Archive pour la catégorie 'Paul VI'

Le cardinal Malula et Paul VI

24 avril, 2016

Joseph Malula estime Paul VI

et le pape le nomme cardinal

en Avril 1969 en même temps que le malgache Jérome Rakotomalala

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Paul VI à Kampala

Cet estime réciproque se comprend

car ils ont les mêmes regards sur l’église Africaine

et le même désir de voir surgir une église vraiment africaine   

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Paul VI le dit quand il se rend  à Kampala en Juillet 1969  pour  la clôture du Symposium des évêques d’Afrique 

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Paul VI dit alors

Un sentiment, Frères et Fils, est maintenant dans notre cœur: celui de respect, pour vos personnes, pour votre terre, pour votre culture. Nous sommes plein d’admiration et de dévotion pour vos Martyrs, que Nous sommes venu honorer et invoquer. Nous n’avons d’autre désir que de promouvoir ce que vous êtes: chrétiens et africains.

 ..Vous, Africains, vous êtes désormais vos propres missionnaires. ..

c’est dire que vous, Africains, vous devez poursuivre la construction de l’Eglise sur ce continent…. L’Eglise, par sa nature, demeure toujours missionnaire. Mais le jour viendra où Nous n’appellerons plus « missionnaire » au sens technique, votre apostolat, mais natif, indigène, vraiment vôtre.

 Une question qui demeure très vive et suscite beaucoup de discussions se présente à votre œuvre évangélisatrice, celle de l’adaptation de l’Evangile, de l’Eglise, à la culture africaine. L’Eglise doit-elle être européenne, latine, orientale … ou bien doit-elle être africaine? Le problème paraît difficile, et en pratique il peut l’être en effet. Mais la solution est prête, avec deux réponses. Votre Eglise doit être avant tout catholique.

Autrement dit, elle doit être entièrement fondée sur le patrimoine identique, essentiel, constitutionnel de la même doctrine du Christ, professée par la tradition authentique et autorisée de l’unique et véritable Eglise. C’est là une exigence fondamentale et indiscutable.

Vous savez à quel point l’Eglise est par-dessus tout tenace, disons conservatrice, sous ce rapport.

Mais cette première réponse étant donnée, il Nous faut passer à la seconde: l’expression, c’est-à-dire le langage, la façon de manifester l’unique foi peut être multiple et par conséquent originale, conforme à la langue, au style, au tempérament, au génie, à la culture de qui professe cette unique foi. Sous cet aspect, un pluralisme est légitime, même souhaitable. Une adaptation de la vie chrétienne dans les domaines pastoral, rituel, didactique et aussi spirituel, est non seulement possible, mais est favorisée par l’Eglise. C’est ce qu’exprime, par exemple, la réforme liturgique. En ce sens, vous pouvez et vous devez avoir un christianisme africain.

L’Eglise africaine a devant elle une tâche immense et originale à réaliser: elle doit s’adresser comme « mère et éducatrice »

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De retour à Rome, Paul VI ne peut s’empêcher  de dire sa joie en parlant de l’Eglise d’Afrique

lors de son  audience générale du  6 aout 1969

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Paul VI dit alors

Ici jaillit l’idée qui Nous est venue au cours de cette brève mais impressionnante expérience africaine

le Christianisme…, est universel.

 Il est pour tous. Il n’a ni limites géographiques, ni limites ethniques, ni limites culturelles

. Il est unique, rigoureusement unique dans son contenu essentiel  mais organique, c’est-à-dire différencié, dans sa composition communautaire.

 Il peut être adapté et s’exprimer dans toute forme de culture humaine saine.

 On parle beaucoup aujourd’hui de ce pluralisme dans l’expression de l’Evangile Il ne s’agit pas de fractionner l’Eglise, de dissocier sa communion intime, de libérer les Eglises locales de l’harmonie avec les Eglises sœurs et de la collégialité qui oblige les Pasteurs de l’Eglise à une solidarité fraternelle et hiérarchique.

Il s’agit d’admettre dans le concert des voix de la même unité la catholicité des voix différentes, différentes comme les a faites le Seigneur (1 Co 12, 16-21), la marque de la race, l’histoire locale, la nature particulière, la tradition culturelle.

Il est merveilleux de constater comme notre religion catholique est catholique, c’est-à-dire universelle…. Tous, hommes et peuples, peuvent être catholiques, sans renier les talents qu’ils ont reçus, mais en les développant, et en les portant à un degré supérieur de plénitude d’expression et de beauté humaine.

 Au contact de la jeune Eglise africaine nous avions vu  son humanité.

 Nous avons vu un Peuple.

 Et dans la lumière de son christianisme, un Peuple bon, un Peuple ouvert à la vision difficile et sublime de la paix;… Humanité très belle, simple, vivante, africaine et chrétienne.

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Cet amour du pape  pour l’Afrique et son estime pour Malula ne va jamais faiblir quand le cardinal  va entreprendre toutes les réformes nécessaires pour « africaniser son diocèse » en instituant les Bakambi ,les communautés de base ou la liturgie Zaïroise

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Le cardinal Malula donne le pouvoir aux bakambi

23 avril, 2016

Le motu proprio sur les ministères

En Aout 1972

Paul VI  avait supprimé les ordres mineurs pour ne plus garder que le diaconat

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Le pape envisage aussi pour l’avenir d’autres ministères non ordonnés

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La 8e semaine théologique de Kinshasa

En Juillet 1973 , la  semaine théologique de Kinshasa  a pour thème 

Les ministères  laïcs dans l’Eglise

Le cardinal Malula ,conforté par le motu proprio de Paul VI déclare

dans l’œuvre de l’évangélisation du monde que le Christ a confié à son église, nous devons travailler avec les laïcs dans une réelle coresponsabilité  

En 1974 au cours du  synode romain sur l’évangélisation Malula lui-même  rappelle que  

le concile vatican II a beaucoup insisté sur le rôle de plus en plus actif des laïcs  dans la vie de l’église

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Le Mokambi

En Mai 1975 ,Malula n’hésite plus .

Il fait le saut !

Malgré les oppositions de certains missionnaires

malgré les réticences de certains laïcs

il place à la tête des paroisses des bakambi  (guides de communauté) qui ne sont pas ordonnés

Beaucoup de choses que faisait le prêtre  ,c’est maintenant le mokambi qui le fera pour vous  …C’est lui votre premier  guide au nom de l’évêque .Le prêtre sera à côte de lui pour l’aider ,le soutenir et pour vous donner  les sacrements      (le cardinal Malula et Jean Paul II par Jean Mpisi edt l’harmattan p 198)

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Exhortation de Paul VI

en décembre 1975 Paul VI semble  approuver l’institution de tels ministères non ordonnés  dans son exhortation sur l’‘évangélisation dans le monde moderne »

De tels ministères, nouveaux en apparence mais très liés à des expériences vécues par l’Eglise tout au long de son existence   — par exemple ceux de catéchètes, d’animateurs de la prière et du chant, des chrétiens voués au service de la Parole de Dieu ou à l’assistance des frères dans le besoin, ceux enfin des chefs de petites communautés, des responsables de mouvements apostoliques ou autres responsables —, sont précieux pour l’implantation, la vie et la croissance de l’Eglise et pour sa capacité d’irradier autour d’elle et vers ceux qui sont au loin. Nous devons aussi notre estime particulière à tous les laïcs qui acceptent de consacrer une partie de leur temps, de leurs énergies, et parfois leur vie entière, au service des missions.

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Difficultés rencontrées

L’installation des mokambi ne fut pas toujours facile et le cardinal doit souvent intervenir pour calmer les esprits  

« il faut un étroite collaboration entre le mokambi et le prêtre animateur  chacun respectant le rôle spécifique de l’autre … Les abbés doivent apprendre à collaborer avec les laïcs ..ce qui exige de la part des prêtres une véritable conversion des mentalités excluant tout complexe de supériorité …une charité sans hypocrisie …une confiance qui accepte les risques …Nous croyons en la présence de  l’esprit saint dans ce peuple animant  et le clergé et les laïcs

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Les communautés ecclésiales  de base

C’est pas fini !

en 1977 le cardinal réorganise toutes les paroisses

L’unité de base n’est plus la paroisse, mais les quartiers

Dans chaque  quartier les chrétiens se rencontrent régulièrement

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Le centre paroissial  reste le centre culturel et notamment le lieu de l’eucharistie

les jeunes sont invités à devenir des « bilenge wa minda » c’est-à-dire des jeunes de la lumière

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Les liturgies en rite Zaïrois  s’organisent

La danse est  l’expression souveraine de l’art africain …Par l’intermédiaire de la chorale ,le peuple est associé étroitement à l’action du prêtre  

 Ainsi  en 1976 l’église  « au visage africain » est pour l’essentiel édifiée

et Malula en fait le bilan dans un petit livre

l’eglise de Dieu qui est à Kinshasa vous parle  

Le pape Paul VI et la théologie Africaine

22 avril, 2016

Adapter la liturgie en Afrique

c’est bien !

organiser la pastorale et créer des bakambi

c’est bien !

L’inculturation

c’est bien !

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Mais toucher à la théologie

parler d’une « théologie africaine »

c’est autre chose !

Il n’est pas question de toucher aux dogmes

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Paul  VI, qui jusque là acceptait avec joie les réformes du cardinal Malula à Kinshasa

commence à douter   

Faut il une théologie africaine ?

Malula et les théologiens de Kinshasa ne vont-ils pas trop loin ? 

Inculturer c’est insérer le message chrétien dans une culture ..L’Africain chrétien doit pouvoir se mettre à l’écoute de l’appel de Dieu en étant  fidele aux aspirations légitimes de sa tradition … Il le sera dans la mesure où il vivra l’évangile en harmonie avec la religion des ancêtres (Abbé Penoukou )

Voir  (le cardinal Malula et Jean Paul II par Jean Mpisi (edt l’harmattan p  252)

En 1974 ,Paul VI doute ,hésite ,met en garde contre « les théologies diversifiées selon les continents »

 

1975 :Message adressé à la SCEAM

En 1975 de nouveau, Paul VI encourage les évêques lors du symposium des évêques d’Afrique et da Madagascar (SCEAM)et leur dit

Certes, c’est une lourde responsabilité que vous avez reçue, vous, les membres de l’Episcopat africain, qui constituez pour la plupart la première génération de Pasteurs issus de vos peuples et de qui dépend pour une grande part la voie sur laquelle vont s’engager les générations futures.

C’est bien pour cela que, depuis des années et plus particulièrement pendant ce Symposium, vous vous posez de graves interrogations tandis que nous-mêmes nous vous encourageons vivement et avec sympathie dans cette entreprise.

Comment rendre accessibles et persuasives pour les peuples d’Afrique et de Madagascar la Parole de Dieu, la doctrine de l’Eglise, les exigences de la Foi?

 L’Eglise qui est en Afrique n’est-elle pas tributaire d’une forme de christianisme importée qui la rend comme étrangère à ses propres populations?

 N’y a-t-il pas à chercher des voies nouvelles et plus adaptées, dans le domaine théologique comme dans le domaine pastoral, pour intégrer en les perfectionnant les valeurs culturelles traditionnelles de vos peuples, avec prudence cependant et avec sagesse?

Ces graves interrogations, nous les avons comprises, nous les avons bien saisies, et nous y avons déjà répondu en partie lors du Symposium tenu à Kampala.

Tout d’abord, il ne doit y avoir sur ce point aucune hésitation ni aucune crainte. Le fait même que la foi implantée dans ces pays ait pu en quelques décades faire surgir un épiscopat autochtone, éveiller de nombreuses vocations sacerdotales, susciter des communautés de fidèles fervents et généreux, donner naissance à des vocations admirables de catéchistes et porter même jusqu’au témoignage du martyre d’humbles chrétiens, tout cela n’est-il pas la marque d’un christianisme authentique?

La voie n’en reste pas moins ouverte à l’approfondissement de la recherche en ce domaine, pourvu que soient sauvegardées toutes les garanties essentielles toucha

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1977 : Discours adressé aux évêque du Rwanda

Le 25 avril 77 Paul VI  dit aux évêques du Rwanda venus à Rome  ( p 264)

 Nous savons que votre tâche, pour implanter toujours davantage en terre d’Afrique le message de l’Evangile dans toute sa pureté, n’est pas une mission facile. Mais vous devez savoir aussi que non seulement le Saint-Siège, mais – on peut le dire – toute la communauté ecclésiale a le regard tourné vers les jeunes églises d’Afrique avec une immense espérance. On attend de vous la preuve qu’il est possible d’insérer profondément chez vous le message chrétien authentique, en respectant les lignes essentielles de la culture africaine: en d’autres termes, de donner un visage africain à l’éternel et immuable message de l’Evangile.

 Cela suppose un effort en deux directions qui, au premier abord, semblent presque impossibles à faire converger: l’adaptation et la fidélité. Il faut adapter, c’est indubitable: qu’il s’agisse de la présentation des vérités, de l’expression liturgique, etc.

 Mais le message à adapter est unique et ne peut être déguisé ni trahi: il n’y a qu’une seule Foi et qu’une seule Eglise!

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L’A.O.T.A

En Décembre 1977 des théologiens catholiques et protestants se réunissent à Accra, fonde « l’association œcuménique des théologiens d’Afrique et choisissent comme secrétaire le père  Mveng 

Ensemble ,ils cherchent une théologie africaine qui ne soit ni catholique, ni protestante ,mais qui convienne à la fois aux catholiques et aux protestants ( p 268)

Non plus un théologie de « l’oppression “ mais une théologie de la charité  

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Les théologiens citent à peine les pères de l’église qui se  nourrissent  des philosophies païennes grecques et non exclusivement des Ecritures

« Ce christianisme là fait parti de l’histoire occidentale et n’ a rien à voir avec les évangiles

la Théologie africaine préfère se tourner vers les religions traditionnelles qui sont comme une préparation à l’évangile

 Nous ne sommes plus à nous demander si une  théologie africaine est possible, nous sommes désormais  sur le chantier de cette théologie

La théologie pour nous en Afrique ,n’est pas un exercice scolaire ,à grand renfort de mots pédants et de formules énigmatiques .Pour nous la théologie appartient à la totalité de notre expérience religieuse ,à la globalité de notre vie  (père Mveng p 271)

La théologie  africaine à eu un « accouchement difficile ,mais l’enfant est nègre (Malula) 

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En Janvier 1978  le cardinal Malula déclare  lors d’un colloque qui a lieu au  Cera (centre d’études des religions Africaines)  fondé en 1966 par l’abbé Vincent Mulago )

Le CERA est appelé à jouer un rôle important….. .

Par son incarnation ,le Verbe est venu habité parmi nous ,peuples africains ,non pour détruire la religion de nos ancêtres  mais pour la porter à sa plénitude et sa perfection ( p 273)

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Paul VI meurt en aout 78