Populismes et libéralismes : LE PEUPLE
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155. Le mépris des faibles peut se cacher sous des formes populistes, qui les utilisent de façon démagogique à leurs fins, ou sous des formes libérales au service des intérêts économiques des puissants.
Dans les deux cas, on perçoit des difficultés à penser un monde ouvert où il y ait de la place pour tout le monde, qui intègre les plus faibles et qui respecte les différentes cultures.
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Populaire ou populiste
156.le terme “populisme” ou “populiste” a envahi les médias et le langage en général. Il perd ainsi la valeur qu’il pourrait avoir et devient l’une des polarités de la société divisée,.
158.. Faire partie d’un peuple, c’est faire partie d’une identité commune faite de liens sociaux et culturels. : c’est avoir un projet commun ».
159. Des dirigeants populaires sont capables d’interpréter le sentiment d’un peuple,
.Mais cela devient un populisme malsain lorsqu’un individu est assez habile pour instrumentaliser politiquement la culture du peuple,, au service de son projet personnel et de son maintien au pouvoir.
160. Les groupes populistes fermés défigurent le terme “peuple”, puisqu’en réalité ce dont il parle n’est pas le vrai peuple. En effet, la catégorie de ‘‘peuple’’ est une catégorie ouverte.
Un peuple vivant, dynamique , ouvert de façon permanente à de nouvelles synthèses intégre celui qui est différent. sans se renier lui-même, mais en étant disposé au changement, …Il sait se remettre en question …. s’enrichir auprès des autres . ;. et ainsi, il peut évoluer.
161. Un autre signe de la dégradation du leadership populaire, c’est l’immédiateté. On répond à des exigences populaires afin de se garantir des voix , mais sans progresser dans une tâche ardue et constante qui offre aux personnes les ressources pour leur développement, afin qu’elles puissent gagner leur vie par leur effort et leur créativité.
C’est un populisme irresponsable »
Les plans d’assistance qui font face à certaines urgences devraient être considérés seulement comme des réponses provisoires »
162. La grande question, c’est le travail.
Assurer à chacun la possibilité de faire germer les semences que Dieu a mises en lui, ses capacités, son sens d’initiative, ses forces. C’est la meilleure aide que l’on puisse apporter à un pauvre, c’est le meilleur chemin vers une existence digne.
Aider les pauvres avec de l’argent doit toujours être une solution provisoire pour affronter des urgences.
« il n’existe pas pire pauvreté que celle qui prive du travail et de la dignité du travail »
Valeurs et limites des visions libérales
163. Dans les visions libérales individualistes la société est considérée comme une simple somme d’intérêts qui coexistent.
164. La charité implique un processus efficace de transformation de l’histoire qui exige que tout soit intégré : notamment les institutions, le droit, la technique, l’expérience, les apports professionnels, l’analyse scientifique, les procédures administratives.
165. La vraie charité est capable d’intégrer tout cela dans son déploiement
. Si nous prenons ce cas, même le bon Samaritain a eu besoin de l’existence d’une auberge qui lui a permis de résoudre ce que, tout seul, en ce moment-là, il n’était pas en mesure d’assurer. L’amour du prochain est réaliste et ne dilapide rien qui soit nécessaire pour changer le cours de l’histoire en faveur des pauvres.
Des idéologies de gauche en viennent quelquefois à côtoyer des habitudes individualistes et des façons de faire inefficaces qui ne profitent qu’à une petite minorité.
Dans le même temps, la multitude de ceux qui sont abandonnés reste à la merci du bon vouloir éventuel de quelques-uns..
166. Tout cela serait précaire si nous perdions la capacité de percevoir la nécessité d’un changement dans les cœurs humains,
. Le problème, c’est la fragilité humaine, la tendance constante à l’égoïsme de la part de l’homme “concupiscent” : ce penchant de l’être humain à s’enfermer dans l’immanence de son moi, de son groupe, de ses intérêts mesquins..
167. Le travail d’éducation, le développement des habitudes solidaires, la capacité de penser la vie humaine plus intégralement et la profondeur spirituelle sont nécessaires pour assurer la qualité des relations humaines,
168. Le dogme de la foi néolibéral
Le marché à lui seul ne résout pas tout, Il s’agit là d’une pensée pauvre, répétitive,
recourant aux notions magiques de “ruissellement” ou de “retombées”
Ce prétendu ruissellement ne résorbe pas l’inégalité, ;Il est la source de nouvelles formes de violence qui menacent le tissu social.
il faut augmenter les emplois au lieu de les réduire.
( perso le ruissellement permet d’acheter des machines et diminue les emplois pour les petits)
La spéculation financière, qui a comme objectif principal le gain facile, fait des ravages.
il faut « replacer au centre la dignité humaine et, sur ce pilier, doivent être construites les structures sociales alternatives dont nous avons besoin ».
Les mouvements populaires
169. Dans certaines visions économiques étriquées et monochromatiques, il ne semble pas y avoir de place, pour les mouvements populaires rassemblant des chômeurs, des travailleurs précaires et informels ainsi que beaucoup d’autres personnes qui n’entrent pas facilement dans les grilles préétablies.
Elles génèrent plusieurs formes d’économie populaire et de production avec le torrent d’énergie morale qui naît de la participation des exclus à la construction d’un avenir commun
Il convient de travailler à ce que « ces mouvements, ces expériences de solidarité qui grandissent du bas, du sous-sol de la planète, confluent,… se rencontrent ».
Mais sans trahir leurs caractéristiques, parce que ce « sont des semeurs de changement, des promoteurs d’un processus dans lequel convergent des millions de petites et grandes actions liées de façon créative, comme dans une poésie »
.Les “poètes sociaux” sont ceux qui travaillent, qui proposent, qui promeuvent et qui libèrent à leur manière. Grâce à eux, un développement humain intégral sera possible,
Non à une politique vers les pauvres, mais une politique avec les pauvres,
Ils dérangent, Les “penseurs” ne sachent pas comment les classer, ..il faut reconnaître que, sans eux, « la démocratie s’atrophie,
Le pouvoir international
172. Le XXIe siècle « est le théâtre d’un affaiblissement du pouvoir des États nationaux, surtout parce que la dimension économique et financière, de caractère transnational, tend à prédominer sur la politique.
173. Dans ce sens, je rappelle qu’il faut une réforme « de l’Organisation des Nations Unies comme celle de l’architecture économique et financière internationale en vue de donner une réalité concrète au concept de famille des Nations ».
Il est à éviter que cette Organisation soit délégitimée, parce que ses problèmes ou ses insuffisances peuvent être affrontés ou résolus dans la concertation.
175. Grâce à Dieu, beaucoup de regroupements et d’organisations de la société civile aident à pallier les faiblesses de la Communauté Internationale,.
Une charité sociale et politique
176. Pour beaucoup de personnes, la politique est aujourd’hui un vilain mot…
À cela s’ajoutent les stratégies qui cherchent à affaiblir la politique, à la remplacer par l’économie ou la soumettre à quelque idéologie. Mais le monde peut-il fonctionner sans la politique ?
177. la politique ne doit pas se soumettre à l’économie
, « on ne peut pas justifier une économie sans politique,
, « nous avons besoin d’une politique aux vues larges,…« une saine politique, capable de réformer les institutions, de les coordonner et de les doter de meilleures pratiques qui permettent de vaincre les pressions et les inerties vicieuses ».
On ne peut pas demander cela à l’économie, ni accepter qu’elle s’empare du pouvoir réel de l’État.
178. Face à tant de formes mesquines de politique et à courte vue, je rappelle que « la grandeur politique se révèle quand, dans les moments difficiles, on œuvre pour les grands principes et en pensant au bien commun à long terme.
180. Reconnaître chaque être humain comme un frère ou une sœur et chercher une amitié sociale qui intègre tout le monde ne sont pas de simples utopies.
Tout engagement dans ce sens devient un exercice suprême de la charité.
En effet, un individu peut aider une personne dans le besoin, mais lorsqu’il s’associe à d’autres pour créer des processus sociaux de fraternité et de justice pour tous, il entre dans « le champ de la plus grande charité, la charité politique ».
la politique qui « est une vocation très noble, elle est une des formes les plus précieuses de la charité, parce qu’elle cherche le bien commun ».]
181. l’amour s’exprime non seulement dans des relations d’intimité et de proximité, mais aussi dans « des macro-relations : rapports sociaux, économiques, politiques ».
182. Cette charité politique suppose qu’on ait développé un sentiment social qui dépasse toute mentalité individualiste : « La charité sociale nous fait aimer le bien commun et conduit à chercher effectivement le bien de toutes les personnes, considérées non seulement individuellement, mais aussi dans la dimension sociale qui les unit »
Chacun n’est pleinement une personne qu’en appartenant à un peuple, et en même temps, il n’y a pas de vrai peuple sans le respect du visage de chaque personne.
Peuple et personne sont des termes qui s’appellent.
Amour effectif
184. La charité est au cœur de toute vie sociale saine et ouverte.
185. La charité a besoin de la lumière de la vérité que nous cherchons constamment et « cette lumière est, en même temps, celle de la raison et de la foi »,
Cela suppose aussi le développement des sciences et leur contribution irremplaçable pour trouver les voies concrètes et les plus sûres en vue d’obtenir les résultats espérés.
En effet, lorsque le bien des autres est en jeu, les bonnes intentions ne suffisent pas, mais il faut effectivement accomplir ce dont ils ont besoin, ainsi que leurs nations, pour se réaliser.
L’activité de l’amour politique
186.Il y a également un amour “impéré” : ces actes de charité qui poussent à créer des institutions plus saines, des réglementations plus justes, des structures plus solidaires.
« l’engagement tendant à organiser et à structurer la société de façon à ce que le prochain n’ait pas à se trouver dans la misère est un acte de charité tout aussi indispensable
Si quelqu’un aide une personne âgée à traverser une rivière, c’est de la charité exquise, et si le dirigeant politique lui construit un pont, c’est aussi de la charité. Si quelqu’un aide les autres en leur donnant de la nourriture, l’homme politique crée pour lui un poste de travail et il exerce un genre très élevé de charité qui ennoblit son action politique.
La sollicitude de l’amour
187. Cette charité, cœur de l’esprit de la politique, est toujours un amour préférentiel pour les derniers qui anime secrètement toutes les actions en leur faveur.
Ce n’est qu’avec un regard dont l’horizon est transformé par la charité, le conduisant à percevoir la dignité de l’autre, que les pauvres sont découverts et valorisés dans leur immense dignité, respectés dans leur mode de vie et leur culture, et par conséquent vraiment intégrés dans la société.
Ce regard est le cœur de l’esprit authentique de la politique.
À partir de là, les voies qui s’ouvrent sont différentes de celles d’un pragmatisme sans âme. Par exemple, « on ne peut affronter le scandale de la pauvreté en promouvant des stratégies de contrôle qui ne font que tranquilliser et transformer les pauvres en des êtres apprivoisés et inoffensifs. Qu’il est triste de voir que, derrière de présumées œuvres altruistes, on réduit l’autre à la passivité » !
chaque être humain puisse être artisan de son destin.
188. Les hommes politiques sont appelés à « prendre soin de la fragilité des peuples et des personnes Prendre soin de la fragilité veut dire force et tendresse, lutte et fécondité, au milieu d’un modèle fonctionnaliste et privatisé qui conduit inexorablement à la “culture du déchet”.
Le dirigeant politique est un homme d’action, un constructeur porteur de grands objectifs, doté d’une vision large, réaliste et pragmatique, qui va même au-delà de son propre pays. Les préoccupations majeures d’un homme politique ne devraient pas être celles causées par une chute dans les sondages, mais par le fait de ne pas résoudre effectivement « le phénomène de l’exclusion sociale et économique,
..la traite d’êtres humains, commerce d’organes et de tissus humains, ’exploitation sexuelle d’enfants, ..prostitution –, trafic de drogues et d’armes,
189. Nous sommes encore loin d’une mondialisation des droits humains les plus fondamentaux.
lutter contre la faim alors qu’on on jette des tonnes de nourriture.
Des frères et des sœurs qui meurent de faim ou de soif, sans un toit ou sans accès aux soins de santé…
190. La charité politique s’exprime aussi par l’ouverture à tous les hommes.
Celui qui a la charge de gouverner est appelé à des renoncements permettant la rencontre ; Il sait écouter le point de vue de l’autre,.. Par des renoncements et de la patience, un gouvernant peut aider à créer ce magnifique polyèdre où tout le monde trouve une place.
191.les ’intolérances fondamentalistes détériorent les relations entre les personnes..
, les fanatismes, prolifèrent,
Plus de fécondité que de succès
193 De moins en moins on appelle un homme par son nom propre, de moins en moins il sera traité comme une personne, cet être unique au monde, qui a un cœur, ses souffrances à lui, ses problèmes, ses joies, et une famille qui n’est pas celle des autres
. On connaîtra seulement ses maladies pour les soigner, ses manques d’argent pour y pourvoir, sa nécessité d’un toit pour le loger, ses besoins de détente de loisirs pour les organiser ». Mais « ce n’est pas perdre son temps que d’aimer le plus petit des hommes comme un frère, comme s’il était seul au monde
194. En politique il est aussi possible d’aimer avec tendresse. « Qu’est-ce que la tendresse ? C’est l’amour qui se fait proche et se concrétise. C’est un mouvement qui part du cœur et arrive aux yeux, aux oreilles, aux mains.
Dans l’activité politique, « les plus petits, les plus faibles, les plus pauvres doivent susciter notre tendresse.
195. Cela nous aide à reconnaître qu’il ne s’agit pas toujours d’obtenir de grands succès, qui parfois sont impossibles.
Dans l’activité politique, , celui qui aime et qui a cessé de comprendre la politique comme une simple recherche de pouvoir « est sûr qu’aucune de ses œuvres faites avec amour ne sera perdue,
196. Il y a une grande noblesse dans le fait d’être capable d’initier des processus dont les fruits seront recueillis par d’autres, en mettant son espérance dans les forces secrètes du bien qui est semé.
197..En pensant à l’avenir, certains jours, les questions devraient être : “À quelle fin ? Quel est l’objectif que je vise réellement ?” En effet, dans quelques années, en réfléchissant sur le passé, la question ne sera pas : “Combien de personnes m’ont approuvé ?
Combien de personnes ont voté pour moi ? Combien de personnes ont eu une image positive de moi ?”.
Les questions, peut-être douloureuses, seront plutôt :
“Quel amour ai-je mis dans le travail ? En quoi ai-je fait progresser le peuple ?
Quelle marque ai-je laissée dans la vie de la société, quels liens réels ai-je construits, quelles forces positives ai-je libérées, quelle paix sociale ai-je semée, qu’ai-je réalisé au poste qui m’a été confié ?”