Fratelli Tutti : Encyclique du pape François ; Le Dialogue et l’amitié sociale ( chapitre 6)
20 octobre, 2020198. Se rapprocher, s’exprimer, s’écouter, se regarder, se connaître, essayer de se comprendre, chercher des points de contact, tout cela se résume dans le verbe ‘‘dialoguer’’..
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Le dialogue social pour une nouvelle culture
199. Un pays grandit quand dialoguent de façon constructive ses diverses richesses culturelles : la culture populaire, la culture universitaire, la culture des jeunes, la culture artistique et technologique, la culture économique et la culture de la famille, et la culture des médias
200. On confond en général le dialogue avec quelque chose de très différent : un échange fébrile d’opinions sur les réseaux sociaux, très souvent orienté par des informations provenant de médias pas toujours fiables. Ce ne sont que des monologues
. Le pire, c’est que ce langage, habituel dans le contexte médiatique d’une campagne politique, s’est généralisé de telle sorte que tout le monde l’utilise quotidiennement. Le débat est souvent manipulé par certains intérêts.
202. Le manque de dialogue implique que personne, dans les différents secteurs, ne se soucie de promouvoir le bien commun ; mais chacun veut obtenir des avantages que donne le pouvoir, ou, dans le meilleur des cas, imposer une façon de penser.
Construire en commun
203. Le dialogue social authentique suppose la capacité de respecter le point de vue de l’autre
Avoir un esprit d’ouverture aux autres.
Etre sincère, ..
ne pas dissimuler ce que nous croyons,
chercher des points de contact,
travailler et lutter ensemble »
Ne pas s’accrocher à des intérêts limités.
Soyons persuadés que « les différences sont créatrices, car elles créent des tensions et dans la résolution d’une tension se trouve le progrès de l’humanité » !
204. la réalité peut être abordée selon des approches différentes et avec diverses méthodologies., .. grâce au travail d’autres sciences et savoirs.
205. En ce monde globalisé Les médias peuvent nous aider dans ce domaine, surtout aujourd’hui, alors que les réseaux de communication humaine ont atteint une évolution extraordinaire. En particulier, internet peut offrir plus de possibilités de rencontre et de solidarité entre tous, et c’est une bonne chose, c’est un don de Dieu ».
S’assurer constamment que les formes de communication actuelles nous orientent effectivement vers une rencontre généreuse,
vers la recherche sincère de la vérité intégrale,
le service des pauvres, la proximité avec eux,
vers la tâche de construction du bien commun.
En même temps, comme l’ont enseigné les évêques d’Australie, « nous ne pouvons pas accepter un monde numérique conçu pour exploiter notre faiblesse et faire émerger ce qu’il y a de pire chez les personnes »
.Le fondement des consensus
206. Le relativisme n’est pas une solution. Sous le couvert d’une prétendue tolérance, il finit par permettre que les valeurs morales soient interprétées par les puissants selon les convenances du moment.
Lorsque la culture se corrompt et qu’on ne reconnaît plus aucune vérité objective ni de principes universellement valables, les lois sont comprises uniquement comme des impositions arbitraires et comme des obstacles à contourner ».
.
La vérité
Une société est noble et respectable par sa quête de la vérité et son attachement aux vérités les plus fondamentales.
208. Démasquer les divers genres de manipulation, de déformation et de dissimulation de la vérité, dans les domaines publics et privés.
la “vérité”, ce n’est pas seulement la diffusion de faits par la presse.
C’est avant tout la recherche des fondements les plus solides
et saisir les vérités qui ne changent pas, qui étaient vraies avant nous et le seront toujours.
En explorant la nature humaine, la raison découvre des valeurs qui sont universelles parce qu’elles en dérivent.
209. Ne pourrait-il pas arriver que les droits humains élémentaires, considérés aujourd’hui comme inaliénables, soient niés par les puissants du moment avec le ‘‘consentement’’ d’une population endormie et intimidée ?
Un simple consensus entre les différents peuples, qui peuvent aussi être manipulés, ne serait pas non plus suffisant.
210.Suite à un glissement de la raison morale ,on poclame que le bien et le mal en soi n’existent pas, mais qu’il faut parler plutot des avantages et les désavantages.
. Nous entrons là dans une dégradation : avancer “en nivelant par le bas” au moyen d’un consensus superficiel et négocié. Ainsi triomphe en définitive la logique de la force.
Tout être humain est sacré et inviolable
213.Tout être humain possède une dignité inaliénable est une vérité qui correspond à la nature humaine indépendamment de tout changement culturel.
C’est pourquoi l’être humain a la même dignité inviolable en toute époque de l’histoire et personne ne peut se sentir autorisé par les circonstances à nier cette conviction ou à ne pas agir en conséquence..
214. Ce fondement pourra paraître suffisant aux agnostiques
. Pour les croyants, cette nature humaine, source de principes éthiques, a été créée par Dieu qui, en définitive, donne un fondement solide à ces principes.
Une culture nouvelle :La rencontre
215. « La vie, c’est l’art de la rencontre,
C’est un style de vie visant à façonner ce polyèdre aux multiples facettes, aux très nombreux côtés, mais formant ensemble une unité pleine de nuances, puisque « le tout est supérieur à la partie ».
Le polyèdre représente une société où les différences coexistent en se complétant, en s’enrichissant et en s’éclairant réciproquement,
En effet, on peut apprendre quelque chose de chacun,
personne n’est inutile, personne n’est superflu.
Cela implique que les périphéries soient intégrées. Celui qui s’y trouve a un autre point de vue, il voit des aspects de la réalité qui ne sont pas reconnus des centres du pouvoir où se prennent les décisions les plus déterminantes.
216 la “culture de la rencontre” signifie que, en tant que peuple, nous cherchons r à nous rencontrer, à rechercher des points de contact,à construire des ponts,
217. La paix sociale est difficile à construire, elle est artisanale. Il serait plus facile de limiter les libertés et les différences par un peu d’astuce et de moyens..
Intégrer les différences est beaucoup plus difficile et plus lent, mais c’est la garantie d’une paix réelle et solide.
Cela ne consiste pas non plus en une paix issue de l’étouffement des revendications sociales Ce qui est bon, c’est de créer des processus de rencontre, des processus qui bâtissent un peuple capable d’accueillir les différences!
Le bonheur de reconnaître l’autre
218. Cela implique l’effort de reconnaître à l’autre le droit d’être lui-même et d’être différent.
Derrière le rejet de certaines formes visibles de violence, se cache souvent une autre violence plus sournoise : celle de ceux qui méprisent toute personne différente.
219 Ignorer l’existence et les droits des autres provoque, tôt ou tard, une certaine forme de violence, très souvent inattendue.
Les rêves de liberté, d’égalité et de fraternité peuvent rester de pures formalités
un pacte social réaliste et inclusif doit être aussi un “pacte culturel” qui respecte et prenne en compte les diverses visions de l’univers, les diverses cultures et les divers modes de vie coexistant dans la société.
Par exemple les peuples autochtones ne sont pas opposés au progrès, même s’ils ont une conception différente du progrès, souvent plus humaniste que celle de la culture moderne du monde développé. Ce n’est pas une culture orientée vers le bénéfice de ceux qui ont le pouvoir, de ceux qui ont besoin de créer une sorte de paradis éternel sur terre.
L’intolérance et le mépris envers les cultures populaires indigènes est une véritable forme de violence propre aux élites dénuées de bonté qui vivent en jugeant les autres.
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221. Cela implique aussi qu’on accepte la possibilité de céder quelque chose pour le bien commun. Personne ne pourra détenir toute la vérité ni satisfaire la totalité de ses désirs, parce que cette prétention conduirait à vouloir détruire l’autre en niant ses droits.
La recherche d’une fausse tolérance doit céder le pas au réalisme dialoguant de la part de ceux qui croient devoir être fidèles à leurs principes mais qui reconnaissent que l’autre aussi a le droit d’essayer d’être fidèle aux siens. Voilà la vraie reconnaissance de l’autre que seul l’amour rend possible et qui signifie se mettre à la place de l’autre pour découvrir ce qu’il y a d’authentique, ou au moins de compréhensible, dans ses motivations et intérêts !
Retrouver la bienveillance
223. Saint Paul désignait un fruit de l’Esprit Saint par le terme grec jrestótes (Ga 5, 22) exprimant un état d’âme qui n’est pas âpre, rude, dur, mais bienveillant
la bienveillance dans le comportement, l’attention pour ne pas blesser par des paroles ou des gestes, l’effort d’alléger le poids aux autres. Cela implique qu’on dise « des mots d’encouragements qui réconfortent, qui fortifient, qui consolent qui stimulent », au lieu de « paroles qui humilient, qui attristent, qui irritent, qui dénigrent ».
224Aujourd’hui, on n’a ni l’habitude ni assez de temps et d’énergies pour s’arrêter afin de bien traiter les autres, de dire “s’il te plait”, “pardon”, “merci”.
. Cet effort, vécu chaque jour, est capable de créer une cohabitation saine qui l’emporte sur les incompréhensions et qui prévient les conflits.
Elle facilite la recherche du consensus et ouvre des chemins là où l’exaspération détruit tout pont.