Edward Said est né à Jérusalem en 1935. il passe une partie de son enfance en Égypte puis s’installe aux U.S.A. De 1963 à 2003, il est professeur de littérature comparée à l’université de Columbia. Son livre « L’Orientalisme », paraît en 1978 aux États-Unis .;Il a éte traduit en français en 1980 ainsi que dans plus d’une trentaine d’autres langues. C’est l’ouvrage majeur de l’ orientalisme scientifique
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Un commentaire que nous résumons nous en est donné par Rabaa Abdelkefi
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Ce livre a été récupéré par les idéologues
ce livre, aujourd’hui plus que jamais, a été utilisé par les intellectuels de tout bord pour défendre leur idéologie
D’après Said, lui même ,ce livre a servi et sert aujourd’hui encore, le discours politique.
,et cela bien malgré lui
Cet essai témoigne de la grande érudition de son auteur qui embrasse des domaines aussi divers que la politique, la littérature, l’histoire, la philosophie, ethnologie, la sociologie, la géographie,
mais Dans’ L’Orientalisme’ se développent deux images opposées,
Face à un Occident protéiforme qui se transforme, s’étend, se multiplie, s’infiltre, s’approprie l’autre pour le métamorphoser et l’englober, apparaît l’image pérenne du vide oriental et de la perte.
En s’attaquant à l’orientalisme, Said castre, à son tour, le monde arabe, le fige dans l’image à laquelle il voulait le faire échapper.
Il prive l’Oriental de sa propre pensée, de son histoire, de sa culture, de sa diversité ethnique et confessionnelle. Il le représente comme victime d’une histoire qui lui échappe,
La rencontre entre l’Orient et l’Occident semble donc fallacieuse, originellement biaisée, irrémédiablement marquée par le poids d’une histoire faite d’oppositions, d’incompréhensions et de dominations.
Edward Said s’attaque essentiellement aux études franco-anglaises du XIXe et du XXe siècle qui s’intéressent au Proche Orient et au Maghreb.
Il introduit l’idée que l’Oriental lui-même se perçoit à travers le prisme européen.
L’Occident a donc modelé non seulement la vision européenne de l’Orient mais aussi l’image que l’Oriental se fait de lui-même.
Le discours colonialiste a créé une image négative de l’Orient, cela est incontestable.
Dans l’idée même de mission civilisatrice persiste la conscience de la supériorité occidentale, cela est également vrai, mais outre que le discours colonial n’est pas figé dans le temps et dans l’espace, il faut reconnaître que la conscience nationale est née précisément de l’opposition à l’occupant et que l’occupant lui-même a découvert l’Autre dans la résistance qu’il lui a opposée.
Une sorte de pesanteur, telle une fatalité tragique, aliène les Occidentaux, subvertit leur pensée et entraîne dans son sillage les Arabes, qui, vaincus et victimes, adoptent cette image dévalorisée que l’Autre leur prête.
Ainsi pour E. Said, l’Orient n’existe pas par lui-même, sa réalité est totalement évacuée, il n’est qu’une création imaginaire de l’Occident..
l’orientalisme apparaît donc, en résumé, comme un imaginaire construit discursivement par l’Occident qui, s’est fixé pour tâche, à partir du XIXe siècle, à l’époque de l’expansion coloniale, de l’absorber.
Les écrits sur l’Orient
« La Bibliothèque orientale » d’Herbelot, est publiée en 1697 et servira de modèle à « la Description de l’Égypte »».
.Said monte que la représentation du prophète Mahomet est reproduite par « la Bibliothèque orientale » telle qu’elle existait déjà au Moyen Âge ou dans La Divine comédie.
Les savants dont la production est encyclopédique, les philologues, comme Ernest Renan, les grammairiens, comme Silvestre de Sacy adoptent un système de classification, soutient Said, qui fragmente le savoir et crée en conséquence des interstices favorables au développement de mythes idéologiques.
Si les ouvrages des auteurs cités donnent de l’islam ou de l’Orient une image négative – ce qui d’ailleurs n’est pas la même chose mais se confond à dessein, chez Said –, elles ne relèvent pas nécessairement de cette conscience de la supériorité occidentale, du mépris de l’autre et de l’idéologie colonialiste.
Les points de vue de Dante, de Silvestre de Sacy ou de Renan, s’ils jugent la religion musulmane ou la culture orientale, ne signifient pas nécessairement que leur pensée soit dominée par une idéologie séculaire qui les enferme dans la reproduction du même discours et des mêmes préjugés.
Le rationalisme positiviste a ceci de bon qu’il met les religions sur le même plan, en n’adhérant à aucune. Celui que professe Renan n’est, au demeurant, ni étroit ni hostile par principe à toute idée religieuse pour elle-même. Il confesse dans ses Souvenirs tout ce qu’il doit humainement et moralement à Saint-Sulpice et, dans ses goûts autant que dans ses renoncements, il reste chrétien. De la même façon, l’Islam a toujours, reconnaît-il, produit en lui une profonde émotion à tel point qu’il n’est jamais entré dans une mosquée sans avoir regretté de n’être pas musulman.
Les travaux des savants diffèrent et si certains véhiculent dans leurs écrits une idéologie colonialiste, d’autres ont remis en question le colonialisme et ont manifesté pour l’Orient une sympathie sincère.
Ainsi, par exemple, des écrivains comme Chateaubriand, Nerval, Flaubert, Dumas, Loti n’avaient pas la même vision de l’Orient,
la représentation de l’Orient par G de Nerval demeure personnelle et sincère. Sa sympathie pour l’Orient est indéniable et si son texte véhicule un certain nombre de préjugés, il faut les rattacher à leur époque, condition sans laquelle l’interprétation devient anachronique.
L’énorme travail qu’ ont fourni les orientalistes , loin de déréaliser l’image de l’Oriental, lui a fourni une masse impressionnante d’informations qui lui ont permis de constituer son histoire et sa culture. Peut-on aujourd’hui contester l’apport de Charles André Julien, de Jacques Berque pour la recherche historique au Maghreb ? Quels matériaux a utilisés Edward Said de l’Orient sinon, comme le montre bien son livre, les ouvrages des orientalistes ?
Conclusion
Le livre de Said ne développe qu’une seule et même idée, que le sous-titre du livre résume fort bien, « L’Orient créé par l’Occident »,
Le passé colonial est un mal, nul ne le conteste mais l’orientalisme n’est-ce pas précisément tout un travail, toutes ces informations foisonnantes, cette exploration d’une monde dont, il faut le dire, se détournaient ses propres habitants pour contempler un passé lointain ?
Cependant si l’essai de Said a créé un remous bénéfique dans le milieu orientaliste, s’il a permis aux Européens de modifier le regard qu’ils portent sur l’Orient, il a conforté les intellectuels arabes dans le rejet des Autres, il a entretenu et fixé le différend colonial, il a donné une assise intellectuelle aux idées fondamentalistes. En adoptant un ton polémique, en restreignant le champ de l’étude à des fins idéologiques, Said a écrit un livre, qui de son propre aveu, lui a échappé.