toute spéculation

**   

Il ne faudrait pas exagérer la difficulté de parole qu’on remarque chez Saint-Cyran. Il parait en effet certain que ses conférences, ses homélies, faisaient sur l’auditoire une impression profonde.

Le Père Amelote… venait le plus souvent qu’il pouvait avec… M. de Bazancourt, entendre (les conférences) que M. de Saint-Cyran nous faisait… Lorsque M. de Saint-Cyran était sorti du parloir,.. ;.. L’un disait que c’était un saint Jérôme, l’autre un saint Denis. Je me souviens que le Père Amelote nous dit un jour de la Pentecôte, qu’il viendrait de cinquante lieues pour entendre semblables discours et quand on manquait à les en avertir, ils en faisaient de grands reproches ».

Le meilleur Saint-Cyran, le seul bon, est avant tout, est presque uniquement un solitaire, un méditatif, un homme d’oraison. Se recueillir, prier est la seule occupation qui le satisfasse tout à fait. Mégalomanies, rêves de réforme, le reste l’amuse un instant, le fatigue bientôt,

**

Nullement un réformateur

. On s’obstine à nous le présenter comme un réformateur considérable, comme le chef, d’une secte chrétienne.

Chef, réformateur, que d’ironie dans ces titres appliqués à un Saint-Cyran ! C’est bien là du reste, je le sais trop, le personnage qu’il aurait voulu, qu’à certains moments, il a cru jouer.Sa tare originelle, sa mégalomanie stérile le voulait acteur, 

A ce pauvre cerveau si peu cohérent, on fait couver de vastes desseins, à ces épaules que nous avons vues si chancelantes, on fait porter un long siècle de manœuvres tenaces.

Sans doute  le vrai jansénisme commence avec la Fréquente communion du grand Arnauld,

**

 

1...34567...11