Villiers de L’Isle-Adam et les bourgeois
8 mars, 2016Léon Bloy était le prophète qui défendait les pauvres
Villiers de L’Isle-Adam son grand ami était
le prophète qui vaticinait contre les bourgeois
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En 1866 dans un lettre à Mallarmé il écrit
Le fait est que je ferais du bourgeois si Dieu me prête vie, ce que Voltaire a fait des cléricaux, Rousseau des gentilshommes et Molière des médecins..
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Le Bourgeois
Son héros « Tribulat Bonhomet » (1887) incarne la stupidité bourgeoise dans sa hideur
Le bourgeois c’est l’homme du bon sens
Ce prétendu bon sens négatif, dérisoire qui rétrécit simplement toute chose et dont les observations ne portent jamais que sur des réalités insignifiantes… des choses terre à terre (« A. Raitt Villiers et les symbolistes p 168)
tout pour le bon sens et par le bon sens…..
et quand votre cerveau est guéri de toute illusion idéaliste ..vous sentez le bon sens couler comme un baume dans tout votre être
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Le Bourgeois c’est l’homme de l’argent
Ttibulat y pense en projetant d’établir des latrines sur le mont Thabor ,un bar à Gethsémani, un tramway au calvaire et un café concert au mont des oliviers ( p 169)
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Le bourgeois est béat
‘on a diné.– La famille a passé au salon. C’est l’une de ces veillées sans visites, ou, rassemblées autour de l’âtre, les parents somnolent un peu. La lampe est baissée, et l’abat-jour adoucit encore sa lumière. Les mèches des bonnets de soie noire dépassent, inclinées, les oreillards des fauteuils. Le loto, parfois si tragique,est suspendu; le jeu de l’Oie, lui-même, est relègué dans le grand tiroir. La gazette gît aux pieds des dormeurs. Le vieil invité, disciple (tout bas) de Voltaire, digère paisiblement, plongé dans quelque moelleux crapaud. On n’entend que l’aiguille égale de la jeune fille piquant sa broderie auprès de la table et scandant ainsi la paisible respiration des auteurs de. la sienne, le tout mesuré sur le tic-tac de la pendule. Bref, l’honnête salon bourgeois respire la quiétude bien acquise. (Analyse chimique du dernier soupir)
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Le progrès
Le bourgeois angoissé par la mort
cherche refuge dans les progrès de la science
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or Villiers ne croit pas au progrès
ni à la science qui est incapable de répondre à nos questions fondamentales
les choses restent aussi cachées qu’autrefois et l’on y voit recèlement clair nulle part dans ce siècle de lumières
Pour la fumée qui sort d’une chaudière ,,vous avez renié toutes les croyances que tant de milliers de héros de penseurs et de martyrs vous avaient légué depuis plus de 6000 ans (p 176)
la vapeur siffle et fume pour marcher vers un but auquel on ne croit pas (p164)
ces conquête de l’homme moderne nous coûtent le quasi simiesque atrophiement du sens surnaturel et une espèce d’ossification de l’âme( p 176)
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C’en est fait! Nos victoires sur la Nature ne se comptent plus. Hosannah! Plus même le temps d’y penser! Quel triomphe: A quoi bon penser, en effet? De quel droit? -Et puis: penser? au fond,
Qu’est-ce que ça veut dire? Mots que tout cela!
Découvrons à la hâte! Inventons! Oublions! Retrouvons Recommençons et passons! Ventre à terre
Bah ! le Néant saura bien reconnaître les siens.
0 magie ! Voici qu’enfin les plus subtils instruments de la Science deviennent des jouets entre les mains des enfants
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Mais Villiers exarcébé finit par déclarer
le but de la vie réside nécessairement au-delà de la vie..Sans cela tout se dissout dans l’absurdité
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Villiers en voulait à une mentalité dite « bourgeoise» et non à une classe ….